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Interview – Paul Lacombe (Monaco): « Aujourd’hui, j’attends avec impatience le jour où mon heure arrivera. Et ça arrivera ! »

L’arrière international (1,95m, 28 ans) de la principauté attaque une nouvelle saison. Nouveau coach, nouveau challenge. Il revient aussi pour nous longuement sur la saison 2017-18, la finale de la Champions League, la finale de Jeep Elite, l’intégration avec l’équipe de France et nous explique comm

L’arrière international (1,95m, 28 ans) de la principauté attaque une nouvelle saison. Nouveau coach, nouveau challenge. Il revient aussi pour nous longuement sur la saison 2017-18, la finale de la Champions League, la finale de Jeep Elite, l’intégration avec l’équipe de France et nous explique comment tous ces événements l’ont fait grandir en tant que joueur. Très intéressant.

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Nouveau coach, nouveau départ et pourtant vous disposez à Monaco d’un noyau important de joueurs cadres de retour (Lacombe, Kikanovic, Sy, Joseph, Robinson, Ouattara). Alors, nouveau départ ou continuité ?

C’est de la continuité malgré tout. Là, on est encore en camp à Bormio (Italie), on rentre demain (le 20 août), on s’est entrainé pendant deux semaines et on sent les automatismes entre nous. Après, c’est vrai qu’il y a une philosophie de jeu différente. Moi, je suis arrivé pour la dernière année de coach Mitrovic mais pour pas mal de monde au club, dans le staff notamment, c’était une bonne chose de changer de coach et de partir sur un autre cycle. Nous, sur le terrain, je ressens surtout la continuité quand même. J’espère que le nouveau coach va nous apporter de nouvelles choses. Mais il a été assez intelligent pour nous proposer des formes de jeu adéquates par rapport à notre saison passée qui a été très solide quand même. Il commence à mettre sa patte mais il est encore trop tôt pour dire ce qu’il en sera dans la saison, mais pour l’instant, c’est intéressant et on est content. Mais on verra.

On peut s’attendre à voir quoi comme différences ?

Honnêtement, l’année dernière, on était vraiment forts. On est allé loin dans toutes les compétitions qu’on a joué. Est-ce qu’on pourra devenir meilleurs, je ne sais pas. Le but, c’est de conserver le même élan car tout n’est pas à jeter, loin de là. Il faut corriger les erreurs. Et comme tout le monde a pris de l’expérience… Quand on perd, soit on comprend des choses et on avance, soit on continue dans les mêmes erreurs. Et je suis bien placé pour le savoir, j’ai beaucoup perdu de finales. Est-ce que le coach va nous apporter le petit plus ? Je ne sais pas mais si on arrive déjà à reproduire notre niveau de 2018, ce serait déjà super intéressant. On perd deux finales mais je pense qu’on était quand même l’équipe la plus solide de France.

Vous remporter la Leaders Cup mais vous perdez en Champions League en finale à Athènes et en championnat contre Le Mans. A chaud après la défaite en finale contre Le Mans, vous avez réagi avec beaucoup de classe en félicitant Le Mans et en vous projetant sur la suite. Avec un peu plus de recul, qu’est-ce que vous retenez de 2018 ? La solidité ou les deux échecs ?

La solidité. En prenant du recul, la saison est très intéressante, super belle. Première finale en France, première finale européenne, forcément pour le club, c’est génial. Pour beaucoup de joueurs, c’étaient des premières aussi. Après, plus individuellement, c’est encore une finale perdue pour moi donc je l’ai vécu différemment. C’était une grosse déception pour moi. On était dominants mais dans les deux moments les plus importants, finale de Champions League et finale de Jeep Elite, on n’a pas su faire la différence alors que pourtant, on a montré du caractère pendant la saison. Donc oui, de la déception. Mais je répète ce que j’ai dit après la finale. Je suis convaincu que mon heure arrivera. Aujourd’hui, la seule à faire, c’est être patient. J’ai perdu tellement de fois, aujourd’hui, ça ne me fait plus rien presque. Aujourd’hui, j’attends avec impatience le jour où mon heure arrivera. Et ça arrivera ! Je sais que je donne énormément, je joue dans des bonnes équipes. Un moment donné, ça va payer et je savourerai je pense beaucoup plus que n’importe qui.

