Aller au contenu

Andreas Zagklis et la ligue NBA Europe : "Je n'ai aucun doute... Octobre 2027 est un objectif réaliste"

Au cours de sa conférence de presse de fin d'année, le secrétaire général de la Fédération Internationale, Andreas Zagklis, a longuement évoqué la future ligue que la NBA veut instaurer en Europe en collaboration avec la FIBA. Voici les questions/réponses sur ce sujet brûlant.

Andreas Zagklis avec Dennis Schröder. ©FIBA

La FIBA étant le partenaire de la NBA, avez-vous le moindre doute, à ce stade, quant à la création d’un projet européen soutenu par la NBA. Pouvez vous préciser qui pourrait être éligible ou quelles ligues auraient accès à un système leur permettant de se qualifier pour une éventuelle ligue NBA Europe ?

Je n’ai aucun doute. Pour répondre à la première partie de votre question : je crois que cela se fera. Concernant le second aspect, cela fait partie de notre mission, comme vous le savez, en tant que garants de l’écosystème, de garantir l’accès aux ligues. Et l’accès aux ligues signifie la possibilité, chaque année, de jouer au plus haut niveau. Plus de système « ascenseur » où l’on accède une fois, on investit, puis on doit redescendre au niveau précédent d’où l’on vient.

Tant que vous obtenez de bons résultats dans votre championnat national, vous aurez votre chance. Bien sûr, nous devrons regarder les classements, régler les détails, mais je l’ai mentionné aujourd’hui parce que c’est un élément important de l’ouverture du système. Et ce niveau d’ouverture n’est pas seulement un slogan du modèle sportif européen ou de jolies phrases sur un document. C’est un chemin clair pour des centaines de clubs à travers l’Europe.

Cela fait partie de notre rôle : garantir que cet espoir existe, et qu’il se transforme ensuite en investissements dans le basketball, investissements qui bénéficient aux centaines de clubs engagés dans les championnats nationaux européens. C’est pourquoi nous considérons que c’est une pièce maîtresse du rôle de la FIBA dans ce projet – non seulement à travers la deuxième division, la BCL, mais aussi via les ligues nationales.

Et c’est pour cela que j’ai dit que, lorsque nous sommes autour de la table, nous représentons à la fois nos membres, mais aussi les championnats nationaux. Certains d’entre eux, comme vous le savez, ont cent ans d’histoire, des traditions incroyables et aussi des modèles économiques très solides. Ce sont eux qui produisent les joueurs ; et du point de vue des fans, c’est aussi une question de respect pour les supporters des clubs qui, jusqu’à aujourd’hui, n’ont aucune chance réaliste de voir leur équipe atteindre le sommet en gagnant, gagnant et encore en gagnant.

©FIBA
"Ce ne serait pas une compétition NBA ; ce serait une compétition opérée en grande partie par des spécialistes venant de la NBA, bien sûr, mais je tiens à souligner que le rôle de la FIBA n’est pas seulement de donner son approbation à des compétitions"

A quel point pensez vous que nous sommes proches du lancement de cette ligue ? Et pensez-vous qu’un début en octobre 2027 soit un objectif réel et réaliste, compte tenu de tout ce que vous venez d’expliquer ?

Compte tenu du fait que je viens de dire que je crois que cela se fera, et que je n’ai aucun doute — nous avons bien sûr besoin des approbations des deux instances dirigeantes concernées : le Board de la NBA et le Central Board de la FIBA — je pense qu’octobre 2027 est un objectif réaliste. Et je pense également que ce serait une manière idéale de clore le chapitre à Doha, avec un immense accomplissement et une grande confiance dans la Coupe du Monde FIBA, avant de passer à un nouveau projet qui façonnera de manière positive le paysage du basketball de clubs en Europe. (...) Il faut clarifier qu’il s’agirait — en fonction des éléments que j’ai mentionnés plus tôt — d’un partenariat. Ce ne serait pas une compétition NBA ; ce serait une compétition opérée en grande partie par des spécialistes venant de la NBA, bien sûr, mais je tiens à souligner que le rôle de la FIBA n’est pas seulement de donner son approbation à des compétitions. Le rôle de la FIBA est d’organiser — et elle organise des compétitions majeures depuis les années 50. Pendant 40 ans seule, et ces dernières années en coopération. La BCL est une compétition dont la FIBA est copropriétaire. Et notre ambition est que si cette nouvelle compétition voit le jour — et comme je l’ai dit, je crois qu’elle verra le jour — la FIBA en fasse partie. Donc je voudrais corriger l’expression « compétition NBA ». Même si le nom NBA fait partie de sa nomenclature, ce ne sera pas une compétition NBA. Ce sera une compétition NBA et FIBA. C’est très important, car c’est ce que le Central Board de la FIBA demande à sa direction, y compris à moi-même.

