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Le club des internationaux, un lien entre les générations

A 45 ans, Isabelle Fijalkowski, qui possède l’un des plus beaux palmarès du basket français, est présidente du Club des Internationaux qui fait un lien entre les différentes générations.

A 45 ans, Isabelle Fijalkowski, qui possède l’un des plus beaux palmarès du basket français, est présidente du Club des Internationaux qui fait un lien entre les différentes générations.

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« J’ai commencé à jouer à 16 ans en première division et j’y ai joué 14 ans, pas uniquement en France, aussi en NCAA, en WNBA et en Italie. A 30 ans, pour moi j’avais fait le tour : les JO (NDLR : de Sydney), ce qui était inespéré par rapport au niveau que l’on avait vingt ans auparavant. C’était la première fois pour l’équipe de France (NDLR : le basket n’a été introduit aux Jeux Olympiques pour les femmes qu’à Montréal en 1976). On a été championnes d’Europe, c’était la première fois, c’était génial. J’avais été championne de France, j’avais gagné l’Euroleague. Je me suis dit : « qu’est ce qui m’attire ? » Et en fait, ce qui m’attirait c’était de faire autre chose. Je suis rendu compte que quand tu es une joueuse, à partir du moment où on est plus performante, on n’a pas le respect des coaches, du milieu en général. On est « fini » et j’avais ressenti ça suite aux JO. J’avais passé une saison assez difficile et les gens ne te considèrent pas comme une personne, ils t’utilisent pour leur propre intérêt. Et quand ils ne peuvent plus t’utiliser, ils ne te considèrent plus. Ça m’a alerté et je me suis dit « pour qui je vais faire l’effort si je n’ai plus d’objectif ? Qu’est-ce qui me donne envie ? Quel club, quel entraîneur, quelle fédération ? Pour qui j’ai envie de le faire ? Je me suis dit, « pour personne ». Et que si j’avais envie de le faire c’était pour moi et comme j’en avais fait le tour, j’avais envie de faire autre chose. J’avais planifié que cette année-là serait la dernière (NDLR : pour sa dernière saison, 2001-02, Isabelle gagna l’Euroleague avec Valenciennes).

J’étais jeune, donc le fait de vouloir des enfants n’a pas joué. Je voulais juste être autre chose qu’une joueuse car je trouvais ça super réducteur. Quand j’étais jeune, je voulais apprendre, être meilleure, or là je savais que physiquement ça allait être de plus en plus difficile. J’avais un projet : je voulais devenir cadre technique, entraîner des jeunes dans une structure de formation qui leur permet de se développer, aider comme on m’a aidé. Avant 16 ans, avant 18 ans, des années décisives pour moi, j’ai été au bon endroit au bon moment avec une structure fédérale qui m’a permis de me développer, de rêver à faire du haut niveau.

Isabelle Fijalkowski,Dominique Tonnerre et Loëtitia Moussard
« Coach en ligue féminine, c’est quelque chose qui m’intéresserait mais il faut avoir des opportunités »

Il a fallu que j’apprenne le métier d’entraîneur. Je suis aujourd’hui CTR d’Auvergne/Rhône-Alpes même si on n’a pas encore fusionné et réorganisé, je suis encore en fait sur le secteur de l’Auvergne. J’ai commencé en équipe de France jeunes il y a trois ans, c’était une étape importante pour moi, à partir du moment où mes enfants étaient un peu plus grands, donc c’est plus gérable de partir l’été. J’ai commencé comme assistante avec les U18, on a été médaillés d’argent avec Jérôme Fournier comme coach. On est passé avec les U20 l’année dernière et cette année on a fait les A’, on a été médaillé d’or aux Jeux de la Francophonie. Jérôme a pris les équipes, j’ai suivi car je voulais travailler avec lui. J’ai envie de progresser.

Coach en ligue féminine, c’est quelque chose qui m’intéresserait mais il faut avoir des opportunités. S’il y avait une équipe en Nationale dans ma région pour commencer à entraîner des séniors, en N3, N2, N1, Ligue 2, ça m’aurait bien intéressé mais il n’y en a pas. Le Stade Clermontois a déposé le bilan, si bien qu’il ne reste plus que deux équipes en N3. Il n’y a pas de projets dynamiques et structurants et on n’a pas fait forcément appel à moi. Du coup, j’entraîne ma fille (rires). Ce n’est pas pareil.