Sur les finales, est-ce que votre équipe n’a pas manqué de hiérarchie ? Avec tellement de talents que tout le monde voulait la balle en même temps ?

C’est peut-être une vérité mais ça a fait notre force aussi au cours de la saison. Le fait qu’il n’y ait pas de barrière, pas de hiérarchie et que tout le monde peut sortir à un moment donné. C’est ce qui a fait notre force toute l’année, c’est compliqué de changer les choses en finale. Moi, je manque qu’on a manqué d’expérience. En Champions League par exemple, on s’est trompé de match. On a voulu faire un match offensif, on a voulu les battre en marquant plus de points plutôt qu’en défendant. Mais en championnat de France, on a tout simplement manqué d’expérience. On avait tout ce qu’il fallait à tous les postes… Voilà. Maintenant, il faut avancer, je n’ai plus trop envie de revenir dessus. Il faut regarder devant. Personnellement je suis encore plus motivé que les autres saisons !

Quelles sensations vous gardez de ce Final Four de Champions League ? Jouer l’AEK devant 20 000 fans en finale, ça marque non ?

J’avais pas mal critiqué la Champions League lors de ma première année, en 2016-17. La saison d’avant avec Strasbourg, j’avais eu la chance d’aller en finale de l’Eurocup en jouant Gran Canaria, Galatasaray, l’Hapoel Jerusalem. Et donc revenir en saison régulière de BCL, c’était moins prestigieux. Mais cette saison avec Monaco, on a joué la Champions League pour la gagner et ça change ma vision de la compétition. A partir des phases finales, le niveau est vraiment intéressant et le Final Four, c’était un truc absolument génial à vivre. Malgré le fait qu’on ait perdu, c’était dingue ! Un truc de ouf à vivre. Jouer dans un gymnase devant un public comme ça, j’avais déjà eu la chance de le vivre avec Strasbourg contre Galatasaray, mais le vivre une deuxième fois avec Monaco, pour une finale, c’est énorme. C’est pour vivre ce genre de match qu’on fait du sport de haut niveau, ce genre de pression. C’est ça qui fait la beauté du sport.

« J’ai gagné en expérience. Notamment parce que j’ai eu les ballons chauds en fins de matches. On apprend, c’est sûr. »

Dans ces deux finales, ce sont aussi deux événements où vous avez tout donné, où vous avez eu un rôle central, où vous aviez le ballon dans les mains, notamment à la fin. On imagine que ce sont des moments qui font grandir énormément ?

Oui. Ce n’est pas ma première finale perdue. Donc pourquoi avoir peur quand je joue une finale ? Ce serait stupide. Si j’avais peur, ça ne servirait à rien de jouer dans de bonnes équipes pour des titres. A ce moment-là, autant aller se cacher quelque part et voilà. Maintenant, je pense savoir comment gérer ce genre de situations, ce genre de matches capitaux. Je dis ça, maintenant, peut être que cette saison, je vais passer à travers ! (Rires) Mais à l’image du match 5 de la finale contre Le Mans, je pense que j’avais vraiment mis l’équipe sur les bons rails, malheureusement, ça n’a pas suffi. C’est comme ça, c’est le basket. Ce n’est pas un sport individuel. Mais j’ai gagné en expérience. Notamment parce que j’ai eu les ballons chauds en fins de matches. On apprend, c’est sûr.

Cette saison a également marqué vos débuts avec l’équipe de France senior. Comment êtes vous rentré dans le groupe ?

