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Interview Amath M’Baye : « A l’époque, le Japon m’a paru être le meilleur choix. »

Amath M’Baye (27 ans, 2,06m) est arrivé à Milan cet été et découvre l’Euroleague avec la formation lombarde. Avant cela, le natif de Bordeaux est passé par la NCAA et à lancé sa carrière au Japon avant d’atterrir à Brindisi, en Italie, trois ans après. Rencontre avec ce Français au parcours atypique

Amath M’Baye (27 ans, 2,06m) est arrivé à Milan cet été et découvre l’Euroleague avec la formation lombarde. Avant cela, le natif de Bordeaux est passé par la NCAA et à lancé sa carrière au Japon avant d’atterrir à Brindisi, en Italie, trois ans après. Rencontre avec ce Français au parcours atypique qui est en train de se faire une place en Europe.

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Comment se passe votre saison avec Milan ?

C’est un début de saison un peu difficile, ça fait partie du sport. Je pense qu’on comprend tous ça, qu’on veut rester ensemble et trouver des solutions. J’ai dû faire des ajustements en venant ici, mais c’est intéressant. Je pense que c’est un privilège de pouvoir jouer à ce niveau.

C’est compliqué en Euroleague, mais le début de championnat se passe bien.

Oui c’est sûr ! Je pense que pour toutes les équipes d’Euroleague le championnat ça compte, c’est très important, mais le plus important c’est de faire des bonnes performances en Euroleague.

Vous avez bien commencé en remportant la Supercoupe, comment vous sentez-vous dans l’équipe ?

Mon rôle est vraiment très différent de tout ce que j’ai pu connaître avant donc j’ai besoin de faire des ajustements. J’essaye de jouer le mieux possible, de fournir et de contribuer comme je peux en étant dans le rôle que le coach et le club me donnent.

Justement, en quoi votre rôle est différent cette saison ?

Avant j’avais beaucoup, beaucoup plus de ballons et je jouais beaucoup plus. Maintenant c’est différent. Je suis plus là pour la défense, pour shooter à trois points quand je suis ouvert, pour essayer d’apporter un petit peu au scoring mais vraiment pas autant qu’avant. Mes minutes sont un peu plus limitées, j’ai moins de temps pour performer. Je pense que ce sont des ajustements que tous les joueurs d’Euroleague ont à faire.

Vous sentez quand même une confiance du coach du fait qu’il vous a mis dans le cinq de départ plusieurs fois ?

C’est sûr ! Être dans le cinq et avoir un temps de jeu assez conséquent avec 25 minutes par match c’est une preuve de confiance. Ca fait plaisir, ça me donne encore plus envie de travailler (NDLR: en Euroleague, Amath Mbaye tourne à 7,3 points, 44,4% à trois-points, 80,0% aux lancers, 2,7 rebonds).

Cet été, rester en Italie était une priorité ou ça s’est fait par hasard ?

Complètement par hasard. Le fait que je connaisse déjà la ligue et la ville de Milan pour y avoir été plusieurs fois pendant l’année avec ma femme a beaucoup influencé notre décision. Ce n’était pas une priorité.

Comment se passe votre découverte de l’Euroleague ?

L’Euroleague en soi c’est génial. C’est impressionnant. Je pense qu’après la NBA, c’est vraiment la ligue dans laquelle un joueur veut évoluer. Les salles sont impressionnantes, les villes sont bien, les déplacements ne sont pas trop longs en partant de Milan donc ça va. De pouvoir découvrir différents pays et différents types de basket tout en jouant au niveau le plus élevé derrière la NBA, c’est quelque chose de très intéressant.

Vous avez mis un gros dunk contre le Real Madrid, racontez-nous un peu cette action.

C’est clair que ça fait plaisir ! Surtout que des fois j’ai l’impression que je me fais vieux donc mettre un dunk comme ça à droite à gauche ça fait toujours plaisir. La seule raison pour laquelle je ne suis pas expressif après c’est qu’on était en train de perdre et qu’on était en train de se battre pour revenir donc ce n’était pas trop le moment de faire le malin (rires). C’est vrai que ça fait quand même très plaisir.