Où en est-on des rapports avec l'Euroleague ?

Je dois rappeler quelque chose que j’ai dit l’an dernier, je crois, ou l’année d’avant. Quelqu’un avait demandé : « qu’en est-il des équipes de l’EuroLeague ? ». J’ai répondu : pour nous, il n’existe pas de “clubs EuroLeague”. Pour nous, toutes ces équipes sont des équipes FIBA, y compris celles qui sont propriétaires ou copropriétaires d’ECA, la société mère de l’EuroLeague. Nous nous soucions beaucoup d’elles : de leur rôle, de leur position, de leur capacité à gagner de l’argent — ce qui, comme vous le savez, n’a pas toujours été le cas, et c’est peut-être au cœur du problème.

C’est pourquoi nous les avons invitées. Et l’an dernier, le 27 mai, elles étaient ici. En réalité, pour la première fois après dix ans, toutes étaient dans la Maison du Basket, en visite. Nous leur avons préparé un voyage à travers l’histoire, car leur histoire passe par cette maison, la maison FIBA. Nous avons un immense respect pour elles, tout comme nous en avons pour la direction d’ECA, avec laquelle, personnellement, j’entretiens une relation très respectueuse et très bonne.

Notre rôle est d’essayer de trouver une place pour chacun dans cet écosystème. Et si cela implique des aspects commerciaux ou des questions de nouveaux modèles économiques liés à ce nouveau projet, alors cela dépendra de ceux qui négocient. La FIBA ne négociera pas les termes financiers. Mais nous ne voulons pas qu’ils se sentent, d’une manière ou d’une autre, désavantagés. Et c’est ce que nous essayons de faire. Bien sûr, ce n’est pas simple parce que, vous savez, même parmi les 20 clubs qui jouent, certains ont un droit de vote, et d’autres non — ce qui est aussi un système assez particulier pour une ligue.

Certains d’entre eux ont fait des déclarations publiques dans un sens, d’autres ont d’autres agendas ; ce n’est donc pas facile pour la direction d’ECA, ni pour nous, de tenter de réunir tout le monde. Mais notre engagement — et ils le savent — est vraiment de continuer à essayer de rapprocher toutes les parties. Et pour être clair : ce n’est absolument pas dans mon agenda de décider si telle équipe joue ici ou là. Mon objectif est la structure.

Facu Campazzo et le Real Madrid bientôt dans la ligue européenne de la NBA ? ©Euroleague
"ce projet n’est pas contre l’EuroLeague, ni contre l’ECA — je veux être très, très clair là-dessus"

Pensez-vous qu’il existe encore une possibilité de collaboration entre toutes les parties intéressées ? Et comment cela s’applique-t-il — et quelle serait votre réponse — aux critiques exprimées au niveau politique, notamment par certains membres de la Commission européenne, concernant ce nouveau projet de la NBA ?

Pour votre première question : y a-t-il encore de l’espoir ? Oui. Et je peux vous dire — mes collègues présents lors des réunions peuvent en témoigner — que je préfère passer pour naïf et essayer jusqu’au bout de trouver une solution. Parce que c’est le rôle de la FIBA : réunir tout le monde. Et c’est même inscrit sur le mur, dehors : « Making oursport one community ». C’est donc notre devoir de continuer à essayer. Même si je sais que dans les livres d’histoire, on devra un jour analyser ce qu’il s’est passé au printemps 2024. C’est là que nous avions une énorme opportunité, et nous l’avons manquée. Ensuite, les chemins ont commencé à diverger. Mais malgré cela, nous avons essayé de rassembler tout le monde. Je tiens à vous le confirmer.

Et oui, si notre grand partenaire institutionnel se lance dans un projet de cette ampleur, la FIBA veut — et doit — en faire partie. En même temps, ce projet n’est pas contre l’EuroLeague, ni contre l’ECA — je veux être très, très clair là-dessus. Nous avons réussi à rebâtir des relations avec nos clubs, relations qui avaient été rompues pendant des années, et nous sommes parvenus à les ramener autour de la table. Et même si nous ne sommes pas pleinement satisfaits, nous avons fait des progrès dans la bonne direction — en partie grâce à la relation que, je dois le reconnaître publiquement, nous avons réussi à construire avec mon collègue, M. Motiejūnas. Il existe désormais une compréhension mutuelle de ce sur quoi nous sommes d’accord, et de ce sur quoi nous ne le sommes pas.

