C’est bientôt le coup d’envoi de la saison de Betclic Elite, votre première dans le monde pro. Comment se sont passées ces premières semaines avec le groupe choletais ?
Je me sens bien, j’intègre le groupe professionnel petit à petit, étape par étape, cela se fait naturellement. Dans le basketball comme dans la vie de tous les jours. Je m’adapte avec des joueurs qui parlent anglais et je m’appuie aussi sur les joueurs français, qui sont proches de moi et m’aident dans mon processus. Je n’ai pas de pression particulière. J’avance au fur et à mesure et je vois comment cela se passe.
Pour autant, ce n’est pas simple d’arriver dans ce monde d’adulte...
Pour moi, ce monde d’adulte se reflète depuis que je suis jeune. Le fait d’avoir toujours joué en étant surclassé m’a amené à une maturité qui doit être plus précoce que d’habitude car tu es obligé de t’adapter aux gens avec qui tu joues, c’est-à-dire des personnes qui ont 2-3 ans de plus que toi. J’ai toujours mes petits moments de folie de garçon de 16 ans mais quand je suis avec eux, je sais leur parler et c’est toujours intéressant.
Vous êtes invité au Media Day de la LNB à seulement 16 ans, une belle preuve de l’intérêt que vous suscitez par le basket français. Quand avez-vous compris qu’il y avait un regard particulier sur vous ?
C’est lorsque le coach David Hermine m’a fait confiance et qu’il m’a fait entrer au Pôle France avec deux ans d’avance. C’est là où je me suis dit que j’avais quelque chose de spécial car je ne suis pas forcément grand. À partir de ce moment-là, je savais que j’étais dans les radars de la fédération, celle de ligue de Bretagne d’abord. Puis c’est aussi quand je suis arrivé à Cholet lors de la saison 2023/24, à l’âge de 14 ans.
"Je ne me suis jamais attardé sur ma taille. Je la trouve très bien pour l’instant"
Votre jeu ne laisse pas indifférent, surtout les premières fois que l’on vous voit jouer. Pouvez-vous nous le décrire ?
Ce qui reflète mon jeu, c’est l’adrénaline, l’instinct. Quand je tire, c’est parce que je le sens. Puis je joue avec de la confiance et un peu de folie aussi. Tous ces aspects là font que parfois, cela fonctionne et j’arrive à allumer la mèche dans le match. Parfois, cela change le cours d’une rencontre, et parfois cela ne réussit pas. Alors je m’attarde sur des choses plus simples, la défense, le côté vocal.
Oui, malgré votre jeune âge, vous êtes aussi capable de poser le jeu...
La folie c’est bien, mais cela ne peut pas marcher 40 minutes. C’est là où il faut apprendre qu’au bout de 4-5 allers-retours, il va falloir calmer le jeu. Pour un meneur, c’est important car c’est lui le cerveau de l’équipe, de ses coéquipiers sur le terrain.
Aaron pour Q dans les airs 🫡#CBFAMILY pic.twitter.com/AbapAzglSK
— Cholet Basket (@CB_officiel) September 7, 2025
Parmi les autres joueurs justement, quelles ont été vos inspirations ?
Nadir Hifi est un joueur que je regarde beaucoup. En règle générale, je regarde beaucoup de basketball. Je m’inspire beaucoup de Matthew (Strazel), de T.J. Shorts offensivement mais aussi défensivement dans sa façon de gérer les mismatchs. Sylvain Francisco, pour son instinct dans le jeu, il le possède complètement. Puis Nathan De Sousa et T.J. Campbell, que je côtoie au quotidien. C’est très intéressant de voir comment ils gèrent l’équipe. Dans tous les styles de meneurs que j’ai cité, on retrouve un peu toutes les qualités d’un joueur. Du mid-range, du tir à trois-points, ils savent tous faire des passes. La plupart sont des meneurs français en plus !
Des meneurs, et pas forcément de très grande taille. Est-ce quelque chose dont vous vous préoccupez ?
Je ne me suis jamais attardé sur ma taille (1,78 m). Je la trouve très bien pour l’instant. Le physique ne joue pas.
