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Accès Libre : Antoine Eito, « Je suis atypique, grande gueule, gentil, honnête »

C’est ainsi que se définit Antoine Eito (1,86m, 29 ans) et de fait de par sa franchise, sa spontanéité son sens de l’analyse, sa générosité, le meneur du MSB est un personnage attachant du basket français et de l’or en barre pour un interviewer. Un « En Direct » qui souvent sort du cadre de la rubri

C’est ainsi que se définit Antoine Eito (1,86m, 29 ans) et de fait de par sa franchise, sa spontanéité son sens de l’analyse, sa générosité, le meneur du MSB est un personnage attachant du basket français et de l’or en barre pour un interviewer.

Un « En Direct » qui souvent sort du cadre de la rubrique pour clore ce dossier sur Le Mans Sarthe Basket.

Le premier match que vous avez joué en pro :

Facile. Je m’en rappelle comme si c’était hier. En mai auparavant je jouais en Nationale 2 à Cognac. C’est Yves Baratet qui m’avait fait venir à l’ASVEL. Mon premier vrai match pro c’était contre les Spurs en septembre. J’avais 18 ans. Aymeric Jeanneau et Yoann Sangaré étaient blessés. J’ai joué 17 minutes, c’était extraordinaire ! J’étais une crevette. C’est marrant parce que j’ai revu ce matin il y a trois semaines. Le premier match en LNB, c’est à Reims. Il y avait Rob Levin, Rob Feaster, Antoine Mendy, Benoit Mangin. J’ai joué quinze minutes, direct, car il y avait une vingtaine de points d’avance. J’avais fait auparavant un gros match espoir. J’ai cherché à revoir ce match mais je ne l’ai pas trouvé mais je m’en rappelle très, très bien. Cette année-là, j’ai joué 8 matches, des bribes, et j’avais une éval à -20, je crois. J’avais une faible adresse aux tirs. De toute ma carrière c’est là où le bâs blesse. Pour plein de raisons. Au début de ma carrière j’avais pris de la masse musculaire pour jouer en Pro A. Et même quand j’ai fait de grosses saisons, comme par exemple quand j’ai fini à 12,5 d’éval en étant all-star à Orléans, j’ai de faibles pourcentages. Mauvaise sélection de tirs, la fatigue, la lucidité parce que je mets beaucoup d’intensité en défense. C’est comme ça ! (rires) (NDLR : la moyenne de pourcentage aux shoots en carrière d’Antoine est de 34,7).

Le joueur qui vous a rendu meilleur :

Celui qui m’a donné le plus confiance, c’est un pote à moi, Chevon Troutman durant mes trois premières années à l’ASVEL. J’ai rejoué avec lui à Orléans. A l’entraînement, à mon poste, j’ai eu Kareem Reid quand il fait sa meilleure année à Vichy. Je sortais de l’ASVEL où on a été champion. J’aspirais à plus, je voulais déjà jouer vingt minutes par match en Pro A. Je suis tombé avec un coach avec qui ça ne s’est pas du tout bien passé, Jean-Louis Borg. Tous les entraînements j’étais face à Kareem Reid qui était en pleine confiance, le coach était à fond avec lui. C’était très compliqué mais j’ai progressé comme ça.

Le meilleur joueur actuel de Pro A :

Qui est premier ? Nous ! (Rires). Je ne pense pas que ça sera chez nous car on a une équipe complète. Zachery Peacock, qui est très fort ! Je ne connais pas du tout le bonhomme mais sur ce qu’il montre sur les deux dernières années, la Pro B et la Pro A, pour lui il n’y a pas de différence. Il donne l’impression de se donner tout le temps à fond. Il a un bon shoot, il peut jouer dos au panier, il est super complet. Bourg va finir dans le top-8 et il peut peut-être être MVP. S’il faut choisir quelqu’un du top-4, je dirai Louis Labeyrie qui est important tous les matches pour la SIG. Il a passé un cap énorme. Un Français et un Américain, même si c’est maintenant réunifié. Il y a d’autres pépites comme (Klemen) Prepelic.

