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Un grand club à Paris ? Réponse avant le 10 octobre

A l’heure où le basket sur le continent est en pleines turbulences, Alain Béral, président de la Ligue Nationale de Basket, répond aux questions que l’on peut se poser sur les rapports entre la France et l’Europe. Quelles compétitions? Pour qui? Une grande équipe de basket à Paris capable de jouer l

A l’heure où le basket sur le continent est en pleines turbulences, Alain Béral, président de la Ligue Nationale de Basket, répond aux questions que l’on peut se poser sur les rapports entre la France et l’Europe. Quelles compétitions? Pour qui? Une grande équipe de basket à Paris capable de jouer le Final Four de l’Euroleague?

Voici la deuxième partie de l’interview.

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Où en est le projet d’un club d’Euroleague à Paris ?

Ça avance bien. Il y a deux projets intéressants à Paris. Il y a le projet que j’ai proposé à des clubs car l’investisseur américain (NDLR : David Kahn) voulait s’engager avec l’objectif d’aller jusqu’en Euroleague et jusqu’au Final Four, c’est son rêve. Il n’est pas tout seul et non seulement il est bien accompagné mais il travaille pour faire un tour de table économique, pas seulement français, afin de soutenir une équipe qui est un budget d’un niveau comparable à celui des clubs qui jouent le Final Four. J’ai toujours dit et je revendique le fait –car j’ai travaillé avec les politiques parisiens- pour qu’il y ait, quand Bercy 2 va ouvrir, un club à l’intérieur. Ce club, je voudrais qu’il soit résident à Bercy 2 et qu’éventuellement, s’il a la chance de jouer l’Euroleague, qu’il puisse, comme le fait Barcelone, jouer des matches importants à Bercy 1. On ne sait pas encore exactement quelle sera la capacité de Bercy 2, 8 000, 8 500…

« Imaginons que Nanterre puisse jouer dans cette salle, que Tremblay-en-France arrive à mettre une équipe de basket dans l’aréna et qu’il y ait une équipe à Paris, ça y est, on aura enfin rejoint le TGV européen et les capitales »

C’est la moyenne de sectateurs actuellement des 16 clubs d’Euroleague ?

En dehors des playoffs, Barcelone ne joue quasiment jamais dans la grande salle mais dans l’autre (NDLR : Palau Grana, 7 585 places). Il ne faut pas me raconter d’histoire M. Bertomeu ! (sourire) Ce qui serait possible à Barcelone ne le serait pas à Paris ? Le travail de la ligue, pour des raisons économiques, de puissance, de hiérarchie, c’est qu’il y ait une grosse équipe à Paris, ce qui n’empêche pas d’avoir de grosses équipes ailleurs. Il y a un autre projet qui se met en route au Tremblay-en-France. Très bien. On a besoin de salles comme ça et notamment en banlieue parisienne. Je souhaite que ça réussisse mais ça ne s’appelle pas Paris. Je souhaite aussi que Nanterre continue de progresser car ça toujours été un club qui a amené beaucoup de fraîcheur pour la ligue, qui intéresse beaucoup de gens. Tant mieux. Il n’y a pas une saison sans qu’il ait un titre, ça prouve qu’ils sont bien accrochés. Eux pourront jouer s’ils le veulent dans l’U Arena qui aura plusieurs configurations, 10 000, 15 000 et même à 25 000 s’ils le souhaitent (NDLR : située à Nanterre, près de La Défense, l’aréna sera livrée le 30 septembre et sera inaugurée pour le sport à la fin de l’année. Le Racing 92 rugby y sera le club résident). Imaginons que Nanterre puisse jouer dans cette salle, que Tremblay-en-France arrive à mettre une équipe de basket dans l’aréna et qu’il y ait une équipe à Paris, ça y est, on aura enfin rejoint le TGV européen et les capitales. Chacun fait son travail et le mien c’est qu’il y ait des clubs qui s’appellent Paris parce que je sais que les ligues de type Euroleague sont intéressées par la marque.

Mais à la condition que ce ou ces clubs de Paris soient toujours intégrés à la LNB ?

Bien sûr. Mais on est moins à risque aujourd’hui que l’Espagne. Imaginez que l’un des clubs se détache de la ligue française pour jouer en Euroleague, ça serait une mauvaise chose. Mais en Espagne, ils sont quatre ! Les quatre plus gros. Sans eux, la ligue est à plat. S’il y en avait un qui s’en allait, nous, on en aurait encore dix-sept autres.

Le Conseil Supérieur des Sports espagnol ne peut pas ne pas réagir à cette tentative de schisme ? Ou alors il n’y a pas de puissance de l’Etat ?

