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Hervé Coudray (coach Caen et U19) : « Les Espagnols développent du vice que l’on n’a pas forcément dans le championnat espoir »

Comme coach du Caen BC en Pro B, de l’équipe de France U19 à la dernière Coupe du Monde et ancien de l’USO Mondeville du temps de l’Euroleague, de Valenciennes et de l’équipe nationale du Mali, Hervé Coudray porte un regard pluriel sur le basket. Voici la deuxième partie de l’interview.

Comme coach du Caen BC en Pro B, de l’équipe de France U19 à la dernière Coupe du Monde et ancien de l’USO Mondeville du temps de l’Euroleague, de Valenciennes et de l’équipe nationale du Mali, Hervé Coudray porte un regard pluriel sur le basket.

Voici la deuxième partie de l’interview.

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Vous êtes-vous servi de ce que vous connaissiez des structures, des exigences, d’un club d’Euroleague, à Mondeville, lors de votre arrivée à Caen qui était en Nationale 2 ?

Indéniablement. Je suis arrivé dans un club de N2 mais j’ai eu la chance d’avoir dix joueurs professionnels. En fait, je n’ai pas changé de rythme d’entraînement d’Euroleague que j’avais avec les filles quand j’ai pris les garçons en N2. On a réussi à avoir deux entraînements par jour avec tout le monde, ce qui nous a permis de nous structurer avec un peu d’avance comme si on était en Nationale 1. Et même si on n’est pas monté en première année, on avait énormément structuré le club en matière d’entraînement et aussi de logistique et d’accueil des partenaires. Il est certain que ce que j’ai vécu à Valenciennes et Mondeville m’a aidé.

A l’inverse, la Pro B est-il un univers différent de ce que vous aviez connu chez les filles ou dans les divisions masculines inférieures ?

Même déjà la Nationale 1 garçons et je ne parle pas que de l’intensité et les qualités athlétiques. Je parle aussi du basket où on peut aller plus loin sur certains détails techniques, alors que chez les filles on peut aller plus loin au niveau tactique. En Nationale 1 et en Pro B encore plus, le détail fait la différence. Je l’ai vu sur les matches de Leaders Cup, à la moindre erreur vous êtes sanctionné alors qu’en filles, ce n’est pas forcément le cas.

La principale différence entre la N1 et la Pro B, c’est le nombre d’étrangers, d’Américains ?

Si on y regarde de loin mais c’est la dimension athlétique qui est très différente et la capacité d’avoir plus de joueurs à être dangereux à la périphérie. En Nationale 1, vous pouvez donner des aides plus facilement et sans être sanctionné car le joueur à la périphérie n’est pas forcément dangereux à trois-points. En Pro B, à plus forte raison quand vous venez de jouer Orléans, quand vous n’êtes pas forcément juste dans vos aides défensives, si vous traînez un peu, vous êtes sanctionnez par (Kyle) McAlarney ou (Marcellus) Sommerville ou d’autres joueurs qui shootent à trois-points.

McAlarney et Sommerville, ce sont carrément des joueurs de Pro A.

Oui. C’est bien de les avoir joué car ça nous a tiré vers le haut et si c’est un peu mieux que de la Pro B, tant mieux.

https://www.youtube.com/watch?v=-pKnX1gNiPk

« On est déjà monté de Nationale 2 en Pro B en quatre saisons et il faut déjà montrer que l’on est capable de se maintenir »

Le Caen BC a-t-il les clés en mains pour redevenir un club de Pro A ?

Tant qu’il n’y aura pas un palais des sports conforme aux standards de Pro A, ça sera difficile de trouver le budget qui permet d’y être. On sait qu’entre un budget de Pro B et un budget de Pro A pour se maintenir, il faut en gros le doubler. Avec le palais des sports actuel nos capacités sont limitées. On n’a pas les clés tout de suite et il ne faut pas vouloir aller trop vite non plus. Il y a des clubs qui se sont grillés en voulant monter trop vite. Là on est déjà monté de Nationale 2 en Pro B en quatre saisons et il faut déjà montrer que l’on est capable de se maintenir.

En janvier dernier, vous avez eu un mauvais réflexe en donnant un coup d’épaule à Julien Delmas de Souffelweyersheim. Avec les réseaux sociaux, ce mauvais geste vous poursuit-il encore aujourd’hui ?

Non seulement ça m’a poursuivi mais encore aujourd’hui, il suffit de taper « Hervé Coudray » sur Internet et la première image que vous avez ça doit être ça (NDLR : confirmé). C’est une image que je regrette, c’est aussi l’image d’un passionné et quand je regarde la vidéo j’ai du mal à comprendre que j’ai pu avoir ce geste-là. Je n’ai pas le sentiment que c’était un geste méchant sur le moment et quand je vois la vidéo, je vois autre chose. J’ai été sanctionné, j’ai le sentiment d’avoir payé le prix. Ça aurait pu être dangereux pour le club puisqu’on n’était pas sûr de monter à cette époque-là et le fait que je ne puisse pas coacher aurait pu être préjudiciable.