« Même si ce sont des époques différentes, on vit la même chose. C’est super enrichissant de savoir d’où on vient »

Une fois que l’on arrête sa carrière de joueuse on se rend compte que l’on ne fait plus partie de la maison et que l’on n’a plus trop l’opportunité de revoir les joueuses que l’on a côtoyé et avec qui on a vécu des moments incroyables. J’avais fait le tour de toutes les joueuses de 2001 (NDLR : championne d’Europe) pour savoir si elles étaient intéressées si on organisait des moments pour se revoir, pour s’entraider. Rien ne se faisait. Il y a eu une adhésion de toutes. J’allais devenir cadre technique, j’allais avoir un peu de temps, je n’avais pas encore d’enfants. Pratiquement au même moment où j’étais dans cette réflexion s’est créée l’Académie du basket avec Gérard Bosc qui a constitué son jury avec Jacky Chazalon et Christian Baltzer entre autres. On se rencontre au VIP d’un All-Star Game ou d’une finale de Coupes de France. J’avais très peu côtoyé Jacky durant la ma carrière, je ne la connaissais pas. On commence à discuter et elle me dit qu’avec Christian, Max Dorigo, etc, elle aimerait faire repartir l’Amicale des Internationaux. Je leur demande en quoi ça consiste. C’était en sommeil depuis 1975 donc à l’époque depuis trente ans. Je leur ai répondu que ça correspondait à une envie de retrouver des moments autour du basket. Quand on voulait voir des matches, il fallait demander des invitations à la fédération, ce n’était pas évident. Il fallait trouver un moyen pour être invité à chaque manifestation de la fédé, qu’on s’entraide, que l’on créé le lien avec les générations.

On est parti, j’étais la petite jeune qui suivait les grands. On a défini nos missions qui avait aussi rapport avec comment partager l’histoire du basket. On pensait qu’il y avait des choses qui pouvaient être faites et qui ne pouvaient pas être faites par la fédération. Faire des remises de maillots, voir et soutenir les jeunes, garder le lien avec les joueurs actuels, les anciens, leur faire sentir qu’ils sont toujours les bienvenus. Et bien sûr le plaisir de se retrouver, les garçons, les filles. Ce que j’ai découvert, c’est que, quelque soit l’âge des internationaux, rencontrés à table ou aux matches, on parle le même langage. On se raconte nos histoires avec passion. Même si ce sont des époques différentes, on vit la même chose. C’est super enrichissant de savoir d’où on vient.

Florent Pietrus le jour de ses 200 sélections
« Par exemple actuellement on aide Jim Bilba à y voir plus clair, à l’orienter. Il faut partager nos réseaux pour que les gens se sentent bien aussi une fois qu’ils ont arrêté de jouer »

On a en moyenne cent-cinquante adhérents sur 600 internationaux sachant bien sûr qu’il y a des gens qui sont décédés. Il faut avoir porté une fois le maillot. Au départ c’était équipe de France A et maintenant c’est ouvert aux personnes qui ont envie de s’investir, de nous soutenir et qui ont porté le maillot de l’équipe de France A’, militaires, jeunes. Des gens qui ont simplement envie de renouer avec le milieu. Certains sont partis pendant longtemps et c’est une opportunité pour revoir des matches de basket, retrouver des gens qu’ils n’ont pas forcément côtoyé mais pour échanger sur des sujets communs. Notre doyen c’est Jacques Dessemes* qui a 92 ans. Parmi les nouveaux il y a Olivier Epoupa, on a des très jeunes car on propose un accompagnement sur leur avenir, on a une commission reconversion, Endy Miyem, Sandrine Gruda, Helena Ciak, Amel Bouderra. On a je pense la moitié de l’équipe de France. Chez les garçons, il y a Boris Diaw, Nando De Colo, Antoine Diot, Joffrey Lauvergne. Il y a des coaches, Vincent Collet, Valérie Garnier, Alain Jardel, Jacky Commères, Jean Galle, Jean Luent… La cotisation est de 35 euros.