Pour revenir sur votre carrière, quel à été votre parcours jusqu’à Milan ?

Mon parcours a été compliqué mais c’était un choix. J’avais envie de faire les choses moi même, de faire les choses différemment en construisant mon propre parcours et en écrivant ma propre histoire. Après avoir joué une année cadet et une année espoir au Havre, j’ai décidé de partir aux Etats-Unis. C’est une décision que j’avais prise surtout par rapport à ma mère parce qu’elle pensait que c’était important pour moi de continuer mes études. J’étais d’ailleurs complètement d’accord avec ça. C’est vrai que c’est difficile pour un jeune qui essaye de jouer en espoir et en pro en même temps de poursuivre des études en France. Je suis parti en High School pendant une année, j’y ai rencontre mon mentor Babacar Sy. Je suis ensuite parti deux ans à Wyoming. A la fin de la deuxième année mon coach s’est fait virer donc j’ai regardé un peu les options et j’ai décidé d’être transféré à l’université d’Oklahoma. La deuxième année j’ai eu l’occasion de jouer. Après ça j’ai réussi à avoir mon diplôme en quatre ans et même s’il me restait une année d’éligibilité pour la Draft, j’ai décidé de tenter l’aventure de la Draft NBA, de la pré-draft etc. J’ai inscrit mon nom à la Draft, j’ai fait des work-outs pour à peu près neuf équipes, mais je n’ai pas eu la chance d’être drafté. Malgré tout, cette expérience a été très, très importante dans ma vie parce que ça m’a montré comment tout marchait, ça m’a montré le système, le fonctionnement des choses au niveau des ligues professionnelles.

Ensuite, c’est le Japon?

Oui, j’ai décidé assez tôt pendant l’été de rejoindre l’équipe de Nagoya si je ne parvenais pas à obtenir un contrat garanti en NBA. Tous les ans je pensais à faire un retour en Europe mais je n’ai jamais reçu d’offre ou je n’ai jamais trouvé une équipe qui m’intéressait vraiment. Je pense que c’était un problème financier par rapport au Japon, mais c’était aussi parce que je voulais une situation intéressante pour pouvoir m’exprimer. J’ai l’impression que les rookies, surtout les Français qui rentrent en Europe, n’ont pas vraiment la chance de pouvoir s’exprimer directement. J’ai pris mon temps, je suis resté 3 ans au Japon et dès que j’ai eu la bonne opportunité à Brindisi, je suis revenu. J’ai parlé à beaucoup de gens qui ont joué dans ce club avant moi pour savoir comment ça s’était passé, comment était l’organisation. J’ai eu des bons retours donc j’ai décidé d’y aller et je pense que j’ai fait une bonne saison. Ca aurait pu être beaucoup mieux au niveau collectif parce que je pense qu’on aurait pu aller en playoffs, on a lâché beaucoup de matchs qu’on n’aurait pas dû. Sur le plan individuel, je pense que j’ai fait ce que j’avais à faire et ça m’a permis de sauter du Japon à l’Euroleague en un an. Je pense que beaucoup de personnes ne pensaient pas que c’était possible. Quand je regarde mon parcours aujourd’hui je pense que j’ai vu clair, même si je ne savais pas jusqu’où j’irai à l’époque. Je pense que j’aurais mis autant de temps voire plus pour arriver en Euroleague si j’étais rentré en Europe directement.

Ce n’est pas la première fois que j’entends parler de Babacar Sy, que vous a-t-il apporté ?

Babacar il est super dans le sportif comme dans l’humain. C’est quelqu’un à qui je peux parler, c’est quelqu’un à qui je parle presque tous les jours, que ce soit niveau business, niveau basket ou niveau vie privée. Il est toujours à l’écoute, il a une expérience énorme dans le monde du basket. Il a été vraiment super pour beaucoup de joueurs je pense. Tous les joueurs que je connais et avec qui j’ai pu aller en prep school m’en parlent très régulièrement. C’est quelqu’un de vraiment très bien à qui il est important pour moi de parler tous les jours. Il me donne beaucoup de conseils, on s’amuse beaucoup. C’est important d’avoir quelqu’un comme ça dans la vie.

