L’ASVEL a dû attendre ce mercredi 22 novembre pour débloquer son compteur en Euroleague féminine, non sans quelques frayeurs face aux Polonaises de Lublin à l’Astroballe (73-72). Alexia Chéry et le coach David Gautier ont retrouvé le sourire et peuvent se projeter sereinement sur le choc face à Villeneuve d’Ascq ce dimanche en LFB.
Parait-il que l’ASVEL rembourserait les pacemakers de ses supporters. +19 dans le premier quart, -11 dans le troisième, +10 dans le quatrième, -1 à 15 secondes de la fin, game winner de Stefanie Dolson à cinq secondes du terme… La première victoire de la saison des Lyonnaises en Euroleague est le fruit des montagnes russes, face aux Polonaises de Lublin.
« On ne fait pas exprès mais on joue un peu avec le feu, raconte Alexia Chéry (13 points à 6/13 aux tirs, 4 rebonds et 3 passes en 25 minutes). Pour l’instant, ça marche mais il faut qu’on progresse sur notre constance. On a quand même fait un grand pas en avant par rapport au dernier match parce qu’on a réussi à imposer notre rythme dès le début (23-4, 8e). Il faut qu’on arrive à garder ça le plus longtemps possible. Ça ne sera peut-être pas tout de suite 40 minutes mais c’est l’objectif. On a bien commencé le match mais une fois que le coach adverse a compris ce qu’on faisait, elles se sont adaptées et nous ont posé des problèmes. On a été trop gentilles. Mais tout ne peut pas être parfait d’un coup, nous ne sommes pas inquiètes. On a quand même des bases de l’année dernière assez solides. L’une de nos forces était de mettre en lumière la joueuse du soir et il faut qu’on arrive un peu à retrouver ça. Par exemple, on aurait pu impacter un peu plus dans la raquette ce soir. Si Héléna (Ciak) peut marquer 30 points ce soir et 2 le weekend prochain, ce n’est pas un problème. Il faut qu’on appuie là où ça fait mal et qu’on retrouve le rythme. Les joueuses qui viennent d’arriver ont un rôle important dans l’équipe, ça chamboule forcément un peu notre équipe. Mais déjà gagner, c’est déjà important et ça nous fait du bien. Ça nous garde en vie en Euroleague. Ce sont des équipes qu’on doit battre si on veut aller loin dans cette compétition. »
“Quand on se relâche en défense, on sait qu’on perd du rythme en attaque”
Un constat partagé par l’entraîneur David Gautier, soulagé d’avoir débloqué le compteur en Euroleague malgré l’irrégularité de ses joueuses : « On lance très bien le match, le départ est quasiment parfait avec beaucoup d’adresse (13/16 aux tirs au premier quart) et beaucoup d’intensité. L’alternance intérieur-extérieur nous a été très favorable. Après, on a été très permissifs en défense, on a perdu le rythme en attaque et on s’est fait peur. Quand on se relâche en défense, on sait qu’on perd du rythme en attaque. On a tendance à trop dépendre du tir à 3-points, et pas forcément que des bons tirs. C’est dans ces moments-là que l’adresse fuit, mais c’est logique car on a perdu le bon tempo du match. C’est un peu la caractéristique de l’équipe de l’année dernière, on le sait. Dans le même temps, on a aussi des tueuses. Quand on est dos au mur, elles élèvent le niveau. Mais quand on est un peu dans la facilité, on a tendance à se reposer un peu trop sur nos lauriers. C’est ça qu’il faut combattre, mais on va retrouver de la lucidité quand on aura récupéré plus de rotations. »
Dos au mur à 15 secondes du buzzer après le tir à 3-points de l’ancienne de Saint-Amand, Elin Gustavsson, le coach lyonnais a dessiné le système qui a valu à l’ASVEL de repasser devant in extremis grâce à Stefanie Dolson : « Il ne fallait pas jouer trop tôt l’action pour ne pas leur laisser trop de temps derrière. Le but était d’isoler dans l’axe Marine (Johannès) avec Stéfanie (Dolson) et créer autour de ça. Elles avaient deux fautes à donner, je pensais qu’elles allaient faire faute, j’avais dit à Marine de se mettre en position de shoot si besoin. Finalement, elle a trouvé Gabby qui a retrouvé Stefanie. »
Réinstaller de la concurrence
Avec une victoire en six matches, la route est encore très longue pour les Lyonnaises afin de décrocher une hypothétique place en playoffs d’Euroleague Women. Rappelons que Bourges était passé en quarts de finale avant 8 victoires et 6 défaites la saison dernière.
