Aller au contenu

Le titre de champion d’Europe juniors vu de l’intérieur

Ce soir du 22 décembre dernier, les juniors français sont devenus champions d’Europe en Turquie. Leur coach Tahar Assed-Liegeon nous raconte de l’intérieur cet Euro U18 avant d’évoquer plus en détail ces Bleuets et leurs deux leaders, Frank Ntilikina, le MVP de la compétition, et Sekou Doumbouya élu

Ce soir du 22 décembre dernier, les juniors français sont devenus champions d’Europe en Turquie. Leur coach Tahar Assed-Liegeon nous raconte de l’intérieur cet Euro U18 avant d’évoquer plus en détail ces Bleuets et leurs deux leaders, Frank Ntilikina, le MVP de la compétition, et Sekou Doumbouya élu dans le cinq all-stars à 16 ans.

L’interview est en deux parties.

Rappelez-nous pourquoi et comment le championnat d’Europe prévu à Samsun, en Turquie, à la fin juillet, avait été reporté ?

Nous avions véritablement démarré la préparation fin juin après le bac. Tout allait normalement, stages, sélection et nous venions de faire un tournoi à Tarare. On repartait tranquillement chez nous pour se redonner rendez-vous le mercredi 20 à l’aéroport de Roissy pour partir en Turquie car la fédération turque nous avait invités à un tournoi de préparation. Sauf que le samedi matin au réveil, j’ai un collègue qui reçoit un coup de fil de sa famille qui lui dit : « Tu as vu ce qu’il se passe en Turquie ? » C’était le fameux coup d’Etat. La Grèce a réagi assez rapidement en envoyant un courrier à la FIBA en lui disant que les parents se posaient beaucoup de questions. Il y a eu une remise en question du tournoi. La FIBA a été prudente et a attendu la suite des événements. Nous sommes quand même partis en Turquie le 20 pour ce tournoi prévu les 22, 23 et 24 juillet. Et c’est quand nous étions en Turquie que la FIBA a décidé de reporter le championnat d’Europe, soit dans le dernier trimestre 2016, soit tout début 2017.

« On a six, sept garçons sur les douze qui s’entraînent complètement avec les pros et d’ailleurs ça se voit dans les progrès qu’ils ont réalisés »

Ce report a été fait en décembre : certains joueurs, comme Frank Ntilikina, ont-ils été obligés d’interrompre leurs études ou leur parcours en club ?

Ce ne sont pas vraiment les études qui sont problématiques. Quand l’Euro 18 a lieu l’été, une partie des joueurs sort du Centre Fédéral et les autres sont en Espoirs et commencent à intégrer les pros. En revanche, là en décembre, les garçons avec six mois de plus sont avec des équipes professionnelles et les entraîneurs en ont besoin. On a ainsi six, sept garçons sur les douze qui s’entraînent complètement avec les pros et d’ailleurs, cela se voit dans les progrès qu’ils ont réalisés. C’est vrai que ça pose des problèmes à tout le monde, à la fédération car ça veut dire réorganiser quelque chose qui n’était pas programmé mais aussi aux clubs qui ont des matches de Pro A, de coupes d’Europe. Patrick Beesley (le DTN) m’a bien aidé et on avait fait deux petits regroupements, fin octobre et fin novembre, en accueillant les joueurs le dimanche soir pour ne pas gêner les clubs jusqu’au mardi matin. On avait décidé de ne pas convoquer Frank (Ntilikina) sur ces regroupements car c’était le seul à avoir du temps de jeu conséquent ; le plus important était qu’il vienne à l’Euro. Pour ceux qui s’entraînaient avec les pros mais qui ne jouaient pas vraiment, ça ne les perturbait pas et s’ils avaient un match le dimanche ou le mardi, on faisait un ajustement.

Étati-il impossible de faire venir pour quelques jours Killian Tillie, Jaylen Hoard et Renathan Ona Embo qui sont aux Etats-Unis ?