Dès le début on ne voulait pas que ça soit un truc d’anciens et c’est pour être plus lisible que nous avons changé de nom en passant d’Amicale au Club des Internationaux. On voulait vraiment apporter notre expérience et partager. On estimait que connaître son histoire c’est important. L’histoire vivante. Pas juste des bouquins. Ce que l’on a vécu il faut le perpétuer pour que quelque part l’équipe de France soit performante. La base, c’est un jeu d’équipe. Ce n’est pas juste pour se retrouver entre nous. C’est pour s’entraider car on sait que c’est très difficile quand on arrête de jouer. Les joueurs sont peut-être partis du milieu mais ils sont dans tous les domaines d’activité, on a des relais. Par exemple actuellement on aide Jim Bilba à y voir plus clair, à l’orienter. Il faut partager nos réseaux pour que les gens se sentent bien aussi une fois qu’ils ont arrêté de jouer.

On est invité aux finales des Coupes de France, à l’Open féminin, sur les matches des équipes de France, de préparation et sur les fenêtres internationales. On a un quota de places VIP et les gens peuvent venir au grès de la géographie et des disponibilités.

C’est ma troisième année de présidente. C’était Christian Baltzer qui a été le président les quatre premières années et ensuite c’était Jacky Chazalon. L’idée c’est que les membres du bureau y soit chacun à leur tour. On veut continuer sur ce que l’on a fait, les cartes, les vidéos, être en relation avec la fédération pour faire bouger un peu les choses. Aujourd’hui, il y a des remises de prix régulières qui n’existaient pas avant. Quand un joueur ou une joueuse passe les 100 sélections, la fédération marque le coup. Il y a des hommages sur les fins de carrière, on remet le trophée du club. Pour ceux à qui on n’a pas fêté la fin de carrière, on le fait a posteriori. Des ballons de cristal ont été remis à Jean-Michel Sénégal, Hervé Dubuisson ou moi. Quand j’ai arrêté, la ligue avait organisé une petite célébration la saison d’après, c’était appréciable, mais pas la fédération. Ce n’était pas dans leurs remises de prix. Et l’idée ce n’est de faire des hommages lors d’une assemblée générale mais devant le public. Ça nous semblait plus porteur. »

*76 sélections entre 1948 et 56. Médaillé d’argent à l’Euro de 1949, bronze en 1951 et 1953. Meilleur marqueur du championnat de France en 1950, 51 et 53.

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« J’ai commencé à jouer à 16 ans en première division et j’y ai joué 14 ans, pas uniquement en France, aussi en NCAA, en WNBA et en Italie. A 30 ans, pour moi j’avais fait le tour : les JO (NDLR : de Sydney), ce qui était inespéré par rapport au niveau que l’on avait vingt ans auparavant. C’était la première fois pour l’équipe de France (NDLR : le basket n’a été introduit aux Jeux Olympiques pour les femmes qu’à Montréal en 1976). On a été championnes d’Europe, c’était la première fois, c’était génial. J’avais été championne de France, j’avais gagné l’Euroleague. Je me suis dit : « qu’est ce qui m’attire ? » Et en fait, ce qui m’attirait c’était de faire autre chose. Je suis rendu compte que quand tu es une joueuse, à partir du moment où on est plus performante, on n’a pas le respect des coaches, du milieu en général. On est « fini » et j’avais ressenti ça suite aux JO. J’avais passé une saison assez difficile et les gens ne te considèrent pas comme une personne, ils t’utilisent pour leur propre intérêt. Et quand ils ne peuvent plus t’utiliser, ils ne te considèrent plus. Ça m’a alerté et je me suis dit « pour qui je vais faire l’effort si je n’ai plus d’objectif ? Qu’est-ce qui me donne envie ? Quel club, quel entraîneur, quelle fédération ? Pour qui j’ai envie de le faire ? Je me suis dit, « pour personne ». Et que si j’avais envie de le faire c’était pour moi et comme j’en avais fait le tour, j’avais envie de faire autre chose. J’avais planifié que cette année-là serait la dernière (NDLR : pour sa dernière saison, 2001-02, Isabelle gagna l’Euroleague avec Valenciennes).

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Photo: FFBB et Club des Internationaux

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