« Fabrice, c’était un match rempli d’émotions contradictoires (défaite 89-94)…
Le premier quart-temps a été difficile. Et pour les mêmes raisons (que le match 1), c’est-à-dire qu’on fait 7 pertes de balles en 10 minutes. Bourg-en-Bresse s’alimente beaucoup de ça. On a manqué de dureté à ce moment-là et de lucidité sur des choix. Le reste du temps, on fait jeu égal quasiment tout le temps, on gagne même la deuxième mi-temps. Il y avait un quart-temps en-deçà.
Avez-vous senti que vous pouviez revenir même quand vous étiez à -20 ?
Ce match est à l'image de notre identité, c’est-à-dire plein de courage. On arrive ici sans Chris Ebou-Ndow ni Stefan Smith, contre une équipe de Bourg-en-Bresse au complet, bien dirigée, et avec tout le talent et l’expérience qu’ils ont. J’ai trouvé mes joueurs très courageux ce soir. Et je suis très fier de la prestation de mon équipe.
Le scénario vous donne-t-il encore plus de regrets ?
Oui, parce qu’on a un ou deux ballons proches du cercle qui auraient pu faire basculer le match, et le faire tourner en notre faveur. Quand on perd de si peu, on a des regrets.
Au-delà de l’élimination, le contenu du match vous laisse-t-il le goût que vous vouliez pour finir la saison ?
Oui, ça m’aurait embêté que ce match ne soit pas à l’image de notre saison. Ça l'a été. Je les ai trouvés plein de courage. Je suis très fier et très heureux de cette saison. Il n’y a que le champion qui finit sur une victoire…
Ces matchs couperets sont-ils un plafond de verre pour votre jeune groupe ou est-ce lié à la configuration dont vous avez joué ces matchs, avec une équipe incomplète ?
C’est un peu de tout. On a une équipe jeune, qui découvre ce type d’événements. Mais l’expérience a un prix. Bourg-en-Bresse a une forte équipe et des joueurs précieux dans ce type de moments. J’ai une pensée pour Maxime Courby. Quand il rentre sur le terrain, il montre la voie à ses partenaires. Ce n’est pas le plus flashy mais il est précieux. (Brandon) Jefferson, il a déjà gagné un titre… Ils ont gardé plus de la moitié du groupe de l’année dernière, où ils avaient atteint une finale d’Eurocup. Nous, on s’est battus avec nos armes et beaucoup de valeurs. Je suis très reconnaissant d’avoir pu croiser le chemin de ces gars-là.
« Il n’y a jamais un gars qui a râlé cette saison quand je le sortais du terrain »
A chaud, quel sentiment domine après être passé à 1 point d’une finale de FIBA Europe Cup et cette élimination en quart de finale de Betclic Elite ?
La fierté. Parce que c’est grâce à notre bonne saison qu’on a pu vivre ces moments-là. On serait passé à côté si on s’était fait sortir au premier ou deuxième tour de la Coupe d’Europe, qu’on avait pas fait de quart de finale de playoffs. Sur toutes les compétitions, on a été au minimum quart de finalistes. Je ne sais pas si on mesure cela. Après, on est compétiteur et c’est légitime de vouloir aller chercher plus haut. Mais je pense qu’il est temps de s’asseoir aujourd’hui et de voir ce qui a été fait. Il est temps d’être fier.
Vous dites que l’expérience a un prix. Cette équipe en a pris cette saison. On imagine que vous avez envie de continuer à travailler avec le plus de joueurs possibles de cet effectif…
Cette équipe-là, je pourrais la garder 5-6 ans. Après, T.J. (Campbell), il a 37 ans donc il faut faire attention (rires). En fait, c’est ce que je disais aux gars dans le vestiaire. On voit les résultats mais ce qu’il faut retenir, c’est surtout ce qu’on a partagé en tant qu’hommes. On est dans un monde du sport de haut niveau qui n’est pas toujours vertueux, où il y a beaucoup d’instrumentalisation, de choses qui se font par derrière. Mais ce groupe là est ouf parce qu’on a fonctionné toute l’année dans un discours franc et sincère. On s’est toujours dit les choses. On n’est pas dans un monde de bisounours. Ce groupe est top. Il n’y a jamais un gars qui a râlé cette saison quand je le sortais du terrain parce qu’on était dans le partage. Avec beaucoup d’humilité, je pense qu’on a amené de la fraîcheur collective. A notre échelle, on a eu nos petits trucs, notamment ce rituel de la chaîne… Les joueurs ont accepté le sacrifice, l’effort. Je suis reconnaissant de travailler avec eux et ce staff, qui a incarné cette volonté de travail et de dévouement. Je suis juste fier. »
Propos recueillis à Ekinox (Bourg-en-Bresse).