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Alain Weisz : « l’attaque est devenue le point fort de la France »

Surnommé « Le Sphinx », Alain Weisz, est le dernier entraîneur à avoir coaché l’équipe de France lors des Jeux Olympiques. C’était en 2000 à Sydney aux côtés de Jean-Pierre De Vincenzi avec le parcours de folie que tout le monde connaît (médaille d’argent face aux Américains de Vince Carter). Une éq

Surnommé « Le Sphinx », Alain Weisz, est le dernier entraîneur à avoir coaché l’équipe de France lors des Jeux Olympiques. C’était en 2000 à Sydney aux côtés de Jean-Pierre De Vincenzi avec le parcours de folie que tout le monde connaît (médaille d’argent face aux Américains de Vince Carter). Une équipe de France qu’il a quitté en 2003 mais qu’il garde évidemment dans son cœur.

L’objectif pour les Bleus de Tony Parker, c’est justement d’accrocher les Jeux Olympiques, à Londres en 2012.

Fin connaisseur du basket international, le coach du Hyères-Toulon Var Basket nous fait un débrief sur ce premier tour riche en émotions et en enseignements.

On a vécu un superbe bras de fer hier entre la France et la Serbie. Est-ce que vous aussi, vous avez tremblé jusqu’au bout ?

J’ai tremblé, oui. On ne pouvait pas éviter de trembler. Il y a eu un nombre de changement de leader très important dans ce match, mais surtout, au delà du fait que j’ai tremblé, j’ai surtout pris un plaisir fou à voir ce match de l’équipe de France. Elle a montré un visage… magnifique.

D’abord battre la Serbie, c’est quelque chose de très grand, et puis c’est une équipe de France qui, depuis le début de l’Euro, semblait très dépendante de Tony Parker, mais qui petit à petit, voit d’autres joueurs émerger, ce qui est la caractéristique d’une véritable équipe. Je pense que c’est ce qu’on a vu. La victoire aurait pu être acquise plus tôt, mais elle aurait très bien échapper aussi, ne serait-ce que sur le dernier tir des Serbes qui aurait pu faire mouche. C’est un grand match de Basket auquel on a assisté, et pour une fois, on peut dire que la France a eu le petit coefficient de réussite qui a peut-être manqué par le passé.

La France sort d’un groupe très relevé avec 5 victoires pour 0 défaite, est-ce que ça vous a surpris ?

Surpris, je ne sais pas. On ne savait pas exactement quelle était la valeur des autres équipes. On s’est aperçu qu’effectivement, c’était un groupe de grande valeur. Et donc, cette première place, elle est méritée. La France sort de ce groupe non seulement avec les deux victoires qu’il faut sur les deux équipes qualifiées, la Serbie, et l’Allemagne, mais en ayant aussi battu toutes les autres équipes. Elle a fait un parcours parfait. Après, vous savez, je ne suis pas très fort pour les pronostics. Je regarde ce qu’il se passe, et la seule chose que je vois, c’est que la France a gagné un groupe très difficile, peut-être le plus difficile de l’Euro.

Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné lors de ce premier tour dans le jeu de l’équipe de France ?

Ce qui m’a le plus impressionné, c’est qu’auparavant, l’équipe de France arrivait à faire déjouer ses adversaires et pouvait gagner des matchs comme ça. Là ce n’est pas le cas. On ne peut pas dire que la défense soit le seul point fort de l’équipe de France. Ce qui est nouveau, c’est qu’il y a une valeur en attaque qui est vraiment remarquable. Et comme je le disais tout à l’heure, c’est pas simplement l’apport de Tony Parker, mais c’est aussi Gelabale, c’est Batum, c’est Boris Diaw, c’est Noah, même Séraphin hier, qui a été plutôt très bon quand il est rentré. Ça c’est nouveau. Avant on était toujours un peu empruntés. On constatait toujours qu’on ratait des tirs ouverts que les autres ne manquaient pas, tandis que là, on peut dire que le jeu d’attaque est le point fort de cette équipe de France, en tout cas sur les cinq premiers matches.

« Tony Parker est le meilleur meneur de l’Euro »

Un petit mot tout de même sur Tony Parker, inarrêtable depuis le début du tournoi. C’est le meilleur meneur de ce championnat d’Europe ?

Il n’est pas inarrêtable depuis le début de l’Euro. Il a quand même raté une partie du match contre l’Italie où il a été blessé. Donc la blessure l’a arrêté, et l’équipe de France n’a pas baissé le pied. C’est quelque chose à remarquer. Sinon, tous les matches où il a été en pleine possession de ses moyens, il est absolument extraordinaire.

