Cette interview a été réalisée avant la publication du sondage de la Fédération Internationale qui place l'intérieur des Washington Wizards comme le numéro 1 chez les jeunes à l'EuroBasket.
Ça fait combien de temps que vous n’aviez pas joué avec les règles FIBA ?
Deux ans.
Est-ce un choc de rejouer au basket avec ces règles-là ?
Je ne dirai pas que c’est un choc mais il y a des différences dans le jeu, que ce soit les trois secondes, moins d’espaces. Il faut une adaptation mais le staff et tout le monde autour de moi m’expliquent les petits trucs qui changent pour que l’adaptation se fasse le plus rapidement possible.
Surtout que les Espagnols sont réputés pour savoir bien jouer au basket. C’est une bonne expérience d’avoir joué deux fois contre eux ?
Ce sont deux très bons matches et je peux beaucoup apprendre d’eux. Ça prépare à comment la compétition va être. Cela va être des matches qui ressemblent à ça. Je vais pouvoir regarder les films et revenir encore meilleur au prochain match.
Ce manque de repères explique que vous ayez commis beaucoup de fautes sur ces deux matches (6 fautes en 27 minutes) ?
Oui surtout au premier match avec quelques fautes naïves qui passeraient peut-être en NBA. Parfois tu sautes et il ne faudrait pas le faire. Il faut apprendre des petits détails comme ça pour ne pas faire les mêmes erreurs.
En Australie, vous aviez les mêmes règles FIBA qu’en Europe ?
Il y a la règle des trois secondes dans la raquette, tu peux taper la balle au-dessus du cercle. C’est à peu près les mêmes règles qu’en Europe.
Ce que vous avez fait en jeune, les automatismes, ça revient à l’esprit* ?
Je pense que oui. Ce sont des expériences que tu n’oublies pas vraiment. En soit même le jeu n’est pas si différent que ça.

« Avoir la chance de se battre pour une médaille, c’est excitant »
Vous n’êtes que quatre intérieurs dans la sélection définitive. Ça peut être inquiétant ?
Je ne dirai pas inquiétant, mais oui il faut être vigilant de façon à ne pas entrer en fault trouble. Il faut essayer d’être le plus clean possible en défense tout en restant agressif pour pouvoir impacter défensivement. Mais dans tous les matches il faut avoir la mentalité de faire le moins de fautes possible, pas tôt dans le match en tous les cas.
Vous avez performé lors de votre premier match. Etait-ce finalement un trompe-l’œil ?
Chaque match est différent, tu apprends de chaque expérience et le but est de se préparer à l’Euro.
Connaissez-vous les joueurs des autres équipes qui ne sont pas en NBA notamment ceux que vous allez rencontrer ?
J’en connais quelques-uns. Quand les matches vont arriver, je vais faire plus de scouting et me pencher sur plus de joueurs.
Comment aviez-vous vécu les forfaits qui sont venus à un à un à votre poste : Rudy Gobert puis Victor Wembanyama, Mathias Lessort et ensuite Vincent Poirier ? Vous vous êtes dit : « C’est bon pour moi ? »
Quand on m’a proposé de venir, beaucoup de joueurs s’étaient désistés et je voyais une opportunité pour être dans le groupe final. J’ai cherché à impacter l’équipe comme je peux de manière hyper positive. Forcément, il y a des joueurs qui manquent et qui seront là sur de prochaines compétitions. Il faudra faire avec le groupe que l’on a et continuer d’avancer comme on fait.
Lorsque la liste finale a été communiquée, est-ce que ça bascule dans vos têtes, vous dites-vous : on y est !?
Ça a peut-être enlevé une certaine pression mais pas le sérieux et l’objectif que l’on a tous, je pense, de gagner des matches. Tout le monde a la même motivation et est toujours concentré sur ça.
Cet Euro n’est-il pas l’occasion pour vous les jeunes de vous installer à long terme ?
Forcément. Après une année en NBA, je trouve ça beau de faire ma première compétition maintenant et j’espère en faire beaucoup dans le futur.
Le poste 5 en France est probablement le plus fourni au monde ou du moins en Europe. La concurrence est farouche ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup de très bons joueurs et c’est une très bonne chose pour l’équipe de France. Ça nous rendra très bons pour toutes les compétitions dans le futur.
Vous avez sillonné le monde en étant jeune. Qu’est-ce que toutes ces cultures basket vous ont apporté ?
Il y avait des trucs différents dans chaque endroit où je suis allé, et ça m’a appris la faculté de s’adapter à un nouvel environnement rapidement.
C’est déstabilisant de partir très jeune à l’étranger ? Comment travaille t-on ça mentalement ?
Forcément, il y a des moments durs mais je trouve que j’ai un bon cercle. Ma famille m’a toujours supporté depuis que je suis parti à 14 ans. Il y a des moments durs, des moments plus faciles et il faut équilibrer tout ça et se rappeler pourquoi tu as fait le choix de partir de chez toi.
Quand on joue dans une franchise, les Washington Wizards, qui est dernière de la Conférence Est, n’a-t-on pas envie de jouer les premiers rôles ? C’est valorisant d’être dans une équipe qui peut, qui doit avoir une médaille et éventuellement être championne d’Europe ?
Oui, c’est très excitant d’avoir la chance de pouvoir gagner des matches, même si pendant la saison on est là pour gagner chaque match. Avoir la chance de se battre pour une médaille, c’est excitant.
Ça fait combien de temps que vous n’aviez pas gagné quatre matches de suite (Monténégro, Grande-Bretagne et deux fois Espagne) ?
Je ne sais pas, sûrement avant cette saison avec Perth. On essaie de progresser et de faire beaucoup mieux la saison prochaine.
Qu’avez-vous pensé de l’ambiance à l’Accor Arena lors du match contre l’Espagne ? C’est la première fois que vous jouez en France dans une telle ferveur avec des drapeaux ?
C’était incroyable de voir tout cet engouement autour d’un match amical. Ça montre la passion que les Français ont pour le basket. Ils sont derrière nous, ils nous supportent, on prend un maximum d’énergie et de confiance pour après aller à l’extérieur. C’était très important de voir tout cet engouement.
« Mon père me conseille énormément depuis que je suis jeune »
Vous avez des origines sénégalaises. Quel rôle joue votre père Massar, un ancien basketteur sénégalais, dans votre carrière ?
Il me conseille énormément depuis que je suis jeune. Mon frère (Olivier) et moi, il nous a énormément aidé. On rentrait au Sénégal durant les étés quand on était jeunes, on allait voir la famille là-bas, pour garder ce lien et ne pas oublier d’où l’on vient.
Avez-vous le même style de jeu que lui ?
Je ne l’ai pas réellement vu jouer, mais de ce qu’il dit, il était très aérien, un bon défenseur. J’attends de voir les vidéos !
Comment se manifestent vos racines sénégalaises au quotidien ?
Je ne parle pas encore bien wolof même si j’aimerais bien l’apprendre, mais juste le fait de retourner au Sénégal, de voir ma famille, mes cousins, rester en contact avec eux le plus que je peux. Si on a l’opportunité avec mon frère, on fera un camp ou quelque chose comme ça au Sénégal, ça m’intéresse.
*Alex Sarr a été médaillé de bronze à la Coupe du monde U17 en 2022 et médaillé d’argent à la Coupe du monde U19 en 2023.
Propos recueillis à Paris.