Oui mais on s’aperçoit à la Commission Européenne que ce n’est pas si clair que ça. Et puis l’Euroleague, c’est en Catalogne et je ne sais pas si c’est tout à fait pareil que l’Espagne…

« Il y a un projet qui est en cours d’avancée, qui vient de plus loin que d’un club professionnel et sur lequel on devrait avoir des informations officielles avant le 10 octobre. Il s’appellera « Paris quelque chose ».

C’est David Kahn qui est venu vers vous ?

Oui. Contrairement à ce que l’on peut s’imaginer, il y a beaucoup de gens qui s’intéressent au basket français et au championnat français, qui considèrent que ce que l’on fait, c’est pas mal. Et lui, pour des raisons aussi personnelles, a voulu s’investir dans des clubs français et comme il n’y arrivait pas et que j’étais open sur le sujet, on s’est rencontré. Après avoir vérifié que c’était quelqu’un de sérieux –on a vu quelques cas dans le basket dans le passé-, je l’ai aidé à aborder des clubs. Je lui ai dit : tu veux faire quoi ? Mes objectifs, c’est ça et ça. Vu d’Amérique, la France, c’est Paris. Ils considèrent toujours que Bruxelles est une ville française… C’est très flou pour eux (sourire). Je lui ai dit que je ne savais pas ce que voulait faire les clubs, je ne suis pas acheteur dans un club, mais que je pouvais le mettre en contact avec tel et tel club et puis tu décideras et moi ça m’ira bien. Il a visité, il a vu beaucoup de matches, il est venu voir tous les événements de la ligue et il m’a dit, « j’ai décidé, je viens ! » Il a décidé de ne pas aller avec certains clubs même s’il s’est proposé de les aider comme pour le marketing parce qu’il a eu de très bons contacts. Avec certains ça n’a pas marché pour des raisons différentes parce que le club n’a pas voulu céder, parce qu’il y a eu des pressions politiques, tous les cas de figure. Et puis, il y a un projet qui est en cours d’avancée, qui vient de plus loin que d’un club professionnel et sur lequel on devrait avoir des informations officielles avant le 10 octobre. Il s’appellera « Paris quelque chose ».

Il a reçu un accueil chaleureux de la part de la municipalité puisque l’adjoint au sport de la ville, Jean-François Martins, a fait un tweet très prometteur ?

Peut-être que je l’avais bien présenté puisque c’est moi qui l’ai amené à la municipalité de Paris. En France, même s’ils n’aident pas, il faut que les politiques soient bienveillants. Je voulais que l’on soit le premier résident dans cette salle, même si elle servira à autres choses, et comme c’est la mairie de Paris qui est leader dans ce projet, forcément je suis passé par eux.

Vous avez déclaré que des clubs français seraient aujourd’hui proches de 10M€ de budget ?

Il y en a un qui s’en approche et ça fait trois à plus de huit. Il faut attendre d’avoir les chiffres précis. Je ne peux pas les citer car je n’en suis pas sûr mais si je le dis c’est que j’ai quand même quelques idées sur le sujet (NDLR : il devrait s’agir de Monaco, Strasbourg et Villeurbanne). Il y a des clubs qui ont déjà passé les 8M€ mais là, il y en a trois.

Il peut y avoir un gap entre le budget prévisionnel et le final ?

Oui, notamment ceux qui font les playoffs et vont au bout. Quand vous faites une finale en cinq manches, que vous êtes plein trois fois à domicile, c’est autre chose.

Une loi importante a été votée au sénat pour le sport avec plusieurs volets dont l’un pour favoriser la compétitivité en Europe des clubs professionnels. Y a-t-il déjà des effets ?

C’est un volet qui fait partie de la proposition de loi qui découle de la Conférence sur le sport organisé par Thierry Braillard (NDLR : Secrétaire d’Etat chargé des Sports jusqu’en mai dernier) et auquel on a participé. Effectivement, il y a une disposition sur le DIC. Deux problèmes, peut-être. Premièrement, de mémoire, le décret d’application n’a pas été signé pour l’instant même si ça été signé à l’unanimité par le Sénat et l’Assemblée. On attend. Deuxièmement, il va y avoir la position du nouveau gouvernement sur le sport professionnel. On entend des choses sur la volonté de réforme profonde de l’organisation du sport français et des relations ligues-fédérations mais aussi du sport co français. Ce ne sont pas des intentions, ce sont des idées. Dans ce cadre-là, l’association des ligues à laquelle évidemment nous participons, se met en route pour pouvoir comprendre ce que veut le gouvernement et expliquer ce que veulent les clubs professionnels français. La fédération fait de même. Ça peut aboutir à des choses complètement différentes de celles qui ont été évoquées par l’autre gouvernement qui avait d’autres idées sur le sujet. Pour revenir à la proposition de loi, comme ça été voté à l’unanimité, il n’y a pas de raisons qu’il n’y ait pas de décret et on attend la suite.