J’ai eu des contacts avec les familles et avec Killian directement. On se disait pour lui « pourvu qu’il ne joue pas avec son équipe » (sourire). Dès qu’il a eu un peu de temps de jeu avec Gonzaga, on était certain de ne pas l’avoir car ils avaient un planning chargé à Noël (NDLR : Killian Tillie joue 15’ par match pour 4,8 pts et 4,1 rbds). Quant à Jaylen, il avait un examen scolaire durant la période de Noël pour lui permettre de rentrer à l’université. Renathan est à Tulane et lui aussi joue vraiment avec l’équipe (NDLR : 19’ par match pour 4,8 pts à 32,1% aux shoots). C’était impossible de les avoir. Killian et Jaylen étaient passés par le Centre Fédéral, connaissaient bien le groupe, on aurait presque pu le faire mais c’était problématique vis-à-vis de leur université et leur école. Renathan, on ne l’a pas vu depuis un an et demi et ça aurait été de toutes façons compliqué. J’espère qu’il pourra se rendre disponible pour le Mondial.

D’autres joueurs étaient-ils absents ?

Il y a Nathan Mepandy (1,86m), qui est aussi aux Etats-Unis à la recherche d’une université. On avait beaucoup de monde sur le poste avec Frank Ntilikina, Abdou Ndoye, Bathiste Tchouaffé, Adam Mokoka, etc… donc on n’a pas trop insisté.

« En demi, les garçons ont déclaré : « nous voulons garder le titre de notre génération acquis en 2014 avec les cadets. »

Toutes les autres équipes étaient-elles logées à la même enseigne ?

Vis-à-vis des joueurs qui sont aux Etats-Unis, oui, mais pas en nombre comme nous. La Turquie, l’Allemagne et l’Espagne étaient dans ce cas aussi. Presque dans toutes les équipes, il y a eu des défections de bons joueurs. J’ai l’impression que les préparations ont été plus faciles dans les petits pays, je parle en surface. Par exemple, en Slovénie, ils sont réunis très régulièrement. Et on le voit car c’est un jeu qui est beaucoup plus abouti, ils ont l’habitude de s’entraîner ensemble. Pareil pour la Lituanie et puis, généralement, ils sont dans deux clubs, c’est plus plus facile de se regrouper. La Russie, elle, a réussi à récupérer deux bons joueurs de plus que cet été. Comme c’était notre premier match, on les a un peu pistés cet été, on avait récupéré des matches d’eux. Ces deux joueurs ont changé leur équipe. Bien sûr, certains ont été perturbés dans leur préparation puisqu’ils ont des joueurs dans des clubs pros.

L’ambassadeur de Russie a été assassiné durant votre séjour en Turquie. Avez-vous ressenti de la nervosité sur place ? Avez-vous été inquiet ?

L’environnement dans lequel on a vécu pour ce tournoi était très aseptisé. On était éloignés de ce qui pouvait se passer. Dans la rue, en prenant le bus pour aller à la salle, on ne voyait rien, sinon une vie normale dans une ville de Turquie. On était protégés de manière systématique avec des forces de police relativement présentes. Contrairement à d’habitude, le chauffeur de bus et le motard qui accompagnaient étaient les mêmes. La Turquie avait vraiment pris toutes les dispositions pour avoir un maximum de sécurité.

Jouer un championnat d’Europe dans une salle avec une seule tribune et un public indifférent, alors quece sont les matchs d’une vie pour ces jeunes, est-ce étrange ?

Vous avez raison. Une fois qu’ils ont réglé tous les problèmes avec leurs clubs, ils sont en compétition et ça devient un événement majeur. C’est très feutré mais il y a du monde dans les tribunes qui concerne leur avenir : des agents, des scouts NBA… Il y a de l’enjeu à tous les niveaux. Le premier objectif que l’on se donnait comme consigne, c’était de se qualifier pour le Mondial. Ce qui voulait dire que l’on avait gagné les quarts, que l’on se retrouvait en demi et là, les garçons ont déclaré : « nous voulons conserver le titre de notre génération, acquis en 2014 avec les cadets. » Ce type d’ambiance se retrouve souvent en FIBA, on n’a pas toujours des tribunes pleines pour voir les compétitions. Je ne connais pas l’environnement basket de cette ville de Samsun. Peut-être qu’il y aurait eu plus d’ambiance dans une autre ville… Si l’on avait joué la Turquie, je pense que les tribunes auraient été pleines et le fait qu’elle ne soit pas passée à la phase haute, ça a contribué à diminuer la présence de gens dans les tribunes. Généralement quand vous jouez devant le pays hôte et surtout en Turquie, la tribune est pleine.

Commentaires

Fil d'actualité