Aller au contenu

Equipe de France: Les sans-culottes ont fait le job

Mission accomplie. Dans deux salles combles, à Strasbourg puis à Nancy, face à la Russie et la Belgique, des sans-culottes issus pour la majorité de la Jeep Elite (ex-Pro A) venus au secours d’une équipe de France privée de ses stars, a fait le job sans état d’âme. Il y eut beaucoup d’approximations

Mission accomplie. Dans deux salles combles, à Strasbourg puis à Nancy, face à la Russie et la Belgique, des sans-culottes issus pour la majorité de la Jeep Elite (ex-Pro A) venus au secours d’une équipe de France privée de ses stars, a fait le job sans état d’âme. Il y eut beaucoup d’approximations offensives mais une détermination sans faille illustrée par une défense certifiée made-in-France retrouvée.

Nantis de quatre victoires en autant de matches, les hommes de Vincent Collet ont déjà fait un pas important vers la qualification à la Coupe du Monde 2019. Mais attention, il en reste encore huit avant de sortir le champagne.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

Il est parfois des situations vaguement surréalistes qui permettent des anecdotes piquantes. Nous sommes dimanche lors de la conférence de presse qui suit le match France-Belgique à Nancy. Avant l’intervention de Vincent Collet, Kevin Bosi, l’attaché de presse de la fédération prend la parole:

« Une petite précision règlementaire avant de commencer : l’ensemble des résultats du premier tour sont conservés pour le deuxième tour et pas seulement face aux équipes qualifiées. »

Le parterre des journalistes est interloqué. Cela fait des semaines que les médias tentent d’expliquer à leurs lecteurs, téléspectateurs et auditeurs, que victoires et défaites obtenues face au quatrième du groupe n’ont aucune incidence.

Dans un sourire amusé, le coach des Bleus lance :

« FIBA rules ! »

Décidemment, les règlements de la Fédération Internationale nous étonneront toujours, une subtilité imprévue en cache toujours une autre. Vincent Collet se lance dans une explication précise afin de lever les doutes :

« J’ai été surpris quand on m’a dit ça », reconnait-il. « J’étais totalement persuadé que c’était entre les qualifiés comme ça a toujours été le cas jusqu’à maintenant. A l’Euro quand il y avait deux poules avant les quarts-de-finale, vous jouiez les adversaires de l’autre groupe et vous conserviez les résultats contre ceux avec qui vous vous étiez qualifiés. Par exemple quand on avait perdu contre l’Allemagne en 2013, ça avait eu moins de conséquence puisqu’ils avaient ensuite tout perdu et ils n’étaient pas allés dans le deuxième tour. Mais là tous les matches comptent. »

Vincent Collet exprime aussi sa satisfaction d’avoir découvert ce point de règlement qui avait échappé à chacun : « Tant mieux ! ». Oui, tant mieux, car si la Belgique, toujours à quai après quatre journées en venait à se faire éliminer, la besace des Français se retrouverait tout de même garnie de deux victoires supplémentaires.

« Et l’objectif c’est d’en prendre au moins un sur les deux au mois de juin et si possible les deux, bien entendu », ajoute le coach qui en est désormais personnellement à 70,1% de victoires avec les Bleus. Joli pourcentage.

Andrew Albicy et Vincent Collet.

Les Belges pris en tenaille

Les Belgian Lions ont résisté un temps essentiellement grâce à sa paire de « Français », le Gravelinois Quentin Serron, le meilleur Belge de cette fenêtre de février, et Pierre-Antoine Gillet, si peu à l’aise pour sa saison de rookie en Jeep ELITE à Chalon. Comme quoi, quand on change de maillot et de contexte, on peut s’en retrouver transformé. Les pieds dans le ciment, Gillet a assuré 10 points à 4/6 aux shoots lors des 13 minutes passées sur le terrain en première mi-temps. Leur bonne réussite au-delà de la ligne à 6,75m (5/11) avait amené les Belges à mener 32-30 après deux quart-temps.

Ce qui a permis à la France d’inverser le cours du ruisseau, c’est en premier lieu sa défense. Les 49 points inscrit par les Belgian Lions constituent la plus faible marque de tous les matches de ces fenêtres de février de la zone européenne. Ils ont été mis au pain sec et à l’eau en deuxième mi-temps : 17 points.

