Avant de s’engager dans une lutte européenne sans merci à la rentrée prochaine, Villeurbanne se doit de démontrer sa suprématie nationale. En finale de la Coupe de France où il retrouvera Le Mans à la mi-mai et surtout en Jeep Elite. Comme l’ensemble de ses concurrents, l’ASVEL modifie son roster au grès des blessures et des défaillances.
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Après son élimination décevante sur le fond en quart-de-finale de l’Eurocup au profit d’Andorre, l’ASVEL se devait de rebondir le week-end dernier au top 8 Coupe de France, à Trélazé. Elle l’a fait. Cela lui a permis aussi de disputer sept matches en seize jours, un bon galop d’essai concernant le rythme infernal qui l’attend la saison prochaine en Euroleague.
C’est au poste 5 que les Villeurbannais ont pêché ces dernières semaines. L’ancien NBAer Alexis Ajinça aurait dû suppléer Alpha Kaba, blessé au pied gauche depuis la fin janvier, et aussi Eric Buckner qui avait été précédemment très consistant lors des 8 matches joués sous le maillot de l’ASVEL (8,8 points, 4,4 rebonds) avant de rebondir à Monaco. Son pote Nicolas Batum et son ancien équipier en bleu Tony Parker pouvaient espérer avoir mis la main sur le Docteur Jekyll dominateur du temps de Strasbourg, ils sont tombés en fait sur le M. Hyde capricieux, ingérable. Une prise de bec avec le coach Zvezdan Mitrovic à la mi-temps d’un match au Portel a entraîné sa mise à l’écart.
« Alexis, c’est pas un mauvais gars. Il était là avec beaucoup de motivation, il voulait faire de beaux trucs avec nous. Mais comme je lui ai dit au téléphone, il m’a mis dans une situation impossible avec sa réaction qu’il a eue lors de ce fameux match. On a dû prendre une décision difficile qui nous a peut-être coûté le Final Four de l’Eurocup, » a commenté Tony Parker dans Buzzer sur RMC Sport.
Au cœur de la raquette villeurbannaise, Amine Noua, qui lui a manqué trois matches de Jeep Elite cette saison, a ressenti ce manque de rotation :
« On enchaîne beaucoup de matches, on perd aussi DeMarcus (Nelson). Sans compter Alpha (Kaba) depuis plus d’un mois. On manque de rotation, beaucoup de fatigue. Tout le monde doit apporter le plus possible et on l’a vu hier (NDLR : face à Monaco) quand les jeunes sont entrés sur le terrain, ils ont eu l’impact qu’il fallait que ce soit deux ou dix minutes. C’est bien de pouvoir compter sur des jeunes comme ça. Derrière, on a pris la relève. »
Coach Mitrovic était moins louangeur dans les commentaires sur ses joueurs venus du banc.
« Je suis satisfait d’être arrivé en finale, c’est important de continuer dans cette coupe. Nous avons gagné deux matches. Ce n’est pas facile de jouer avec un effectif limité. Rouen a bien joué. Ils avaient battu Cholet, Antibes, des équipes de Pro A et ils n’avaient pas de pression. J’ai essayé de garder mon équipe concentrée sur le match, c’est le plus important… Je ne peux pas jouer avec le jeune gars Khadim Saw. Livio Jean-Charles est loin d’une bonne forme. C’était difficile pour Miro Bilan de jouer 40 minutes par match. On ne peut pas jouer sans davantage de joueurs surtout si on veut jouer sérieusement au basket. Pour être honnête avec vous, avant le match de Monaco, je n’étais pas optimiste. Mais nous avons essayé et nous avons fait un bon match. »
« Théo Maledon me fait penser un peu à Killian Mbappé ». Olivier Basset, assistant de Monaco
Le quart-de-finale de Coupe de France face à Monaco a longtemps pris une tournure qui aurait pu conduire à un fiasco de l’ASVEL et amener aujourd’hui à faire des commentaires critiques sur ses dernières semaines. Villeurbanne a donc échoué deux fois devant Andorre mais aussi contre Bourg à la Leaders Cup et au Mans lors de la dernière journée de championnat. C’est beaucoup pour le club le plus aisé de Jeep Elite qui sera confronté à la rentrée prochaine à une adversité européenne d’un tout autre calibre. Car la Roca Team a mené 42-24 à la 16e minute et l’ASVEL semblait partir en miettes.
En basket, et tout particulièrement en Jeep Elite, et même s’il n’y a pas de statistiques sur le sujet, on constate que trop d’avance trop tôt peut nuire au possédant.
