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"Ce sera différent des années précédentes" : à l’Euro 2025, une équipe de France version small ball

Faute à un grand nombre de forfaits à l’intérieur, mais aussi à des candidats talentueux sur les lignes arrières, les Bleus iront au championnat d’Europe (27 août - 14 septembre) avec l’intention de jouer "plus petit" qu’à leur habitude. Parole à ceux qui porteront la mène de l’équipe de France.

Théo Maledon, Matthew Strazel, Elie Okobo et Sylvain Francisco organiseront, à tour de rôle, la mène de l'équipe de France à l'EuroBasket 2025. © FFBB

Depuis la retraite de Tony Parker, la mène de l'équipe de France a systématiquement fait l'objet de discussions voire de polémiques. Renouvellement discutable, manque de profondeur et de complémentarité, blessures à répétition et aussi l'absence de Thomas Heurtel, éliminé d’office de la course avec sa signature en Russie... Tous les arguments ont été avancés pour justifier les difficultés des Bleus à trouver leur meilleure manière d'orchestrer le jeu à court et moyen terme.

Avec l'annonce définitive de la liste des 12 de Freddy Fauthoux, nous sommes en mesure d'affirmer que ce ne sont pas les options qui manqueront au poste 1 lors de la prochaine campagne. On retrouvera trois meneurs purs, avec Matthew Strazel, Théo Maledon et Sylvain Francisco, mais aussi Elie Okobo comme combo guard, pour porter par séquence la mène de l’équipe de France. Et cela sans compter Isaïa Cordinier, utilisé régulièrement sur ce poste cette saison avec la Virtus Bologne.

Trois des quatre pré-cités participeront à leur deuxième compétition internationale - ce sera la troisième pour Elie Okobo - avec la volonté "de s’installer sur le long terme en équipe de France", comme l’a présenté le sélectionneur en conférence de presse ce dimanche 17 août.

Moins expérimentés lors de leurs premières campagnes chez les Bleus, les membres du quatuor reviennent avec de nouveaux statuts en club, tous en Euroleague. Théo Maledon a tellement su renaître à l’ASVEL qu’il a fait de l’oeil au Real Madrid. Sylvain Francisco a réussi son pari à Kaunas, jusqu’à porter le Zalgiris au sommet de son championnat - y compris en finale. Quant à Elie Okobo et Matthew Strazel, ils ont été les grands artisans d’une Roca Team finaliste du Final Four.

Les arrières français en première ligne

C'est avec un regain de confiance que ces quatre "postes 1-2" se présentent donc cet été en équipe de France. Pour autant, ils savaient que leur place dans la liste finale était loin d’être acquise. Redoublant d’engagement dans les matches comme dans les entraînements, les joueurs se sont battus et c’est "l’alchimie collective", priorisée par coach Fauthoux, qui a finalement fait la différence au moment de s’arrêter sur les 12 noms.

Nadir Hifi a été le dernier joueur coupé de la préparation, non sans peine pour ses coéquipiers à la mène. "C’est toujours difficile de voir un joueur partir, aussi proche du but ultime", présente Théo Maledon. Un sentiment partagé par Elie Okobo : "Si on pouvait, on partirait à 15 car tout le monde aurait mérité de faire partie du groupe". Mais c’est aussi le début d’une "nouvelle étape", comme poursuit le Monégasque : "On va pouvoir avancer, construire plein de bonnes choses pour la suite. C’est le moment de représenter la France de la meilleure des manières, de faire un résultat".

Les ambitions ne manquent donc pas dans cette équipe de France "nouvelle génération" qui ne renie pas ses principes "kaïras" acquis à l’été 2024. "Nous voulons être une équipe hargneuse, qui se bat et qui ne se fait pas toucher", explique Matthew Strazel et ajoute : "Nous voulons être les agresseurs à chaque match, nous avons les physiques dans l’équipe pour pouvoir le faire, nous n’allons pas manquer d’énergie."

