Longtemps les compétitions universitaires, notamment par l'intermédiaire de la NCAA, étaient basées sur le statut amateur de leurs athlètes. L'introduction des contrats de sponsoring NIL (Nom, Image, Ressemblance) en 2021 et une décision de justice de ce vendredi autorisant les paiements directs aux athlètes vont radicalement transformer les compétitions sportives universitaires aux États-Unis.
La juge fédérale Claudia Wilken a approuvé vendredi le règlement, qui résout un procès intenté par un groupe d'athlètes universitaires contre la NCAA et ses cinq principales conférences : Pac-12 Conference, Big Ten Conference, Big 12 Conference, Southeastern Conference et Atlantic Coast Conference.
« Le règlement permettra des niveaux et des types de compensation pour les étudiants-athlètes qui n'ont jamais été autorisés auparavant dans l'histoire du sport universitaire, tout en indemnisant très généreusement les étudiants-athlètes de Division I qui ont été lésés dans le passé », a écrit la juge.
L'accord prévoit que la NCAA versera près de 2,8 milliards de dollars de dédommagements sur les dix prochaines années à tous les athlètes ayant évolué en NCAA depuis 2016 jusqu’à aujourd’hui.
Concernant le présent et l'avenir, les universités disposeront chaque année d'un montant maximum pour payer leurs athlètes, similaire au plafond salarial qui existe dans des ligues comme la NBA. Ce plafond annuel sera fixé à environ 20,5 millions de dollars par université pour la saison 2025-2026, mais devrait augmenter au fil des ans. Et ces paiements directs aux athlètes ne remplaceront pas les autres rémunérations qu’ils ont reçues jusqu’à présent, telles que les bourses ou les accords de parrainage NIL.
L'Europe concernée au premier chef
En juin 2021, la Cour suprême des États-Unis avait unanimement statué contre la NCAA, affirmant que le sport universitaire devait être considéré moins comme un prolongement de l’éducation que comme une industrie du divertissement à forte valeur économique. Cette décision avait ouvert la voie à de nombreuses autres contestations juridiques, provoquant une instabilité sans précédent.
Dans la pratique, les contrats NIL ont déjà marqué un tournant, car ils offrent des incitations financières significatives jusqu'à plusieurs millions de dollars aux joueurs pour qu'ils choisissent une université ou une autre, un scénario plus typique dans le sport professionnel que dans le sport amateur. Des collectifs de donateurs s’étaient constitués pour transformer ces opportunités en salaires déguisés, notamment dans les équipes de football et de basket les plus cotées.
Cette décision de justice permettra aux jeunes joueurs de recevoir une part du gâteau qui leur était auparavant refusée, bien qu'ils soient les stars de l'énorme business qu'est le sport universitaire aux États-Unis. Par exemple, CBS/Turner a conclu un accord avec la NCAA en 2010 pour diffuser la saison de basket-ball jusqu'en 2024 pour 10,8 milliards de dollars, et ce contrat a été prolongé jusqu'en 2032 pour 8,8 milliards de dollars supplémentaires.
L'afflux de joueurs (et de joueuses) européens vers la NCAA pour la saison prochaine est spectaculaire et provoque des craintes pour la formation. Le cas le plus significatif en France est celui d'Ilias Kamardine, qui a choisi de jouer pour Ole Miss alors qu'il est déjà un joueur confirmé à la JDA Dijon (8,0 points en moyenne) et que la Southeastern Conference est loin d'être du calibre de la Betclic Elite. Mais les revenus engendrés par la NCAA sont inégalables. Le pivot de Stanford Maxime Raynaud aurait perçu 1,8 million de dollars de revenus lors de la saison écoulée, alors que suivant l'enquête de BasketEurope, Ilias Kamardine, élu MVP de l'Euro U20 en 2023, s'était contenté de 55 000 euros.
Beaucoup d'autres clubs européens sont concernés : Le Real Madrid pour Dame Sarr, le Barça pour Sidi Gueye, Mega pour Filip Jovic, le Zalgiris Kaunas pour Aleksas Bieliauskas. Etc, etc.