Le joueur le plus vicieux du championnat :

A l’époque j’aurais dit Vincent Masingue mais il n’est plus là Bang Bang. Flo Piétrus (Levallois), bien sûr, sans hésiter. Jerry Blassingame (Antibes) est aussi très vicieux. Il nous a fait deux, trois trucs… Mais Flo c’est de la triche sans arrêt.

Le joueur le plus râleur du championnat :

Prepelic ! Pleureuse, râleur. Nous, dans l’équipe, on parle beaucoup mais lui c’est incroyable. Il est aussi très vicieux mais moins que Flo.

Le coach qui vous a le plus marqué :

Pierre Vincent parce qu’il a une approche différente de beaucoup de coaches. Durant l’an et demi que l’on a fait ensemble (NDLR : à Orléans), il a été dans une situation pourrie où il n’était pas accepté à tort ou à raison. Il a quand même fait le job surtout la première année. C’est aussi quelqu’un que j’apprécie en tant qu’homme. Je m’entendais très bien avec JD Jackson et Jean-Philippe Besson. A l’opposé, je ne peux pas voir (Philippe) Hervé et (Jean-Louis) Borg. J’ai eu Vincent Collet quand j’étais jeune, Erman Kunter, mais, non, je réponds Pierre. Il a un management différent, il ne gueule pas sur les gars, il ne les insulte pas, mais apparemment parfois il vaut mieux insulter et mal parler, gesticuler dans tous les sens. Pierre est quelqu’un de très cérébral et moi il m’a fait énormément progresser.

« Un challenge pour moi en France, Limoges. Je suis sûr que ça fonctionnerait avec eux »

Le club où vous aimeriez jouer :

J’y suis. Aujourd’hui je ne vois pas de club où j’ai envie de jouer. Un challenge pour moi en France, Limoges. Je suis sûr que ça fonctionnerait avec eux. Et surtout la perception qu’ils ont de moi en début de carrière a changé. Ils ont une chanson pour moi qui est magnifique « Eito Charlot » (rires). Ça a changé. Ils vont peut-être me siffler mais il y a plus de respect maintenant. J’ai fait un article une fois en disant que Beaublanc ça me galvanise. En France, Limoges c’est sûr, mais encore une fois je suis là où je veux être. En Europe, une ambiance à la Belgrade ou au Pana. Wilfried Yeguete était l’année dernière à Pana-Olympiakos car il y avait un ami à lui qui jouait à Olympiakos, Patrick Young, un ancien de Florida. Il est allé voir le Match 5 des finales, le dernier. Il m’a montré des vidéos. Des pétards, des feux d’artifice… J’ai eu la chance de jouer au Pionir une fois avec Orléans contre le Red Star en Eurocup. Les mecs avec les Kalachs… Tu rentres dans la salle, il a une affiche où c’est marqué « no gun ». C’est énorme (rires).

Le club où vous ne voulez pas jouer :

Les clubs de la région parisienne. Paris et Nanterre. Je déteste Paris et je ne pourrai pas y jouer. Je serai mal, je ne serai pas performant. Impossible. Je suis originaire de Cognac et ma famille est du sud-ouest, Tonneins, Marmande, Le Temple-sur-Lot.

Votre pire souvenir de joueur :

J’en ai deux. Le premier est très récent, c’est l’année écoulée à Orléans. Déjà à cause de la blessure, la première de ma carrière. Je suis arrêtée quatre mois au total. Et puis comment ça s’est passé. Ça a joué aussi sur mon retour au Mans. J’ai une façon de voir mon métier, mon sport. Je suis sans doute spécial, décalé par rapport au milieu. J’ai une façon de voir le basket dans la droiture, le respect, l’honnêteté et ce que j’ai vécu l’année dernière ce n’est pas possible. Le deuxième, c’est un fait de jeu. On avait gagné la Leaders Cup avec JD Jackson contre Nanterre et l’année d’après on se retrouve en finale contre Strasbourg. Ils sont à +20 dans le quatrième. On fait une zone, on revient, on revient, à l’énergie. Balle de match. J’ai monté l’action à mes coéquipiers il y a deux jours. Ils ont dit que c’est abusé. Avec beaucoup de recul, je dis que la faute est ENORME. Je ne suis même pas énervé simplement déçu d’avoir loupé, de ne pas avoir peut-être pris la bonne décision. Parfois des joueurs essayent de se persuader qu’il y a faute car ils n’ont pas fait le bon choix. Là, il m’aurait touché un peu la main, la balle aurait touché le cercle, fait un tour, ok. Mais non, je sais qu’il y a faute. J’ai encore les images. Je fais airball de trois mètres et ce n’est pas un contre, il ne touche pas la balle. C’était un trois-points sauf qu’apparemment j’avais les pieds sur la ligne donc c’était juste deux lancers pour égaliser. Je n’étais pas bien. J’ai une hygiène de vie nickel mais le soir même, j’ai pris la plus grosse cuite de toute ma vie (rires).

