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Édouard Choquet, un champion en voie d’émancipation

À seulement 28 ans, Edouard Choquet est déjà un joueur chevronné des parquets français : depuis sa première apparition sur les terrains de Limoges en N1 en 2004, le meneur s’est par la suite aguerri en sillonnant l’Hexagone, de Bordeaux à Provence en passant par Le Portel et Fos-sur-Mer. Mais après

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À seulement 28 ans, Edouard Choquet est déjà un joueur chevronné des parquets français : depuis sa première apparition sur les terrains de Limoges en N1 en 2004, le meneur s’est par la suite aguerri en sillonnant l’Hexagone, de Bordeaux à Provence en passant par Le Portel et Fos-sur-Mer. Mais après de belles années en Pro B, le Limougeaud a passé un cap l’an passé, avec une première saison en Pro A sous l’uniforme de Villeurbanne, conclue par un titre de champion de France. Désormais, Édouard Choquet porte les couleurs de Châlons-Reims, avec l’ambition de devenir un cadre du championnat.

Après deux matchs, une défaite face à Antibes (9 pts à 4/9, 4 pds en 22 min) et une victoire à Cholet (6 pts à 1/2, 2 rbds, 2 pds en 21 min), le joueur revient avec nous sur son début de saison, sa première expérience en Pro A la saison dernière et ses aspirations pour la suite.

Tout d’abord, revenons sur la saison passée, votre première en Pro A : il semblerait qu’elle comporte deux aspects, l’un à titre individuel, où vous semblez parfois avoir douté et ressenti des difficultés d’adaptation, et l’autre à titre collectif, récompensé par un titre de champion de Pro A, ce qui est forcément un aboutissement. Quel est votre regard sur cette saison ?

C’est vrai qu’il y a deux visages : à titre individuel, cela avait finalement plutôt bien démarré puisque j’avais vraiment mon rôle derrière (Trent) Meacham et c’est ce pourquoi j’avais signé, en fait. Avec la signature de Casper Ware, c’est vrai que cela a été un peu différent puisqu’on s’est retrouvé avec trois meneurs, dont deux Américains et je me suis donc retrouvé troisième meneur. Cela a un peu changé la physionomie de ma saison à titre individuel, même si j’ai finalement réussi à grappiller un peu de temps de jeu sur quelques matchs mais c’est vrai que cela n’a pas toujours été facile. On peut dire que chaque minute passée sur le terrain, je l’ai gagnée difficilement. Ensuite, collectivement, c’est vrai que gagner un titre, c’est rare dans une carrière de basketteur et rien que pour cela, ça restera une super saison, d’autant que c’était dans un groupe et avec des joueurs dotés de vraies valeurs humaines. Pour moi, cela a été une force d’être dans une équipe comme ça.

Même s’il n’a évidemment pas été présent à vos côtés au quotidien en raison de ses propres obligations, vous avez joué pour le club de Tony Parker. Est-ce que cela se ressent dans les qualités de l’organisation de l’ASVEL, les infrastructures, les moyens mis à votre disposition ?

Oui, forcément. Quand tu arrives de Pro B pour signer à l’ASVEL, chaque match est important, tu joues pour gagner des titres, donc ce n’est pas la même pression qu’à Fos-Sur-Mer, sans manquer de respect évidemment. Mais à Fos, on ne jouait pas forcément le titre, même si on se battait pour les bonnes places de Pro B, c’était différent donc quand tu arrives à l’ASVEL, tu joues une Coupe d’Europe, on te dit que l’objectif est d’être champion… Et après, tous les moyens mis à disposition pour l’équipe professionnelle pour réussir, avec les déplacements, le coaching, la préparation physique, le staff, etc… Tout est mis en place pour qu’on soit les meilleurs joueurs possibles, tu sens tout de suite que tu montes d’un niveau, qu’il y a une vraie culture de la gagne et un besoin de remporter des trophées. De plus, à mon arrivée à l’ASVEL, le club n’avait pas gagné depuis 2009, cela commençait à faire longtemps et ils attendaient une victoire à tout prix. On fait la finale de la Coupe puis celle du championnat que l’on gagne, donc cela a été une saison où le club a pu retrouver un peu ses standards.

Désormais, vous jouez à Châlons-Reims : pourquoi avez-vous finalement choisi cette destination alors qu’il vous restait un an de contrat avec l’ASVEL ?

