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Interview : en direct avec Amara Sy (Monaco)

Double champion de France avec l’ASVEL et visage emblématique du championnat de France de Pro A avec quelques 17 saisons au plus haut niveau à son actif, Amara Sy a agréablement accepté de se prêter au jeu du « En direct avec… »

Double champion de France avec l’ASVEL et visage emblématique du championnat de France de Pro A avec quelques 17 saisons au plus haut niveau à son actif, Amara Sy a agréablement accepté de se prêter au jeu du « En direct avec… »

Vous souvenez-vous du premier match que vous avez joué en pro?

C’était avec l’ASVEL en 1999. J’étais encore avec les Espoirs mais je faisais le banc des pros, c’était contre Antibes. Je crois qu’on gagnait d’une vingtaine de points, il restait à peu près trois minutes et Greg Beugnot, qui était le coach à l’époque, me fait rentrer. En plus j’ai fait une belle prestation, en trois minutes je mets 4 points. Ça s’est très bien passé, j’en garde un très bon souvenir et il y a même la vidéo sur Youtube avec ma première interview. C’était cool!

Qui est le joueur qui vous a rendu meilleur?

Il y en a plusieurs. Dans un premier temps je pense à Allen Iverson, j’étais un très grand fan de lui à l’époque. Et je pense aussi à Moustapha Sonko. Deux références pour moi.

Selon vous, qui est le meilleur joueur actuel de Pro A?

Euh… Ah mais si c’est facile, je suis un fou moi (rires)! D.J. Cooper!

Le meilleur coach actuel de Pro A?

Peut-être Vincent Collet.

Quel est le club dans lequel vous rêvez de jouer?

A Barcelone ça pourrait être bien ou au Real Madrid. Mais bon c’est un peu tard (rires). Même si j’avais eu l’occasion à une époque de jouer au Real, c’était il y a bien longtemps… Ça fait partie du passé.

Quelle est la salle dans laquelle vous avez joué avec le plus d’ambiance?

Dans la Hala Pionir du Partizan Belgrade ! C’était vraiment incroyable mais vrai, il y avait une ambiance folle. Je m’en rappelle, c’était pendant ma première année pro et je ne jouais pas beaucoup donc limite je n’avais pas envie de rentrer sur le terrain tellement il y avait de pression (rires) ! Le parquet vibrait, c’était incroyable ! Mais on a gagné. On avait perdu le premier match et celui-ci on le gagne donc c’était plutôt cool. C’était pour aller en quart de finale de la Supro League avec l’ASVEL en 2001.

Quel est votre pire souvenir de joueur?

Avec du recul je dirai la défaite de deux points contre Dijon en finale de la semaine des As quand j’étais au Mans en 2005. C’est ce qui me vient à l’esprit, il doit y en avoir d’autres mais c’est à ça que je pense tout de suite.

Et le meilleur?

Je vais dire mon premier titre, mais pas en pro, avec les Espoirs. A l’époque je jouais au basket juste pour jouer, pour prendre du plaisir. Bien sûr je voulais gagner mais je ne savais pas vraiment ce que ça signifiait. Je ne connaissais pas le haut niveau. C’est quand je suis arrivé au centre de formation, que j’ai commencé à côtoyer des vrais joueurs, des professionnels que j’ai commencé à comprendre ce que c’était que l’exigence. Après on a été récompensé par notre travail, on a été champions de France Espoirs avec l’ASVEL en 2000. C’est un de mes meilleurs souvenirs.

Quel a été votre adversaire le plus coriace?

Ah ça c’est facile, Danny Strong. Il portait bien son nom d’ailleurs. Un Américain qui a notamment joué à Gravelines. Il était assez costaud, j’avais du mal avec lui. A chaque fois qu’on s’affrontait c’était des vraies batailles.

De quel trophée êtes-vous le plus fier d’exposer?

On va dire celui de champion du monde de un contre un comme je suis le seul et l’unique au palmarès (rires)! Ils l’ont fait qu’une fois, il n’y a pas eu d’autres éditions. Je suis le seul, personne ne peut se vanter de l’être à part moi. Mais c’est vraiment juste pour ça (rires)! Sinon je dirais mon premier titre de champion de France que j’ai arraché avec l’ASVEL en 2002. On ne partait pas favoris et le club, la ville et je dirais même la région lyonnaise attendaient ça depuis plus de vingt ans. Après plusieurs échecs consécutifs en finale on a réussi à gagner alors c’était vraiment une grande fierté.

Ici en bas avec le trophée devant lui. P. GEORGE / AFP

Quel a été votre match référence en carrière?

J’en n’ai pas qui me vient à l’esprit…

Et au contraire y-a-t-il un match dont vous avez honte?

Ah ça par contre oui ! Un match à Paris, contre le PL dans lequel j’avais fait -8 d’éval. J’étais vraiment à côté de la plaque et c’est assez bizarre parce qu’en général quand je joue en région parisienne ça se passe plutôt bien comme il y a cette extra-motivation du fait que c’est la maison, il y a la famille et les amis. Donc généralement ça se passe plutôt bien mais là c’était catastrophique.

Si vous pouviez prendre le move d’un joueur lequel serait-ce?

Le fadeaway de Dirk Nowitzki! Il est inarrêtable! D’ailleurs c’est pour ça qu’il joue encore parce que le mec il ne sait plus courir, il a du mal à bouger, il fait que ça! Il peut faire ça jusqu’à 60 ans il n’aura pas de problème (rires)!

Si vous deviez payer votre place pour voir un joueur ou une équipe qui serait-ce?