On entend souvent que le passage par les Etats-Unis pousse à murir vite et apport de la dureté, vous le confirmé ?

C’est clair ! Déjà pour un Français en NCAA la première étape c’est de réussir à passer la barrière de la langue et de s’adapter au rythme. Ce n’est pas évident. Tu es obligé de t’adapter très, très vite pour pouvoir comprendre parce que ça passe vite. Tu n’as que quatre années et tu ne peux pas passer trois ans à glander. Tout est chronométré parce que tu ne sais jamais pour combien de temps tu es là-bas.

« Je pense que la ligue japonaise est une ligue différente parce que le niveau n’est pas très élevé, mais que justement ça en fait une bonne ligue de développement pour des personnes qui n’ont pas eu la chance de s’exprimer autant en jeune ou à l’université. »

Comment est le basket au japon ?

La ligue s’améliore vachement. D’abord parce que le salary cap a été augmenté ce qui fait que plus de joueurs de qualité commencent à arriver. Je pense que c’était important pour mon développement parce que justement la ligue n’est pas aussi forte que certaines ligues européennes. Les étrangers là-bas ont vraiment des rôles très définis et des libertés qu’ils n’auraient pas en Europe. Personnellement, j’avais la chance d’avoir le ballon dans les mains très souvent, je jouais beaucoup, je jouais poste 3 au lieu de poste 4 donc ça m’a permis d’apprendre beaucoup de choses et d’avoir une vision différente du jeu. Ca m’a aussi appris à scorer beaucoup plus, à défendre sur des postes 2/3 alors qu’avant je défendais plutôt sur des 4/5. Je pense que c’est une ligue différente parce que le niveau n’est pas très élevé mais que justement ça en fait une bonne ligue de développement pour des personnes qui n’ont pas eu la chance de s’exprimer autant en jeune ou à l’université.

Et la vie?

On a adoré. On avait quelques spots où on adorait aller manger. Les gens sont très polis, le Japon c’est pays très propre et très sûr. C’est un des seuls pays où tu peux être dehors à trois heures ou quatre heures du matin sans avoir jamais à regarder au-dessus de ton épaule parce qu’il n’y a aucun souci et il n’y a pratiquement pas de crimes. Dès que je suis arrivé j’ai demandé s’il y avait des endroits dans la ville où je ne devais pas aller et ils ne comprenaient pas de quoi je parlais. Ils ne comprenaient pas le concept même de « ghetto » (rires). C’est vraiment un endroit très sûr avec des gens très bien. C’était une très bonne expérience.

Le basket est-il un sport médiatisé? Les matchs passent-ils à la télé ?

Quand j’y étais, pas tellement. Seuls certains matchs passaient à la télé comme ceux de la Coupe de l’Empereur. Mais comme je t’ai dit, la ligue a beaucoup avancé depuis que je suis parti donc ça ne m’étonnerait pas que ça ait changé !

Vous n’envisagiez pas un retour en Europe après la NCAA ?

Si j’avais eu les bonnes offres ou si on m’avait proposé quelque chose d’intéressant je l’aurais fait je pense. C’est vrai qu’après avoir été en NCAA pendant quatre ans, j’avais déjà 23 ans quand je suis sorti donc j’avais aussi un besoin de commencer à me faire des sous assez rapidement. On sait très bien qu’une carrière de basketteur c’est court et donc toutes les années comptent. Je n’étais pas très intéressé par le fait de rentrer en Europe mais ne pas me faire beaucoup d’argent ou être frustré en ayant pas le temps de jeu que j’aurais voulu. A l’époque le Japon m’a paru être le meilleur choix. Aujourd’hui, je ne le regrette pas.

C’est comme Edwin Jackson qui a tendance à se faire tomber dessus parce qu’il a choisi la Chine notamment pour le contrat.