Je vais parler surtout de la fenêtre du mois de juillet. Je suis arrivé avec des yeux brillants parce que tous les grands noms étaient là. Les deux premières fenêtres, c’était un peu différent, il n’y avait pratiquement que des joueurs du championnat de France. Après, le point positif, c’est que l’intégration sur ces deux premiers rassemblements s’est faite super facilement. On se connaissait tous, c’était plus ou moins tous notre première sélection ou un retour en Bleu, à part Boris évidemment qui était là depuis toujours. Mais juillet, c’était vraiment une expérience de ouf ! La chance de jouer avec des joueurs comme ça, Nicolas Batum, Rudy Gobert, Nando De Colo, etc… J’avais déjà dans ma carrière joué avec de très bons joueurs, mais là, c’était un autre niveau ! J’y suis allé sans me prendre la tête, en me disant qu’on peut toujours apprendre, même à 28 ans. Les regarder jouer, s’entrainer, apprendre, comprendre ce qu’ils font. C’est vraiment ce que j’ai fait. J’ai aussi essayé d’être fidèle à moi-même en jouant comme je sais jouer, sans forcer. Ça s’est plutôt bien passé. J’ai montré ma tête et pourquoi pas aller jusqu’en Chine ? Je ne sais pas si ce sera faisable. On verra. J’ai un profil assez atypique qui peut être intéressant pour certaines situations. Vincent (Collet) me connait très bien, pourquoi pas ? Je ne veux pas commencer à rêver parce que je ne veux pas être déçu à la fin. Je prendrai ce qu’il y a à prendre et je prendrai plaisir à jouer le plus de matches possibles sous ce maillot. Si je ne peux pas en jouer plus, ç’aura déjà été exceptionnel.

« J’avais peur que les joueurs ne me respectent pas parce que je ne suis qu’un joueur du championnat de France »

Comment jugez-vous l’impact des premiers rassemblements lors des deux premières fenêtres où vous avez pu prendre confiance dans l’équipe, t’installer dans les systèmes, familiarisé dans le groupe, sur ta réussite ensuite avec l’équipe de juillet et la troisième fenêtre ?

Cela a forcément eu un impact positif. Même si c’était une nouvelle équipe pour la troisième fenêtre, j’avais déjà eu des sélections et j’avais déjà fait des choses sur les premières fenêtres. Les joueurs cadres, même si on n’en avait pas parlé avant, l’avait remarqué. Ils l’ont souligné. La chose la plus importante pour moi, c’est qu’en arrivant en juin/juillet, j’avais peur de ne pas être respecté, de n’être que… Comment l’expliquer ? J’avais peur que les joueurs ne me respectent pas parce que je ne suis qu’un joueur du championnat de France. Je n’ai jamais joué ailleurs. Je suis un joueur qui a fait quelques matches intéressants sur les deux premières fenêtres mais par rapport à eux, je n’ai rien fait quoi. Et j’avais peur de ça. En fait, j’ai trouvé auprès des gars du respect et ça, ça m’a énormément touché et ça m’a fait énormément plaisir. Et à partir de là, l’intégration s’est passée parfaitement.

Les stars ont respecté le travail que vous avez fait sur les quatre premiers matches. Ils savent que ce que vous avez fait est très important, c’est ça ?

Oui. Ils étaient soulagés. Ça leur enlève un poids. Ils ont énormément de contraintes au niveau de leurs agendas, de leurs clubs, c’est compliqué pour eux de venir. Par exemple, Rudy (Gobert) est venu alors qu’il avait des obligations dans tous les sens, ce n’est pas évident. Je pense que ça leur a enlevé une épine du pied et donc vient une sorte de respect envers moi. J’ai été vraiment touché. J’ai senti que j’avais ma place avec eux. Vraiment. Que je pouvais espérer pour la suite.

La force du maillot Bleu est plus forte que tout ? Quand on fait gagner l’équipe de France, finalement, c’est tout ce qui compte ? Et plus forcément le club où on joue l’année, son CV, etc… ?

