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Equipe de France féminine : « En quête de la plus belle des médailles »

Après 2001 et 2009, l’équipe de France féminine vise une troisième médaille d’or à l’EuroBasket, même si elle ne disposera pas au Pirée (18 au 29 juin) de toutes ses forces vives.

Iliana Rupert face à la Belgique aux JO de Paris. © FIBA

L'EuroBasket féminin 2025 sera marqué par de nombreuses absences. En plus du lot habituel de blessures viennent s’ajouter les forfaits liés à la WNBA. L’Italienne Matilde Villa appartient à la première catégorie, l’Américano-monténégrine Natasha Mack à la seconde. L’Allemagne est touchée au cœur avec les indisponibilités de sa meilleure joueuse, Satou Sabally (WNBA), et de l’ex-future Landaise Marie Gülich (blessure).

Deux équipes sont particulièrement ébranlées. Premièrement, l’Espagne avec Maite Cazorla, María Conde, Megan Gustafson, Laura Quevedo, Nerea Hermosa, et Raquel Carrera toutes hors-jeu en raison de divers pépins.

À l’heure du trumpiste triomphant, la WNBA dérégule le basket féminin mondial et les Françaises sont désormais les étrangères les plus sollicitées. Et cela ne s’arrangera pas dans le futur avec l’augmentation du nombre de franchises et probablement l’étirement de la saison. Se sont auto-exclues de l’Euro, l’artiste Marine Johannes, la MVP de l’Eurocup Carla Leite, la pivot du futur et déjà du présent, Dominique Malonga, et Gabby Williams, meilleure défenseure des Jeux de Paris, incluse dans le cinq all-stars, et qui est en train de réaliser une saison à 15,2 points de moyenne, la meilleure de sa carrière WNBA avec le Seattle Storm.

« Que ce soit les hommes ou les femmes, nous essayons d’être en relation avec les franchises NBA et WNBA, et avec les joueuses en ce qui concerne leur parcours », explique Jacky Commères, directeur des équipes de France. « Après, nous avons une instance de référence, la fédération internationale. Deux sujets sont portés auprès d’elle et pour lesquels on aurait besoin de régulation. C’est la problématique de collision de compétition et la mise à disposition des joueuses. Peut-être qu’un jour, ça sera comme les garçons, c’est-à-dire avec des jours où elles pourront légalement être libérées pour être à la disposition des équipes nationales. Je pense qu’il y a plusieurs fédérations nationales qui portent actuellement ce sujet, mais nous sommes aujourd’hui dans l’incertitude et on n’a pas de calendrier face à nous pour nous indiquer ce qui va se passer. »

Pour cet EuroBasket, c’est à la carte et on peut espérer que pour la Coupe du monde 2026 (5 au 27 septembre en Allemagne), tout sera davantage cadré puisque… les Etats-Unis seront de la partie.

S’est ajoutée sur la liste des absentes Marine Fauthoux, victime d’une entorse au genou droit. « C’est une fille importante de ce groupe France et la perdre dans ces circonstances fait que l’on a tous été impactés sur le plan affectif », réagit le coach Jean-Aimé Toupane. « Remplacer une joueuse de ce niveau-là, ça demande du travail mais on a la chance d’avoir en France une bonne formation avec des jeunes qui poussent. On manquera peut-être d’expérience mais je crois au travail qui est mis en place pour pallier ce manque. »

A priori ne devaient faire défaut à l’Euro que deux joueuses vice-championnes olympiques, Sarah Michel-Boury (retraite) et Alexia Chartereau-Chery (maternité). Or ne sont plus dans les rangs que Valériane Ayayi, Romane Bernies, Leïla Lacan et Iliana Rupert, ainsi que Marième Badiane et Janelle Salaün arrivées tardivement de la WNBA - la seconde ne sera en France que dans les prochains jours. En chiffres, la perte des six joueuses des JO représente 43,4 points sur les 89,1 que l’équipe avait obtenu à l’évaluation.