Je le comprends et je trouve qu’il a parfaitement raison. En Chine il joue quatre mois, il se fait autant de sous voir plus qu’en Euroleague. Surtout il faut comprendre que le basket c’est super, mais à la fin de la journée ça reste toujours un travail. Que les gens lui tombent dessus c’est bien marrant mais si une personne lambda qui travaille par exemple à la SNCF ou La Poste, on lui donne un contrat en Chine pour travailler avec la filière chinoise pendant que quatre mois mais en gagnant dix fois plus d’argent, je suis sûr qu’elle part. Et je suis sûr que n’importe qui partirait. C’est un choix qu’il a fait pour sa carrière et sa vie personnelle. Le basket c’est un travail donc c’est important de savoir que quand on aura 35 ou 40 ans on ne pourra plus y jouer. Pendant la carrière il faut donc accumuler le plus d’argent possible et je ne lui en veux pas du tout ! En plus c’est une saison de seulement quatre mois donc une fois que ça sera fini il aura le choix de faire ce qu’il veut s’il veut rejoindre une équipe d’Euroleague ou s’il veut tenter sa chance en NBA. Ca lui permet de tout faire donc je ne vois vraiment pas pourquoi il ne l’aurait pas fait. Je suis content pour lui et je pense qu’en plus ça se passe bien.

« Ca me ferait super plaisir de pouvoir jouer en Equipe de France avec les joueurs de la génération médaillée d’argent en U20 en Grèce »

Pensez-vous toujours à la NBA ?

C’est toujours dans un coin de ma tête parce que je pense que tous les basketteurs aspirent un jour à évoluer en NBA, mais ce n’est pas quelque chose que je vais forcer. Je ne vais pas aller en Summer League tous les étés ou je ne vais pas tenter la D-League ou G-League comme ils l’appellent maintenant. Je pense que c’est quelque chose qui se passera si ça doit se passer. Si ça se fait je serais alors très heureux. Si ça se ne fait pas, je pense que je serais très content avec la carrière que j’aurais fait. Je continue de travailler et j’essaye d’avoir une carrière décente.

Vous avez une médaille d’argent avec l’Equipe de France en moins de 20, aimeriez-vous retrouver l’Equipe de France en A?

Ca serait super ! Mais je ne sais pas je n’ai pas la chance d’être appelé (rires). Peut-être que c’est parce qu’on ne me connaît pas trop en France, je ne connais pas trop les raisons. Ca m’aurait fait plaisir mais c’est complètement hors de mon contrôle. L’Equipe de France c’est sûr que ça me ferait plaisir, en plus en jouant en Euroleague j’ai la chance de croiser pas mal d’internationaux français qui sont restés des potes depuis justement la médaille d’argent en Grèce. Ca me ferait super plaisir de pouvoir rejouer avec les joueurs de cette génération. On verra bien.

Quel votre ton avis sur le conflit entre l’Euroleague et la FIBA qui “prive” les joueurs d’Euroleague et NBA de sélection ?

(soupir)… Pour moi c’est vraiment de la politique tout ça et ça ne m’intéresse pas. Moi j’aime jouer au basket. Si on m’appelle et que je peux y aller tant mieux et si on m’appelle mais que je ne peux pas y aller, ce n’est pas faute et tant pis. Ce sont deux groupes qui ressemblent vraiment à des partis politiques qui se tapent dessus. Ils se débrouillent, ce n’est pas mes affaires.

[armelse]

Comment se passe votre saison avec Milan ?

C’est un début de saison un peu difficile, ça fait partie du sport. Je pense qu’on comprend tous ça, qu’on veut rester ensemble et trouver des solutions. J’ai dû faire des ajustements en venant ici, mais c’est intéressant. Je pense que c’est un privilège de pouvoir jouer à ce niveau.

C’est compliqué en Euroleague, mais le début de championnat se passe bien.

Oui c’est sûr ! Je pense que pour toutes les équipes d’Euroleague le championnat ça copte, c’est très important, mais le plus important c’est de faire des bonnes performances en Euroleague.

Vous avez bien commencé en remportant la Supercoupe, comment vous sentez-vous dans l’équipe ?

Mon rôle est vraiment très différent de tout ce que j’ai pu connaître avant donc j’ai besoin de faire des ajustements. J’essaye de jouer le mieux possible, de fournir et de contribuer comme je peux en étant dans le rôle que le coach et le club me donnent.[/arm_restrict_content]

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Photos : Olimpia Milano / Euroleague / Yahoo

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