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Pourquoi un club de Pro A n’a pas fait appel à Marina Maljkovic?

Marina Maljkovic, 35 ans en ce mois de septembre, est la digne fille de Bozidar qui emmena notamment Limoges au titre européen en 1993. Après avoir sortie l’équipe nationale serbe du néant, elle a construit une équipe capable coup sur coup d’être championne d’Europe puis de subtiliser la médaille de

D.R.
D.R.

Marina Maljkovic, 35 ans en ce mois de septembre, est la digne fille de Bozidar qui emmena notamment Limoges au titre européen en 1993. Après avoir sortie l’équipe nationale serbe du néant, elle a construit une équipe capable coup sur coup d’être championne d’Europe puis de subtiliser la médaille de bronze olympique, les deux fois aux dépends de la France.

Marina était le coach du Lyon Basket depuis 2013, elle est francophile et possède même le passeport français en sus du serbe.  Question, qui peut paraître iconoclaste: pourquoi un club de Pro A masculine n’a pas fait appel à ses services ?

L’argument de son peu de réussite à Lyon ne tient pas car le club du Rhône a été victime durant son magistère de graves perturbations financières et n’était pas à même de concurrencer des budgets comme Bourges, Villeneuve ni même Montpellier. Marina a déjà prouvé la valeur de sa gouvernance avec les clubs serbes remportant six titres nationaux et deux Ligue adriatique.

Evidemment, le questionnement a rapport à son sexe. Les femmes coaches ont déjà beaucoup de mal à s’imposer dans le sport féminin. Le JDD a calculé qu’à Rio, seules, au stade des demi-finales, quatre équipes féminines sur cinquante-six étaient coachées par des femmes dont celles de basket, de France (Valérie Garnier) et donc de Serbie. A cela plusieurs raisons, un sexisme évident, et aussi le peu d’appétence pour ce type de fonction de la part de la gente féminine. Valérie Garnier témoignait que très rares sont ses joueuses internationales qui envisagent un jour d’embrasser ce métier. Pourtant, il y a quelques cas de réussite comme celle de Corinne Diacre, première femme à devenir entraîneur d’un club professionnel de foot et qui, en 2015, fut reconnue par l’hebdo France Football comme la numéro 1 de la profession de toute la ligue 2.

Ceux qui estiment qu’une femme est incapable de diriger des hommes ne savent sans doute pas qu’Angela Merkel est la chancelière du pays le plus puissant d’Europe et qu’Hillary Clinton est à même de devenir la présidente du pays le plus puissant du monde. Ils ne connaissent pas non plus la force de caractère, la confiance en soi très serbe, et aussi la compétence multiforme de Marina Maljkovic. Il y a un an, nous avons posé la question à l’intéressée de savoir si elle aimerait coacher des hommes. « Sans problème », avait-elle répondu. « Je l’ai déjà fait à Usce, une demi-saison. Il y avait une équipe seniors hommes de troisième division et leur coach a eu un problème de diplôme. J’ai coaché à la fois les hommes et les femmes. J’avais les entraînements avec les femmes de 19h00 à 20h30 et j’enchaînais avec les hommes. L’entraînement des hommes, c’était… (elle claqua dans ses doigts pour indiquer que ça se faisait tout seul). Lorsque est venue la première proposition pour coacher une équipe masculine, j’ai répondu au président que je n’étais pas encore prête pour être en vacances toute l’année (sourire). Comme je le disais, le savoir, c’est tout. Aujourd’hui, dans ma tête ce sont les femmes, mais je n’ai absolument aucune barrière. »

Marina Maljkovic a quitté à la LFB pour rejoindre Galatasaray où elle a emmené sa fidèle Milica Dabovic. Les clubs de Pro A, par inadvertance, ont laissé ainsi filer l’un des meilleurs coaches d’Europe, les deux sexes confondus. Marina Maljkovic aurait pu être la Corinne Diacre ou la Becky Hammon –assistante coach des San Antonio Spurs- d’un club français qui ainsi aurait été précurseur et provoqué un buzz qui aurait mis tout le championnat en lumière.

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