Aller au contenu

Rétro – 1988 : Le premier Final Four européen consacre l’ex-super star de la NBA, Bob McAdoo

Il y a trente ans, à Gand, se tirant le premier final Four européen de l’ère moderne. Paradoxe, son héros fut une ancienne superstar de la NBA, Bob McAdoo.

Il y a trente ans, à Gand, se tirant le premier final Four européen de l’ère moderne. Paradoxe, son héros fut une ancienne superstar de la NBA, Bob McAdoo.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

C’est un ancien monde qui s’éteint. Sur le parquet du Flanders Expo du Gand, les All-Stars du basket européen des années 60 et 70, dont certaines ont pris de la brioche, s’amusent comme des petits fous. Il y a là Serge Belov, Clifford Luyk, Wayne Brabender, Tal Brody, mais pas les Anversois Geerts et Steveniers ; ils ont refusé de jouer ensemble !

C’est un nouveau monde qui prend forme. Une édition d’un Final Four avec unité de lieu, Madrid, s’était de fait tenue en 1967, mais la formule avait été aussitôt abandonnée. Trop compliquée, trop chère. Alors que cette fois, en cette fin des années quatre-vingt, le basket en Europe a du vent dans les voiles. 5.800 spectateurs ont assisté en moyenne aux matches de la poule finale de la Coupe des Champions qui comprend désormais huit équipes, 42 des 52 matches ont été télévisés. Léon Wandel, l’un des membres éminents de la FIBA, a sauté sur l’occasion d’organiser en Belgique – pour un budget supérieur à 1 250 000 euros – la première édition d’un Final Four qui va réunir en deux jours, sur des tribunes démontables, 20 000 spectateurs et 400 journalistes. Et, en hôte de marque, un certain David Stern, Commissioner de la NBA, a pris place dans la tribune présidentielle. Une première passerelle a été tendue entre la ligue américaine et la fédération internationale, en octobre, à Milwaukee, à l’occasion de l’Open MacDonald’s qui a réuni les Bucks, l’URSS et le Tracer Milan. Stern emploie une formule choc pour s’en féliciter : « C’est un plaisir de travailler avec la FIBA. Nous voulons faire du basket le plus grand sport du monde ».

La NBA découvre les fans grecs

La Belgique vit pleinement dans le souvenir du drame du Heysel où des supporters de la Juventus de Turin ont été écrasés contre les grillages des tribunes. Wandel est formel : « sur le plan de la sécurité, nous avons fait le maximum. Les billets ont été vendus par lot de dix, et sur présentation de la carte d’identité de l’acheteur ». Pourtant, Stern découvre un peu effaré à quoi ressemblent des supporters grecs excités. Ils sont environ quatre milliers à brayer, insulter et à jeter quelques drachmes sur les joueurs milanais lorsque ceux-ci pénétrèrent sur le terrain… pour la finale contre le Maccabi. « Ils sont phénoménaux / Mais différents de nos fans. Plus indisciplinés. Et c’est la fibre nationaliste qui les motive,» juge Brian McIntyre, le responsable média à la NBA.

Depuis cinq ans, l’Aris est présidé par le jeune milliardaire, Christos Michailidis, qui, pour constituer sa ligne arrière, a associé deux héros nationaux qui sont complémentaires. Professeur de sport d’1,92 m pour 92 kg. Panayotis Yannakis possède des poumons puissants comme le soufflet d’un forgeron. Il défend pour deux.

D’origine grecque, mais de nationalité américaine contrairement à ce que la fédération hellène a fait gober à la FIBA, Nick Galis est un pointivore comme l’Europe n’en a jamais connu. Un an plus tôt, ces deux-là ont propulsé la Grèce sur la plus haute marche du podium de l’Euro athénien. Seulement, Galis n’est pas dans sa meilleure forme. Il score beaucoup (67 points durant les 80 minutes disponibles), mais avec une imprécision peu coutumière (4 sur 11 en 2e mi-temps contre Milan). L’Aris ressortira de ce Final Four avec le bonnet d’âne.

On a appris à connaître son nom l’été précédent lorsqu’il est devenu champion du monde junior avec la Yougoslavie, à Bormio, en Italie. C’est là qu’a pris source la formidable génération yougo qui comprend aussi Toni Kukoc et Dino Radja, plus Sasha Djordjevic et Miroslav Pecarski qui sont, par ailleurs, ses équipiers au Partizan Belgrade. Vlade Divac est un jeune Serbe de 20 ans, aux origines tziganes, qui possèdent des qualités athlétiques exceptionnelles au point d’être considéré comme un « Black » dans son pays.

C’est un pivot de 2,12 m, solide rebondeur, qui voit le jeu aussi bien qu’un meneur, bon shooteur d’un peu partout, qui adore jouer le un-contre-un la bouche grande ouverte. Il cumule 21 points, 11 rebonds et 4 passes contre Tel-Aviv. Puis le surlendemain 31 points, 14 rebonds, 5 passes et 6 interceptions face à Salonique.