J’avais encore un an de contrat à Villeurbanne mais l’avenir était un peu bouché pour moi, à titre individuel. Je savais que Trenton Meacham était encore sous contrat, je savais que le club était aussi reparti pour signer un meneur américain à ses côtés puisqu’à la base, ils voulaient prolonger Casper Ware, même si ça n’a pas réussi et qu’ils ont fini par recruter Walter Hodge. Finalement, la place qui m’était laissée en tant que meneur de jeu était celle de troisième meneur et c’est vrai que, même si l’on avait fait une super saison collective, même si j’ai appris plein de choses, c’était le moment pour moi d’aller tenter ma chance dans un club avec peut-être moins d’ambitions pour essayer d’être à ma place individuellement en Pro A et avoir un meilleur temps de jeu.

La préparation estivale & le point noir des infrastructures françaises

Comment se prépare-t-on à une deuxième saison en Pro A ?

Avec l’ASVEL, on a fini la saison très tard puisqu’on a été jusqu’au cinquième match de la finale et on a fini le 15 juin, c’était plus tard que d’habitude et c’est vrai que je n’étais pas habitué. Même si j’aime bien bosser l’été, cela m’a un peu coupé dans mon élan puisque, d’ordinaire, quand tu finis mi-mai, tu as le temps de bien récupérer pour reprendre le travail au mois de juin. Là, c’était un peu différent puisque j’ai perdu quasiment un mois de vacances, donc de travail également. J’ai essayé de récupérer un peu au début de mes vacances puisque la saison a été quand même assez longue : on a joué à peu près 70 matchs, une Coupe d’Europe, beaucoup de déplacements, peu de jours off, j’avais donc besoin de récupérer même si mon temps de jeu n’a pas été souvent élevé, ça puise physiquement et mentalement. Après, je me suis mis à travailler individuellement, j’aime bien travailler l’été en plus, donc ça ne me coûte pas. C’est du travail physique en salle de muscu, notamment.

Et balle en main ?

Pour le travail de jeu, en salle, c’est malheureusement assez compliqué en France de trouver une structure pour travailler l’été. Je pense que cela a toujours été un problème pour pas mal de joueurs. Mais j’ai pu participer à un camp créé par Fabrice Serrano (ex-joueur LNB, double champion de Pro B, devenu formateur et préparateur de l’ASVEL), My Step Up Camp, organisé à Fos-sur-Mer avec plusieurs joueurs professionnels : Antoine Eïto, Alex Chassang, Théo Leon… On a pu travailler tous ensemble et c’était bien : travail physique, individuel et cardio durant une bonne semaine. C’était fin juillet, une période idéale car cela a permis de bien se fatiguer avant de reprendre un peu de récupération avant la reprise collective. C’était idéalement placé pour ne pas trop souffrir en vue de la préparation.

Vous passez de J.D. Jackson, coach de l’ASVEL à Nikola Antic à Châlons-Reims. Qu’est-ce que cela implique pour vousen termes de travail ?

Ce sont deux façons de coacher complètement différentes : avec J.D. Jackson, on a un coach de culture américaine, avec un jeu très ouvert et beaucoup de confiance placée dans les qualités individuelles des joueurs et maintenant, je suis passé à un coach de l’école serbe. Il faut être très précis dans ce qui est demandé sur le collectif, c’est très rigoureux dans les détails, dans l’application des systèmes, le rythme de jeu, etc… Ce sont deux écoles totalement différentes mais je pense qu’il y a clairement du positif à tirer chez les deux et j’ai appris jusqu’ici chaque jour avec chacun des deux coachs.

La saison a commencé pour vous par une première défaite contre Antibes puis une victoire contre Cholet. En ce qui vous concerne, les deux sorties sont plutôt encourageantes. Est-ce que ce début de saison est conforme à vos attentes ?

Cette défaite contre Antibes, on ne l’attendait pas forcément, c’était un premier match à domicile contre une équipe a priori prenable, on espérait faire mieux. On démarre bien mais derrière, on craque complètement et on fait une deuxième mi-temps catastrophique. On était déçus à ce titre-là mais ce qui est bien, c’est d’avoir pu rebondir rapidement en allant gagner à Cholet. Ce n’est jamais cuit d’aller gagner à l’extérieur en Pro A, donc on va dire que ça compense en partie le mauvais pas d’Antibes. Maintenant, on a un calendrier compliqué qui arrive, il va falloir être prêt mais comme tu l’as dit, le bon mot est « encourageant », aussi bien pour le collectif que pour moi, à titre individuel. Je suis content, j’ai joué une vingtaine de minutes sur ces deux matchs, c’est bien, c’est la raison pour laquelle je suis venu à Châlons-Reims. Pour le moment, c’est positif.

La réception attendue de Monaco, vendredi

Vendredi, vous accueillez Monaco, l’un des monstres du championnat. Comment vous préparez-vous pour cette échéance ?