Il y a quelques années, ce genre d’incident serait passé inaperçu. Cela aurait fait quelques lignes dans les « feuilles vertes » du bulletin fédéral. Seulement aujourd’hui avec les réseaux sociaux, tout est démultiplié. Et ce n’était que de la Nationale 1 ?

Et encore une fois, les images c’est moi qui les ai données. C’était la caméra du club qui les avait pris. Si j’avais été persuadé que j’avais fait un truc pas clair, il aurait suffi que je dise « la caméra n’a pas fonctionné » et personne n’aurait rien pu dire, cela aurait été juste des paroles et pas d’images. La preuve aussi, les arbitres n’avaient rien sifflé, pas de technique ou de chose comme ça.

Vous étiez le coach des U19 cet été lors du championnat du monde au Caire. Vous étiez frustré de ne pas avoir Frank Ntilikina, Seikou Doumbouya et Ivan Février ?

Ivan était avec les U18, Frank en NBA et au départ Seikou était prévu avec les U20 et il s’est blessé au pied lors d’un workout aux Etats-Unis et il n’a fait aucune campagne. Il avait fait une partie de la prépa avec nous en février et la fédération avait fait le choix de répartir un peu les forces pour assurer les résultats des championnats d’Europe qui étaient prioritaires. Dans un championnat d’Europe, il y a le risque de descendre d’une division. Comme Killian Tillie venait avec moi, on s’était mis d’accord pour qu’il y ait une équipe de moins de 20 ans qui ne soit pas trop affaiblie. Ce n’était pas non plus le souhait de la fédération et de son agent que Seikou fasse deux campagnes, et il est jeune (NDLR : 16 ans). Finalement, même sans Seikou ils ont fait une médaille.

« Rowan Barrett est un leader, un energizer »

En quart, vous n’avez été qu’à 6 points du Canada (67-73), qui finalement est devenu champion du Monde ?

On est dans le match. Il y a deux ou trois actions où l’on est à -2 en deuxième mi-temps et on a les ballons pour revenir à égalité ou passer devant. On les négocie mal. On perd de seulement six points en lâchant, il me semble, 12 lancers-francs. Le Canada gagne de 6 contre nous, de 12 contre les Etats-Unis et une vingtaine de points en finale contre l’Italie. On avait peut-être l’équipe qui pouvait les embêter le plus.

Ils ont réussi à vaincre le complexe psychologique contre les Américains ?

Je pense aussi qu’ils sont arrivés avec une super dynamique. On les avait battus en préparation à une semaine du championnat du monde et le fait de nous battre pour eux après ce n’était que du bonus. Je pense que Rowan Barrett avait envie de montrer qu’il était capable d’emmener son équipe par-dessus les Américains (NDLR : 38 points, 13 rebonds, 40 d’évaluation).

C’est vraiment un phénomène ?

Ah ! oui. Plus qu’un basketteur, il a été un leader. Il a des qualités techniques qui sont fortes, des qualités physiques impressionnantes et c’est aussi un leader, un energizer. Il a emmené toute son équipe avec lui. Un joueur comme (Abu) Kigab, qui a été dans le cinq idéal du championnat du monde, il l’a bonifié. L’équipe du Canada était parfaitement organisée, chacun jouait sa partition, en jouant avec beaucoup de polyvalence.

Après ses problèmes physiques, Killian Tillie a-t-il retrouvé tous ses moyens ?

En fait, on peut comparer les deux joueurs qui étaient devenus les deux leaders de l’équipe, Bathiste Tchouaffé et Killian Tillie. Ce sont deux excellents joueurs sauf qu’ils étaient tous les deux dans un contexte où l’un comme rookie à Gonzaga et l’autre qui était 9ou 10e joueur à Nanterre en Pro A avaient peu de responsabilités. Ils ont dû reprendre des responsabilités qu’ils avaient en U18 et ils ont eu une préparation un peu en demi-teinte. Il a fallu qu’ils reprennent ces habitudes-là. Killian a eu la bonne idée de le faire pendant le championnat du monde. Si on regarde ses stats en préparation et durant le championnat du monde, c’était en-deca de ce que l’on attend. Par contre, il fait par exemple un match énorme contre le Canada (22 points et 17 rebonds), il était redevenu le leader que l’on espérait. Bathiste a eu plus de mal, il l’a fait de manière irrégulière. Il l’a fait sur la première mi-temps contre l’Argentine où là il a été le leader, le shooteur dont on avait besoin et aussi sur la fin puisque le dernier match contre l’Argentine, il a scoré un panier à trois-points et des lancers-francs importants, ce qui nous a permis de nous classer 7e.