Evidemment. Quand on est dans cette équipe, il n’y a plus de : je suis un joueur NBA, je suis ceci ou je ne suis pas cela. Ces choses-là existent en dehors du terrain. Forcément, on n’a pas les mêmes salaires, les mêmes sollicitations, les mêmes vies. Mais quand on est sur le terrain, il n’y a plus que le maillot Bleu qui compte. Et tant mieux.

Est-ce que cette confiance en Bleu change des choses pour votre carrière en club ?

Dans ma tête, c’est simple : plus je serai performant en club, plus j’aurai ma chance d’intégrer l’équipe de France. Et plus j’arrive à proposer des choses intéressantes en équipe de France, forcément, ça aura des retombées en club parce que ça me donnera de la confiance pour la suite. C’est vraiment ce qu’il s’est passé en 2018. Je crois plus que jamais en moi maintenant. Et cette défaite en finale contre Le Mans m’a montré que j’étais vraiment capable d’élever mon niveau de jeu quand c’est important. Et je sais que je peux aider mon équipe à gagner. Alors que je n’en avais pas forcément conscience avant. C’est pour ça que là, je suis remonté à bloc pour la saison à venir. 2018, j’ai vraiment gagné en confiance personnelle.

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Nouveau coach, nouveau départ et pourtant vous disposez à Monaco d’un noyau important de joueurs cadres de retour (Lacombe, Kikanovic, Sy, Joseph, Robinson, Ouattara). Alors, nouveau départ ou continuité ?

C’est de la continuité malgré tout. Là, on est encore en camp à Bormio (Italie), on rentre demain (le 20 août), on s’est entrainé pendant deux semaines et on sent les automatismes entre nous. Après, c’est vrai qu’il y a une philosophie de jeu différente. Moi, je suis arrivé pour la dernière année de coach Mitrovic mais pour pas mal de monde au club, dans le staff notamment, c’était une bonne chose de changer de coach et de partir sur un autre cycle. Nous, sur le terrain, je ressens surtout la continuité quand même. J’espère que le nouveau coach va nous apporter de nouvelles choses. Mais il a été assez intelligent pour nous proposer des formes de jeu adéquates par rapport à notre saison passée qui a été très solide quand même. Il commence à mettre sa patte mais il est encore trop tôt pour dire ce qu’il en sera dans la saison, mais pour l’instant, c’est intéressant et on est content. Mais on verra.

On peut s’attendre à voir quoi comme différences ?

Honnêtement, l’année dernière, on était vraiment forts. On est allé loin dans toutes les compétitions qu’on a joué. Est-ce qu’on pourra devenir meilleurs, je ne sais pas. Le but, c’est de conserver le même élan car tout n’est pas à jeter, loin de là. Il faut corriger les erreurs. Et comme tout le monde a pris de l’expérience… Quand on perd, soit on comprend des choses et on avance, soit on continue dans les mêmes erreurs. Et je suis bien placé pour le savoir, j’ai beaucoup perdu de finales. Est-ce que le coach va nous apporter le petit plus ? Je ne sais pas mais si on arrive déjà à reproduire notre niveau de 2018, ce serait déjà super intéressant. On perd deux finales mais je pense qu’on était quand même l’équipe la plus solide de France.

Vous remporter la Leaders Cup mais vous perdez en Champions League en finale à Athènes et en championnat contre Le Mans. A chaud après la défaite en finale contre Le Mans, vous avez réagi avec beaucoup de classe en félicitant Le Mans et en vous projetant sur la suite. Avec un peu plus de recul, qu’est-ce que vous retenez de 2018 ? La solidité ou les deux échecs ?

La solidité. En prenant du recul, la saison est très intéressante, super belle. Première finale en France, première finale européenne, forcément pour le club, c’est génial.

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Photos: FIBA

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