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Portrait : Joffrey Lauvergne, le guerrier

En quatre points, ce qu’il faut absolument savoir sur Joffrey Lauvergne (2,10m, 100kg, 25 ans) qui avec l’absence de Rudy Gobert sera notre pivot numéro 1 à l’EuroBasket.

En quatre points, ce qu’il faut absolument savoir sur Joffrey Lauvergne (2,10m, 100kg, 25 ans) qui avec l’absence de Rudy Gobert sera notre pivot numéro 1 à l’EuroBasket.

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Poste 4 ou poste 5

Le Tournoi de Toulouse aura démontré –si besoin était- que Joffrey Lauvergne est indispensable. Même si ce n’est pas un géant ou du moins un super géant.

A ce propos, quand on lui demande si c’est un grave préjudice de ne pas avoir en bleu un pivot à 2,15/2,18m, le néo Spur balaye d’un revers de main les possibles méfaits dus à l’absence de Rudy Gobert et Moustapha Fall.

« Rudy, c’est Rudy. Mous’, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu jouer mais je sais que c’est un fort joueur. Dans le basket actuel, plus ça va et plus ça devient petit. Je fais 2,10m, Vincent (Poirier) est même plus grand que moi (2,13m), on n’a pas une équipe qui est petite. On verra, il y a moyen jouer différemment. »

En revanche, ce même Tournoi de Toulouse n’aura pas permis de savoir si son association avec Kevin Séraphin, temporairement blessé, est hautement performante et où se situe le périmètre de chacun.

« Si j’ai le choix je préfère jouer au poste 4, j’ai plus d’avantages physiques qu’au poste 5 mais honnêtement je m’en fiche un petit peu. »

Est-ce parce qu’il a joué dans quatre pays européens différents (France, Espagne, Serbie, Russie), qu’il n’a pas des moyens athlétiques surnaturels, ou tout autant du fait que dans ses déclarations il apparaît qu’il n’est pas obnubilé par la NBA, Joffrey Lauvergne est probablement davantage profilé pour l’Europe que pour le championnat américain.

« Le jeu est différent. Mais ça reste du basket, mettre la balle dans le panier, mettre plus de points que l’autre équipe. J’ai longtemps joué en Europe, en équipe de France et j’ai l’habitude de ces petits changements. Au niveau de la mentalité, je me sens plus à l’aise ici mais je me suis bien adapté au style de jeu NBA. Je suis content d’être en équipe de France tous les étés. »

On va dire que Joffrey est le plus Européen des NBAers français, mais aussi que ses 153 matches à Denver, Oklahoma et Chicago lui ont apporté une dimension incontestablement supérieure. Et avoir à l’avenir Gregg Popovich comme coach va certainement encore le bonifier.

Une sacrée filiation

Stéphane Lauvergne, 1,98m, fut un bon joueur de Pro A connu pour sa défense, son jeu sans ballon, son abnégation. Un battant. Sorti de Clermont, il a fréquenté des clubs réputés : Nantes, Cholet, Mulhouse, Paris, Levallois, Toulouse, Villeurbanne. 21 sélections sur la période allant de 1988 à 1995 lorsque l’équipe de France se faisait discrète.

Et la maman ?

« Elle fait 1,75m, 1,76m. Elle faisait de la natation. Elle a commencé à jouer au basket quand elle avait 40 ans », répond le fiston.

La première conséquence de cette filiation, c’est la taille. 2,10m demeure une mensuration exceptionnelle. De plus, Joffrey est tout sauf pataud. « Lauvergne, c’est un volcan » ferait un excellent slogan. C’est un geyser d’énergie. Comme papa et à la dimension supérieure. Atavisme ou mimétisme ?

« Il m’a éduqué et inculqué quelques valeurs, ça en fait partie, mais je n’essaye pas spécialement de lui ressembler. Si je lui ressemble par certains aspects c’est que ce sont des choses naturelles. Bien sûr, il m’a beaucoup conseillé et entraîné quand j’étais plus jeune. Il a beaucoup à faire dans ma réussite. »

Outre ses parents, Joffrey a bénéficié d’un entourage familial sportif. Un de ses oncles fut international de judo avec le père d’Evan Fournier, un autre champion de France de boxe anglaise. Son grand-père était cycliste et deux de ses grands-parents ont eux-mêmes joué en première division de basket. Ne pas oublier non plus que son père et Jean-Aimé Toupane était équipiers et que, gamins, Joffrey et Axel, tous les deux nés à Mulhouse, à un an d’intervalle, étaient déjà proches à Toulouse comme à Clermont.

Autre caractéristique, Joffrey s’est initié à plusieurs sports de contact : judo, karaté, hockey-sur-glace. Cet été, il a fait un peu de tennis et surtout beaucoup de boxe et de muscu.