« Enzo Goudou-Sinha avait de grosses responsabilités en espoirs et ça lui a servi au championnat du monde »

Comme vous le disiez, les U19 viennent d’horizons différents. Killian Tillie est en NCAA, certains sont déjà en pros, d’autres simplement en espoirs où ils ont des responsabilités mais à plus petit niveau ?

Oui mais, par exemple, dans les satisfactions de ce championnat du monde, il y a Enzo Goudou-Sinha qui faisait sa première campagne en équipe de France et qui n’avait jamais joué en Pro A ou Pro B puisqu’il était avec les espoirs de Nancy et avec de grosses responsabilités en tant que meneur de jeu. Comme quoi il n’y a pas qu’une voie pour arriver au plus haut niveau. Il faut être au bon endroit, au bon moment. Enzo y était à Nancy, il avait de grosses responsabilités en espoirs et ça lui a servi au championnat du monde.

C’est souvent là qu’il y a le blocage en France entre les catégories de jeunes et le monde professionnelle. Pourquoi ?

C’est difficile de répondre à la question. Je regardais les Espagnols au championnat du monde qui jouent dans deux catégories d’âge : leur catégorie d’âge et aussi dans des catégories séniors. Ainsi les Espagnols développent du vice que l’on n’a pas forcément dans le championnat espoir. Et ça je le vis tous les jours aux entraînements avec Bastien Vautier, qui était un joueur intéressant à Nancy et des championnats du monde. Quand il arrive en Pro B, il est trop gentil. Il se laisse un peu marcher dessus alors qu’il faut développer ce vice. Il va le développer progressivement aux entraînements et aux matches mais le fait, comme en Espagne, d’avoir une compétition qui permettrait d’être confronté plus tôt à des adultes, à des joueurs professionnels, développerait cette expérience, avoir un jeu plus physique et pas uniquement bien léché techniquement et tactiquement.

Alors, Bastien Vautier pourra t-il s’exprimer dès cette année en Pro B ?

Je vais essayer de faire en sorte que ce soit ça. C’est quelqu’un qui est attachant, qui est un gros bosseur et il mérite d’être récompensé. Même si le championnat de Pro B pour quelqu’un qui fait 2,10m ce n’est pas le plus simple. Il n’y a pas beaucoup de joueurs de sa taille dans les autres équipes et il va être obligé de travailler face à des adversaires de 2,00 -2,05m mais plus athlétiques, plus rapides que lui.

En fait, il faut bien choisir son club, avec le bon niveau, le bon coach, les bons équipiers…

C’est ça. Ça serait trop facile de dire, il faut être à tel niveau. Bastien, par exemple, il a d’autres partenaires intérieurs qui ne sont pas dans le même registre que lui. Ils sont plutôt petits et athlétiques, ce qui peut lui permettre de ne pas être en grosse concurrence sur le même poste de jeu. A certains moments, on aura besoin d’un point de fixation, de plus de taille et de physique près du cercle et ça peut lui donner sa chance et de participer à sa formation.

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Vous êtes-vous servi de ce que vous connaissiez des structures, des exigences, d’un club d’Euroleague, à Mondeville, lors de votre arrivée à Caen qui était en Nationale 2 ?

Indéniablement. Je suis arrivé dans un club de N2 mais j’ai eu la chance d’avoir dix joueurs professionnels. En fait, je n’ai pas changé de rythme d’entraînement d’Euroleague que j’avais avec les filles quand j’ai pris les garçons en N2. On a réussi à avoir deux entraînements par jour avec tout le monde, ce qui nous a permis de nous structurer avec un peu d’avance comme si on était en Nationale 1. Et même si on n’est pas monté en première année, on avait énormément structuré le club en matière d’entraînement et aussi de logistique et d’accueil des partenaires. Il est certain que ce que j’ai vécu à Valenciennes et Mondeville m’a aidé.

A l’inverse, la Pro B est-il un univers différent de ce que vous aviez connu chez les filles ou dans les divisions masculines inférieures ?

Même déjà la Nationale 1 garçons et je ne parle pas que de l’intensité et les qualités athlétiques. Je parle aussi du basket où on peut aller plus loin sur certains détails techniques, alors que chez les filles on peut aller plus loin au niveau tactique. En Nationale 1 et en Pro B encore plus, le détail fait la différence. Je l’ai vu sur les matches de Leaders Cup, à la moindre erreur vous êtes sanctionné alors qu’en filles, ce n’est pas forcément le cas.

La principale différence entre la N1 et la Pro B, c’est le nombre d’étrangers, d’Américains ?

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Photo: FIBA

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