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J.D. Jackson (ASVEL) : « Avec Tony Parker, on se parle parfois plusieurs fois par jour »

Voici la deuxième partie de l’interview de J.D. Jackson, le coach Franco-Canadien de l’ASVEL, championne de France en titre où il évoque ses rapports avec Tony Parker, les fans villeurbannais et ses liens avec la sélection canadienne.

Voici la deuxième partie de l’interview de J.D. Jackson, le coach Franco-Canadien de l’ASVEL, championne de France en titre où il évoque ses rapports avec Tony Parker, les fans villeurbannais et ses liens avec la sélection canadienne.

Quelle est la fréquence de vos rapports avec Tony Parker ?

A mon grand étonnement, il est très dispo et de plus en plus. Au début, je passais souvent par Gaétan (Muller) et surtout Nordine Ghrib (NDLR : alors manager général) pour le côté sportif, qui est à côté de moi dans le bureau et moi je m’occupais de l’entraînement des joueurs. Depuis, j’ai compris qu’au contraire Tony est très demandeur, il a besoin de communiquer parfois quotidiennement. Il y a même des périodes où il est important de se parler plusieurs fois par jour. Evidemment il y a des timing particuliers puisqu’il joue deux jours sur trois, et il peut être comme nous en déplacement. Il est parfois encore plus pris que moi au quotidien. Il faut vraiment que l’on trouve nos fenêtres. Je ne dis pas ça pour la forme, mais il est très impliqué et avant d’arriver ici, j’avais du mal à imaginer à quel point il est investi dans ce projet. Il est toujours demandeur d’échanges.

Regarde-t-il tous les matches de l’ASVEL ?

Oui, tous les matches en direct et tout le staff a un retour tout de suite derrière. Il a tous les abonnements nécessaires. Parfois il voit nos matches en déplacement, on échange deux ou trois textos, et je suis assez surpris car quelques minutes plus tard il est en train de jouer un match NBA. Je me dis qu’il a une sacrée énergie ! Il est vraiment sur le coup sans être présent, je sais qu’on est sur la même page. Après, il y a Gaétan qui est toujours là et le rapprochement fait que c’est très fluide avec Tony même s’il n’est physiquement quasiment jamais là.

« Ça m’étonnerait que Tony finisse ici sa carrière de joueur »

Il a dit qu’il finirait sa carrière comme joueur à l’ASVEL. Croyez-vous que vous le coacherez un jour ?

Ça m’étonnerait car on voit bien que les vétérans en NBA ont vraiment la côte. Ils ont une vraie utilité même s’ils ne sont plus des joueurs majeurs, ils valent de l’or. Je pense qu’il va pouvoir continuer jusqu’au moment où il ne pourra vraiment plus jouer, comme Kevin Garnett, Vince Carter, ce sont les gourous qui savent ce qu’il faut faire pour les jeunes joueurs. Arrêter trop tôt pour venir jouer ici, je ne vois pas trop l’intérêt. Je pense qu’il s’impose de plus en plus, d’année en année, comme président, comme patron, et joueur, ce n’est pas l’image que j’ai de lui au sein de l’ASVEL. On n’en a pas parlé car c’est loin d’être d’actu, mais je crois que le jour où il sera là physiquement en permanence, ça sera comme patron. Mais si ça arrive, ça sera une drôle de situation (rires), mais honnêtement ça m’étonnerait.

C’est positif pour lui de s’être retiré de l’équipe de France ?

Il a une famille, deux enfants… Aujourd’hui, il est avec son club davantage dans la qualité que la quantité. Il est aussi plus dispo pour nous et je pense qu’il sera content de pouvoir revenir au printemps, en été, pour faire des choses avec l’ASVEL. Le timing était parfait. J’ai connu ça aussi quand j’ai arrêté l’équipe nationale du Canada (NDLR : J.D. Jackson a disputé les championnats du monde de 1990 en Argentine et 1994 au Canada).

Le public villeurbannais avait tendance à être passif depuis quelques années. Vous dites qu’il a retrouvé davantage de vigueur, de passion ? Etes vous reconnu dans la ville ?

Il y a deux identités. On est vraiment installé dans la ville de Lyon, on fait quotidiennement des pages dans Le Progrès, tout ça. Mais il y a aussi le côté vraiment Villeurbanne et tout le monde est conscient de l’histoire du club, les gens s’identifient avec lui, les valeurs qu’il représente. On le sent quand on est dedans. Si je vais prendre un café au Gratte-Ciel de Villeurbanne, des gens vont venir échanger avec moi. Sur le Grand Lyon, on peut me saluer mais ils n’ont peut-être pas la culture du club comme ici. C’est sympa d’avoir dans une très grande ville cette culture, cette proximité avec un club et son histoire. On a un vrai public fidèle qui connaît nos joueurs, qui s’identifient à eux. Tout en ayant le potentiel d’une grande ville pour avoir un grand club au plus haut niveau. C’est super ! J’ai connu ça au Mans mais Le Mans ce n’est pas une ville de la taille de Lyon et quelque part le MSB est au max. Ici, avec l’Aréna, l’Académie, les grands projets, on peut viser un jour l’Euroleague. On y arrivera peut-être ou peut-être pas mais on peut y croire, il y a le potentiel pour.

