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Rouen : le plus grand fiasco de l’histoire de la LNB ?

Fos-sur-mer est le leader de la Pro B, et pour sa venue à la Kindarena afin d’affronter le Rouen Métropole Basket, le journaliste de Paris Normandie dépêché sur place a eu la bonne idée de compter lui-même les spectateurs présents ce soir du 7 décembre. Bilan : 300 du côté des loges, 150 en face, un

Fos-sur-mer est le leader de la Pro B, et pour sa venue à la Kindarena afin d’affronter le Rouen Métropole Basket, le journaliste de Paris Normandie dépêché sur place a eu la bonne idée de compter lui-même les spectateurs présents ce soir du 7 décembre.

Bilan : 300 du côté des loges, 150 en face, une dizaine dans l’une des tribunes latérales. Personne dans la deuxième.

Donc, l’assistance était d’un peu plus de 450 spectateurs. Moitié moins que les 1 034 billets édités par la S-PASS (ex-Vega), le gestionnaire de la salle, car des invités ou même des abonnés n’ont pas pris la peine de se déplacer. Il faut donc se méfier du chiffre officiel pour la saison 2015-16 en Pro A (2 028) qui prend en compte les billets édités et pas les gens effectivement présents dans la salle.

A l’instar d’Alain Koffi qui s’en plaignait dans BasketEurope, les joueurs et les coaches vivent cette indifférence dans la salle et encore plus dans la ville avec une profonde tristesse. Ça n’est pas bon pour la motivation et évidemment il n’y a aucune pression sur l’adversaire et le corps arbitral. Et puis quand vous êtes un sport professionnel, le seul vrai baromètre de votre réussite –ou de votre échec- c’est la ferveur populaire.

Pas de foot, pas de rugby

Rouen avait pourtant plusieurs atouts majeurs dans sa manche pour réussir.

Si la ville est de taille moyenne (110 000 habitants), l’aire urbaine est de taille supérieure (660 000 habitants).

Ici pas de football qui se gloutonne les ressources économiques. Il y a trois ans une énième rétrogradation administrative a expédié les Diables Rouges en Division d’Honneur. Rouen n’est pas une terre de rugby. En fait les deux clubs pros qui ont une réputation en ville sont les Dragons du hockey-sur-glace qui ont acquis quatorze titres de champion de France, et les Huskies du baseball qui constituent le club numéro 1 de la discipline en France. Sans vouloir mésestimer leur impact, ce n’est pas l’OL pour Villeurbanne, la Section Paloise pour l’Elan Béarnais ou le Racing pour la SIG. Il y a de la place…

La deuxième bénédiction, c’est le palais des sports, qui a pris le nom de Kindarena, inauguré en septembre 2012. 6 000 places. Donc une capacité égale à celle des enceintes de Strasbourg, Nancy et Le Mans. Seul le palais des sports de Pau est plus vaste. Mais la Kindarena est de construction récente.

La Kindarena est certes froide aussi bien à l’intérieur que dans le contexte extérieur, mais il y a de grands espaces VIP, une seconde salle de 860 places, une autre d’échauffement, etc. L’équipe de France de basket en a déjà profité et le handball va s’en servir prochainement pour son championnat du monde.

« Je n’ai même pas un sentiment de tristesse », disait l’assistant Matthieu Latard à Paris-Normandie. « Je ne comprends pas comment il n’y a pas plus de monde avec une si grande ville et un bassin de population aussi important autour de Rouen. Sans parler de la remplir, il faudrait la faire évoluer chaque année pour passer à 2 000, 2 500 puis 3 000… C’est une vraie interrogation. »

Le fameux coupe-file de la LNB

Il y eut aussi ce formidable coup de pouce de la Ligue Nationale de Basket : une wildcard. Un coupe-file qui a permis au Rouen Métropole Basket, ou plutôt au SPO Rouen à l’époque, de monter en Pro A pour la saison 2014-15 alors qu’il venait de terminer…. 14e de Pro B. En mal de clubs dans de grandes agglomérations, la LNB avait crû que les facteurs énoncés plus haut, plus a priori une bonne dynamique des partenaires et une structure administrative convenable, justifiaient ce passe-droit unique –avec celui donné à Chalôns-Reims qui lui a su tenir son rang- dans l’histoire du basket pro français.

Première année en Pro A : 15e sur 18.

Deuxième année : 17e sur 18. Retour en Pro B.

Hier soir, le RMB a échoué à la Kindarena face à Poitiers, 71-79. Le voici plus que jamais lanterne rouge de Pro B à la limite du point de rupture sportif.

Il manque l’humain

Cholet, Gravelines, Le Mans et Pau se sont beaucoup réalisés grâce à Michel Léger, Albert Denvers, Bernard Gasnal et Pierre Seillant. Des pères fondateurs qui sont longtemps restés fidèles au poste. Sans Raphaël De Barros à un (long) moment clé de son existence, l’ASVEL ne se serait pas aussi longtemps agrippée aux sommets. Il y a de nombreux autres exemples notamment dans les grands clubs étrangers. Même s’il faut toujours du recul pour juger –car l’essentiel, c’est de durer-, Martial Bellon est l’homme de la situation pour donner un nouveau souffle à Strasbourg. La présence, que ses détracteurs qualifient d’omniprésence, de Frédéric Forte est fondamentale dans le retour à haut niveau de Limoges. Tony Parker sera peut-être celui qui permettra à l’ASVEL de retourner pour de bon en Euroleague.

L’échec de Rouen, c’est justement l’absence d’un maître à bord, de quelqu’un capable de fédérer les énergies, de développer les potentiels, qui vit l’aventure de son club avec son savoir-faire et tout autant avec ses tripes. Les querelles intestines, entre l’association et la SASP, étaient un signe avant-coureur de la dégradation sur le terrain.

L’humain demeure –et c’est tant mieux- un facteur décisif et sans lui le reste ne constitue qu’une coquille vide.

Aujourd’hui, Rouen est candidat au trophée peu enviable de « plus grand fiasco de l’histoire de trente ans de LNB ».

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