Janelle Salaün. © FIBA

Seulement 3 matches de préparation

Dix-huit joueuses se sont retrouvées au premier stage et avant l’heure, Valériane Ayayi avait raconté à la revue Basketball cette anecdote à propos de Camille Droguet qui prouve que l’éparpillement géographique conduit à une certaine méconnaissance intergénérationnelle. « Camille, je me suis assise avec elle à la table en novembre lors des qualifications. On a bien discuté. Je l'ai trouvée très cool, très attachante, on a bien accroché. Et après notre discussion, elle me dit : "Réponds-moi honnêtement, tu ne savais pas qui j'étais ?" Et effectivement je n'en avais aucune idée. Je savais à peine qu'elle jouait à Tarbes. Et au premier entraînement cet été, la réalité c'est que je ne sais pas si certaines joueuses peuvent shooter, driver. C'est un des inconvénients de renouveler un groupe. Les automatismes doivent se créer avec elles. Et c'est le but du premier stage. »

La préparation des Bleues a été courte et toutes ne sont pas arrivées en stage dans les mêmes conditions. « Les filles qui ont joué la finale du championnat de France avaient fini deux jours auparavant et se sont retrouvées tout de suite sur le terrain. D’autres avaient fini depuis un mois mais tout le monde a su s’entretenir pour être à fond pour cette préparation », résume la directrice sportive Céline Dumerc.

Le flou accompagne toujours la valeur de l’équipe de France version 2025 à quelques jours de l’Euro. Les Bleues n’ont eu que trois matches de préparation à se mettre sous la dent avec comme résultats une facile victoire sur la Turquie (+20) et un bilan contradictoire contre la Belgique (+49 puis -3 vingt-quatre heures plus tard) amputée de trois joueuses du cinq majeur.

« On n’a pas eu de réponses favorables aux invitations que l’on avait lancées. J’en étais responsable et je n'ai eu que des refus. On n’a pas réussi à trouver des adversaires. Il faut savoir que l’on joue le 18 juin et que les quatre pays qui reçoivent ne vont pas se déplacer deux jours avant. S’ils ont été un peu malins, ils ont invité des équipes donc ça fait déjà huit engagées », explique Céline Dumerc. « Mais il y a pas mal de nouvelles joueuses et dans une préparation aussi courte ça a permis de s’entraîner, de mettre des choses en place. »

De plus, Marième Badiane, qui n’est entrée en jeu brièvement que trois fois avec le Minnesota Lynx et Janelle Salaün, qui réalise une très bonne saison de rookie avec les Golden State Valkyries, ont pris le train en marche et n’auront fait connaissance avec certaines de leurs équipières que lors de quelques séances d’entraînement. D’autant plus préjudiciable que cinq d’entre-elles sont des novices. Dans le groupe de 14, on remarque la présence de Tima Pouye (9 sélections), Aminata Gueye (5) Maëva Tjaldi-Tabdi (5), Noëmie Brochant (3), et Garance Rabot (3). C’est tout à fait inhabituel.

Valériane Ayayi. © FIBA

Favorites, mais attention à la Belgique !

Et pourtant, vue de l’étranger, la France, forte de sa médaille d’argent olympique, de sa 3e place au ranking FIBA mondial - 1ère nation européenne - fait figure de favorite. De fait, le trio d’adversaires de la phase préliminaire (Turquie, Grèce, Turquie) ne doit pas trop la contrarier et lui permettre de renforcer son collectif. Et même si un certain nombre d’Américaines naturalisées peuvent rabattre les cartes, comme Jessica Shepard avec la Slovénie, il faudra probablement attendre les quarts ou les demi-finales pour que les Bleues soient en danger.

