L’éditorialiste grec Spyros Kavalieratos a été marqué par la victoire de Burgos en Basketball Champions League dans sa ville d’Athènes. Il en tire des réflexions pertinentes sur le modèle de développement dans le basket européen d’aujourd’hui.
Notre collègue Spyros attendait la victoire de l’AEK Athènes à domicile. Comme en 2018. Mais il faut dire qu’en raison de la situation sanitaire, et les travées malheureusement vides de l’Aréna grecque, l’avantage de jouer à domicile était pour ce Final 8 très relatif.
Malgré tout, dans un papier d’opinion, Spyros Kavalieratos développe un argumentaire intéressant. Il s’agit de la revanche du sport. Une leur d’espoir même dans un contexte difficile, en raison de la situation sanitaire, mais aussi en raison de la situation dans le basket européen de clubs. Pour comprendre cette idée, il faut se re-pencher sur le parcours du club de Burgos, club devenu professionnel en 2015 et qui accède en 2017 en première division espagnole, la liga ACB, après quatre montées en cinq ans. Une comète. Trois ans plus tard, Burgos remporte un titre européen majeur et avec, un chèque d’un million de dollars, qui permet au club de grimper encore les échelons du championnat le plus relevé d’Europe.
En 2019, Burgos termine à la 11e place du championnat espagnol. Juste assez pour se qualifier sportivement comme la dernière équipe espagnole invitée en BCL, au tour de qualifications. Avec 4 équipes en Euroleague, l’Espagne, plus encore que la France, place de nombreuses équipes dans les compétitions européennes. En rejoignant à Athènes la finale de la BCL 2020, Burgos a été la première équipe issue des qualifications à jouer le dernier match de la saison de la compétition. Elle a enfoncé le clou en remportant le titre.
Accompagner la croissance des clubs
La question que pose notre confrère dans son éditorial pourrait finalement être la suivante : est-ce que le succès de Burgos, une équipe dont le nom n’est pas une « marque », qui n’évoque pas de passé glorieux ni de grande tradition de résultats sportifs, dévalorise la BCL ? Au contraire, indique Patrick Comninos, le DG de la compétition, qui affirme que cette victoire de Burgos correspond tout à fait à ce que la BCL entend porter comme valeur : le sport décide avant tout du destin de chaque équipe et l’ouverture, l’inclusivité du système de qualification pour cette compétition européenne portée par la FIBA permet d’ouvrir un chemin vers l’excellence pour de nouveaux projets dans le basket européen. Et donc offre des perspectives de croissance, d’investissement pour des acteurs économiques qui voudraient nourrir un projet ambitieux.
Burgos, comme Dijon, sont des clubs qui n’ont pas vocation à jouer en Euroleague. Même si ces clubs le désiraient, le chemin d’une ligue qui s’est fermée sur elle-même, leur est désormais barré. En France, l’incertitude entre 2016 et 2019 sur l’identité du club qui retrouverait l’Euroleague a accouché d’une belle compétition entre Strasbourg, Monaco et l’ASVEL, tirant les budgets vers le haut. Que va-t-il se passer maintenant que l’ASVEL a remporté la mise d’une licence longue durée en Euroleague ? Comment inciter Villeurbanne à ne pas se reposer sur ses lauriers et les autres clubs à continuer à grandir ? Le basket européen ne se limite pas à 11 ou 18 clubs. D’autres projets ont besoin de perspective et d’ouverture pour grandir, solidifier et densifier le réseau des clubs européens.
« Burgos, à travers son parcours miraculeux, raconte l’importance de la BCL », conclut Spyros Kavalieratos. « Si le basket européen veut élargir son horizon et croitre économiquement, il faudra d’autres miracles comme celui-là. »
Photo: FIBA