"Ce que je retiens de Media Day, c’est que j’ai mangé avec Nando De Colo et Nicolas Lang"
Mais il va falloir indéniablement vous adapter à jouer face à des physiques plus importants, c’est un grand changement ?
Je me suis entraîné tout l’été pour cela. Mon agent (Louis Trohel) organise un camp tout l’été (Octagon Europe). J’ai pu évoluer dans les mains de plusieurs coachs. J’ai eu Mathieu Khaled, l’entraîneur individuel Bateko Francisco (le frère de Sylvain) et aussi T.J. Parker. J’ai pu m’améliorer sur des aspects de mon jeu, la lecture de jeu, la finition. Tout cela fait en sorte que j’avance plus vite. Je pense être bientôt prêt à jouer face à des joueurs de gabarits supérieurs.
Sentez-vous déjà les défenses vous scruter particulièrement ?
Je ne sens pas spécialement d’attente, je ne suis pas sûr que les joueurs me connaissent forcément mais je veux quand même être une menace en attaque. Qu’ils m’attendent ou non, je vais devoir les jouer.
Arriver dans un Media Day avec autant de joueurs de qualités, des médaillés olympiques, des champions de France, ce n’est pas rien à vivre…
Ce que je retiens de cette journée, c’est que j’ai mangé avec Nando De Colo et Nicolas Lang, ce sont des grands noms dans le monde LNB et qui ont porté le maillot de l’équipe de France. J’ai trouvé ça extraordinaire car je les regarde jouer depuis que je suis petit. Je m’inspire d’eux et je m’assoie à côté d’eux.
Cholet, la passerelle à la NBA
Est-ce qu’il y a une date en particulier que vous avez cochée pour cette saison ?
Non, chaque match est important et sera une expérience en plus, surtout pour moi qui débute dans le monde professionnel.
Cette saison, ce ne sera pas seulement la découverte de la Betclic Elite puisque Cholet joue la BCL. La première rencontre sera contre le Badalona de Ricky Rubio. Là-aussi, c’est un rendez-vous particulier...
Nous en parlions justement avec Nando De Colo. Affronter des joueurs comme cela, avec autant d’expérience, des légendes du basketball européen, pour un jeune de 16 ans, c’est extraordinaire. Il a fait en carrière en NBA, a été très bien placé au premier tour de sa draft (5e).
Votre aventure professionnelle avec Cholet ne fait que débuter mais savez-vous si vous souhaitez y rester longtemps ?
Cholet a été ma passerelle du centre de formation. Je suis content de jouer en première division avec mon club de première division. Le but est que ce club m’amène le plus loin possible, vers l’Euroleague ou la NBA. Je serai très fier que ce soit grâce à Cholet que je puisse attendre ces étapes-là car le club me fait confiance et je lui fais confiance aussi.

Les mots de son coach, Fabrice Lefrançois :
“Aaron vient dans notre cadre d’une équipe à onze joueurs. Quand je lui parle, je ne le manage pas comme un très jeune joueur, c’est un joueur. Et lui, cela lui va bien. Il a un niveau de maturité, d’expertise basket, d’intelligence de jeu mais aussi relationnel avec ses coéquipiers et le staff font qu’il n’a pas besoin d’être protégé. Il est grand déjà. Si tu ne lui demandes pas son âge, tu ne le devines pas. Il est dans l’interaction en performance. Si tu le mets dans un repas avec ses coéquipiers, il a les mêmes interactions avec des joueurs de 23, 24, 25 ans. Il n’y a pas d’âge pour lui. L’entraîner est assez simple. Nous avons un fonctionnement où nous avons un discours franc et sincère. Nous lui avons dit comment, potentiellement, cela allait se passer. Nous nous sommes engagés à le faire grandir et nous avons un projet à long terme avec lui pour lui faire gravir les échelons les uns après les autres donc nous sommes dans ce processus. On lui donnera ce qu’il mérite d’avoir et c’est à lui d’aller chercher chaque seconde.”
Propos recueillis lors du Media Day 2025, à Roland-Garros.