Entrez dans la légende de Berck

L’auteure, Corine Caulier est la fille de Jean Caulier, qui fut l’un des piliers de l’AS Berck devenue le Berck BC. L’équipe de cette petite ville de 14 000 habitants à l’époque a été championne de France en 1973 et 1974 et participé à la finale de la Coupe des Champions, l’Euroleague de l’époque, en 1974 et 1975. Jamais club français n’était parvenu à un tel résultat et seul le Limoges CSP fera mieux.

Nous avons demandé à Corine Caulier de (re)prendre sa plume pour nous parler de son livre, ce qu’elle a fait avec une passion évidente.

Comment est né le projet :

"Souvent on me demande, comment m’est venue l’idée avec mon compagnon Laurent Monfroy (co-auteur) d’écrire ce livre. La genèse de ce projet fort ambitieux est au départ le fruit d’une rencontre, le fruit du hasard. Au détour d’une bibliothèque de livres d’occasion à qui l’on donne une seconde vie peut -être une seconde chance. Alors que nous arpentions les allées de cette librairie associative et solidaire de Lille, mon regard s’est immédiatement figé non pas sur un bouquin rayonné dans les étagères mais sur livre posé avec indifférence sur une table basse bon marché. Bizarrement, ce grand livre bleu me donnait le sentiment qu’il attendait ma venue. Sur la couverture de ce livre de sport et plus précisément de basketball, on pouvait y reconnaître Tony Parker, Yannick Souvré et sur la troisième image je reconnu une photo : mon père et ses équipiers qui bien des années auparavant marquèrent par leurs exploits l’histoire du basket national voire international.

C’est en achetant et en consultant avec dévotion ce grand livre que m’est apparue comme une évidence l’idée et surtout l’envie de faire découvrir ou redécouvrir à un large public, la fabuleuse histoire de la petite station balnéaire du nord de la France qui défia en son temps les plus grandes équipes européennes de Basketball.

Au départ le titre était la fabuleuse épopée du basket berckois mais trop encyclopédique, je voulais quelque chose de plus dynamique et interactif ! C’est ainsi que nous avons passé de longues soirées après notre boulot (moi prof d’EPS sur Lille et Laurent éducateur sportif) à relire tous les articles des archives familiales concoctées par mes grands-parents Mathilde et Pierre dans des cahiers un peu jaunis. Laurent a synthétisé les textes les plus importants tandis que je m'attelais à sélectionner les plus belles photos et à imaginer le graphisme du futur bouquin.

Le plus difficile fut de faire des choix d'articles, de photos, de commentaires, d'anecdotes mais tout choix est un renoncement : le livre aurait fait au moins 400 pages sinon. Aujourd’hui en regardant ce livre comme un enfant qui vient de naître, mon ambition est de passer ce patrimoine régional et national à la postérité : l’Aventure hors du commun du basket Berckois.

Mais je rêve un jour d’un musée du basket berckois pour faire partager au plus grand nombre cette belle histoire qui a marqué les plus belles pages du basket français et européen.

l’ASB est un patrimoine sportif qu'il faut préserver et faire connaître aux jeunes générations pour ne pas oublier et ne pas oublier ces hommes qui ont fait de Berck le haut lieu basket français en son temps et l'ont sorti de l'anonymat

J'ai retrouvé l’année à laquelle j'avais acheté ce livre c'était en 2017. A l'époque je me disais que j'avais largement le temps puisque je voulais sortir le livre pour les 50 ans du premier titre de champion de France 1973 (donc en 2023) mais le temps file si vite. J'ai pris mon temps… trop de temps car mon seul regret et que Yves-Marie Vérove, Jean-Pierre Sailly, Jean Racz et Jean Galle n'aient pas eu la joie de feuilleter cet ouvrage (RIP)."

Quels anciens joueurs, coachs, dirigeants ont été contactés :

"En contact avec les anciens joueurs de l'équipe de mon père qui me racontaient quelques anecdotes et répondaient à mes questions notamment Yves Marie Verove et Ken Gardner par Messenger des Etats Unis (Il est basé dans l’Utah à Salt Lake City). Jean Galle pour la préface comme une évidence : il me l'a écrite 3 ans avant la sortie du livre cela me tenait à cœur que ce soit lui : le coach de légende qui a façonné ce groupe."

A-t-elle entendu parler de cette épopée quand elle était petite :

"Mon père vivait sa passion mais ne m'en parlait pas, ce sont les gens qui m'en parlaient avec bienveillance et admiration, nous avons toujours été les filles de … mais quel plaisir !

