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Quand Nanterre 92 démontre que Paris dispose d’un formidable potentiel pour le basket

En investissant la U Arena, Nanterre 92 est passé définitivement de la petite entreprise familiale à sinon à une multinationale du moins au cercle très étroit des clubs européens capables de rameuter 15 220 spectateurs pour un match lambda de championnat. Et alors que plusieurs projets parisiens bou

En investissant la U Arena, Nanterre 92 est passé définitivement de la petite entreprise familiale à sinon à une multinationale du moins au cercle très étroit des clubs européens capables de rameuter 15 220 spectateurs pour un match lambda de championnat. Et alors que plusieurs projets parisiens bourgeonnent, le club des Donnadieu marque les esprits en disant à la face de la planète orange : « nous aussi, on est là ! » Mais c’est tout le basket français qui est gagnant de voir un club de sa capitale se mettre ainsi en habit de lumière et prouver que sur le plan organisationnel, il peut avoir un niveau Euroleague ++.

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A quoi reconnait-on un grand évènement ? Quand deux centaines de spectateurs font déjà le pied de grue près de trois heures avant l’heure H comme pour un concert de rock.

En pénétrant dans la U Arena, il nous revient les sensations qui nous avaient fait frissonner au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d’Ascq lors de l’EuroBasket 2015. C’est un cadre grandiose avec deux niveaux de spectateurs séparés par des loges. Un rideau a été dressé pour couper le terrain de rugby en deux et quatre écrans géants installés afin de fournir de multiples informations sur le match, des publicités et faire dérouler le déjà volumineux palmarès du club à la présentation des équipes. La qualité de la sono est juste extraordinaire. C’est ce qu’on dû se dire Patrick Baumann, le secrétaire-général de la FIBA, et les représentants de l’Euroleague présents dans les tribunes.

Avant le match, le public a réagi comme au All-Star Game à différentes attractions, à commencer par le mapping –la projection de lumière sur le parquet- qui constitue un spectacle visuel très haut de gamme. Le nom des joueurs est apparu sur les LED comme si on était à Los Angeles, San Antonio ou Golden State. Dunky, la mascotte du club –en fait, à l’intérieur il s’agissait de la personne qui anime habituellement Benny The Bull des Chicago Bulls-, a fait une arrivée royale en descendant du plafond par une câble avant d’agiter frénétiquement le drapeau du club apporté par deux hôtesses. On l’a juste trouvé un peu trop discret par la suite.

Seulement, ce public n’a pas été bon enfant comme celui d’un All-Star Game. Il a vraiment mordu à l’enjeu du match ne se faisant pas prier pour agiter des drapeaux verts ou crier « Nanterre ! » lorsque le speaker de Maurice-Thorez, Jamil, lui demandait « ici, c’est ? » On l’a entendu hurler « défense ! défense ! », envoyer des grêles de cris quand Heiko Schaffartzik et Hugo Invernizzi perforaient la défense villeurbannaise d’une bombe à trois-points et beugler sur Nicolas Lang quand il a tenté d’égaliser sur deux lancers-francs au buzzer. Ça nous a rappelé Beaublanc et il est difficile de faire plus beau compliment.

A la question de savoir ce qu’il pensait de l’attitude de ce public joyeux mais bien décidé à marquer son territoire, Pascal Donnadieu, le coach nanterrien, a répondu :

« Ça été ma grande surprise. J’avais un peu peur que les gens qui nous soutiennent au palais des sports soient un peu isolés, que ce soit un peu feutré. Bien au contraire. Et pourtant le scénario du match faisait que l’on était souvent derrière et les gens auraient pu un peu moins nous soutenir. Il y avait une telle ferveur que l’on s’est senti pousser des ailes, notamment dans le dernier quart-temps. Je pense qu’il faut rendre hommage à tous les gens qui ont organisé. Ils ont fait un travail fabuleux. Que ce soit les gens du club, de la mairie, de la U Arena, tout ceux qui ont participé. Nous, on a essayé d’assurer sur le terrain. En tant qu’acteur, j’ai ressenti une telle émotion, une telle vibration. Je pense qu’il n’y a pas eu beaucoup de loupés, le spectacle était de qualité. Sur le terrain et j’espère en dehors. C’était une belle première. »

Vrai. Sans exagération. Heiko Schaffartzik qui a pas mal bourlingué allait dans le même sens et insistait profitant de son propre vécu :

« Les spectateurs, on a eu l’impression ce soir que c’était 15 000 supporters. C’était vraiment fort. J’ai fait beaucoup de matchs en Euroleague et je pense que c’était le plus bruyant de ma carrière. Tout le monde doit donner une grande félicitation au club de Nanterre 92. Cette arène est normalement faite pour le rugby et le concert des Rolling Stones, il faut tendre un rideau, faire plein de choses comme ça. C’est vraiment un truc de haut niveau. Si le club veut faire une application pour l’Euroleague, ce soir c’était une application. »

L’apport du banc

La grande différence avec un All-Star Game, c’est l’enjeu sportif. Et ce dimanche soir, les joueurs n’étaient pas venus pour rigoler. Au point que les Nanterriens ont loupé leurs cinq premiers shoots parfois à bout portant et ça pouvait être mis sur le compte d’un léger stress.