Le problème des double nationalités que l’on vit au championnat d’Europe existe aussi dans le championnat de France avec notamment des Américains qui ont des passeports des Pays de l’Est. Une fois que l’on en a fait le constat, que l’on s’élève moralement contre ce phénomène, que peut-on faire ?

C’est un peu comme la position contre les fenêtres. Nous, on est très légalistes donc quand c’est légal, on applique, mais on crie assez fort pour qu’on nous entende. Les fenêtres ont été votées par la fédération internationale, on applique. Mais pas contre, on les combat, vue des ligues et aussi des fédérations, c’est une bêtise monumentale. On continue de le dire car si on s’arrête de le dire, ça ne sera plus un problème. Mais on appliquera. Pour ce qui est des nationalités des joueurs, c’est pareil. L’Europe n’est pas suffisamment unie pour être d’accord sur ce type de problème. On sait très bien qu’un joueur américain peut trouver en quelques heures un passeport dans un pays de l’Est de l’Europe. On peut toujours dire que ce n’est pas normal, personne ne peut attaquer un club ou une fédération parce qu’ils le font. Donc il faut continuer à expliquer que l’on a un vrai problème avec ça et que les gouvernants le prennent en charge. Il y a des choses que notre ancien secrétaire d’Etat au sport avait pris en mains pour les JFL ; il est allé se battre auprès de la Commission Européenne pour pouvoir les faire passer. Il a été mieux entendu que nous. Ce sont des choses qui ne peuvent passer que par la politique. Et notre organisation à nous applique les lois qu’on nous impose et on continue à dire « il faut que la loi change ».

Depuis deux ans, plusieurs joueurs majeurs du championnat sont partis à l’étranger. Le cas de Frank Ntilikina étant bien entendu différent de celui d’un joueur mature comme Andrew Abicy qui est parti en Andorre. Tout ceci est lié avec la non-présence de clubs français en Euroleague. Quand pourra-t-on reconquérir nos meilleurs joueurs ?

On ne parle pas de la NBA. C’est normal que les joueurs s’y précipitent et pour nous, c’est une vitrine car c’est le meilleur championnat mondial, du moins pour l’instant. Il y en aura peut-être un autre un jour…

« Quand on interviewe ces joueurs en tête à tête, ils disent qu’ils aimeraient rester en France. Ils ne partent pas, même pas en Espagne, par plaisir »

Le chinois ?

C’est à celui-là que je pensais. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ce qu’on peut dire aux joueurs, c’est « merci d’être passé chez nous, rappelez-vous d’où vous venez et venez nous voir quand vous voulez. » Et on s’aperçoit aujourd’hui qu’ils n’oublient pas les clubs dans lesquels ils ont été formés. Et les meilleurs d’entre-eux s’impliquent, c’est bien. On parle des joueurs qui partent dans les autres ligues européennes. Quand on interviewe ces joueurs en tête à tête, ils disent qu’ils aimeraient rester en France. Ils ne partent pas, même pas en Espagne, par plaisir. Mais comme ce sont des joueurs professionnels et qu’ils ont une carrière courte, ils savent qu’ils peuvent avoir beaucoup plus d’argent et jouer dans un championnat intéressant. Toutes les cases sont cochées. Un peu comme le foot. Ils ont le même problème que nous. Ils ont aujourd’hui une équipe, sûr, et peut-être deux autres, qui sont capables d’empêcher les joueurs qui ont été formés chez nous, d’aller à l’étranger. Ils leur offrent le meilleur du championnat français, le meilleur du championnat européen, et puis une situation financière qui est saine. J’ai le regret de vous dire que la seule solution pour nous, c’est de faire pareil. Il faut que l’on ait des clubs français qui soient en situation économique capables de proposer à des joueurs de rester chez nous pour un prix similaire même si on sait que l’on a toujours des problèmes avec les charges sociales que n’ont pas les autres. On en parle beaucoup avec les présidents de ça. Ça ne sera possible que si une ou plusieurs équipes dépassent les 10M€ de budget.

Les présidents de club voient-ils d’un bon œil l’éclosion de clubs à Paris qui seraient fortement concurrentiels sur le plan national ?