Disons que c’est plus facile de la préparer après avoir gagné à Cholet que si l’on avait perdu. On s’était mis la pression sur ce match parce qu’après la défaite contre Antibes, une autre défaite face à Cholet avant d’affronter Monaco et un déplacement chez l’ASVEL, cela aurait été coton. Ça nous a donc remis un peu en confiance et c’est toujours bien de signer rapidement sa première victoire en championnat. Maintenant, on sait que Monaco, c’est très très fort, j’ai vu leur match contre Villeurbanne en ouverture de championnat, c’est une équipe sur-dimensionnée pour la Pro A. Ils sont doublés sur tous les postes et quand tu te dis que leur meneur back-up, c’est Zack Wright… Enfin, voilà, on ne va pas faire le CV de chaque joueur mais c’est une équipe très forte, donc ça va être un match compliqué, on le sait. Mais il ne faut pas non plus faire un trop gros complexe d’infériorité, il faut essayer de jouer sur les éléments travaillés depuis le début de la prépa : défendre dur et essayer d’être en place collectivement. On sait que Monaco a fait de sa défense une priorité, ils ont tenu Chalon-sur-Saône, une équipe réputée pour son attaque à 52 points, il va donc falloir être prêt à ça et installer notre collectif du mieux possible. Rien n’est impossible, il faut y croire, je sais que l’an dernier, j’avais perdu avec l’ASVEL contre Chalôns-Reims à Reims, donc pourquoi ne pas battre cette année Monaco avec Chalôns-Reims. On ne sait jamais.

Suite à différentes discussions avec Jean-Pierre Suitat (le président de la FFBB) et Patrick Beesley (DTN), on sait que la fédération française travaillera avec un groupe France élargi pour les qualifications à la Coupe du Monde 2019, notamment s’il n’y a pas d’accord de calendrier entre la FIBA et l’Euroleague. En tant que l’un des rares meneurs JFL du championnat, est-ce que vous envisagez la possibilité d’intégrer ce groupe ?

Pour être honnête, ça me paraît vraiment très loin puisque je n’oublie pas non plus qu’il y a deux ans, j’étais encore en Pro B. Je sais que cet été et l’été dernier, ils ont quand même fait venir des meneurs bien installés en Pro A, je pense Benjamin Sene ou Axel Julien (ndlr : dans le groupe A’), il y a déjà des joueurs en place, je pense aussi à Antoine Eïto qui est titulaire à Orléans depuis deux ans. Cela fait plusieurs meneurs potentiellement dans le groupe. C’est vrai que je me concentre surtout sur ce que j’ai à faire dans mon club et le reste, bon, on verra, bien sûr mais ça me paraît vraiment loin et j’ai d’autres objectifs davantage à mon échelle avant ça.

Le Limoges CSP, loin d’être une obsession

Même si vous n’avez que 28 ans, avez-vous déjà pensé à votre reconversion, éventuellement dans le basket ?

C’est un sujet qui m’intéresse beaucoup car il faut aussi avoir la tête sur les épaules et comme tu le dis, le basket n’est pas éternel. C’est important de penser à la suite puisque, malheureusement, on n’est pas comme certains footballeurs en possibilité de vivre de nos rentes, on ne gagne pas assez d’argent même si on gagne bien notre vie, évidemment, ce n’est pas le problème mais pas suffisamment pour ne rien faire après le basket. Au début de ma carrière, je pensais m’éloigner du basket après ma retraite, j’avais envisagé pas mal de choses comme devenir kiné ou préparateur physique mais c’est vrai que plus j’y pense, je me vois mal quitter le monde du basket et j’aimerais bien travailler dans un club, peut-être essayer de construire un club qui partirait d’en bas, soit un de Pro A ou B qui pourrait me faire confiance. Essayer de faire évoluer un club, travailler sur les jeunes aussi, sur l’avenir car je pense qu’on peut faire des choses bien mais il faut que les acteurs des clubs soient aussi motivés à aider nos jeunes joueurs français, notamment. Je n’y ai pas encore réfléchi dans les détails mais ce sera quelque chose comme ça, oui.

En tant que natif de Limoges, est-ce qu’un retour au CSP, durant ou après ta carrière, t’intéresserait ?

Ça n’a jamais vraiment été un objectif. J’ai passé de très belles années là-bas, j’ai grandi là-bas avec le club qui était à son apogée, donc c’était très beau quand j’étais petit. Maintenant, c’est vrai que j’ai réussi à trouver ma place en Pro A, à gagner un titre avec l’ASVEL et je pense que c’est déjà une belle consécration dans ma carrière. Je ne verrai donc pas un éventuel retour à Limoges comme une autre consécration. Mais on ne sait jamais de quoi une carrière est faite mais ce n’est pas nécessairement un objectif. Pas du tout.

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