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"Ce sont des choix personnels" : EuroBasket ou WNBA, le dilemme qui pèse sur l’équipe de France

À une semaine de l’EuroBasket féminin 2025 (18-29 juin), les Bleues vont bientôt s’envoler en Grèce avec un groupe rajeuni mais conquérant pour décrocher "la plus belle médaille". En effet, plusieurs cadres manquent à l’appel, préférant réaliser une saison pleine en WNBA.

Entre joueuses parties pour tout l'été en WNBA, celles coupées par leur franchise et d'autres qui iront après l'EuroBasket, l'équipe de France 2025 a dû être remaniée. © FIBA

Se concentrer sur les joueuses présentes plutôt que sur celles absentes, tel est le mantra affiché mardi 10 juin à l’INSEP lors du rendez-vous des médias avant le début du championnat d’Europe. Dix mois après avoir fait rêver tout un pays en frôlant la victoire contre Team USA en finale des Jeux olympiques, l’équipe de France féminine ira en Grèce en tant que favorite pour le titre. Un trophée continental qu’elle n’a pas soulevé depuis 2009.

C’est du moins ce qui semblait être le cas il y a quelques semaines à l’annonce du groupe élargi pour la compétition. Puis, les refus de passer le début de l’été avec l’équipe de France se sont enchaînés.

Equipe de France féminine : « En quête de la plus belle des médailles »
Après 2001 et 2009, l’équipe de France féminine vise une troisième médaille d’or à l’EuroBasket, même si elle ne disposera pas au Pirée (18 au 29 juin) de toutes ses forces vives.

Pour construire sa sélection, Jean-Aimé Toupane a dû composer avec les absences de plusieurs joueuses majeures, parties passer leur été aux Etats-Unis. Marine Johannes, Gabby Williams, Dominique Malonga ou même Carla Leite - qui aurait pu prétendre à une première compétition majeure sous le maillot bleu - ont toutes préféré la WNBA à l’Euro féminin.

Si Migna Touré ou encore Marième Badiane n’avaient pas été coupées par leur franchise respective, la liste aurait pu encore s’allonger. D’autres seront de la partie à l’EuroBasket avant de s’envoler en WNBA. C’est le cas de Leïla Lacan et Iliana Rupert, rencontrées mardi 10 juin à l’Insep.

Iliana Rupert rejoindra la nouvelle franchise très internationale des Golden State Valkyries après le championnat d'Europe féminin. © FIBA

Priorité aux Bleues pour Rupert et Lacan

Avant de rejoindre le Connecticut Sun, pour Leïla Lacan, et les Golden State Valkyries, pour Iliana Rupert, les deux vice-championnes olympiques ne se voyaient pas débuter leur été sans porter le maillot des Bleues. “Il n’y a pas eu d’hésitation, toutes les franchises que j’ai rencontrées connaissaient mon choix”, présente la championne de France avec Basket Landes. Pour Leila Lacan, sa venue en équipe de France est “un devoir” : “J’ai toujours la même gratitude d’être ici, je rends ce que l’on m’a donné.

Même son de cloche pour son aînée, Iliana Rupert, qui participera à son quatrième championnat d'Europe, à 23 ans : “Représenter son pays, porter ce maillot, c’est vraiment une fierté. Je voulais être là dès le début de la préparation, cela fait seize ans que l’on court après ce titre. Je voulais pouvoir mettre toutes les chances de mon côté pour pouvoir aider l’équipe au maximum.

Pleinement certaines de leur décision, elles savent aussi combien ce choix est difficile et ne blâment pas les Françaises de WNBA absentes à l’EuroBasket 2025. “Toutes les façons de voir se respectent, ce sont des choix personnels”, note Leila Lacan qui remarque les “contraintes existantes” pour ne pas vouloir laisser passer son rêve américain : “Il y a certaines règles qui font que si tu ne valides pas ton année, tu te rajoutes une année de rookie. D’un point de vue financier, cela peut ne pas être super avantageux. Tout dépend de comment tu perçois ta carrière et de comment tu veux l’organiser.”

Iliana Rupert l’a rejoint de nouveau sur ce point. Pour l’intérieure, qui a préféré être là à 100% avec une équipe de France remaniée, “il n’y a pas de frustration à avoir” : “C’est chacune son choix. Je comprends toutes les décisions car j’ai dû en faire de mon côté. Nous faisons avec les filles qui sont là. En France, nous avons la chance d’avoir un bon vivier de joueuses, c’est une force.

“Tout dépend de comment tu perçois ta carrière et de comment tu veux l’organiser” - Leila Lacan

Un staff démuni face à cette exode outre-atlantique

Si vous avez les contacts, les solutions, je les veux bien”, sourit Céline Dumerc, GM des Bleues, à un journaliste la questionnant sur la problématique de la collision des différentes compétitions. Lors de ce point presse, il y a cette impression flottant dans l’air que l’équipe de France féminine devra toujours composer, jusqu'à nouvel ordre, avec le calendrier de la WNBA pour ses prochaines compétitions.

C’était déjà le sujet qui animait la préparation de l’Euro 2023 avec le seul et unique cas Marine Johannes. Deux ans plus tard, l’envol des joueuses françaises vers les Etats-Unis devient la norme, déplumant l’équipe de France et laissant sans voix son staff.

Leila Lacan poursuivra son été 2025 au Connecticut Sun après l'EuroBasket © FIBA

On se prive de pouvoir profiter pleinement des meilleures joueuses”, remarque Céline Dumerc, qui fait face en première ligne à cette problématique. “Il faut faire des choix, et c’est dommage de faire des choix. Tant qu’il n’y a pas d’harmonisation des calendriers, on va devoir obliger les joueuses à faire ces choix”, avoue l’ancienne meneuse des Bleues.

“Tant qu’il n’y a pas d’harmonisation des calendriers, on va devoir obliger les joueuses à faire ces choix” - Céline Dumerc

Alors, quelles sont les solutions ? Ou, plutôt, qui peut les actionner ? Jacques Commères, directeur de la performance et des équipes de France, donne une première réponse : “Nous sommes en relation avec les franchises mais aussi au contact des joueuses pour suivre leur parcours. [...] La solution doit venir de la fédération internationale (FIBA). Nous restons dans l’incertitude sur le calendrier face à nous mais le sujet est porté.

De quoi sera fait cet avenir ? L’année prochaine, le problème sera peut-être mis sous le tapis avec une Coupe du monde qui motivera les meilleures joueuses américaines à sacrifier un peu de WNBA au profit de leur patrie. Les joueuses françaises emboîteraient ainsi le pas... guidées par le métronome états-unien.

En 2030, l’affaire est déjà réglée avec une compétition mondiale organisée en hiver, évitant les embouteillages avec la WNBA… mais créant d’autres problématiques concernant les championnats européens. Choisir, c’est renoncer, comme dit le proverbe. Et à ce jeu là, les joueuses en sont les premières victimes.

À l'INSEP.

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