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Alvin Nance, l’histoire d’un Américain qui veut vivre son rêve français

Ils sont des centaines voir des milliers, ils sont de toutes nationalités, ils sont de tout âge, ils ont plus ou moins d’expériences … « Ils » se sont les joueurs qui rêvent de venir jouer en France. Parce qu’ils n’ont pas fait un bon parcours scolaire, parce qu’ils sont sortis des radars, parce qu’

Ils sont des centaines voir des milliers, ils sont de toutes nationalités, ils sont de tout âge, ils ont plus ou moins d’expériences … « Ils » se sont les joueurs qui rêvent de venir jouer en France. Parce qu’ils n’ont pas fait un bon parcours scolaire, parce qu’ils sont sortis des radars, parce qu’ils n’ont pas les bons contacts et parce qu’ils n’ont pas eu aussi de la chance, nombreux sont ces joueurs « oubliés » qui galèrent aux quatre coins du monde pour se faire connaitre. « Ils » aura aujourd’hui un nom, un visage, un sourire, « ils » s’appellera Alvin Nance. Il est américain, a 29 ans et c’est son histoire qu’il va vous raconter …

« Je m’appelle Alvin Nance, je suis né aux États-Unis le 18 décembre 1987 à West Memphis dans l’Arkansas. J’ai grandi au sein d’une petite ville appelée Crawfordsville toujours dans l’Arkansas où la population n’excède pas les 550 habitants. A l’époque mes parents travaillaient à l’usine. Mon papa était soudeur et ma maman était affectée sur la chaine des chariots élévateurs. J’ai un frère et une sœur et je suis le plus jeune des trois enfants. J’ai passé ma scolarité à la Marion High School, le lycée de la ville de Marion en Arkansas. C’est ici que j’ai réellement débuté le basket. Durant mes années au lycée, j’ai été le leader de mon équipe (21 points, 11 rebonds, 4 passes) et nous avons battu de nombreux records, cependant nous n’avons pas été en mesure de décrocher le championnat. Une fois mon diplôme obtenu je devais aller à Jackson State dans le Mississippi, malheureusement le coach qui me voulait est parti, j’ai du changer mes plans et cela a été le début d’un parcours compliqué pour terminer ma scolarité. Je suis allé à Southwest Tennessee Community College où j’y suis resté deux ans. Par la suite j’ai continué à Lemoyne-Owen College en NCAA 2, malheureusement pour moi le coach avait décidé de prendre un joueur sois-disant meilleur que moi à mon poste, alors je suis parti et je n’ai donc fait qu’une année là-bas (pour la petite histoire le joueur recruté n’a pas pu joué car il n’était pas éligible, je l’ai appris par la suite). Suite à cela je suis resté deux ans sur le carreau. J’essayais de trouver le meilleur programme possible pour revenir dans le circuit mais c’était long et compliqué.

Pour la saison 2011/2012, j’ai rebondi à Philander Smith en NAIA. Je ne jouais pas au basket la première année, je devais me concentrer sur mes notes. Le championnat universitaires NAIA n’est pas autant prisée que la NCAA. Il est plus facile d’y entrer car la NAIA a des exigences moins restrictives que la NCAA. Tout le monde veut aller en NCAA mais tout le monde n’a pas les capacités pour intégrer une prestigieuse fac américaine. J’ai repris le basket en 2012/2013, j’ai disputé 30 matchs durant cette année avec les Panthers, j’ai tourné à cette époque à 20 points, 6 rebonds et 2 passes de moyenne. Pour la petite histoire avec une moyenne de 229 lancers francs réussis sur 244 tentés, j’ai été numéro 1 dans cet exercice aux États-Unis.

Après cela, il a fallu lancer ma carrière professionnelle. Mais comment trouver une équipe quand on est pas passé par la case NCAA, que l’on a pas d’agent et que l’on est noyé parmi la centaine d’étudiants américains qui recherchent eux aussi une équipe à la fin de leur cursus scolaire ? Le parcours du combattant commence.

