Ancien joueur de Gravelines, Cholet et Limoges, Jonathan Rousselle (1,95m, 30 ans) a pris la direction de l’Espagne et Bilbao cet été. En plein cœur du pays basque espagnol, l’international français est, lui aussi, en confinement. Nous sommes allés prendre de ses nouvelles.
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Qu’en est-il de la situation en Espagne ?
C’est assez similaire à la France. Le championnat est suspendu, mais pas encore annulé. On a une date de reprise provisoire arrêtée au 24 avril. Ça pourrait évidemment être repoussé. Pour ce qui est de l’extrasportif, nous sommes également en confinement. On a le droit de sortir en cas d’urgence mais sinon tout le monde doit rester chez soi.
Comment s’est passée la mise en quarantaine ?
On était en début de semaine d’entraînement et le coach nous a annoncé que les deux prochaines journées seraient à huis clos, un match à l’extérieur puis un match à domicile. On a d’abord eu cette annonce pour arrêter le virus, mais ça a finalement vite été suspendu. On a eu une réunion d’équipe et on a dû rester chez nous à partir de là.
Comment reste t-on en forme ?
On fait comme on peut. On a la chance d’avoir un préparateur physique très impliqué et présent pour nous. Chaque jour, on a un entraînement par Skype en milieu de journée. Au début c’était sur la base du volontariat, même si tout le monde a suivi l’entraînement directement. Quelques jours plus tard, le club a renforcé ça et c’est devenu un rendez-vous obligatoire pour toute l’équipe. Vu qu’on est toujours sous contrat, qu’on est toujours salariés et qu’on est toujours payés, ils en ont fait quelque chose d’obligatoire pour qu’on garde un minimum de cardio en cas de reprise du championnat.
Comment s’occupe t-on en dehors de ces moments là ?
J’essaye d’être productif pendant tout le temps que j’ai devant moi. J’ai deux enfants donc j’ai déjà pas mal de temps de pris (sourire). J’ai la chance d’avoir une maison avec un jardin donc on peut profiter de l’extérieur. On n’est pas à plaindre. Je profite des enfants parce que pendant l’année c’est un peu plus compliqué avec tous les déplacements, l’école, etc. Je profite à fond, j’essaye de rester positif et patient. Sinon, c’est série, lecture. J’ai 30 ans donc j’essaye aussi de penser à l’après carrière, je me renseigne un peu.
« Quand je vois un peu ce qui se passe à droite et à gauche je vois pas comment ça peut reprendre »
Quelle est la pire chose quand on doit rester comme ça bloqué chez soi ?
J’ai de la bonne compagnie chez moi donc je ne vais pas me plaindre, mais en tant que basketteur j’ai envie de jouer, j’ai envie d’être libre de mes mouvements. On se sent un peu comme un lion en cage, c’est vrai que ce n’est pas agréable d’être bloqué contre son gré, mais c’est pour quelque chose qui est plus grand que nous. C’est indispensable donc tu relativises vite. Le basket c’est super important pour nous tous, mais c’est bien plus grand.
Que pensez-vous de la situation par rapport au reste de la saison ?
Mon instinct de compétiteur adorerait pouvoir reprendre la saison parce qu’on est à la cinquième place du classement, parce qu’on réalise une saison incroyable et qu’on était très en forme. Le compétiteur en moi a envie de reprendre le plus vite possible, mais quand je vois un peu ce qui se passe à droite et à gauche je vois pas comment ça peut reprendre, et si ça reprend, je me demande quelles seront les conditions. Donc j’adorerais reprendre, mais je pense qu’on peut oublier.
Ça doit être frustrant au vu de la saison que vous étiez en train de réaliser avec Bilbao surtout que le club venait de monter de deuxième division et se classait 5e avant la coupure ?
C’est très frustrant parce qu’on était lancés, on est coupés dans notre élan. Quand on repensera à cette saison, il y aura un astérisque à côté parce que ça sera la saison du virus, celle qui a été arrêtée. On ne sait pas trop ce qui va se passer derrière, si le classement va être gardé, si ça sera une saison blanche, si elle va reprendre et dans quelles conditions. Tout de suite, ça met un petit « si » sur la saison. C’est dommage parce qu’on était en train de faire un truc génial. On ne va pas nous l’enlever, mais ça aura peut-être moins d’impact.
Quel est votre regard justement sur cette saison ?
Je ne vais pas cacher qu’il y avait peu de certitudes. T’es promu, tu n’as pas le plus gros budget, t’as un coach qui est seulement dans sa deuxième saison, il n’y a pas ou très peu de joueurs référencés donc il y a beaucoup de paris, il y a beaucoup de jeunes. C’est aussi ce qui fait la beauté de ce sport-là. Il n’y a pas que l’argent, ce n’est pas que le CV qui compte. On a réussi à créer un truc top entre nous, on a des résultats qui ont été positifs dès le début et ça a engendré de la confiance, ça a créé une synergie dans le groupe. C’était vraiment un plaisir et c’est compliqué à expliquer. On prenait tous notre pied et la mayonnaise a bien pris. Le public a suivi, ça a amené de l’engouement. C’est normal, quand tu donnes, tu reçois. On joue à fond, on a tous des choses à prouver, à gagner. Ce qui fait qu’on vivait une super saison.