Le match dont vous avez le plus honte :

On ne peut pas avoir honte d’un match, c’est une action. J’ai eu honte, je voulais me mettre dans un trou de souris, c’est avec Vichy de Jean-Louis Borg contre Paris. On fait une trap à deux avec Dounia Issa, on intercepte la balle. J’étais tellement en conflit avec l’entraîneur, il était tellement dans ma tête, il reste 8’30 dans le deuxième quart-temps et vingt-deux secondes quand j’ai la balle dans les mains… Je fais trois dribbles et le coach hurle « joue, joue, joue… » Et moi j’entends « shoote, shoote, shoote… » Gauche, droite, je shoote du milieu de terrain ! Silence total dans Coubertin. La balle touche la planche, le cercle, repart. Je me souviens que Kareem Reid m’a dit à la mi-temps « t’as fait quoi ? » Je lui ai répondu « gagnons le match, vous me chambrerez après ». A tel point que même Jean-Louis Borg esquissait un sourire en se disant que ce n’est pas possible. Jacques Monclar est aussi venu me voir dans les vestiaires en rigolant « mais qu’est-ce que t’as foutu ? » C’est le moment le plus embarrassant de ma carrière. Collectivement, il y a un match à Vichy contre Paris pour ne pas descendre. On est à +26 à l’aller et on perd de 27 au buzzer. Je ne sais pas comment on a fait. On descend en Pro B.

Si vous aviez une règle à changer dans le basket :

Celle de cette année sur les antisportives. C’est d’une stupidité… Si on veut faire faute à 7-8 secondes de la fin d’un match on ne peut plus faire faute sinon on prend antisportive. Chris Lofton en prend une comme ça contre Hyères-Toulon. On en avait parlé mais il a dû oublier, réflexe. Il y a deux ans quand il a joué en France, il pouvait le faire. Je trouve que c’est une règle pourrie. Ce n’est pas la faute des arbitres français, c’est la FIBA. Ils disent que c’est pour qu’il y ait plus de jeu rapide, de show, pour que les gens voient plus de contre-attaques, de dunks. Ce qui est complètement contradictoire c’est que quand on joue à Paris, Stephens est en contre-attaque, il jette la balle contre la planche pour la reprendre, pftt, marcher. L’arbitre est obligé de siffler, c’est la FIBA, pfttt… En plus, si tu prends une antisportive et après une technique, tu es out ce qui n’était pas le cas avant. Le coach a insisté là-dessus en pré-saison. La nouvelle règle du marcher, ça passe, même si, si tu veux être jusqu’au-boutiste, pas de pas zéro, un, seulement deux pas, point.

Avez-vous déjà eu envie de rentrer dans le lard d’un coach :

Oui. Parce que irrespectueux, illogique, imbu de sa personne. Il y en a deux, je leur aurais bien mis une claque dans leur tronche. Comme je suis un peu chaud, ça m’est même arrivé de prendre le bec en match avec Pierre Vincent mais de-là à lui en mettre une, non. C’est virulent mais après on passe à autre chose. Ce n’est pas parce que le mec ne me fait pas jouer que je vais lui casser la gueule, ça c’est stupide. C’est sûr les choses vicieuses, faites par derrière, ou si on te met plus bas que terre, etc. C’est ce qui se passe dans la vie de tous les jours. Il y a une limite que je fixe qu’il ne faut pas dépasser.

Le principal sujet de conversation entre joueurs :

Les filles, les femmes, les gonzesses. Bien sûr (rires). Après le basket. C’est normal, on est sportifs, on aime les jolies filles.

Votre meilleur pote dans le basket :

Rodrigue Beaubois et Chevon Troutman.