C’est au Pérou que j’ai débuté ma carrière en 2014. J’ai déniché ce contrat tout seul sur internet en surfant à droite à gauche. Je ne savais même pas où situer exactement ce pays sur la carte en Amérique du Sud (comme la plupart de mes compatriotes d’ailleurs). C’était l’inconnu. Mon premier club s’appelait Santos Basketball Club, une nouvelle équipe en première division péruvienne. C’était la première fois que je quittais mon pays, cela a était une émotion immense. J’ai vécu un véritable choc culturel. La langue, l’environnement, les odeurs … tout était nouveau pour moi mais en même temps tous les jours j’apprenais quelques chose. J’habitais à Lima la capitale et j’en garde un fabuleux souvenir car ça dépassait le simple cadre du basket, c’était une nouvelle vie. A l’époque je m’en rappelle, je gagnais 1500 $ par mois et j’avais un appartement prêté par le club. Pour ma saison rookie, je tournais à plus de 40 points de moyenne. J’ai même réalisé un match à 71 points marqués ! 71 !!!

Suite à mes bonnes performances, j’ai rencontré un gars à l’occasion d’un match. On a discuté tout les deux dans les tribunes et le mec m’a demandé si cela m’intéressait de jouer dans un autre pays d’Amérique Latine, en Bolivie où le niveau est meilleur. J’ai dis banco et je suis allé en Bolivie. J’ai signé à LaSalle Cochabamba et j’y suis resté 3 mois. Après je rejoins Entretanto Meta LaSalle Tarija, le club de la ville de Tarija, une municipalité de 140 000 habitants dans le sud du pays.  J’ai fait ce que l’on demande à un Américain. J’ai beaucoup marqué, j’ai pris des rebonds et fait des passes. On a terminé champion de Bolivie ! Les supporteurs étaient des fous furieux  (mais dans le bon sens, hein !), ça me donnais des ailes, je me prenais pour Kobe Bryant sur le terrain, mais attention je n’avais pas la même paye que lui (rire), j’étais à 2000 $ avec l’appartement, le Kobe Bryant du pauvre quoi !  J’ai ensuite signé à Amistad, le club de la ville de Sucre juste pour trois matchs, toujours en Bolivie puis je suis rentré aux Etats-Unis.

Quelques semaines plus tard, je reprend mon sac à dos et cette fois direction le Mexique. Je rejoins Liebres de Guasave. Malheureusement mon expérience mexicaine tourne court très rapidement. Au bout de deux semaines seulement je quitte le club. Les dirigeants ne me payaient pas. Dans ces conditions je ne pouvais pas rester et je suis donc rentré chez moi dans l’Arkansas.

En ce moment je suis aux Etats-Unis. Pour garder la forme et le rythme je joue pour une équipe qui s’appelle Delta Storm et qui évolue au sein d’une ligue mineure américaine. Cela me permet d’être opérationnel de suite en cas d’appel d’un club. C’est important de travailler tous les jours, si tu coupes, tu arrives hors de forme.

Être basketteur professionnel est dur, très dur, c’est une vie de galère. On voit ceux qui réussissent mais derrière il y a des milliers de joueurs qui n’y arrivent pas. Mon rêve serait de venir jouer en Europe et plus spécialement en France. J’ai 29 ans, je suis mature, j’ai de l’expérience et j’ai envie de passer un cap et réaliser mon objectif. Je suis parfaitement conscient que mon profil à première vue n’intéresse pas forcément les recruteurs européens mais je sais que je peux jouer dans un championnat français, que j’en ai les capacités. Pas en Pro A/Pro B directement bien sûr mais dans les divisions inférieurs. Je sais tout faire sur un terrain, je l’ai démontré au Pérou, en Bolivie … certes ce sont des « petits » championnat mais on ne marque pas 40 points de moyenne sur une saison en première division péruvienne par hasard. En Bolivie j’ai aussi marqué 64 points lors d’un match ! Tout cela ce n’est pas anodin je pense, les cercles sont les mêmes partout.  Qu’est ce que cela pourrait donner en France dans un club de Nationale 2 par exemple ?