Ce qui est également marquant chez Joffrey Lauvergne, c’est sa franchise. Certainement du mimétisme, il le reconnaît. « Ça vient de l’éducation ».

« On a passé un deal avec Joffrey », confiait il y a quelques années Stéphane à Maxi-Basket. « Je lui donne toujours mon avis sans langue de bois. Après, Joffrey prend la décision finale parce que c’est lui qui doit l’assumer. »

Alors, forcément, à l’heure des communiqués de presse indolore, des réponses sans saveur toutes droit sorties de media training, le néo-Spur est du pain béni pour les journalistes. C’est avec une totale franchise qu’il répond à notre interrogation quand on lui demande s’il est frustré par les forfaits de deux joueurs du starting five, Nicolas Batum et Rudy Gobert, qui oblitèrent les chances de la France d’être compétitive pour la médaille d’or.

« Non, ça ne me frustre pas. J’aurais aimé qu’ils soient là car avec eux on aurait été plus forts. Je comprends que lors de certains moments de ta carrière ou de ta vie t’as peut-être envie ou besoin de faire autre chose. Dans le basket, comme pour les autres sports, il y a une part de « comment on se sent dans la tête » et ça impacte directement le jeu. Le seul truc, c’est qu’il n’y a pas besoin de faire attendre pendant six mois pour créer une espèce de buzz sur le truc. Tu n’as pas envie de venir, tu ne viens pas, c’est tout. » Il ajoute, après réflexion : « Peut-être qu’ils ne savaient pas s’ils allaient venir ou pas. »

Mais Joffrey Lauvergne ne fait pas de déclarations brutes de décoffrage. Au contraire. Son analyse du milieu de la NBA, auquel il appartient mais avec énormément de retenue, est pleine de finesse. A Basket-Hebdo qui lui demandait il y a quelque temps s’il comprenait comment 60% des joueurs NBA pouvaient être ruinés après la fin de leur carrière, il répondait sans détours :

« Oui, je la comprends bien. Très, très bien. Je commence à savoir pourquoi. Les mecs… Ils sont incroyables ! Ils achètent des montres à 20 000 $ comme toi tu achètes tes t-shirts ; ils ont trois enfants – et encore je suis gentil – avec trois femmes différentes donc à chaque fois ils payent ; ils ont toujours des cousins, des amis, des machins à la maison et tout le monde mène le grand train de vie. Quand tu te déplaces dans des villes sympas, leurs potes voyagent avec eux, sont dans les mêmes avions que nous, et tout ça, c’est le joueur qui paye. Donc ça va vite, l’argent part vite. Et puis surtout, c’est la culture. En France, quand tu as de l’argent, tu es pudique, tu ne le montres pas trop. Ici, c’est l’inverse, quand tu as de l’argent il faut le montrer. C’est une histoire de réussite. »

Partizan, je t’ai tatoué sur ma peau

Joffrey en a physiquement bavé et c’est pourquoi le démarrage de sa carrière fut poussif. Il a beaucoup manqué de l’apprentissage en cadets là où l’on apprend le jeu à deux, à trois, le positionnement sur le terrain… La faute à un trou dans l’articulation du pied. Dans une interview au mensuel Basket, il remercie Lucien Legrand, qui l’a toujours soutenu à l’INSEP lui qui n’était pas un as dans sa scolarité. Une opération appropriée l’a mis sur la bonne voie.

Deuxième étape : Chalon. Trois saisons d’apprentissage et… sept matches pour la saison 2011-12.

« Je n’arrivais plus à avancer avec tout ce que j’avais sur le cœur, je n’en pouvais plus », a-t-il révélé à Basket. « C’était : soit vous me laissez partir, je ne vous demande rien, on se sépare bons amis, soit je ne vais plus jouer, vous mettre aux Prud’hommes, et je gagnerai. D’un côté je m’entendais super bien avec le président (Dominique Juillot), les gens du club, j’étais même proche d’eux – je suis revenu récemment à Chalon pour faire un entre-deux, j’ai été super-content de revoir des gens du club. D’un autre côté, Beugnot, je ne le supportais plus, mais eux avaient besoin de lui, c’était leur coach. Donc ils m’ont laissé partir. »

Un transit à Valence et le voici au Partizan Belgrade. L’amour fou. Avec le club, son coach Duško Vujošević, ses supporters fanatiques.

« Au Partizan, je n’étais pas payé, je n’avais pas d’argent, c’est mon père qui m’en avait avancé. Je n’ai dit à personne que j’allais avoir une fille parce que tout le monde allait associer ça au fait que j’allais partir, et je ne voulais pas que les gens, les coéquipiers, pensent que j’allais lâcher. Si je n’avais pas eu de fille, je serais resté un an de plus, j’en avais besoin pour passer encore un cap. Mais je n’avais pas un rond donc j’avais besoin de partir. Je leur ai laissé tout l’argent qu’ils me devaient », dit-il également à Basket.