Aimez-vous lire des articles ou regarder des reportages sur vous :

Oui. J’aime bien voir si ça n’a pas été déformé, modifié, amplifié (sic). Je les transfère à ma famille.

https://www.youtube.com/watch?v=DjU4mg_kfA0

« Ma grand-mère qui enlevait les tripes, j’allais à la chasse avec mon grand-père. C’est pour ça que je déteste Paris. Donc Le Mans, ça me va très bien »

Votre principale occupation entre deux entraînements :

Ce sont mes enfants, le golf et faire la cheminée maintenant que j’en ai une. J’habite à 500m du golf à Mulsanne (NDLR : ville de la Sarthe qui donne sur le circuit automobile). Je suis en équipe 1 et 2 du club et on fait des tournois, des Grands Prix Nationaux par équipe. Je suis handicap 5. J’ai été au mieux 4,2. Pour comparer, à 0 tu peux être pro. C’est bien. J’y joue l’été et aussi les lendemains de match, le week-end il y a des compets que je fais parfois. J’ai commencé ici la première année, en décembre, et depuis je n’ai pas arrêté, je gère mon calme, ma frustration.

La ville où vous avez joué et que vous préférez :

Le Mans et Lyon. Je les ai toutes aimées mais Le Mans et Lyon, je les ai vraiment adorées. Lyon parce que ma femme est Lyonnaise, j’ai fait trois ans là-bas, les 400 coups, les lumières, c’est magnifique. Le Mans, c’est lié à mon job. J’ai tellement de bonnes choses qui me sont arrivées au Mans. C’est une ville avec une culture basket. Je suis super bien à Mulsanne avec une grande maison, cinq chambres, en face du golf. Mon fils est né au Mans. J’ai un appartement au Mans à côté de la place Washington qui date de mes deux premières années. C’est le réseau qui permet d’aller dans les endroits où tu te sens bien. Je ne peux pas expliquer plus que ça mais je trouve que c’est une ville bien pour une famille. On dit que les basketteurs ont un statut supérieur mais moi mon meilleur pote, il habite à l’Abbaye de l’Epau, c’est lui qui m’amène mon bois. Je suis petit-fils de paysan, j’ai des racines du sud-ouest, du terroir. Ma grand-mère qui enlevait les tripes, j’allais à la chasse avec mon grand-père. C’est pour ça que je déteste Paris. Donc Le Mans, ça me va très bien. Ma femme moins mais elle s’habitue (sourire).

Vous résumé en quelques phrases :

Atypique. Grande gueule, ça fera plaisir aux gens (rires). Gentil, honnête, je m’attache aux gens et aux choses, à un environnement. J’aime donner sans recevoir, ce qui ne veut pas dire sans être entendu, écouté. Je suis quelqu’un d’heureux content de ce que j’ai fait, de ce que je fais et de ce que je vais faire de ma vie dans le basket et en dehors.

Si vous ne jouiez pas au basket :

Déjà sans le basket, je n’aurais pas rencontré ma femme. Ce que je veux faire, je suis en plein dedans. J’ai une entreprise de bureautique avec mon père. On a trois magasins, Angoulême, Saintes, Cognac. Ça m’intéresserait peut-être de reprendre ça. Je ne veux pas être dans le basket, c’est certain. Je sais trop ce que c’est, un panier de crabes. Quand je vois le milieu des coaches, ça me fait vomir. Pas dans le basket ou alors qu’avec les gens que j’aime, en N2 dans un projet sympa à côté de mon vrai travail. Ce qui m’intéresse aussi c’est ce qui est gestion de patrimoine. Je vais rencontrer un ami à Cognac lors de cette première trêve, il souhaite peut-être me former de A à Z pour être courtier. On va échanger. J’ai deux plans, j’essaye de peser le pour et le contre. Je sais que ça ferait plaisir à mon père que je reprenne la boîte, moi aussi. Maintenant je n’ai pas spécialement envie de retourner sur Cognac et ma femme non plus. J’ai fait deux ans à La Rochelle, j’ai adoré, c’est magnifique. En cadets en plus avec mes potes. J’ai un cousin qui est rugbyman qui habite là-bas, Gérald Merceron, qui a cent capes, qui tient une chocolaterie, très bonne !

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