La seule chose que je voudrais, c’est que l’on me donne une chance, qu’un club me donne la possibilité de me montrer. Je suis prêt à payer mon billet d’avion pour venir faire un essai s’il le faut ! La marche la plus dure est toujours la première. Je n’ai jamais jouer en Europe, je n’ai pas d’agent et depuis toujours je me suis débrouillé tout seul pour trouver des contrats et tenter de vivre de mon métier. C’est difficile je le vous cache pas. Il faut être fort sur le terrain mais également être costaud en dehors du terrain. Depuis un petit peu plus de deux ans, je suis devenu papa d’une ravissante petite Alivia. C’est pour elle que je me bat aussi, pour qu’elle soit fier de moi, il ne faut pas que je lâche …

Quand je regarde mon parcours, tout n’a pas été facile, loin de là, mais toutes ces épreuves m’ont donné du caractère. Quand je vois des joueurs qui se plaignent pour des broutilles, qui ne font pas le travail qui leur ai demandé, qui ne sont pas professionnel dans leurs attitudes, qui ne respectent pas le club qui le paye, j’ai envie de dire « Hey mec ! Tu as la chance de vivre du basket, pourquoi tu te plains ?! » Tout n’est pas tout rose bien sûr mais à partir du moment où tu as la chance qu’un club te fasse confiance, te rémunère pour que tu puisses jouer et te mette dans de bonnes conditions alors tu es un privilégié.

De mon coté je garde plus que jamais espoir qu’un jour on me donne ma chance. Au fond de moi, je sais que quelqu’un me tendra la main, ça peut être demain, dans 6 mois, dans 1 ans … Il faut toujours croire en ses rêves. Tous les jours je m’entraine dur, chaque goutte de sueur est un pas vers la France et à un moment ça paiera, oui ça paiera …

Je m’appelle Alvin Nance et je vous remercie d’avoir lu mon histoire … »

Son parcours:

  • 2004-2006: Marion High School
  • 2006-2008: Southwest Tennessee Community College
  • 2008-2010: Il avait abandonné l’école avant d’essayer de revenir dans le circuit scolaire
  • 2010-2011: Lemoyne-Owen College (NCAA 2)
  • 2011-2012: Philander Smith (NAIA): n’a pas joué
  • 2012-2013: Philander Smith (NAIA): 30 matchs: 20,2 points, 6,1 rebonds, 1,7 passe
  • 2014: Santos Basketball Club (Pérou) : 14 matchs: 40,5 points, 7 rebonds, 3 passes
  • 2015: LaSalle Cochabamba (Bolivie) : 16 matchs: 34 points, 8 rebonds, 5 passes
  • 2015: Entretanto Meta LaSalle Tarija (Bolivie) : 18 matchs: 29 points, 5 rebonds, 6 passes
  • 2015: Amstad Sucre (Bolivie) : 3 matchs: 24 points de moyenne
  • 2015: Pro Basketball Expo camp à Orlando (USA)
  • 2015: Liebres de Guasave (Mexique) : 2 matchs: 36 points, 10,5 rebonds, 6 passes
  • 2016: Delta Storm (EBL USA) Pas de statistiques précises
  • 2016: Calero de Potosi (Bolivie) : 2 matchs : 28 points, 6 rebonds, 4 passes
  • 2017: Delta Storm (EBL USA) Pas de statistiques précises

Sa fiche:

  • Alvin Nance
  • 1,96 m, 86 kg
  • Né le 18 décembre 1987 (29 ans)
  • Américain
  • Shooting Guard/Small Forward
  • Son profil Facebook
  • Son Instagram
  • Son Twitter

Ses vidéos:

Ses meilleurs dunks:

Le jour où il a marqué 71 points dans un match au Pérou:

Quelques images quand il jouait en Bolivie:

A Philander Smith (#20):

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