Donc : oui, il y a de l’espoir, et si je ne suis pas le dernier, je suis sûrement l’un des derniers à poser le stylo et dire « ce dossier ne fonctionne pas ».

Sur le volet politique : j’encourage tout le monde à regarder les faits. Et les faits sont très clairs : ce qui est en train d’être conçu est beaucoup plus compatible avec le modèle sportif européen et avec les critères de la FIBA que ce que nous avons eu ces dernières — nombreuses — années. C’est cela qui est au cœur de ce qui se passe actuellement.

Il ne fait aucun doute — aucun — que nous avons mis… ne dites pas 25 ans, dites 15 ans si vous préférez… pour convaincre nos clubs, nos clubs d’élite, de deux ou trois valeurs fondamentales : • un calendrier cohérent,• les règles du jeu,• la protection des ligues nationales,• l’ouverture,• une deuxième division, etc.

Et je le répète chaque année : vous savez ce que la FIBA demande. La FIBA n’a pas changé une virgule à ce qu’elle demande depuis des années. Et il nous a fallu… chaque année, vous me demandiez « faites-vous des progrès avec l’EuroLeague ? » — et je ne pouvais pas annoncer de grande avancée, car il fallait du temps : peut-être 15 ans, peut-être 25 ans si l’on remonte à 2000. Mais je peux vous dire une chose : il n’a pas fallu plus de 25 minutes à la NBA pour accepter ces principes. Voilà, si vous me demandez, ce qui est au cœur du sujet.

Les politiciens peuvent dire ce qu’ils veulent, je comprends. On peut facilement diaboliser quelqu’un qui vient de l’extérieur du continent. On peut diaboliser les franchises. Mais la réalité, c’est que notre réalité actuelle inclut déjà un acteur extérieur au continent, tant sur le plan commercial que sportif. Nous n’avons déjà aujourd’hui pas le respect nécessaire envers les équipes nationales pendant la saison. Nous avons une ligue fermée, de facto, qu’il est impossible de rejoindre pour la grande majorité des clubs. Impossible.

Je serais très heureux de discuter de ces faits avec n’importe quel responsable politique en Europe, ou avec tout collègue qui présenterait cela comme un problème pour le sport. Donc, la position de la FIBA — que cela concerne l’ECA ou la NBA — est la même. Et je dois vous le dire clairement. Notre participation à un tel projet est cohérente avec ce que nous disons depuis longtemps.

Une équipe à Paris dans la ligue européenne NBA-FIBA ? Très probablement. Les regards sont tournés en direction du PSG plutôt que du Paris Basketball (ici Nadir Hifi). @Euroleague

"La première division inclurait les principaux acteurs commerciaux, nos meilleurs clubs, et les autres équipes qui y jouent — pour en bénéficier et gagner de l’argent. Ce qui est positif : cela signifie plus d’argent pour les joueurs et les entraîneurs aussi"

Si l’on remonte 25 ans en arrière, il y avait cette situation incroyable où le basket européen avait deux compétitions en parallèle pendant une saison : l’EuroLeague et la SuproLeague. Craignez-vous qu’une nouvelle fragmentation de ce type survienne dans le basket européen ?Et la seconde partie de ma question : idéalement, selon votre vision, où voyez-vous le basket dans dix ans si tout se déroule comme vous l’espérez ?

Je pense que nous sommes déjà fragmentés, donc je ne vois pas de risque de fragmentation. Et le fait que nous n’ayons pas réussi à trouver un accord il y a environ dix ans, lorsque la BCL a été créée, en est la preuve.

Je ne suis donc pas inquiet par l’idée : « nous n’avons pas besoin d’une compétition supplémentaire », parce que nous avons besoin d’un événement qui nous permette de rassembler tout le monde sous un même toit. Et comme je l’ai dit au début, sous un même toit signifie sous le toit de la FIBA — ce qui ne veut pas dire que la FIBA contrôle tout. Nous n’avons jamais demandé cela, du moins pas au cours des sept dernières années et un jour que je suis en poste. Par conséquent, je n’ai aucune crainte de fragmentation. Je ne suis simplement pas satisfait de la structure actuelle, qui est déjà fragmentée.

