Le meneur de jeu Isaiah Kanan (1,83m, 29 ans) est aujourd’hui en Russie, à UNICS Kazan. Il possède un beau pedigree NBA avec 235 matches à 8,1 points de moyenne et après un transit par la Chine et la G-League, il s’agit de sa première expérience en Europe.
Il s’est confié à Sport à propos de la G-League et de son attrait sur les joueurs à peine sortis de l’adolescence:
« Je pense que c’est une chance pour les jeunes gars, selon leur situation. Toutes les personnes sont issues de familles, de milieux et de richesses différents. Certaines personnes aiment l’école, d’autres non. Nous devons donner aux jeunes un autre moyen de se rapprocher de leurs rêves, de se faire remarquer, de démontrer leur talent. Si la situation financière de leur famille n’est pas très bonne, c’est une façon de gagner de l’argent », estime t-il.
L’Américain possède la capacité de bien analyser les styles de basket différents qui existent en Europe, en Chine et en NBA:
« La VTB League et le style européen sont assurément spéciaux. J’appellerais ça un basket intelligent. Il faut y réfléchir davantage, il faut vraiment constamment apprendre quelque chose de nouveau, jeter un regard neuf sur le jeu. Ce ne sont pas seulement les données physiques qui comptent, mais aussi l’approche même pour comprendre le basket-ball. En Chine, le basketball est plus un spectacle, les fans veulent voir combien de points vous pouvez marquer en un seul match. Nous parlons ici de l’équipe, de l’interprétation de certaines situations, de la connaissance du jeu, d’une simple compréhension de l’endroit où se déplacer. En NBA, tout dépend de vos capacités: actions individuelles, shoots, isolement. Mais si vous voulez comprendre le jeu, en être bien familiarisé, vous devez absolument regarder le basket européen. »
Isaiah Kanan évoque par ailleurs avec sagesse son expérience de l’ouragan Katrina, survenu en 2005, l’un des plus dévastateurs de l’histoire des Etats-Unis. Plus de 1 800 personnes avaient trouvé la mort le long de la côte sud des Etats-Unis dont la majorité à La Nouvelle-Orléans :
« Je viens de Biloxi, Mississippi, et notre ville a été durement touchée par les effets de l’ouragan. J’avais 14 ans. Je ne savais rien du monde à part courir avec des amis et passer du bon temps. Imaginez simplement comment toute ma courte vie a éclaté à ce moment-là devant mes yeux. J’ai dû grandir un peu plus tôt. Notre famille a tout perdu, nous sommes restés sans abri pendant un mois. Ce fut une expérience qui a changé la vie de toute ma famille. Mais cela m’a montré que vous ne pouvez pas tout investir dans des choses matérielles, parce que tout ce que vous avez peut disparaître. Cela m’a fait apprécier la vie en elle-même. Mon point de vue sur de nombreuses choses a changé. Des choses que certaines personnes jugent importantes, mais qui ne le sont pas. Vous pouvez récupérer toutes les choses matérielles, mais vous ne pouvez jamais récupérer votre vie. J’ai commencé à comprendre ce qui compte vraiment. Les gens, l’expérience. J’ai gagné de l’argent dans ma carrière, mais je ne le dépense pas en bijoux ou en voitures. Mieux vaut passer du temps avec ma famille ou partir en voyage avec ma famille, aider ma communauté, ma ville natale, enfin, sortir manger avec mes amis. Je n’ai pas besoin de trois voitures et de jets privés. Bien sûr, je peux aller acheter tout cela, mais cela ne me rendra pas heureux. »
Photo: Eurocupbasketball