A l'époque où mon père est devenu champion de France en 1973 je n'avais que 2 ans. Je ne me souviens donc pas des matchs d'anthologie au palais des sports mais j'ai grandi dans cette famille du basket et j'ai en moi cet état d'esprit toujours présent : le sens de la fête de l'amitié, de gars sérieux à l’entrainement mais qui ne se prenaient pas au sérieux. Mais trop petite, je n’ai pas su analyser les indices qui traînaient chez mes grands-parents paternels : un poster jauni de papa avec le sponsor Balamundi, une photo sur laquelle il portait un costume avec l’écusson bleu blanc rouge de l'équipe de France militaire et un vase qui trônait au-dessus de l'armoire de la salle à manger ; un vase grec qui m'aurait fait comprendre qu'il avait joué contre des équipes européennes étant donné que mes grands-parents ne voyageaient jamais. Originaires de St Martin les Boulogne (mon père a débuté à SOMB en double surclassement.)

Me reviennent en mémoire les heures passées dans ce gigantesque palais des sports comme une 2e maison avec en tête ces escaliers mouchetés blancs et noirs, la buvette sous un nuage de fumée de cigarettes, le crissement des baskets sur le parquet en bois, le bruit du ballon et un peu plus vieille dans les années 80 alors que Berck avait quitté l'élite il régnait encore une ambiance endiablée avec ce public qui criait à gorge déployée : « allez Berck ! allez Berck ! »

Avec la sortie du livre je retourne au Palais pour le proposer au public et j’assiste au match. Quand le public se met à crier, à chanter mais surtout à crier le même ALLEZ BERCK, c’est ma madeleine de Proust incontestablement, j’en frissonne."

L’organisation du « retour des champions » du 7 juin 2003 :

"20 ans auparavant germa l’idée de fêter sans grandes ambitions aucunes, l’anniversaire de mon père dans lequel j’aurais invité autour d’une bonne bouffe comme savait le faire les basketteurs de cette époque, l’équipe avec qui, lui et ses coéquipiers furent champions de France de basket en 1973. Cependant, poussée par l’énergie de certains membres de ma famille qui estimaient qu’il fallait voir plus loin. Je me lançais dans une aventure, afin de créer un événement public d’envergure pour permettre à tous ceux qui participèrent directement ou indirectement de revoir les héros de cette époque glorieuse.

C’est ainsi que naquit le projet fou de vouloir remplir à nouveau le palais des sports qui a vu tant d’exploits, connu tant d’émotions sportives à l’occasion d’un match de retrouvailles. Aidée par une équipe motivée, la première des choses fut de créer une association au titre évocateur de LEGENDE 73 avec mes sœurs (je suis l’ainée puis Catherine et Séverine).

Pour ne rien cacher mon père n'y croyait pas au départ à cette aventure, il pensait que c'était trop loin dans le temps, que ses potes ne répondraient pas à l'appel et que personne ne nous aiderait pour mettre sur pied ce projet, que personne ne serait intéressé et pourtant…. Mais au fil du temps et à force de recherches acharnées pour retrouver les champions, il se m’y a y croire de plus en plus . Je l'entends encore dire Yves Marie est d'accord ? Vous avez retrouvé Ken ? Et là, la petite étincelle s'est allumée dans son cœur et… 9 mois plus tard le 7 juin 2003 une superbe communion entre les champions et le public a eu lieu et une fois de plus la magie opérait : 30 ans plus tard incroyable !! Retrouvailles chargées de tant d'émotions.

Les papis ont remis le maillot et disputé un match amical contre l'équipe du Touquet que mon père avait entraîné dans les années 80 : un Jubilé somme toute ! mais collectif comme toujours. Le collectif c’était la force de Berck : pas de vedettes ! Des hommes unis vers un seul but : Jouer et GAGNER. Le moment le plus fort fut leur entrée sur le terrain au son de la musique bittersweet symphonie de The verve. Tout le public était debout à les ovationner ; j'en ai même vu pleurer. L’émotion était trop grande et les souvenirs de leur jeunesse remontaient à la surface : Ah nostalgie quand tu nous tiens ! A l'issue de cet événement notre père nous a dit : « vous m'avez comblé à vie je n'ai plus besoin de cadeaux de Noël, d'anniversaire, fête des pères : merci mes filles ! »

Anecdote : Il faut savoir qu’en toute modestie, LEGENDE 73 et le retour des champions a été un électrochoc pour Bruno Fiolet le fils de René Fiolet (ancien dirigeant de lASB) qui révèle que grâce au retour des champions en 2003 il a souhaité relancer sérieusement le basket à Berck qui joue actuellement en NM1 . Légende 73 a fait des émules et les gens célèbrent depuis la date d'anniversaire des retrouvailles avec nostalgie et d'ailleurs un ancien joueur de Berck Didier Fourquet calaisien a créé un site sur Facebook dédié basket berckois (chroniques illustrées …)

Ps : dans le livre figure un QR code pour revivre le match et entrer dans l’intimité du groupe en donnant accès à un film d’1h10."