« Je vais dire ce que j’ai dit aux joueurs, sur l’état d’esprit, c’est irréprochable », a commenté Vincent Collet. « L’engagement, l’intensité, ne se sont jamais démentis que ce soit lors des entraînements et pendant les matches. Sur le basket, on a bien sûr des choses à améliorer. On a encore pu le voir ce soir, sans parler même des lancers-francs où là c’était tragique (12/28). Mais malgré tout on s’est appuyé sur ces quatre matches sur une défense vraiment très bonne. Par exemple meilleure que celle que l’on avait au championnat d’Europe l’été dernier. Il ne faut pas avoir peur de le dire. C’est quelque chose d’important car il faudra que l’on conserve ça d’une façon ou d’une autre. Il est évident que les joueurs que l’on va pouvoir ajouter à cette sélection pour les prochaines fenêtres vont nous donner des possibilités offensives bien plus importantes car on a vu contre la Russie vendredi et aussi ce soir, en particulier en première mi-temps, qu’on avait parfois dans ce domaine de vraies limites. Par contre, il ne faut surtout pas que ce soit au détriment de ce socle défensif qui est une marque de fabrique depuis toujours en équipe de France et qui ne l’était plus l’an passé. »

Moustapha Fall.

Moustapha Fall : 10/10 et… 3/11

La deuxième arme fatale des Bleus, c’était son big man, Moustapha Fall (2,18m). Les Français ont pilonné dans la peinture, périmètre où se situait la faiblesse présumée des Belges et qui a été constatée sur le théâtre d’opération. Après que Boris Diaw ait joué le bulldozer face à Hans Vanwijn (2,05m, 23 ans), l’espoir flamand qui a semblé bien frêle en comparaison, c’est le géant Fall qui a pris le relais.

Intronisé dans le cinq majeur pour sa quatrième sélection en bleu, Moustapha Fall a tout de suite mis les Belges au parfum avec trois slam dunks en juste un peu plus de trois minutes. Plus grand, plus vif que ses vis-à-vis, capable de les enrouler comme un serpent, il a tout mis dedans : 10/10. Pratiquement toujours par ce moyen le plus sûr de scorer, le dunk. Peut-être du jamais vu dans toute l’histoire de l’équipe nationale même si les documents n’existent pas pour le prouver.

Fait extrêmement rare et pas que sous le maillot bleu, à côté de cette note parfaite dans les tirs du champ, le pivot intimidator de Sakarya s’est fendu d’un misérable 3/11 aux lancers-francs. Moustapha Fall s’est défendu en assurant qu’il s’agissait d’un rendement exceptionnellement bas mais ses statistiques en carrière en Pro A (46,3%) comme cette saison en Turquie (51,8%) font état d’une maladresse chronique.

« On savait que les Belges commençaient avec (Kevin) Tumba et que c’est une opposition qui lui convenait certainement plus qu’un intérieur fuyant. On savait aussi qu’ils étaient privés de (Maxime) De Zeeuw et qu’ils avaient laissé (Khalid) Boukichou (NDLR : de Chalon) à la maison. Ils ont dû jouer avec le jeune (Ismael) Bako (NDLR : 22 ans) très longtemps. Et puis aussi ses coéquipiers l’ont mieux servi », analysait Vincent Collet.

Paul Lacombe

SOS shooteurs

Autre fait notable : le manque de shooteurs –on ne rappellera pas ici la longue liste des absents- a entraîné une indigence là-aussi rarement constatée. Sinon un trois-points de Elie Okobo (sur 10 tentatives), les Bleus n’ont pas réussi un seul shoot extérieur durant les vingt premières minutes alors que les Belges établissaient un bon 5/11 derrière l’arc.

« On a des shooteurs dans cette équipe qui peuvent mettre des tirs », estimait Vincent Collet. « En première mi-temps, Jo (NDLR : Rousselle dont c’était la première sélection), quand il rentre fait une passe magnifique sur le système de zone pour un dunk. Derrière, il est deux fois en position de tirer et il n’ose pas. En deuxième mi-temps, quand il est libéré, il en marque un à onze mètres ! Il y avait des joueurs qui avaient un peu peur mais c’est vrai que l’on a peu de shooteurs », convenait finalement le coach. « Les joueurs majeurs ne sont pas forcément des shooteurs. C’est pour ça que Hugo (Invernizzi) a eu un apport important de deux façons. Quand il est rentré en deuxième mi-temps, ils sont passés en homme à homme sans même tenté de rester en zone et après parce qu’il a marqué deux paniers consécutifs à trois-points qui ont fini de créer l’écart. »

A ce moment-là, les Belges, qui revenaient de Bosnie, étaient physiquement au bout du rouleau et l’hyper actif Paul Lacombe apportait une fois de plus une énergie communicatrice même s’il pêchait à la finition (2/10 aux tirs).