« C’est un piège parce qu’inconsciemment on est rassuré », acquiesce Olivier Basset, l’assistant de l’ASM promu officiellement coach principal sur le banc tant que le Serbe Sasa Obradovic n’est pas en possession des documents requis. « On se dit « tiens c’est possible, ça fonctionne » et les autres en face changent un peu de cartouches dans leur fusil et on ne sait pas se réadapter. On est dans le confort et c’est souvent les équipes qui mènent qui jouent le plus mal en deuxième partie de match parce qu’on est trop facile, trop à l’aise. L’adversaire est blessé en face, c’est lui qui va mettre des coups et nous on va les prendre. C’est ce qui s’est passé et c’est ce qui se passe neuf fois sur dix. »
Les Villeurbannais ont alors augmenté leur volume défensif et passé un 17-2 à la Roca Team et pris le momentum du match pour l’emporter largement en passant la barre symbolique de la centaine, 101-87. Olivier Basset a davantage vu des erreurs internes à cet effondrement aussi brutal qu’inattendu.
« OK, elle (la défense) nous a déstabilisés un petit peu car on était dans le confort à +17, +18 et tout d’un coup le chien se met à mordre. On n’a pas réagi correctement. Les gars sont encore dans l’expectative du miracle du nouveau coach sauf que pour l’instant il ne peut pas coacher. Les infos passent par moi, par l’assistant. C’est un petit peu complexe de réunir nos troupes au même endroit et à l’instant T, de faire que ça fonctionne. Ça va venir mais on a encore quelque temps pour mettre tout ça en place. Bravo à l’ASVEL mais c’est nous qui leur donnons. Défense de zone, presse tout terrain, zone demi-terrain, OK, mais ce n’est pas ça qui change la physionomie du match. Je pense que c’est davantage de notre responsabilité. »
Olivier Basset est persuadé que l’ASM, qui est de retour dans le top 8 national après un départ calamiteux qui l’a privé de Leaders Cup, elle la triple tenante, va redevenir un cuirassé. D’autant qu’Amara Sy fait cruellement défaut, que Paul Lacombe subit actuellement un coup de pompe, qu’elle a fait ses fameux ajustements que chaque équipe pro réalise plus ou moins en cours de route et que donc elle a changé de coach.
« Des gars comme Lazeric Jones, Dee Bost, s’en prennent aux arbitres, ils sont frustrés vis à vis de leurs propres prestations. Ce sont des choses qui arrivent. Je pense que Obradovic, le coach, va réguler tout ça car on en a besoin. Certains de nos gars avaient pris de mauvaises habitudes par rapport à l’ancien coach, Monsieur Filipovski, qui est quelqu’un qui est un très grand technicien mais qui humainement -ce n’est pas une faiblesse- avait tendance à être trop tolérant. Les gars ont pris des habitudes et je suis certain qu’Obradovic va modifier tout ça. Ça a d’ailleurs déjà commencé. Le groupe commence à se rassembler autour de lui et ça va aller de mieux en mieux. »
On n’en doute pas, la Roca Team sera un sérieux trublion dans les semaines à venir et un obstacle majeur sur la route que Villeurbanne espère triomphale.
Mais pour revenir au choc de ce quart-de-finale, celui qui a donné le coup de pouce nécessaire au retour de l’ASVEL et au largage de Monaco, c’est le petit Prince de la Jeep Elite, Théo Maledon, dont seule la carte d’identité nous convainc qu’il n’a encore que 17 ans. Théo Maledon a marqué 25 points, ce qui est son record absolu en professionnel. Il est devenu l’atout charme de l’ASVEL, le meilleur moyen de se faire aimer de toute la France du basket. Monaco n’a-t-il rien vu venir ?
« Ce sont des gamins que l’on connait depuis très longtemps. On connait leur potentiel, on sait ce qu’ils vont devenir », répond Olivier Basset. « On prévient nos gars, « attention, ce gamin-là, il est bon, il sait jouer au basket, il ne faut pas le négliger. » L’absence de DeMarcus Nelson lui donne encore plus de temps de jeu, de confiance. A son âge, on est plus libéré quand on joue parce que on réfléchit moins. Il est immature intellectuellement parce qu’il est encore jeune et ce n’est pas un reproche ! Mais il a beaucoup de maturité sur le terrain. C’est quelque chose qui va lui servir plus tard. Il me fait penser un peu à Killian Mbappé. »
« Depuis que je suis pro, je sais que l’ASVEL est à chaque fois l’équipe à battre ». Amine Noua, ASVEL
L’ASVEL a ensuite fait le taf face à Rouen dernière équipe de Pro B encore en course, qui n’était pas venu dans le Maine-et-Loire pour jouer les sparring partners.
