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Thibault François, Fastea Capital : « Aucun risque pour SFR Sport suite à la chute en bourse d’Altice. »

Thibault François de la société de gestion financière Fastea Capital fait le point pour Basket Europe sur les raisons de la chute du cours de bourse de Altice/SFR (-50% ces derniers jours). Intervenant pour BFM Business, cet expert nous explique pourquoi les résultats de l’entreprise ont déçu, il no

Thibault François de la société de gestion financière Fastea Capital fait le point pour Basket Europe sur les raisons de la chute du cours de bourse de Altice/SFR (-50% ces derniers jours). Intervenant pour BFM Business, cet expert nous explique pourquoi les résultats de l’entreprise ont déçu, il nous en dit plus sur le retour aux affaires courantes de Patrick Drahi et aussi sur ce qui nous intéresse en premier lieu, la stratégie de SFR Sport qui a acquis pour cinq ans les droits du basket français.

Article publié le 21 novembre 2017

Que se passe-t-il avec l’action Altice depuis plusieurs jours ?

Depuis quelques années, SFR et donc Altice achètent énormément d’entreprises et ont donc une stratégie de croissance externe agressive. Ils font énormément d’investissements dans les contenus pour essayer de gagner le plus possible d’abonnés et donc de grossir le plus possible en termes de part de marché, notamment en France. Aujourd’hui malgré les investissements qui sont importants surtout en France, le nombre d’abonnés continue à baisser. Il continue à baisser en brut, en net et finalement ils perdent des parts de marché par rapport aux autres opérateurs que sont Orange, Iliad et Bouygues. Par rapport aux investissements constatés et vu la dette qui est de 51 milliards pour Altice, le marché se pose des questions pour savoir si la stratégie qui est mise en place par Monsieur Drahi va être percutante sur les prochaines années.

Patrick Drahi a repris la gouvernance du groupe, qu’est que cela change au niveau opérationnel ?

Pour moi ça ne change rien. Monsieur Combes, qui était l’ancien Directeur Général, est un expert des sociétés qui sont endettées et qui posent problèmes. C’est un dirigeant qui était là, on va dire, pour rectifier le tir. Je pense que Monsieur Drahi n’a jamais vraiment quitté le navire, il n’a jamais laissé les mains libres à Michel Combes et c’est ça le problème. D’un point de vue communication, il dit qu’il récupère la main sauf que je pense que Patrick Drahi ne l’a jamais perdue. C’est aussi pour ça que le marché financier n’a pas rebondi suite à cette annonce.

A quoi sont dues ces grosses chutes, puis rebonds ?

Le marché va rester très volatile parce qu’il n’y a pas de visibilité sur le dossier. Aujourd’hui, la dette financière est vraiment extrêmement importante. Le nombre d’abonnés qui baisse veut dire que les marges vont baisser dans les prochaines semaines et surtout cela veut dire que la stratégie mise en place n’est pas du tout validée par le marché. Il y a vraiment aujourd’hui une prise de conscience parce que d’un point de vue financier il n’y a pas eu de changement depuis quinze jours ou depuis six mois, le business model a été mis en place comme ça. Je pense qu’il y avait peu de raison de valider ce qu’entreprend M. Drahi il y a un an que de le mettre au fond du gouffre aujourd’hui et dire que la stratégie n’est finalement pas bonne. La stratégie adoptée est plutôt bonne par rapport à la situation macroéconomique avec l’environnement de taux bas qu’on a aujourd’hui, mais il va falloir faire valider ça dans le moyen terme.

SFR Sport réalise de gros investissements en termes d’acquisition et d’exploitation de droits TV, est-ce que cela à une part de responsabilité dans cette chute du cours de l’action ?

Le fait que SFR investisse énormément dans le sport c’est une bonne chose parce que ça veut dire qu’ils vont essayer de gagner des abonnés grâce aux investissements qu’ils réalisent. On a notamment beaucoup parlé de la Ligue des Champions de foot depuis quelques mois. Ils ont réussi à avoir l’exclusivité sur cette compétition et l’objectif c’est d’aller chercher les abonnés qui l’ont perdue chez BeIN Sports ou chez Canal. Ça c’est l’objectif mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions parce qu’on s’aperçoit que le nombre d’abonnés continue à baisser. Est-ce que ça sera une bonne chose à l’avenir ? Peut-être… A court terme, je pense qu’il va falloir qu’ils trouvent un partenaire financier, une autre chaîne ou un autre média soit pour pouvoir vendre une partie des matchs de la Ligue des Champions, soit pour ne pas avoir à porter seul l’investissement qui est extrêmement lourd chez SFR Sport.

« A court terme, je pense qu’il va falloir qu’ils trouvent un partenaire financier, une autre chaîne ou un autre média soit pour pouvoir vendre une partie des matchs de la Ligue des Champions, soit pour ne pas avoir à porter seul l’investissement qui est extrêmement lourd chez SFR Sport »

Contrairement à BeIN Sports qui n’est pas côté en bourse et qui ne communique pas officiellement de chiffres, est ce que cela peut fragiliser le développement de SFR Sport à court terme?

BeIN Sports ne publie pas et c’est vraiment un investissement différent. Il y a un État derrière et donc ils peuvent investir sans rendre de compte. Il n’y a qu’un seul actionnaire derrière qui est l’État Qatari. M. Drahi et son groupe Altice ont des comptes à rendre, il a des actionnaires, mais je ne pense pas que ça mette en péril l’investissement dans le sport. Je pense qu’ils vont trouver un accord pour un partenariat avec un autre opérateur, avec une autre chaîne de sport donc d’un point de vue financier je ne vois pas de souci particulier. Effectivement, il y a une pression boursière à court terme parce que le marché aime bien faire peur, parce que le marché se pose des questions, parce que le marché a perdu un peu confiance mais d’un point de vue financier ça va rentrer dans l’ordre dans les prochaines semaines.

Ont-ils des objectifs chiffrés sur l’acquisition d’un certain nombre d’abonnés pour pouvoir ou non assurer leur développement ?

Ils se sont énormément endettés et aujourd’hui ils n’ont absolument pas l’argent pour rembourser cette dette. La dette d’Altice est une dette qui va commencer à être mise sous pression à partir de 2022 (ndlr : pour le commun des mortels, cela peut être illustrer comme un particulier qui effectue des travaux dans sa nouvelle maison et qui demande une franchise de prêt pour ne pas commencer à rembourser son crédit le temps que les travaux soient terminés). Ils ont jusqu’à 2022 pour trouver des moyens financiers pour pouvoir rembourser la dette ou remettre la dette à une échéance un peu plus longue. La première échéance importante est autour de 2022-2023 et ça veut dire que jusqu’à cette date-là, il n’y a pas de pression court terme du marché. Ils ont jusqu’à 2022 pour trouver des moyens, pour être beaucoup plus rentable, pour gagner des abonnés… Ils ont plein de marges de manœuvre pour pouvoir rembourser en 2022. A court terme, ils n’ont absolument pas de pression financière. Surtout qu’ils n’ont pas de convenant. Ce qui veut dire qu’ils n’ont pas d’objectif financier à respecter pour avoir de l’argent à court terme pour faire fonctionner l’entreprise. Pas de pression financière, ce qui me permet de penser que la chute du titre n’est que momentané.

FASTEA Capital est une société de gestion de portefeuilles, agréée par l’autorité des marchés financiers et créée par Thibault FRANCOIS, qui en est le président. La société est basée à Nantes.

Mr FRANCOIS intervient de façon hebdomadaire sur BFM Business sur l’actualité des entreprises françaises.

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