Que pensez-vous pour cette première saison en Espagne du championnat espagnol ?
A la base, l’Espagne c’était mon rêve. J’ai toujours eu pour rêve et pour objectif d’y aller donc dès que l’opportunité s’est présentée je l’ai tout de suite saisie. En toute honnêteté, au tout début c’était un peu compliqué au niveau de l’adaptation. Tout était tellement différent, mais sur ces derniers mois ça allait vraiment mieux et j’étais beaucoup plus à l’aise et productif. C’est dommage d’ailleurs qu’on soit stoppé là (sourire). Un petit temps d’adaptation, mais ça a été vite très bien. J’ai vraiment kiffé, j’ai pris beaucoup de plaisir à vivre cette première saison en Espagne.
« L’année dernière il (Axel Bouteille) était un peu bridé à Limoges. Je savais que ça allait exploser, mais peut-être pas à ce point-là »
Arriver au côté d’un français comme Axel Bouteille avec qui vous jouiez déjà l’année dernière à Limoges ça doit aider à trouver sa place dans un nouveau championnat ?
Oui c’est clair, on s’est bien aidé. On se connait très bien et on a la chance de bien s’entendre aussi en dehors du terrain donc on a pu s’aider dans la vie de tous les jours. Sur le terrain on a créé des automatismes, on a créé des liens, on se connait de mieux en mieux donc forcément ça aide. Notre intégration à Bilbao a été réussie en partie grâce à cette relation et de vivre tous les deux notre première expérience à l’étranger ensemble.
Justement, que pensez-vous de la saison d’Axel Bouteille, l’aviez-vous vu venir ?
Je le savais parce que l’année dernière il était un peu bridé à Limoges. Je savais que ça allait exploser, mais peut-être pas à ce point-là. Je savais qu’avec du temps de jeu, des responsabilités et des shoots il allait faire quelque chose de très bien. J’en étais persuadé. Par contre, le voir aussi décisif, constant et parfois dominateur sur certains matchs, non. Il m’a bluffé et agréablement surpris. C’était très bien pour nous, mais je suis surtout très heureux pour lui (NDLR: le 26 février, Axel Bouteille a signé avec Unicaja Malaga).
Vous avez aussi pu regoûter à l’équipe de France, comment s’est passé ce passage avec les Bleus ?
C’est toujours une fierté. Je suis arrivé en tant que remplaçant médical donc dans des conditions un peu particulières mais j’ai répondu à l’appel avec beaucoup d’entrain et de fierté. On a fait un sur deux, mais ça reste toujours une bonne expérience. Ça permet aussi de revoir pas mal de joueurs que tu connais et ça fait toujours plaisir.
Avez-vous toujours des contacts dans le basket français, suiviez-vous les résultats ?
Forcément moins qu’avant parce que je m’intéresse aussi au championnat auquel je participe, mais je reste quand même curieux. Je suis les résultats, je ne serais pas capable de sortir le classement de la première à la dix-huitième place, mais je pense que j’en ai les trois quarts. Bien sûr que je suis mes anciennes équipes, mes anciens coéquipiers et les gens avec qui j’ai créé des liens. Je n’ai pas encore oublié la France en six mois (rires).
Si vous deviez garder un seul album ou un seul artiste pendant le confinement :
Je dirais Alicia Keys.
Une série à voir pendant le confinement :
Je dirais This Is Us.
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Qu’en est-il de la situation en Espagne ?
C’est assez similaire à la France. Le championnat est suspendu, mais pas encore annulé. On a une date de reprise provisoire arrêtée au 24 avril. Ça pourrait évidemment être repoussé. Pour ce qui est de l’extrasportif, nous sommes également en confinement. On a le droit de sortir en cas d’urgence mais sinon tout le monde doit rester chez soi.
Comment s’est passée la mise en quarantaine ?
On était en début de semaine d’entraînement et le coach nous a annoncé que les deux prochaines journées seraient à huis clos, un match à l’extérieur puis un match à domicile. On a d’abord eu cette annonce pour arrêter le virus, mais ça a finalement vite été suspendu. On a eu une réunion d’équipe et on a dû rester chez nous à partir de là.
Comment reste t-on en forme ?
On fait comme on peut. On a la chance d’avoir un préparateur physique très impliqué et présent pour nous. Chaque jour, on a un entraînement par Skype en milieu de journée. Au début c’était sur la base du volontariat, même si tout le monde a suivi l’entraînement directement. Quelques jours plus tard, le club a renforcé ça et c’est devenu un rendez-vous obligatoire pour toute l’équipe. Vu qu’on est toujours sous contrat, qu’on est toujours salariés et qu’on est toujours payés, ils en ont fait quelque chose d’obligatoire pour qu’on garde un minimum de cardio en cas de reprise du championnat.
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