En demi-finales, les jeunes Yougos foncent droit devant et se retrouvent avec neuf points d’avance sur le Maccabi Tel-Aviv. Seulement – à part Divac –, les jeunes partisans n’ont pas encore le contrôle de leurs émotions. Djordjevic est même enclin à la panique, Zarko Paspalj hésite à shooter de loin et le plus expérimenté Goran Grbovic dévisse sous la pression défensive israélienne (6 tirs à trois points de suite à côté de la cible).

Bob McAdoo et Dino Meneghin.

Un contrat royal de 400 000 $

L’expérience, c’est le propre des deux finalistes. Maccabi peut compter sur l’ossature de l’équipe nationale avec le vieux Micky Berkowitz qui passe le relais du leadership à un superbe shooteur à longue portée, Doron Jamchi. Willie Smith est le naturalisé de service, alors que le jeu intérieur est confié à Kevin Magee et Ken Barlow. Magee, un noir sculptural qui porte un diamant à l’oreille, s’est vu offrir un très bon contrat longue durée qui doit lui rapporter jusqu’à 260 000 dollars en 1991. L’Américain plane comme un aigle face au Partizan (34 points) et sa sortie prématurée en finale pour cinq fautes déséquilibre son équipe.

En finale, les Israéliens se font battre par encore plus roublards qu’eux. Dino Meneghin (38 ans). Mike D’Antoni (37) et Bob McAdoo (35) sont peut-être des vieillards, mais certainement pas grabataires. D’Antoni n’a plus ses jaillissements d’antan, mais sa science du jeu et son pouvoir de nuisance à trois-points sont intacts. Un an plutôt, à Lausanne, Dino a eu recours à des prises de judo et au full-contact pour s’imposer in the paint, alors que cette fois son jeu est propre et son influence mentale sur l’équipe lombarde plus forte que jamais. Rickey Brown est un parfait complément, lui qui se concentre sur le rebond (20 prises en 2 matches), la défense, tout en ne shootant qu’à coups sûrs.

Tracer Milan est un club modèle, ancestral, qui a le soutien de Gabetti, un puissant groupe immobilier, et qui tourne depuis cinq saisons à plus de 5 000 spectateurs en moyenne dans le championnat italien. Le Spaghetti Circuit est le championnat le plus relevé en Europe et quelques phénomènes de la NBA n’ont pas hésité à s’y mettre en préretraite. C’est ainsi que Tracer se paye pour 400 000 dollars, plus les primes, Bob McAdoo, 2 fois champion NBA et 1 fois élu MVP (en 75). Un type qui a établi ses stats à 22,1 points et 9,4 rebonds en 13 ans dans la ligue. « Je shoote quand je suis libre, et j’ai toujours eu la réputation de me libérer assez facilement », déclare-t-il. Son tir à quatre mètres, la balle placée au bout de bras, est imparable. Lorsque Bob fait des siennes, les tifosis s’égosillent « Dou, dou, MacAdoo… ». Et justement, Bob McAdoo fait voler en éclats la défense de l’Aris (39 points) avant de donner le vertige à celle du Maccabi (25 points). Et 26 rebonds en deux matches. Mike D’Antoni gère à la perfection les derniers échanges et Tracer Milan s’impose 86 à 81.

Bob McAdoo et Dino Meneghin tombent dans les bras l’un de l’autre, puis font un tour d’honneur les poings levés. Heureux comme des gosses, une breloque de plus pour Bob. Le 7e titre de champion d’Europe pour Super Dino.

Photo: Mike D’Antoni, le coach Dan Peterson et Bob McAdoo

[armelse]
C’est un ancien monde qui s’éteint. Sur le parquet du Flanders Expo du Gand, les All-Stars du basket européen des années 60 et 70, dont certaines ont pris de la brioche, s’amusent comme des petits fous. Il y a là Serge Belov, Clifford Luyk, Wayne Brabender, Tal Brody, mais pas les Anversois Geerts et Steveniers ; ils ont refusé de jouer ensemble !

C’est un nouveau monde qui prend forme. Une édition d’un Final Four avec unité de lieu, Madrid, s’était de fait tenue en 1967, mais la formule avait été aussitôt abandonnée. Trop compliquée, trop chère. Alors que cette fois, en cette fin des années quatre-vingt, le basket en Europe a du vent dans les voiles. 5.800 spectateurs ont assisté en moyenne aux matches de la poule finale de la Coupe des Champions qui comprend désormais huit équipes, 42 des 52 matches ont été télévisés. Léon Wandel, l’un des membres éminents de la FIBA, a sauté sur l’occasion d’organiser en Belgique – pour un budget supérieur à 1 250 000 euros – la première édition d’un Final Four qui va réunir en deux jours, sur des tribunes démontables, 20 000 spectateurs et 400 journalistes. Et, en hôte de marque, un certain David Stern, Commissioner de la NBA, a pris place dans la tribune présidentielle. Une première passerelle a été tendue entre la ligue américaine et la fédération internationale, en octobre, à Milwaukee, à l’occasion de l’Open MacDonald’s qui a réuni les Bucks, l’URSS et le Tracer Milan. Stern emploie une formule choc pour s’en féliciter : « C’est un plaisir de travailler avec la FIBA. Nous voulons faire du basket le plus grand sport du monde ».

[/arm_restrict_content]

[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Commentaires

Fil d'actualité