Je dois également dire quelque chose, parce que vous mentionnez l’an 2000. La FIBA s’est battue pour une structure très simple des compétitions :

• un, deux ou trois niveaux. Et nous avons été poursuivis pour cela. Devant les tribunaux de Munich, puis à Bruxelles. Nous avons été poursuivis par nos meilleurs clubs européens, et par l’ECA, qui disaient : « Non, vous ne pouvez pas défendre votre monopole. » Ce qui signifiait : la fragmentation est une bonne chose, parce que c’est du business. Donc la FIBA s'est conformée, même si nous avons gagné l’affaire à Munich.

La FIBA a dit : très bien, la BCL fonctionnera.Les ligues sont venues nous voir et ont dit : « Nous voulons gérer la BCL avec vous. » Très bien. Et nous avons été mis en concurrence. Et c’est ce que Bruxelles nous a dit :« Le basket est un marché, vous devez être en compétition ouverte. »Et c’est ce que l’ECA et l’EuroLeague ont défendu.

Donc, je trouve assez particulier que l’on veuille maintenant mobiliser nos fans et nos responsables politiques contre ce que nous avons accepté comme la norme dans le basket — c’est-à-dire la compétition — parce qu’un acteur économique plus puissant pourrait arriver et avoir plus de moyens.

Comme je l’ai dit, la FIBA est cohérente : Nous voulons tout sous le même toit. Et ma vision, c’est exactement cela : • Tout sous un même toit.• Avec une première division à laquelle on se qualifie depuis la deuxième division et les ligues nationales.• Et une deuxième et troisième division qui seraient certainement notre rôle, car développer le sport, c’est notre travail.

La première division inclurait les principaux acteurs commerciaux, nos meilleurs clubs, et les autres équipes qui y jouent — pour en bénéficier et gagner de l’argent. Ce qui est positif : cela signifie plus d’argent pour les joueurs et les entraîneurs aussi. Nous sommes cohérents, et nous n’avons pas changé.

Je n’accepte pas que quelqu’un qui voulait une compétition ouverte et l’application du droit européen dise aujourd’hui : « Non, maintenant il faut protéger la tradition et protéger l’acteur en place. »

Nous étions l’acteur en place pendant 40 ans, 42 ans. Puis il y a eu une rupture, et nous savons ce qui est arrivé ensuite. Donc, si nous acceptons — et la communauté du basket l’a accepté — que la disruption puisse se produire parce que c’est du business et que le monopole de la FIBA ne devait pas être protégé, alors je ne comprends pas pourquoi nous devrions soudain protéger le monopole de quelqu’un d’autre.

Cela dit, il est de notre devoir de rassembler tout le monde. Et je continuerai à essayer.

L'ASVEL -ici Nando De Colo- est sur les rangs pour intégrer la future ligue européenne. ©Euroleague
"Si vous me demandez si la FIBA décide si l’équipe A ou l’équipe B entre dans la nouvelle ligue, la réponse est non. Et nous ne voulons pas de ce rôle"

Décembre sera un moment crucial pour les discussions autour du projet NBA Europe, notamment entre les investisseurs potentiels et les conseillers. Quel est le rôle de la FIBA dans ce processus, en particulier concernant des critères comme les frais d’entrée ou l’obligation d’avoir une équipe féminine ? Et avez-vous des mises à jour ?

Je dois être très clair : la FIBA ne déterminera pas les aspects financiers liés à l’entrée des équipes dans le nouveau projet. Comme je l’ai expliqué, je me concentre actuellement — avec notre direction européenne, M. Garbajosa, M. Novak et le CEO de la BCL, sous la direction de notre président Sheikh Saud Ali Al Thani — sur la structure. Notre travail consiste à définir ce que sera la structure des compétitions et comment chaque équipe pourra trouver une place dans le nouvel écosystème.

Si vous me demandez si la FIBA décide si l’équipe A ou l’équipe B entre dans la nouvelle ligue, la réponse est non. Et nous ne voulons pas de ce rôle. Il ne serait pas correct que je m’assoie à la table avec mes collègues d’ECA et des 13 clubs propriétaires de leur compétition, en disant “je veux rassembler tout le monde”, tout en étant en même temps celui qui décide qui joue dans la nouvelle ligue.

Bien sûr, nous savons que des clubs de la BCL ont exprimé leur intérêt — Alba Berlin et Galatasaray sont deux exemples évidents, tout comme Unicaja Malaga, champion en titre, et d’autres. Comme je l’ai dit, notre rôle est de prendre soin de l’ensemble de l’écosystème. Que ce soit en décembre ou en janvier importe peu ; il reste beaucoup de travail. Je tente de rassembler tout le monde, et nous avons encore beaucoup à faire pour façonner une compétition qui ait du sens pour tout le basketball européen.