« Si vous regardez les cinq principaux classements mondiaux de la FIBA, seniors hommes et femmes, équipes de jeunes, et le combiné 3x3, deux nations seulement sont dans les quatre premières places dans tous ces classements : les Etats-Unis et la France », rappelle Jacky Commères. « Cela nous amène à avoir des attentes et des objectifs extrêmement élevés. L’équipe de France féminine est classée troisième au classement mondial après les Etats-Unis et l’Australie et nous précédons la Chine, l’Espagne et la Belgique. Après huit médailles acquises depuis 2009, nos objectifs sont très élevés puisque nous sommes en quête de la plus belle des médailles. C’est aussi un objectif très fort des joueuses et du staff. »

Alors que certains pays ont un mal fou à renouveler leurs cadres, comme la Serbie, récemment deux fois championnes d’Europe (2015 et 21), la France possède un vivier qui se remplit abondamment comme en attestent les médailles récoltées en jeunes : en or en U20 lors des deux dernières éditions de l’Euro, en or en U18 en 2024 et en argent en 2023, en or en U16 en 2022 et 2023 et en argent en 2024. Plusieurs individualités peuvent faire la différence. Iliana Rupert, Janelle Salaün et Valériane Ayayi sortent d’une formidable saison en Euroleague et plusieurs jeunes ont les dents longues. Et plus que jamais la défense made-in-France fait figure d’épouvantail.

La menace numéro 1 vient très probablement de Belgique. Oublions la déculottée subie le 3 juin à Brest et souvenons-nous davantage des JO où les Belgian Cats ont bousculé l’Espagne (66-79) et perdu seulement en prolongation contre la France en demi-finale (75-81) et de peu également contre l’Australie pour la 3e place (81-85). Les Belges s’articulent toujours autour du phénomène Emma Meesseman, ont récupéré la meneuse Julie Allemand, inapte pour les JO, et qui tout comme Julie Vanloo et Kyara Linskens ont interrompu leur saison WNBA pour rejoindre leur équipe nationale. Les Cats ont peu de réserve, mais leurs titulaires ont les ongles aiguisés.

« Sur le premier match, l’écart n’est pas révélateur de ce qui sépare la France de la Belgique », commente Céline Dumerc. « On a réussi beaucoup de choses et elles étaient dans le drame. J’ai vu des joueuses très fatiguées et le lendemain, ce n’était pas les mêmes. C’est sûr que ça peut paraître choquant mais j’ai trouvé très bien que l’on perde. On a eu l’habitude de gagner de matches de 30 points durant la préparation et de perdre en quart-de-finale. Je préfère que de temps en temps, on revienne au niveau et que l’on reparte au travail. »

Outre le fait qu’un titre de champion d’Europe mettrait fin à une attente de 16 ans, il donnerait un accès direct à la Coupe du monde, même s’il y aura une participation obligatoire au tournoi de qualification. « Dans cet EuroBasket, il y a aussi des matches de classement et pour pouvoir prétendre à un tournoi de qualification en mars 2026, il faut finir à l’une des cinq premières places plus le pays hôte qui sera l’Allemagne », pointe Jacky Commères. « Penser que, parce qu’on a les douze meilleures, on va gagner, non », insiste Jean-Aimé Toupane, qui estime que les absences ne remettent pas en cause l’objectif de médaille d’or. « Ma seule conviction, c’est que les 14 filles qui sont là vont se battre pour quelque chose. C’est ce qui m’anime. La façon dont elles s’entraînent, je suis confiant. »

Romane Bernies. © FIBA

Les 14 joueuses du Groupe France :

PrénomNomNaissanceTaillePosteSélPtsClub 2024/2025
PaulineASTIER15/02/20021,7911686Bourges Basket
ValérianeAYAYI29/04/19941,843-41581052USK Prague (Rép. Tchèque)
MarièmeBADIANE*24/11/19941,904-576412Fenerbahçe (Turquie)
RomaneBERNIES27/06/19931,70162187BLMA
NoémieBROCHANT25/10/19991,802-3314Flammes Carolo
MaëvaDJALDI-TABDI03/12/19981,875519Charnay 
Marie-PauleFOPPOSSI28/01/19981,843-41870ESBVA-LM
AminataGUEYE10/07/20021,90526ESBVA-LM
LeilaLACAN02/06/20041,821-230160Basket Landes
TimaPOUYE07/04/19991,752929Bourges Basket
GaranceRABOT04/06/20021,78310BLMA
IlianaRUPERT12/07/20011,94480456Mersin (Turquie)
JanelleSALAUN*05/09/20011,883-435273Famila Basket Schio (Italie)
MignaTOURE19/12/19941,832-340333Gérone (Espagne)

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