« D’entrée de jeu, le coach voulait qu’on ne les sous-estime pas, qu’on les joue à fond », a révélé Amine Noua. « S’ils sont là, ce n’est pas pour rien. Ils ont battu deux équipes de Pro A, ils méritent d’être là. Ils finissent le deuxième quart-temps comme il faut, en faisant les stops qu’il fallait, en courant en contre-attaque. Dès le retour dans le vestiaire, le coach nous a remis sur le droit chemin et il a eu les mots qu’il fallait pour nous remotiver. Et dès le troisième quart-temps, on a commencé le mieux possible. »
Quand on est une équipe de Jeep Elite face à une autre d’une division inférieure, on est la cible. D’autant quand on est le leader du championnat avec le budget le plus replet et appelé à jouer l’Euroleague, au moins pendant deux ans sur invitation. L’ASVEL est devenue une cible comme le fut Limoges dans les années 80-90. Celui que l’on veut battre ou au minimum malmener pour montrer que David peut s’imposer Goliath.
« Que ce soit une équipe de Pro B ou de Pro A, tout le monde nous attend. Depuis que je suis pro, je sais que l’ASVEL est à chaque fois l’équipe à battre », confirme Amine Noua. « A nous d’être prêt le mieux possible, en commençant les matches en les impactant, en jouant sur notre agressivité et nos points forts. Par moments on le fait un peu moins mais quand on le fait, on creuse très vite l’écart. On avait à cœur de se rattraper par rapport à l’élimination en coupe d’Europe et de la Leaders Cup. On veut aller chercher des titres et il ne nous reste plus que deux compétitions. C’est bien. On n’en tire que du positif de ce week-end. »
Après Buckner et Ajinça, Adreian Payne
Le Mans, son futur adversaire en finale de la Coupe de France, avait aussi beaucoup à se faire pardonner. La dégelée subite à Bologne (81-58) en huitièmes de finale de la Champions League fut un véritable affront et Antoine Eito ne dit pas le contraire.
« Passer à travers comme on l’a fait en Coupe d’Europe, c’est affreux quand tu as envie de gagner. Il n’y en a pas eu un qui a rattrapé spécialement l’autre à Bologne. On en a parlé un peu entre nous en nous disant « les gars, chopons une finale ! »
Le coach Eric Bartecheky était comme soulagé :
« L’an dernier, on a été champion de France mais on avait été éliminé en Coupe de France dès le premier match à Gravelines après avoir joué deux jours auparavant. On a eu une approche sur les matches avec beaucoup de détermination pour se retrouver en finale. On était un peu mal embarqué à la mi-temps mais avec son engagement au retour des vestiaires, tout le monde s’y est mis », a-t-il commenté après la demi-finale face à Levallois. « C’est un match qui peut nous servir de référence dans l’état d’esprit, le partage du ballon. On a vu aussi que la balle bougeait pour chercher le meilleur tir en créant des décalages. »
Amine Noua a beau n’avoir que 22 ans, il n’a pas la mémoire courte et il se souvient du dernier face à face à Bercy entre deux des doyens de la première division française. Le MSB avait volé dans les plumes de son adversaire et l’avait rapidement mis hors d’état de nuire, 88-75.
« C’est un remake de 2016 », dit-il. « J’étais avec le groupe sans avoir le temps de jeu d’aujourd’hui ni le rôle. J’ai toujours cette défaite en tête, j’ai vraiment envie de remporter ce match pour avoir notre revanche. On attend ce match avec impatience et en attendant on a le championnat où on est toujours leader. On veut rester leader jusqu’aux playoffs. »
D’ici le 11 mai et la finale bien des évènements vont se produire. Après un petit break, les huit équipes présentes à Trélazé sont déjà dans les affaires courantes : la journée de championnat du week-end. Il en reste 12. Le Mans est loin d’avoir assuré sa place en playoffs et Villeurbanne n’a plus qu’une victoire d’avance sur Pau et deux sur Nanterre. Le dénominateur commun de toutes ces équipes : des blessures. C’est une constance du basket professionnel contemporain, tout peut se jouer sur un ou deux coups du sort. Les plus riches sont bien entendu mieux à même de palier les défections.