Notre sport, le basketball, est le deuxième plus populaire : 270 millions de fans en Europe, et une croissance plus rapide que le football. Pourtant, la valeur économique combinée des ligues et des équipes nationales représente moins de 0,5 % de l’industrie sportive. Pourquoi la NBA vient-elle vers vous ? Pourquoi la FIBA souhaite-t-elle cette coopération ? Que cherche la FIBA ? Bien sûr, la NBA a les meilleurs joueurs et le spectacle, mais comment notre sport peut-il concurrencer le football, et est-ce l’une des raisons de votre collaboration avec la NBA ?

Merci d’avoir dit “notre sport”, cela montre votre engagement. Il n’est pas très utile pour moi de faire des comparaisons, même si vous mentionnez l’écart commercial, qui est disproportionné par rapport à l’écart en popularité. Mais je tiens à faire une distinction : notre objectif n’est pas simplement d’ajouter un zéro et de rendre les clubs les plus riches encore plus riches.

Dès le début des discussions — qu’il s’agisse d’un accord FIBA-ECA ou d’un autre format comme celui que vous évoquez — nous avons dit aux clubs que nous voulions qu’ils gagnent plus d’argent. Mais pour nous, on ne réduit l’écart que si un plus grand nombre de clubs européens a un modèle économique viable. Autrement dit : si davantage de clubs ont l’espoir réaliste de jouer au plus haut niveau et d’en tirer de vraies opportunités économiques.

On ne comble pas le fossé en disant simplement : “Vous auriez pu vendre ceci 1 milliard au lieu de 100 ou 500 millions”. Ce n’est pas la logique de la FIBA. La FIBA est une organisation à but non lucratif : notre mission est de lever des fonds et de les réinvestir dans le développement du basketball. Nous n’avons pas d’actionnaires ; nous avons des fédérations membres, leurs ligues et leurs clubs.

Notre objectif est donc de faire croître l’industrie du basketball pour obtenir une part plus importante de l’économie du sport en Europe — mais une part qui profite à toute la pyramide, du sommet jusqu’à la base. C’est pourquoi la FIBA est intéressée par ce projet. Quant aux raisons de la NBA, c’est à elle que vous devriez les demander — mais je peux vous dire que voici celles de la FIBA.

Peut-on envisager ensemble le meilleur duo au monde en dehors de la NBA, c’est-à-dire Olympiakos et Panathinaïkos ? Et avez-vous des détails concernant le tournoi de qualification ?

Comme je l’ai dit plus tôt, je ne veux pas spéculer sur des équipes. Le succès des clubs grecs en EuroLeague — avec tant de titres, certains remportés à l’époque de la FIBA EuroLeague ou de la Coupe d’Europe des Champions — est indiscutable. Mais je ne spéculerai pas : tous les clubs ont une chance d’être intégrés dans l’écosystème. Cela dépendra des conditions, et de leur vision future, notamment en matière d’investissements. La NBA a déjà mentionné certaines exigences concernant les infrastructures, les villes, etc. Ce n’est pas un sujet que la FIBA va trancher, pour les raisons que j’ai expliquées : nous devons continuer à travailler avec nos clubs, les aider à se développer tout en maintenant une relation constructive avec l’ECA.

Concernant le tournoi de qualification : cela fait partie du travail de la FIBA, lié au BCL et à son rôle au sein de l’écosystème. C’est là que nous allons voir intervenir des critères de classement, de succès historique, de performance dans les championnats nationaux et de résultats dans les compétitions européennes. Ce tournoi doit être un instrument d’ouverture : ce n’est pas la même chose de dire que quelques places viennent de la “deuxième division”, que de dire que plusieurs places viennent d’un tournoi qualificatif qui élargit l’accès.

Cependant, il faudra l’insérer dans le calendrier, et donc ce ne sera pas un tournoi long — même si, dans un monde idéal, on pourrait imaginer un “March Madness” ou “June Madness”. Ce sera plus court. Ensuite, cela devra se dérouler avant le début des compétitions nationales afin que les clubs puissent planifier leur budget et construire leur effectif. Le calendrier et l’ouverture sont les deux principes fondamentaux. Pour le reste — nombre de pays, nombre d’équipes, lien avec le BCL — il est trop tôt pour le préciser. Nous devons d’abord consulter les parties prenantes.