Evidemment, il y a deux hypothèses. Il y a le président qui pense à son club, il est là pour ça. Il sait que pour que son club vive mieux, c’est quand même mieux d’avoir comme dans le foot le PSG car les autres clubs en profitent aussi. Quand bien sûr le PSG se déplace mais aussi quelques-uns des meilleurs joueurs restent en France. Ça contribue aussi à l’image du foot français et donc au niveau des droits de télévision et des sponsors vers la ligue. Il n’y a pas qu’un club qui en profite, tout le monde en profite. Oui, il est important pour tous les clubs qu’il y ait des clubs phare qui puissent tirer vers le haut.

Les trois autres sports collectifs majeurs en France : foot, rugby et hand ont décollé à partir du moment où un club majeur s’est installé dans la capitale ?

Je ne parle pas du handball qui est très européen et le rugby très sud ouest et dans les compétitions européennes, il n’y a pas la même résistance que dans le basket. Pour le rugby, le pays principal, c’est la France. C’est l’économie la plus forte de toutes les ligues mondiales, ils accueillent tout le monde. Ils n’ont pas le problème de garder les meilleurs joueurs français puisque tous les joueurs mondiaux veulent venir en France. La reconquête du foot grâce à quelques clubs est remarquable. Les affluences sont en train d’augmenter, ça veut dire que tout le monde en profite. C’est une ambiance générale qui change. Donc je confirme que c’est une volonté de la ligue de d’aider à ce que les joueurs français restent en France et que les meilleurs jouent dans les meilleurs clubs français.

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Où en est le projet d’un club d’Euroleague à Paris ?

Ça avance bien. Il y a deux projets intéressants à Paris. Il y a le projet que j’ai proposé à des clubs car l’investisseur américain (NDLR : David Kahn) voulait s’engager avec l’objectif d’aller jusqu’en Euroleague et jusqu’au Final Four, c’est son rêve. Il n’est pas tout seul et non seulement il est bien accompagné mais il travaille pour faire un tour de table économique, pas seulement français, afin de soutenir une équipe qui est un budget d’un niveau comparable à celui des clubs qui jouent le Final Four. J’ai toujours dit et je revendique le fait –car j’ai travaillé avec les politiques parisiens- pour qu’il y ait, quand Bercy 2 va ouvrir, un club à l’intérieur. Ce club, je voudrais qu’il soit résident à Bercy 2 et qu’éventuellement, s’il a la chance de jouer l’Euroleague, qu’il puisse, comme le fait Barcelone, jouer des matches importants à Bercy 1. On ne sait pas encore exactement quelle sera la capacité de Bercy 2, 8 000, 8 500…

« Imaginons que Nanterre puisse jouer dans cette salle, que Tremblay-en-France arrive à mettre une équipe de basket dans l’aréna et qu’il y ait une équipe à Paris, ça y est, on aura enfin rejoint le TGV européen et les capitales »

C’est la moyenne de sectateurs actuellement des 16 clubs d’Euroleague ?

En dehors des playoffs, Barcelone ne joue quasiment jamais dans la grande salle mais dans l’autre (NDLR : Palau Grana, 7 585 places). Il ne faut pas me raconter d’histoire M. Bertomeu ! (sourire) Ce qui serait possible à Barcelone ne le serait pas à Paris ? Le travail de la ligue, pour des raisons économiques, de puissance, de hiérarchie, c’est qu’il y ait une grosse équipe à Paris, ce qui n’empêche pas d’avoir de grosses équipes ailleurs. Il y a un autre projet qui se met en route au Tremblay-en-France. Très bien. On a besoin de salles comme ça et notamment en banlieue parisienne. Je souhaite que ça réussisse mais ça ne s’appelle pas Paris. Je souhaite aussi que Nanterre continue de progresser car ça toujours été un club qui a amené beaucoup de fraîcheur pour la ligue, qui intéresse beaucoup de gens. Tant mieux. Il n’y a pas une saison sans qu’il ait un titre, ça prouve qu’ils sont bien accrochés. Eux pourront jouer s’ils le veulent dans l’U Arena qui aura plusieurs configurations, 10 000, 15 000 et même à 25 000 s’ils le souhaitent (NDLR : située à Nanterre, près de La Défense, l’aréna sera livrée le 30 septembre et sera inaugurée pour le sport à la fin de l’année. Le Racing 92 rugby y sera le club résident). Imaginons que Nanterre puisse jouer dans cette salle, que Tremblay-en-France arrive à mettre une équipe de basket dans l’aréna et qu’il y ait une équipe à Paris, ça y est, on aura enfin rejoint le TGV européen et les capitales. Chacun fait son travail et le mien c’est qu’il y ait des clubs qui s’appellent Paris parce que je sais que les ligues de type Euroleague sont intéressées par la marque.

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Photos: David Kahn (Minnesota Timberwolves) et Thomas Heurtel (FC Barcelone)

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