Bienvenue au Lab, à l’incubateur d’idées de Freddy Fauthoux et son staff. Ici , on fait infuser les principes d’une nouvelle équipe de France. L’entraîneur des Bleus, qui disputera lui aussi son premier Euro à ce poste, a livré ce vendredi, au siège de la FFBB une liste élargie de dix-huit noms qui fait la part belle à la jeunesse. Dans ce groupe, avec 60 sélections, le pivot Vincent Poirier fait figure de vétéran. Trois joueurs n’ont aucune sélection au compteur (Moussa Diabate, Ousmane Dieng, Alexandre Sarr), deux ont au moins une cape (Zaccharie Risacher, Nadir Hifi), et surtout on trouve dans ce groupe sept joueurs âgés de 20 à 24 ans « mais aussi six joueurs médaillés lors des JO 2024 » fait valoir le sélectionneur qui va entamer avec cette équipe de France, un nouveau virage.
Les retrait de cadres comme Nando de Colo, Nicolas Batum, l’absence de Rudy Gobert, (« il a des problèmes personnels à gérer »), les blessures de Victor Wembanyama (thrombose à l’épaule), Evan Fournier (cheville) et le retour de blessure de Mathias Lessort (fracture du péroné) ont obligé le staff des Bleus à jeter les bases d’une nouvelle équipe, 25 ans de moyenne d’âge et portée par douze joueurs d’Euroleague et six joueurs de NBA.
Pas facile donc, en l’état actuel de jauger du potentiel réel de ce groupe au feu de la compétition, mais voilà une magnifique opportunité pour des joueurs qui ont tout à montrer dans le contexte de l’équipe de France, où on le sait, l’expression du jeu, et les responsabilités ne se partagent pas forcément comme en club.
Freddy Fauthoux ne s’en cachait pas, il y aura une longue période d’évaluation et d’observation des uns et des autres, et après le premier bloc de travail, à Mouilleron-le-captif (Vendée) (du 30 juillet ai 4 août) le groupe ne devrait pas encore bouger.
« J’aborde cet Euro avec beaucoup d’enthousiasme et d’excitation » commentait Frédéric Fauthoux. « Quand on voit la liste, on se dit qu’on a beaucoup de chances en France d’avoir un tel réservoir de joueurs. J’ai hâte de commencer, dans une compétition ou on est très ambitieux ». Néanmoins, l’objectif n’est pas encore clairement annoncé, et devrait se dévoiler en même temps que la réalité compétitive du groupe. « Si tu demandes aux joueurs, à nous, bien sûr, on va dire qu’on veut aller le plus loin possible, vouloir le plus beau des résultats. Mais l’objectif se fixera au fur et à mesure de la progression. Il faudra d’abord créer une équipe, un état d’esprit, on se doit d’être très ambitieux ».
Pour ça, il faudra donc découvrir ce que peuvent apporter des joueurs inconnus dans ce contexte, avec une liste élargie pour « examiner toutes les complémentarités possibles ».
Frédéric Fauthoux attend donc d’en savoir plus sur certains, et va partir explorer les possibilités de ce groupe. « On verra ce qu’apporte un joueur comme Sarr, on va découvrir Diabate, voir comment il se comporte. Dieng, lui il a sa polyvalence. Il se rapproche du profil d’un Nicolas Batum, à nous de l’évaluer. Hifi, a pour lui le fait qu’il a performé toute l’année, et le titre lui a donné confiance. Il a très bien joué. On se doit de sélectionner large pour avoir le maximum d’options possibles. C’est un groupe riche avec plein d’enthousiasme, de jeunesse, beaucoup de complémentarité et de solutions. Les cinq semaines de préparation vont être très intéressantes, » se réjouit le coach, malgré la part d’incertitude que comporte ce genre de situation.
"Oui, il revient de blessure, mais on est assez confiants, avec Mathias"
Côtes incertitudes, on veut croire dans le staff français que la NBA ne viendra pas s’immiscer dans la préparation par le biais de négociations contractuelles qui peuvent parfois être délicates et perturbantes. « La garantie qu’on a de la présence de nos joueurs NBA , c’est d’abord le fait d’avoir communiqué régulièrement avec eux, et leur volonté de communiquer avec nous, » soulignait Boris Diaw, particulièrement en charge de ce domaine sensible. « Si des joueurs bougent, on entrera en contact avec leur club. Pour Yabusele (Philadelphie), on sait qu’il faudrait qu’il signe son contrat avant que la préparation ne commence ; le début des entraînements étant fin juillet, ça laisse quand même une période assez longue pour trouver un accord. Mais ça reste effectivement assez variable, » concluait le GM sur le sujet.
Et, au rayon incertitudes, on se demande où ranger Mathias Lessort ? L’intérieur des Bleus, rouage indispensable, revient d’une grave blessure, une fracture du péroné, qui l’avait fauché mi-décembre 2024. Après plus de cinq mois d’arrêt, on l’avait revu sous le maillot du Pana, fouler le parquet pour quelques minutes lors du Final Four, fin mai. Mais, ensuite, il n’avait pas été retenu par son coach pour disputer la finale du championnat grec. Lessort n’a donc pas rejoué depuis fin mai. Sera-t-il prêt pour l’Euro lui dont le jeu bouillonnant, intense et physique nécessite qu’il soit au mieux de ses moyens ?
« Mathias, on l’a suivi toute la saison. Notre staff médical fait un suivi régulier, et le staff médical de son club est en contact permanent, pour suivre son retour, » répondait Boris Diaw à cette interrogation. « Oui, il revient de blessure, mais on est assez confiants, avec Mathias, pour qu’il puisse se retrouver en pleine possession de ses moyens d’ici le début. On a encore un mois devant nous. Bien sûr, la santé des joueurs nous importe avant tout, et on ne prendra pas de risque. On prendra toutes les précautions pur l’évaluer avant son retour sur le terrain, pour être sûr qu’il soit à 100% ».
Il y aura donc beaucoup d’attente (s) autour de cette équipe, dont Freddy Fauthoux ne sait pas encore comment il va l’articuler –trois vrais meneurs ? quatre ? ou plus d’arrières ? quelle configuration à l’intérieur ?-, dont il ne connait pas encore la hiérarchie établie, ni le capitaine. Les réponses à ces questions se dessineront au fil de la préparation. Et comme il le dit, « il peut arriver tellement de choses en préparation »…