Paulius Motiejunas, le patron de l'Euroleague. ©Euroleague

"Nous avons raté une grande opportunité il y a quelque temps, et depuis nous travaillons à réunir tout le monde autour de la table"

J’ai une autre question sur le projet NBA–FIBA en Europe. Vous avez donné quelques détails tout à l’heure, mais pouvez-vous préciser les prochaines étapes à l’horizon 2026 ? Vous avez mentionné des réunions avec des clubs et l’EuroLeague : quelles seront les étapes suivantes ?

Je peux vous assurer qu’il y aura plusieurs autres réunions. Comme je l’ai dit, nous devons présenter au Central Board de la FIBA une vision claire du projet. Il est agréable de vous dire que nous avançons, mais ce processus ne se déroule pas derrière des portes closes : nous avons décidé dès le début que ce serait un parcours transparent, et nous informons la communauté du basketball à chaque étape.

Oui, nous aurons également d’autres réunions avec l’ECA. Et ces réunions ne concernent pas uniquement ce projet. Nous discutons aussi d’autres sujets qui touchent les clubs : l’évolution du NCAA et du basketball universitaire, les réglementations FIBA qui affectent la vie quotidienne des clubs, les agents — sur lesquels, grâce au lobbying efficace de l’ECA, nous avons déjà fait évoluer certaines règles —, l’assurance FIBA, la procédure de libération des joueurs avant les fenêtres internationales, etc.

Ces améliorations sont issues de ce partenariat et du renforcement de la relation. Bien sûr, nous parlerons aussi des prochaines étapes du projet européen. Comme je l'ai dit dans ma deuxième réponse : nous avons raté une grande opportunité il y a quelque temps, et depuis nous travaillons à réunir tout le monde autour de la table. Ce n’est pas facile. Je ne veux pas organiser des réunions pour que vous écriviez simplement qu’une réunion a eu lieu : chaque rencontre doit avoir des objectifs, un ordre du jour et des conclusions.

Et je le répète : nous serons les derniers à abandonner l’effort visant à rassembler toutes les parties.

Dans les discussions avec la NBA, est-ce qu’il est envisagé de créer de nouvelles compétitions internationales ou d’intégrer des équipes NBA à la Coupe Intercontinentale ? Et seriez-vous favorable à ce que des équipes européennes ou africaines (comme celles du BAL) participent à la NBA Cup ou aux playoffs NBA, comme cela a été évoqué ?

Vous avez parlé d’une “ligue NBA en Europe”. À mes yeux, même si ce projet voit le jour — et je crois qu’il verra le jour — il ne s’agira pas d’une compétition NBA, mais d’une compétition opérant dans le cadre de la FIBA. C’est une clarification importante.

Concernant les autres possibilités, pour la FIBA la compétition internationale n°1 au niveau des clubs est la Coupe Intercontinentale. Elle rassemble les champions des quatre continents :– BCL Americas– BCL Europe– BAL (Afrique)– BCL Asia

• le champion de la NBL (Australie), et jusqu’ici l’équipe championne du G League Ignite selon le calendrier.

C’est une compétition historique, née dans les années 1960, autrefois centrée sur l’Europe et l’Amérique, puis interrompue à cause du rapprochement avec la NBA (McDonald’s Open), pour finalement redevenir une véritable compétition mondiale. Pour nous, c’est la priorité absolue, nous ne cherchons pas autre chose.

Le champion d’une éventuelle nouvelle ligue européenne — tout comme cela aurait été le cas pour le champion de l’EuroLeague — participerait à la Coupe Intercontinentale FIBA.

Concernant des matchs amicaux NBA–FIBA, cela existe depuis longtemps et nous y avons toujours été favorables : matches entre équipes NBA et clubs locaux, matches NBA organisés dans des marchés FIBA, etc. Mais parler d’intégrer des clubs européens, africains ou autres dans des compétitions NBA (NBA Cup, playoffs…), ce n’est absolument pas une priorité, ni pour la FIBA ni pour quiconque dans l’écosystème aujourd’hui.

Notre priorité est claire : stabiliser le paysage des compétitions de clubs en Europe. Enfin, vous évoquez l’Afrique : l’un des principes fondamentaux que nous avons posés — et que la NBA a accepté publiquement — est que seules des équipes appartenant à des fédérations membres de la FIBA Europe pourront participer à cette future ligue européenne. Cela répond donc à la question.

Fil d'actualité