N’importe qui. Quand je vais voir n’importe quel match, je paye. Il m’est arrivé de payer pour voir un match de NM3 ou NM2. Si je veux voir un match, je paye. Mais sinon il n’y a aucun joueur ou aucune équipe que j’aimerais voir en particulier, en tout cas pas au basket.

Pourquoi portez-vous le numéro 5?

Hommage à Moustapha Sonko. Un ancien joueur qui est un exemple pour moi et pour beaucoup de jeunes issus de la banlieue. Il a eu un parcours atypique, il a commencé par le playground, et pendant qu’il était professionnel, il continuait à y aller, tout comme moi aujourd’hui à 35 ans. Il a fait son trou sur le bitume et il a fait son trou sur le parquet. Il a été performant dans la rue et dans le basket fédéral, on a beaucoup de points communs, c’est un exemple pour moi et j’ai eu la chance de le côtoyer à l’ASVEL pendant deux saisons. Donc voilà pourquoi je porte le numéro 5. Ça fait très longtemps maintenant, il y a seulement quelques saisons où je n’ai pas pu le porter mais c’est juste parce qu’il était déjà pris. Sinon à chaque fois que j’ai eu l’occasion de porter le n°5, je l’ai fait.

Si vous aviez une règle à changer dans le basket laquelle serait-ce?

Une des nouvelles règles. Depuis bientôt deux saisons on ne peut plus faire de « reverse » sans dribbler, ça c’est incroyable! C’était un de mes moves favoris et en plus les arbitres ne le sifflent qu’une fois sur trois donc je ne sais même plus si je peux le faire ou pas. Des fois je le fais, pendant que je suis en train de le faire je réfléchis parce que je ne sais pas si j’ai le droit après je fais une passe, ça me déconcentre complètement! Le pire c’est que dans le même match les arbitres vont le siffler à quelqu’un et après ils ne vont pas le siffler à un autre mec qui le fait 5 minutes plus tard! C’est incroyable mais vrai, c’est insupportable! Voilà c’est bon tu m’as énervé (rires)! Pendant des années entières tout le monde l’a fait mais ils n’ont décidé qu’en 2015 de dire que ce n’est pas réglementaire.

Avez-vous déjà été en conflit avec un club?

Non. Tout s’est toujours bien passé. J’ai eu la chance que partout où je suis allé ça s’est bien passé et j’espère que ça va durer jusqu’à la fin.

Quel est le principal sujet de conversation entre joueurs?

Le basket malheureusement (rires). On est confronté à ça tous les jours donc forcément on en parle tout le temps. Sinon ça va être les sujets d’actualité, en ce moment c’est la politique. Ça peut être tout et rien mais c’est vrai qu’on en revient souvent au basket, comme dans tous les vestiaires on va dire.

Qui est votre meilleur pote dans le basket?

Ah mon meilleur pote dans le basket c’est Modibo Niakaté ! Ancien pro à Roanne, Chalon, Clermont ou encore Limoges… C’est mon ami d’enfance, d’ailleurs c’est lui qui m’a vraiment poussé à jouer au basket parce qu’avant je faisais du foot. Il a commencé bien avant moi. Je suis arrivé à 14 ans. On vient du même endroit, lui il venait dans mon quartier jouer au basket avec les grands pendant que moi je continuais à forcer avec le foot. On s’est connus comme ça mais comme on a le même âge et qu’on est de la même génération, on a commencé à être potes et il a réussi à m’orienter vers le basket. Aujourd’hui je ne regrette pas et je l’en remercie encore.

Aimez-vous lire ou regarder les reportages sur vous?

Ah oui bien sûr. Ça fait toujours plaisir, par exemple quand cette interview va sortir je vais aller la lire parce que j’aime bien. Maintenant j’ai l’habitude, j’ai confiance mais avant c’était aussi surtout pour vérifier s’il y avait bien marqué ce que j’avais dit. Mais ça fait toujours plaisir quand on lit un article sur soi, ça veut dire qu’on est reconnu pour ce qu’on fait et ça fait plaisir parce que tous les jours on fait des efforts pour être performant, pour se faire plaisir et pour faire plaisir au public et aux supporters donc quand on pense un peu à nous c’est plaisant.

Quelle est votre principale occupation entre deux entraînements?

Me reposer, prendre du temps avec ma famille, regarder des séries et je prépare également des choses pour l’avenir avec des collègues. On s’occupe comme on peut, c’est vrai que les journées passent vite mais il n’y a pas que le basket dans la vie. On y pense tout le temps même quand on n’est pas sur un terrain ou à l’entrainement  mais la vie à côté continue donc on essaye de rester connecté à la réalité tout simplement.

Quelle est la ville où vous avez joué que vous préférez ?

Lyon bien sûr. Je suis arrivé là-bas j’étais mineur. J’ai été au lycée là-bas, j’y ai énormément d’amis et de supporters. C’est là que j’ai connu le haut niveau dans le club historique de l’ASVEL qui est le plus titré de France. Je suis dans ma 17e saison professionnelle et j’en ai passé 9 à Lyon donc ce n’est pas rien. J’ai que des bons souvenirs à Lyon, c’est également là que j’ai rencontré ma femme.

Que feriez-vous si vous ne jouiez pas au basket?

J’aurais d’abord essayé d’être footballeur même si je pense que ça aurait été plus compliqué ou sinon peut-être dans la musique parce que j’adore ça ou peut-être dans les jeux vidéo… Ce sont mes principaux hobbies.

Justement, où vous voyez-vous après le basket?

Justement je suis en train de travailler dessus avec des collègues parce que je ne vais pas attendre de raccrocher les baskets pour y réfléchir. Pour l’instant je ne peux pas en dire plus mais on est en plein dedans et on prépare ça calmement…

Photo : LNB / Basketball Champions League

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