La réaction des gens quand ils ont appris la sortie de ce livre :

"Nous avons révélé le plus tard possible la sortie du livre, car le projet était tellement ambitieux à nos yeux que nous ne voulions pas avoir de pression (car amateur sur toute la ligne) auprès des supporters ou des gens qui ont connu de près ou de loin cette époque. Nous avons travaillé en secret ; même si j'avais envie de le révéler au plus grand nombre.

L'accueil du livre auprès des lecteurs me touche énormément : je l'ai fait pour eux.

Certains me disent que faire connaître l'histoire c'est une belle œuvre ; que le livre est pour eux le moyen de revivre une des plus belles sinon la plus belle époque de leur vie ou tout au moins du basket nordiste. Il refait surgir beaucoup d'émotion au public qui a connu ses belles années

Je l'ai voulu accessible pour tous (déjà par le prix) Les lecteurs me disent qu’à peine acheté plongé dedans et impossible de ne pas le finir d'une seule traite ; que l'ouvrage est agréable ; que la collection d'images et d'anecdotes sont très bien diffusées dans l'ordre si bien que le supporter s'y retrouve rapidement ; les textes sont courts et sincères et quand on commence ce livre on va jusqu'au bout.

Je suis heureuse parce que ce livre à l'image de l'ASB dans les années 70 à (re)trouver son public. Ce qui me ravit également c'est l'intérêt des jeunes enfants, des ados qui posent des questions sur l'histoire de l’ASB lors des journées dédicaces. Je suis en quelque sorte une une des héritières d’un passé sportif glorieux, et je veux le partager pour rendre hommage « à la bande à Galle »."

Où le livre est-il distribué :

"Tout d'abord, j'ai voulu faire travailler l'imprimeur local APRIM& HENRY dans le Montreuillois. Cette imprimerie travaillait déjà à l'époque avec le club de basket berckois (le premier numéro de la revue allez Berck : journal bimensuel dédié à la vie du club est sorti dans ces locaux). La confection du livre se veut en relation avec les années 70 c'est à dire un livre assez authentique : couverture cartonnée sans pelliculage et papier recyclé qui donne cet effet vintage.

Je suis en auto-édition : je gère donc tout de A à Z, et cela m'enchante, cela m'oblige à me réinventer J'ai toujours été attirée par l'artistique alors l'iconographie et l’utilisation des logiciels comme indesign et Photoshop m’a ravi et j'ai appris.

L’auto-édition c'est aussi la diffusion de l'ouvrage. Le livre est distribué dans les commerces berckois principalement et également les soirs de matchs à domicile à Berck au Palais des sports (construit en 1973 spécialement pour l’équipe montante afin d’accueillir les grandes équipes européennes comme celle d’Athènes pour son inauguration le 6 décembre 1973 : Au match aller à Athènes les basketteurs berckois furent accueillis dans un cadre indigne pour une Coupe d’Europe, malmenés par un public uniquement masculin tentant de les brûler avec des cigarettes aux abords du terrains, crachats…. Submergés paralysés par le froid ils ne peuvent déployer leur jeu. Jean Galle dira que son équipe qu’elle n'a pas mal joué mais n'a pas pu jouer : ils étaient tombés dans un guet-apens et perdent de 19pts).

Match retour le 6 décembre le capitaine grec a reçu par le club des supporters une couronne mortuaire en guise de fanion et devant le banc des supporters trône un cercueil en carton… hallucinant ! le journaliste de l'équipe Dominique Grimaud intitule son article « on a inauguré un enfer »

Diffusion principale du livre : un site internet Légende73.com pour les commandes : les gens peuvent le retirer chez mes parents à Berck (avec une dédicace du vieux numero 10) ou se le faire livrer à domicile ou par mondial Relay. Il me reste à ce jour à rayonner dans la région Hauts de France mais La télévision France 3 Côte d'Opale ainsi que les radios locales en parlent. Il y a également les réseaux sociaux, la fédération française de basket a réalisé un article via le musée du basket (patrimoine). Les magazines de baskets spécialisés relayent mon livre."