« Il ne faut pas juste avoir de grands projets, aller de l’avant, il faut aussi renouer avec le passé »

Les joueurs vous demandent-ils qui sont Alain Gilles et Delaney Rudd ?

Ils connaissent ! Toute l’année les joueurs participent aux actions d’ASVEL Citoyen et même les joueurs étrangers comme Nikola Dragovic vont voir l’ancienne salle, ce qu’est le club dans la communauté. Dans les vestiaires, ils ont les noms des joueurs historiques du club qui ont porté leurs numéros, c’est vraiment de la culture de communauté. Ça me plaît beaucoup car encore une fois, dans une grande ville, on pourrait avoir tendance à oublier tout ça. Des anciens joueurs participent toujours à leur newsletter (NDLR : « Toujours Verts ») et font des entretiens avec nous, ils font le lien avec le passé. Je ne rentre pas dans les détails mais il y avait une rupture identitaire, des conflits, du temps de Gilles Moretton et maintenant on essaye de renouer tout ça au fur et à mesure. Je sais que c’est un gros travail mais ça se fait et on se rend compte que c’est très important. Il ne faut pas juste avoir de grands projets, aller de l’avant, il faut aussi renouer avec le passé.

Vous avez vu le match des espoirs ASVEL-Le Mans. Est-ce un moment difficile à vivre quand son fils (Liam, 1,83m, 17 ans) joue dans le camp adverse ?

(Sourire) Je ne peux être que fier. Voir mon fils c’est différent que lorsque je vois nos espoirs à l’ASVEL. A l’ASVEL, il y a un programme, des objectifs, il faut que je surveille en tant que cadre, administrateur, manager, c’est mon rôle pour nos jeunes. Le staff au Mans, ce sont mes amis, j’ai travaillé avec eux, j’ai de grands souvenirs avec eux, ça me touche sur le plan humain. Et je vois mon fils là-dedans, je veux qu’il prenne du plaisir. On a accès aux matches espoirs alors je regarde tout ses matches et bien sûr ça symbolise quelque chose pour moi sur le plan affectif.

Envisagez-vous de repartir un jour au Canada ?

C’est peut-être de moins en moins le cas… Bon, on ne peut pas contrôler les situations et j’ai toujours ma famille au Canada et mes parents prennent de l’âge et il y a ça à prendre en compte… Je ne cache pas que je suis en contact régulier avec les sélections canadiennes et ils me demandent ce que je serais prêt à faire un jour ou pas. Ce qui est important c’est ce qui marche au quotidien sur le plan basket et on est super bien ici, en France et aussi à Lyon. J’ai encore trois ans de contrat, j’ai encore beaucoup de choses à mettre en œuvre, je ne vois pas plus loin. A échéance, je passerai alors la cinquantaine et on verra. Les sélections, pourquoi pas, si ça peut me donner un peu de proximité avec mon pays, ma famille, mais pas dans l’immédiat, je suis à l’œuvre avec l’ASVEL.

« J’ai une histoire avec la sélection canadienne alors que je n’ai pas d’histoire avec la sélection française »

A l’inverse, vous avez succédé au Mans à Vincent Collet. Lui succéder à la tête de l’équipe de France, ça vous séduirait ?

Encore une fois, il faut vraiment voir ce qui est gérable. Je vois les charges que Vincent doit assumer. C’est quelque chose qui doit être extrêmement usant. Il faut être réaliste avec soi-même. C’est avoir deux boulots et peut-on être à 100% sur les deux ? Etre entraîneur de basket c’est très émotionnel et ça peut être très usant. Et puis si je dois beaucoup au basket français puisque c’est ici que j’ai fait l’essentiel de ma carrière, j’ai une histoire avec la sélection canadienne alors que je n’ai pas d’histoire avec la sélection française. Ce n’est pas un objectif pour moi. Je suis Canadien à la base et ce sont eux qui me parlent beaucoup depuis plusieurs années. Evidemment, que ce soit le Canada ou la France, c’est toujours un honneur de côtoyer ces équipes là.

Parlez-vous souvent du fait que vous avez joué contre la Dream Team en 1992 au Tournoi de Qualification Olympique et défendu sur Michael Jordan ?

Parfois, ça me revient… ça commence à être loin. Comme tous les anciens, j’ai eu mes moments de gloire et j’ai des photos. C’était un jour, un match. C’était énorme, une grande expérience, un rêve quelque part de jouer ce match, j’étais privilégié de pouvoir vivre ça mais je n’étais pas un joueur NBA. C’est une anecdote et je montre parfois les photos à mes jeunes joueurs, c’est marquant, mais on passe à la suite. En ce qui concerne ma crédibilité, mes joueurs connaissent bien ma carrière en France, ce que j’ai fait au Mans.

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