Et c’est avec cette sélection "small ball" que les Bleus pourront briller dans un basketball de relance. "Nous avions déjà en tête l’idée de jouer assez rapidement", confie Théo Maledon, avec l’absence de Vincent Poirier. "Cette idée est encore plus renforcée et nous partirons avec des intérieurs plus fuyants, en capacité de vite se projeter vers l’avant". Selon Elie Okobo, ce sera "le moment de s’adapter" mais l’équipe a "encore le temps de s’ajuster sur le terrain pour faire peur aux équipes adverses". Sur ce nouveau format de jeu, il complète : "Nous aurons de grosses responsabilités. Ce sera différent des années précédentes mais ça va être fun".

Quatre intérieurs dans la liste finale : qu'en pensent les meneurs ?

Pour cela, il faudra d’abord compter sur une défense solide, ADN de l’équipe de France. Avec seulement quatre intérieurs parmi les 12, ce secteur de jeu paraîtrait en difficulté. Mais les "petits" de l’équipe ne s’inquiètent pas de ce changement - forcé par la décision de Moussa Diabaté de ne pas revenir après le forfait de Vincent Poirier - de direction. "Il va falloir être encore plus soudé, avoir un plus gros bloc défensif, défendre à cinq pour pallier à ce manque de taille", songe déjà Théo Maledon qui voit en ce changement une force pour l'attaque des Bleus : "On va devoir s'en servir avec un jeu offensif où Guerschon (Yabusele) pourra être décalé en poste 5, qui pourra sortir à 3-points et mettre ses défenseurs moins mobiles que lui en difficulté".

Même son de cloche pour Matthew Strazel qui pense que sélectionner seulement quatre intérieurs peut "les aider", plutôt qu'être une prise de risque : "À chaque match, ils savent qu'ils vont avoir un certain temps de jeu, tant de ballons. Cela va être à eux de saisir toutes les opportunités, de voir qu’avec tous les absents, ils sont capables de performer".

"Honnêtement, je ne suis pas inquiet", ajoute le meneur monégasque qui compte mettre en valeur le pivot avec lequel il évoluait depuis deux saisons sur le Rocher : "Pour avoir jouer avec Mam (Jaiteh), je sais ce qu’il est capable d’apporter. Si nous arrivons à lui donner la balle dans les bonnes conditions, c’est soit faute, soit panier".

Avec autant de meneurs, un temps de jeu à se répartir

Partir avec quatre porteurs de ballon, c'est autant de possibilités offensives à mettre en place que de minutes à distribuer les soirs de match. Un casse-tête potentiel pour le coach, qui a encore multiplié les tests samedi 16 août contre l'Espagne, mais aussi pour les joueurs qui n'ont pas l'habitude de jouer sur des séquences courtes dans leur club.

Comme le questionnement sur les intérieurs, évoqué précédemment, cette problématique sur la répartition des temps de jeu n'en est pas une selon les principaux intéressés. C'est l'occasion de "se révéler encore plus" pour Matthew Strazel, qui a "conscience" de ce défi : "On est trois meneurs différents (Maledon, Francisco et lui, NDLR), avec des qualités, si l’on arrive tous les trois à mettre notre égo de côté, on peut tirer l’équipe vers le haut". "Je ne pense pas qu’il y ait besoin de hiérarchie à ce niveau-là, on veut tous les trois aider l’équipe à gagner", ajoute le meneur qui a su apprivoiser cette répartition de minutes sur les lignes arrières depuis trois saisons sous le maillot de Monaco.

Elie Okobo, qui devrait être davantage positionné au poste 2, est sur la même longueur d'onde que son partenaire à Monaco et en sélection. Si bien qu'il répète, sans avoir concerté Matthew Strazel, les mêmes éléments de langage que lui. "Chaque match, il y a un joueur différent qui sort du lot, c'est ça la force de l’équipe de France, on ne sait pas d’où cela va venir", se réjouit-il. "Il faut se souvenir que nous sommes 12 mais que l’on ne va pas jouer les 12 à chaque match. Ce n'est pas grave car le but, c’est de gagner".

Propos recueillis le 17 août à Paris.

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