« Il y aura un match important à Sepsi mercredi prochain. La priorité, c’est de gagner en Euroleague. Après, il faut du temps. Par manque de rotation, on tire beaucoup sur les extérieures. C’est vrai que Marine (Fauthoux) est quand même très fatiguée. Pour un retour, Gabby Williams joue déjà beaucoup (23 d’éval en 37 minutes contre Lublin). Ça fait des temps de jeu importants pour tout le monde. Il faut trouver le bon dosage et arriver à récupérer. Quand on se retrouvera à dix, la concurrence se réinstallera, les temps de jeu seront moins importants, ça permettra de garder l’intensité sur le terrain. Actuellement, peut-on tenir l’intensité déployée sur les cinq premières minutes ? Non. Mais personne ne triche, toutes les filles sont là pour gagner. C’est dans ces moments qu’il faut s’entraider et rester positif. »
Ce dimanche, l’ASVEL a rendez-vous au Palacium pour un remake de la dernière finale de LFB contre Villeneuve d’Ascq, dernière équipe invaincue en championnat. Un test qui doit servir de point de passage, alors que Lyon est 6e ex-aequo après 7 journées et qu’une cinquième défaite anéantirait déjà pratiquement tout espoir de terminer à la première place de saison régulière.
« Sincèrement, on ne regarde même pas le classement, assure Alexia Chéry. On veut juste gagner le plus de matches. Si on veut aller loin, on sait qu’on doit battre des équipes comme Bourges, Villeneuve-d’Ascq, mais il faut aussi battre les équipes plus à notre portée. On ne se met pas de pression par rapport au début de saison. Peu importe l’équipe, il faut qu’on soit à fond. Je pense que c’est le bon moment pour jouer Villeneuve d’Ascq. Elles déroulent leur basket depuis le début de la saison. Ça peut rééquilibrer la balance si on parvient à les battre. Ce ne sera pas facile, elles sont très physiques, c’est leur force. »
Alexia Chéry : « Ce début de saison (avec d’innombrables blessures) a été dur à vivre. Julie (Allemand) va revenir, ça va permettre à Marine (Fauthoux) de souffler parce qu’elle est partout, elle doit défendre les meneuses en face et gérer cette équipe qui ne doit pas être forcément facile à gérer. Juste (Joycte) devrait bientôt revenir aussi. Maintenant, il ne faut pas oublier ce qui s’est passé, tout n’est pas à jeter. On va essayer d’utiliser ça pour ne plus jamais revivre ça. On est un groupe solide qui croit les unes en les autres. En ce moment, je ne suis pas adroite et chacun de mes coéquipières me dit “on s’en fout, tu shootes”. (…) La trêve internationale m’a fait beaucoup de bien. J’ai pris le temps de faire ce que je n’ai jamais eu l’habitude de faire avec l’enchaînement club – équipe de France, c’est penser à moi, à mon corps et à mon basket. J’ai eu 4-5 jours de repos puis 12 jours de workouts. J’ai pu soigner mon genou et je suis progressivement rentrée dans le collectif. Ça fait du bien de couper quelques jours pour repartir au travail. Ça m’a fait du bien physiquement et moralement. »
À Villeurbanne.