« On a hésité », confiait Vincent Collet à propos du shooteur limougeaud William Howard non retenu pour ce match à Nancy alors qu’il avait fait un court passage sur le parquet à Strasbourg. « Ce n’était pas un choix facile. Si on ne l’a pas confirmé c’est parce qu’on s’est dit qu’il risquait d’avoir encore peur de ne pas être vraiment celui dont on a l’habitude de voir en championnat. C’est pour cela que l’on a basculé sur Jo. La match-up était autour d’arrières. On voulait absolument pouvoir les empêcher. Ils ont marqué vingt-trois points les trois larrons (Jonathan Tabu, Quentin Serron et Retin Obasohan) contre cinquante avant-hier (NDLR : contre la Bosnie) avec des pertes de balle et des difficultés à s’approcher parce que nos arrières ont fait un gros travail défensif. C’est pour ça qu’on a fait le choix d’avoir des guards et on savait aussi que Jo est plutôt un bon joueur contre la zone. Il a non seulement le tir mais aussi la fixation. Il a débloqué deux ou trois situations, il a plutôt joué juste. »

Quels Bleus en juin ?

Vincent Collet a insisté sur le fait que ces Bleus-là –dans le sens bleusaille et bleu de chauffe- ont mouillé le maillot. Ils savaient qu’ils étaient des intérimaires et certains ont peut-être porté le maillot national pour la première et la dernière fois à cause de ce pathétique conflit entre la FIBA et l’Euroleague.

Deux autres fenêtres sont au programme en juin-juillet puis en septembre. Avec quelle troupe ? Les joueurs d’Euroleague et les NBAers sont-ils prêts à reprendre le flambeau ? Dans quelles proportions ? Vincent Collet qui a dû faire face à la pénurie cet hiver ne devra-t-il pas couper des têtes célèbres l’été prochain pour parvenir à douze noms sachant que la meilleure équipe possible ne rime pas forcément avec All-Star Team ?

« On n’a pas encore creusé, on doit se voir avec Patrick (Beesley, le directeur des équipes de France) et Jean-Pierre (Siutat, le président) très rapidement, mais j’ai le sentiment que beaucoup vont vouloir venir. Donc on aura pas mal de possibilités. Mais à l’inverse je ne veux pas non plus casser le groupe qui a fait ces quatre matches. C’est un juste équilibre. Les joueurs qui sont dans cette équipe savent qu’ils sont potentiellement remplaçables. Tout a été défini très clairement. Mais ce n’est pas une raison. On a une dynamique qui doit aussi compter pour la suite. On réfléchira mais il y aura bien entendu de nouveaux joueurs parmi nos grands joueurs. Mais je ne suis pas inquiet sur leur volonté de venir pour la plupart. »

Sera-t-il demandé aux joueurs de s’engager sur les deux prochaines fenêtres ou peut-on imaginer des configurations d’équipes différentes ?

« C’est encore très prématuré parce que la deuxième fenêtre est dans la deuxième partie de septembre et va forcément se situer au moment où les clubs d’Euroleague vont avoir repris et où la NBA ne va pas être loin de reprendre non plus. Ça sera donc certainement plus difficile. Pour l’instant, concentrons-nous sur juin. »

Outre Boris Diaw, évidemment, Charles Kahudi, un habitué aux strapontins, Louis Labeyrie, dont la montée en régime est spectaculaire depuis un an et demi, deux autres sans-culottes de ces fenêtres sont des candidats affirmés à une équipe de France type : Moustapha Fall que Vincent Collet aimerait associé à Rudy Gobert car les big men sont indispensables au plus haut niveau mondial et le couteau suisse électrique Paul Lacombe qui serait un parfait backup.

Quant à Jean-Pierre Siutat, il a précisé :

« J’espère que le conflit va évoluer positivement pour préparer la saison prochaine. J’ai l’impression que la Commission Européenne a indiqué que les équipes nationales devaient être prioritaires et a sommé les deux parties d’organiser les calendriers. Pour l’année prochaine, il faut être optimiste. J’espère que les choses seront décantées d’ici là. »

Avec les compétitions d’équipes nationales, on a appris à vivre au jour le jour. Et c’est pour cela que l’on savoure le moment présent.

[armelse]

Il est parfois des situations vaguement surréalistes qui permettent des anecdotes piquantes. Nous sommes dimanche lors de la conférence de presse qui suit le match France-Belgique à Nancy. Avant l’intervention de Vincent Collet, Kevin Bosi, l’attaché de presse de la fédération prend la parole:

« Une petite précision règlementaire avant de commencer : l’ensemble des résultats du premier tour sont conservés pour le deuxième tour et pas seulement face aux équipes qualifiées. »

Le parterre des journalistes est interloqué. Cela fait des semaines que les médias tentent d’expliquer à leurs lecteurs, téléspectateurs et auditeurs, que victoires et défaites obtenues face au quatrième du groupe n’ont aucune incidence.

Dans un sourire amusé, le coach des Bleus lance :

« FIBA rules ! »

Décidemment, les règlements de la Fédération Internationale nous étonneront toujours, une subtilité imprévue en cache toujours une autre. Vincent Collet se lance dans une explication précise afin de lever les doutes :

« J’ai été surpris quand on m’a dit ça », reconnait-il.

[/arm_restrict_content]

[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Photo: FIBA Europe

Commentaires

Fil d'actualité