Joffrey est tellement fier d’avoir joué pour le club de la capitale serbe qu’il s’est fait faire un tatouage le logo du club sur le biceps.

A l’inverse, si son séjour au Khimki Moscou fut lucratif, il regrette d’être tombé dans une atmosphère si peu passionnée.

https://www.youtube.com/watch?v=pfmnarUMx7E

Le tour des popotes en NBA

En trois ans, Joffrey Lauvergne a déjà fait le tour des popotes en NBA. 83 matches à Denver, 50 à Oklahoma City, 20 à Chicago. 6,1 points et 4,0 rebonds en moyenne générale.

« La dernière fois, on en parlait avec Edwin [Jackson] et on rigolait. Sur les cinq dernières années, j’ai changé de club huit fois ! Quand on voit ça de loin, on pourrait se dire que je n’en ai rien à faire, mais ça me dérange un peu quand même ! En Europe, je changeais de clubs parce que c’étaient des étapes obligatoires, des caps à passer. Mais en NBA, c’est parce que je n’étais pas maître de mon destin, » a-t-il commenté à Basket USA.

Cet été, le CSKA et Fenerbahçe, soit les deux clubs les plus riches d’Europe se sont intéressés à son cas. Il est évident que Joffrey est le type d’intérieur absolument parfait pour le jeu FIBA. Seulement San Antonio lui a fait signe de venir et les Spurs, c’est à la fois les avantages de la ligue américaine, une équipe compétitive pour le titre avec des préceptes de jeu très européens et un coach, Gregg Popovich, au-dessus de tous soupçons, qui l’a appelé directement pour le recruter. Une grande première dans sa carrière. Il y a aussi la présence rassurante de Tony Parker. La paye sera bonne pour celui qui a longtemps vécu chichement (1 524 305$ l’année) même si pas excessive. Bref, Joffrey devrait se plaire dans le Texas. Impossible de résister.

« J’ai 25 ans et j’ai encore du temps devant moi. L’Europe, j’ai déjà fait. Et je pourrai toujours l’avoir après. Pour l’instant, je veux voir jusqu’où peut m’amener la NBA. Denver, ça ne m’avait pas vraiment plu. Chicago, ça ne m’a pas plu, même si je n’y suis resté que deux mois. Mais Chicago, je ne voulais même pas y aller car je commençais seulement à me sentir bien à Oklahoma. Ça n’a pas été parfait [avec le Thunder] mais ça me plaisait plutôt bien. Maintenant, San Antonio, c’est parmi ce qui se fait de mieux au niveau du jeu. Ils ne sont plus vraiment en finale chaque année ces deux dernières années mais ils se battent encore pour les finales de conférence. Ce n’est pas rien ! Au niveau de l’organisation, c’est le top. L’avenir nous dira si j’ai bien fait d’être patient. »

https://www.youtube.com/watch?v=splimr5zxVE

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Poste 4 ou poste 5

Le Tournoi de Toulouse aura démontré –si besoin était- que Joffrey Lauvergne est indispensable. Même si ce n’est pas un géant ou du moins un super géant.

A ce propos, quand on lui demande si c’est un grave préjudice de ne pas avoir un pivot à 2,15/2,18m, le néo Spur balaye d’un revers de main les possibles méfaits dus à l’absence de Rudy Gobert et Moustapha Fall.

« Rudy, c’est Rudy. Mous, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu jouer mais je sais que c’est un fort joueur. Dans le basket actuel, plus ça va et plus ça devient petit. Je fais 2,10m, Vincent (Poirier) est même plus grand que moi (2,13m), on n’a pas une équipe qui est petite. On verra, il y a moyen jouer différemment. »

En revanche, ce même Tournoi de Toulouse n’aura pas permis de savoir si son association avec Kevin Séraphin, temporairement blessé, est hautement performante et où se situe le périmètre de chacun.

« Si j’ai le choix je préfère jouer au poste 4, j’ai plus d’avantages physiques qu’au poste 5 mais honnêtement je m’en fiche un petit peu. »

Est-ce parce qu’il a joué dans quatre pays européens différents (France, Espagne, Serbie, Russie), qu’il n’a pas des moyens athlétiques surnaturels, ou tout autant du fait que dans ses déclarations il apparaît qu’il n’est pas obnubilé par la NBA, Joffrey Lauvergne est probablement davantage profilé pour l’Europe que pour le championnat américain.

« Le jeu est différent. Mais ça reste du basket, mettre la balle dans le panier, mettre plus de points que l’autre équipe. J’ai longtemps joué en Europe, en équipe de France et j’ai l’habitude de ces petits changements. Au niveau de la mentalité, je me sens plus à l’aise ici mais je me suis bien adapté au style de jeu NBA. Je suis content d’être en équipe de France tous les étés. »

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Propos recueillis par Cyril Camacho à Orléans.

 Photos: FFBB et BasketUSA

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