Le Croate Miro Bilan avait besoin urgemment d’un backup. C’est Adreian Payne (2,08m, 28 ans), drafté en 15e position par les Hawks en 2014, joueur du banc en NBA (107 matches à 13’ en moyenne) et qui a joué les utilités cette saison au Panathinaikos (8’ de temps de jeu moyen en 8 matches de ligue grecque et d’Euroleague) qui est l’élu. Il est le 15e joueur à porter le maillot du club cette saison sachant que la limite légale est fixée à 16.
« Adreian est un joueur ultra athlétique, doté de bonnes mains, et réputé pour sa défense et son engagement. Son expérience dans les plus grands clubs européens doit nous permettre de franchir un cap et venir combler un manque depuis la blessure d’Alpha sur le poste 5. Nous sommes ravis d’accueillir un joueur de son envergure, avec un tel CV, qui plus est à cette période de l’année au cours de laquelle il est difficile et rare de trouver des joueurs de cette dimension », analyse Gaëtan Muller, le président délégué du club.
Bien plus qu’une concurrence directe pour son temps de jeu, Amine Noua voit l’arrivée de l’Américain comme un renfort indispensable pour une équipe aux dents longues :
« Ça ne peut faite que du bien. Plus on a de joueurs et plus on peut faire de changements. On peut compter sur des rotations si on a des coups de moins bien ou des problèmes de fautes. Ça ne peut faire que du bien. Il va falloir s’ajuster du mieux possible. Il y a aussi le retour de DeMarcus (Nelson) qui fait beaucoup de bien en défense. Il impacte vraiment l’adversaire. On a à peu près six semaines avant les playoffs, bien moins de matches, plus de repos et aussi plus d’entraînements pour les préparer le mieux possible. »
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Après son élimination décevante sur le fond en quart-de-finale de l’Eurocup au profit d’Andorre, l’ASVEL se devait de rebondir le week-end dernier au top 8 Coupe de France, à Trélazé. Elle l’a fait. Cela lui a permis aussi de disputer sept matches en seize jours, un bon galop d’essai concernant le rythme infernal qui l’attend la saison prochaine en Euroleague.
C’est au poste 5 que les Villeurbannais ont pêché ces dernières semaines. L’ancien NBAer Alexis Ajinça aurait dû suppléer Alpha Kaba, blessé au pied gauche depuis la fin janvier, et aussi Eric Buckner qui avait été précédemment très consistant lors des 8 matches joués sous le maillot de l’ASVEL (8,8 points, 4,4 rebonds) avant de rebondir à Monaco. Son pote Nicolas Batum et son ancien équipier en bleu Tony Parker pouvaient espérer avoir mis la main sur le Docteur Jekyll dominateur du temps de Strasbourg, ils sont tombés en fait sur le M. Hyde capricieux, ingérable. Une prise de bec avec le coach Zvezdan Mitrovic à la mi-temps d’un match au Portel a entraîné sa mise à l’écart.
« Alexis, c’est pas un mauvais gars. Il était là avec beaucoup de motivation, il voulait faire de beaux trucs avec nous. Mais comme je lui ai dit au téléphone, il m’a mis dans une situation impossible avec sa réaction qu’il a eue lors de ce fameux match. On a dû prendre une décision difficile qui nous a peut-être coûté le Final Four de l’Eurocup, » a commenté Tony Parker dans Buzzer sur RMC Sport.
Au cœur de la raquette villeurbannaise, Amine Noua, qui lui a manqué trois matches de Jeep Elite cette saison, a ressenti ce manque de rotation :
« On enchaîne beaucoup de matches, on perd aussi DeMarcus (Nelson). Sans compter Alpha (Kaba) depuis plus d’un mois. On manque de rotation, beaucoup de fatigue. Tout le monde doit apporter le plus possible et on l’a vu hier (NDLR : face à Monaco) quand les jeunes sont entrés sur le terrain, ils ont eu l’impact qu’il fallait que ce soit deux ou dix minutes. C’est bien de pouvoir compter sur des jeunes comme ça. Derrière, on a pris la relève. »
Coach Mitrovic était moins louangeur dans les commentaires sur ses joueurs venus du banc.
« Je suis satisfait d’être arrivé en finale, c’est important de continuer en Coupe..
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Photos: Mantas Kalnietis, Théo Maledon et David Lighty (Eurocupbasketball), ASVEL (Hervé Bellenger, FFBB)