Le meilleur meneur d’Europe, oui peut-être, sans aucun doute en tant que meneur-scoreur. Mais il y a plus que ça, car non seulement il score mais il fait près de 6 passes décisives par match ce qui, pour lui, n’est pas forcément le cas tout le temps. Il a toujours marqué beaucoup de points, mais là il ajoute une qualité de passe en même temps, et ça c’est quelque chose de nouveau. Oui, je crois qu’on peut dire que c’est le meilleur meneur de ce championnat d’Europe, jusqu’à présent en tout cas.

On pourrait effectivement parler de tous les bons éléments qui composent cette équipe. Est-ce qu’on peut tout de même donner une mention spéciale à Mickaël Gélabale qui a été précieux depuis le début ?

Il apporte ce que la France n’avait pas les années précédentes, un shooteur de grande précision. Il est a plus de 60 % à trois points depuis le début de l’Euro (64,7 % à 11/17 au tir, 2eme derrière Vitaliy Fridzon à 12/18). Ça contrarie beaucoup les plans adverses car tout le monde pensait que les adversaires allaient proposer une défense de zone contre la France parce qu’elle n’avait pas de shooteur. Et puis là, on s’aperçoit qu’on a le meilleur shooteur du tournoi (rires). Donc ça donne des forces à cette équipe de France qu’on ne lui soupçonnait pas. Effectivement, dans son rôle il est absolument impeccable à chaque match.

« Seule l’Espagne peut battre cette équipe de France »

La France a connu une montée en puissance depuis le début de l’Euro, est ce qu’elle peut encore élever son niveau de jeu ?

[pub_300] Je ne sais pas si elle en a besoin. Vous savez, c’est un rapport de force, le problème n’est pas de hausser son niveau de jeu, mais de rester dominateur contre les équipes qu’elle va rencontrer. Je pense que ce qu’elle a montré, contre l’Allemagne, l’Italie ou hier soir face à la Serbie, lui permet d’aller au bout. Aujourd’hui, la France est à 55% de réussite au tir, à 40% à trois points, avec un coefficient de rebonds qui est très important. On peut très bien imaginer que la France aille au bout avec des chiffres moins bons. Si elle garde des chiffres comme ça lors de la deuxième phase puis lors des quarts, demies et finale, je ne vois pas qui peut la battre, à part l’Espagne.

« Un coup de booster pour le basket français »

La France aborde donc le 2eme tour invaincu mais va devoir se farcir la Turquie, la Lituanie, et l’Espagne. Avec une seule victoire nécessaire pour aborder les quarts, on a de bonnes raisons d’y croire ?

Oui, premièrement parce que la France est la seule équipe qui arrive au deuxième tour avec deux victoires. C’est un avantage considérable. Maintenant les autres équipes vont aussi se battre. On peut penser qu’il ne faut qu’une victoire. Tout le monde se dit que c’est contre la Turquie qu’elle serait la moins difficile à obtenir, sachant que la Lituanie joue à domicile, et qu’après c’est l’Espagne.

Il y a eu des tas de surprises dans ce championnat d’Europe. On ne sait pas ce qui peut se passer. Mais si la France battait la Turquie dès son premier match, elle serait directement en quarts. Mais après, il s’agit aussi d’avoir le meilleur classement possible pour affronter le moins bon adversaire de l’autre groupe en quarts. Je pense que cette équipe ne se fixe pas ce type d’objectif. C’est un groupe qui joue vraiment ventre à terre. Tous ces gamins, les jeunes ou moins jeunes, de NBA, ont à cœur de montrer aujourd’hui que leur talent n’est pas usurpé. Depuis le début, ils sont entrain de le montrer.

On finit par une question un peu bateau, mais est-ce que les performances de l’équipe nationale à ces championnats d’Europe peuvent  relancer l’engouement pour le basket en France ?

Oui, je crois qu’il y a deux éléments. Le premier ce sont ces championnats d’Europe. L’équipe de France est entrain de séduire. Évidemment, il faut finir le travail. Il reste encore six matchs. C’est compliqué. Tout peut arriver, en bien ou en mal. Plutôt en bien à mon avis, mais on ne sait jamais. Le deuxième élément, c’est qu’il y a un Lock-out NBA et que déjà on sait que Batum va jouer à Nancy. On voit que Séraphin serait entrain de contractualiser avec Cholet. Il y a des indiscrétions, qui font penser que Tony Parker pourrait débuter le championnat avec l’ASVEL. Les deux conjugués pour être véritablement un coup de booster pour le basket français.

Photo : DR

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