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Benoît Mangin, le Monsieur Propre du Portel

De la même promotion que Nicolas Batum et Antoine Diot, champions d’Europe juniors il y a dix ans, Benoit Mangin (1,89m) se voit enfin offrir au Portel, à 28 ans, la possibilité de s’exprimer en Pro A.

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De la même promotion que Nicolas Batum et Antoine Diot, champions d’Europe juniors il y a dix ans, Benoit Mangin (1,89m) se voit enfin offrir au Portel, à 28 ans, la possibilité de s’exprimer en Pro A.

C’était en finale de la Coupe de France 2015 à la Halle Carpentier de Paris. Pendant un bon moment, Benoit Mangin a fait tourner en bourrique les caïds de Strasbourg. Au total le meneur du ESSM Le Portel, alors en Pro B, cumula 17 points –dont 15 en première mi-temps- et 8 passes. Ce n’était pas son coup d’essai. Le Portel avait précédemment terrassé quatre équipes de Pro A dans la compétition et Benoit Mangin avait à chaque fois dominé son vis-à-vis dans les évaluations : 15-7 face à Armon Johnson du Mans, 23-7 face à Tyrone Brazelton du Havre, 17-5 face à Trenton Meacham de Villeurbanne, et encore 12 face à Limoges et ses deux meneurs qui avaient affiché 0 pour Pooh Jeter et -1 pour Léo Westermann !

« C’était un défi de jouer contre ces équipes en Coupe de France, ça m’a réussi à moi et à toute l’équipe. On a perdu en finale malheureusement. J’aurais pu partir l’année suivante en Pro A. Aucun regret aujourd’hui, je suis très bien où j’en suis. »

Direction, la Pro B

Les capacités du natif de Clamart avaient été repérées de bonne heure et il fit partie de cette Dream Team des 1988-89 qui fut championne d’Europe juniors en 2006. Il avait réussi à s’octroyer 14 minutes de jeu en moyenne au milieu des Antoine Diot, Nicolas Batum, Alexis Ajinça, Edwin Jackson, Adrien Moerman et autre Kim Tillie. L’année suivante, il était encore dans l’équipe médaillée de bronze au Mondial de la catégorie. Il gagna un surnom : Monsieur Propre.

« Apparemment tout ce que je faisais c’était bien. Pas de balles perdues, tout était léché, propre. Ce surnom est venu de l’assistant coach et repris par mes coéquipiers. »

Alors que ses potes de promotion faisaient carrière les uns en NBA, les autres en Euroleague, à l’étranger comme en Pro A, Benoit se contentait de la Pro B : Hermine de Nantes, Etoile de Charleville, Chalons-Reims, puis Le Portel depuis 2011. Lors de la finale de la Coupe de France, le coach strasbourgeois et des Bleus Vincent Collet reconnut d’ailleurs qu’il était jusqu’alors peu documenté sur lui :

« J’ai eu l’occasion en préparant le match de voir qu’il a beaucoup de qualités. C’est un joueur juste. C’est quelqu’un qui connaît le jeu, qui sait utiliser les failles adverses. Mais aujourd’hui, il était transporté et aussi porté par des jambes de feu. En première mi-temps, il avait un gaz incroyable. Il avait une grande vitesse, il nous a mis clairement très souvent en difficulté. Même sur les switchs, il arrivait à déborder le joueur qui avait switché, ce qui n’est pas anodin. »

La concurrence américaine

Comment un tel meneur a t-il pu passer ainsi sous les radars ? L’intéressé la joue modeste.

« Il y a un gouffre entre la Pro B et la Pro A, ce n’est pas aussi facile que ça. Pourquoi un coach ferait confiance du jour au lendemain à un joueur comme moi ? Et ce sont eux qui décident ! »

Benoit Mangin a tout simplement été victime de la sur-américanisation du championnat de France d’élite. S’ouvrir les portes de la Pro A pour un jeune joueur équivaut souvent à faire pénétrer une corde par le chas d’une aiguille. La réduction du nombre de JFL (Joueurs Formés Localement, soit très majoritairement les Français) à quatre sur dix places ne fait que garnir un peu plus les rangs de Pole Emploi.

« En début de saison, on a toujours un regard avisé sur les recrutements. Ce n’est vraiment pas facile et quand on regarde la liste des chômeurs, ça fait un peu peur. De grands noms, de forts joueurs sont restés sur le carreau. Un étranger en plus, ça fait un Français en moins par équipe. Je pense qu’on ne peut pas être très gourmand aujourd’hui et quand on a un job on ne peut que s’en réjouir. »

Voici pourquoi Benoit Mangin est si heureux d’avoir trouvé sa stabilité au Portel où il possède la confiance de son coach Eric Girard qui compare leur relation à celle qu’il avait eu avec l’un de ses anciens meneurs, Aymeric Jeanneau, et qui vante son altruisme et ses qualités humaines.

« C’est la sixième année que je côtoie le coach, il m’a inculqué certaines choses au niveau du basket et je l’en remercie. Il m’a fait confiance, j’ai su lui redonner cette confiance. Pourquoi changer pour aller dans un autre environnement quand tout se passe bien ? »

Toute velléité de départ a été interrompue par la fin d l’exercice 2015-16 en boulet de canon de l’ESSM. Seulement sixièmes à l’issue de la saison régulière les Portelois sont allés gagner une belle à Bourg-en-Bresse, une autre à Fos-sur-mer et pulvérisé Evreux en deux manches pour obtenir leur laissez-passer pour la Pro A. Lors de ces huit matches en playoffs d’accession, Benoit Mangin a forcément apporté son écot : 8,6 pts et 4,4 pds avec 11/21 à trois-points en 28’ de moyenne.

« C’est pour ça que je suis monté au Portel et que j’ai re-signé trois ans. J’avais à cœur de découvrir la Pro A avec le club. »

L’atmosphère la plus chaleureuse de France

Le Clamartois fait désormais partie du paysage du Portel, bourgade de 9 632 habitants sur le littoral, collée à Outreau et Boulogne/Mer. Tout le basket sait désormais que la rivalité de l’ESSM et du SOM Boulogne est égale à celle des O’Timmins et des O’Hara dans la BD Lucky Luke.

« J’habite à Boulogne/Mer comme plus de la moitié de l’équipe. Je ne suis pas grand, Black, musclé, mais ça fait six ans que je suis là et les gens commencent à me reconnaître en ville. Je côtoie aussi des Boulonnais, des commerçants. Cette montée en Pro A a un peu posé problème à nos voisins boulonnais (Ndlr : en Pro A il y a deux saisons) mais on peut rencontrer en ville des joueurs de Boulogne, échanger avec eux et même aller ensemble au restaurant. Entre joueurs il n’y a vraiment aucun problème. »

Si l’atmosphère de Beaublanc à Limoges est la plus électrique de France, celle du Portel n’a pas d’équivalente au niveau festif. Benoit y a déjà vécu cinq matches de Carnaval.

« Je pense qu’aujourd’hui l’ambiance est plus forte au Chaudron qu’à Gravelines. A Gravelines ce sont de plus en plus des VIP qui sont au bord du terrain alors que chez nous il y a une vraie ferveur, c’est vraiment le sixième homme qui nous entoure. Avec le parcours que l’on a fait en coupe de France et la montée que l’on a réussi l’année dernière, on parle de plus en plus du Portel dans toute la France et je pense que les joueurs savent ce qui les attend dans notre chaudron. Il y a une sacrée ambiance et ça sera difficile de gagner chez nous. »

Photo : Xavier Masson

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