L’ASVEL, qui alterne cette saison le pile et le face, a montré ce dimanche soir un beau visage. Elle a tout de suite posé sa patte sur le match. Son adresse à deux-points a été phénoménale en première mi-temps (16/18 aux tirs) et David Lighty (29 points, 11/14 aux tirs) a été brillant pendant quarante minutes. A l’évidence, les Villeurbannais sont plus puissants dans la peinture même si le nouveau venu Kevin Jones apporte de la densité à celle de Nanterre. On aurait presque oublié l’absence de John Roberson qui est mis à pied et semble-t-il pas licencié pour autant. Juste une sanction pour des comportements hors terrain en décalage avec ceux d’un sportif de haut niveau. DeMarcus Nelson et aussi Sofiane Briki, 19 ans, ont su compenser mais en partie seulement.

Ce qui a manqué à l’ASVEL ? Le coach TJ Parker n’a pas été très loquace en conférence de presse parlant essentiellement de « shoots ouverts que l’on ne met pas. » Charles Kahudi a repris le même thème en l’étayant :

« Il nous a manqué de la rigueur défensive. On n’a pas communiqué sur les différents changements qu’on voulait mettre en place. On sait très bien que des mecs comme ça, chez eux, dans leur salle, pour ce pseudo show, ils allaient forcément être prêts dans les moments importants. Nous, on a eu pas mal de shoots ouverts, on a shooté à côté. Forcément, c’est frustrant. On gagne à l’évaluation, au rebond mais pas à l’adresse. »

En fait, les chiffres globaux démontrent une adresse du côté de l’ASVEL… supérieure de 10%. Evidemment Nanterre a fait parler la foudre à trois-points (12/25) mais c’est une ritournelle de faire remarquer ça. Surtout la JSF a attaqué la deuxième mi-temps avec beaucoup plus de conviction et quelques aménagements technico-tactiques. Plus encore, Nanterre a fait preuve d’un supplément d’âme que n’a pas l’ASVEL et qui ne s’achète pas avec des billets de banque et qui se perpétue avec des joueurs différents sous le maillot vert de la JSF.

« On s’est réorganisé à la mi-temps », expliqua Pascal Donnadieu. « On avait des problèmes avec les post up des joueurs extérieurs, on souffrait physiquement. On a cherché à être plus compacts, en trappant sur les joueurs extérieurs, ça leur a posé des problèmes. David Lighty, l’ancien Nanterrien, les a tenus en vie, a fait un match fabuleux. C’est sûr que d’être poussé par des milliers de personnes, ça vous transforme. De mettre le cul par terre et de faire des stops défensifs, ça me parait tout à fait normal. Heureusement qu’on l’a fait ! »

Le banc nanterrien a apporté un écot déterminant comme l’a souligné Heiko Schaffartzik :

« On a pu voir qu’en première mi-temps, on a eu quelques problèmes. Peut-être était-ce la nervosité. On a beaucoup mieux joué en deuxième mi-temps. On a reçu beaucoup d’énergie des joueurs de notre banc spécialement dans le dernier quart-temps de Jo Passave Ducteil et de Bathiste Tchouaffé. Ils n’ont pas beaucoup scoré mais en défense c’était vraiment fort. »

Lequel Schaffartzik a été le MVP du match. Dans le money time, l’Allemand a distribué quelques caviars à l’intérieur et mis des paniers dont il a le secret. Heiko est galvanisé quand il y a de la pression. La marque des grands.

Après, si Nicolas Lang avait inscrit son deuxième lancer, si l’ASVEL avait obtenu une prolongation, peut-être serions-nous en train de commenter un autre film.

Le rêve d’un club résident

Aujourd’hui, deux victoires séparent les deux équipes et dans un championnat aussi touffu, ce n’est pas un détail.

Charles Kahudi n’a pas voulu commenter la mise à pied de John Roberson mais ajouté quand même :

« C’est un bon joueur, aussi forcément ça manque. Ce soir DeMarcus Nelson fait un bon boulot défensivement et dans la distribution. Sofiane Briki a apporté aussi quand il est rentré. S’il y a un joueur blessé ou manquant, on a un effectif suffisant pour compenser. Quand il reviendra, on va l’intégrer le plus rapidement possible pour continuer à travailler. On est un groupe et on a besoin de tout le monde. »

Ce qui laisse à penser que le capitaine croit que la mise à l’écart du meneur de jeu n’est que temporaire.

Quand on lui parle de Champions League et d’un retard de huit points concédés à Maurice-Thorez face à Banvit, Pascal Donnadieu recentre vite la conversation sur la Jeep ELITE.

« La priorité absolue de la fin de saison, c’est de finir dans le top 8 pour faire les playoffs. Personne n’est assuré d’avoir une place sinon Monaco, Strasbourg et Le Mans . »

Cependant, le coach de Nanterre 92 sait bien qu’au-delà de la mathématique du championnat, son club a gagné deux ou trois galons dans la reconnaissance nationale et internationale. Qu’il est loin le petit Nanterre qui grimpait modestement de N1 en Pro B et de Pro B en Pro A.

« Ça prouve que l’on est capable de faire une soirée comme aujourd’hui. Il ne faut pas croire que ça s’est fait d’un coup de baguette magique. On n’est pas les Dieux mais j’estime que sportivement on a fait des choses ces dernières années. On nous attendait au tournant. Les gens qui se sont occupés de cette manifestation ont relevé le gant. Il y avait aujourd’hui des gens importants de la FIBA et de l’Euroleague. Pour avoir échangé avec eux avant, je sais qu’ils ont un intérêt important à ce qui s’est passé ce soir. Ça ouvre des perspectives. C’est pour ça qu’il fallait que ça soit bien réussit en dehors du terrain. »

Quand on lui demande, si Nanterre veut se positionner dans la course à l’Euroleague dans les années qui viennent sachant donc que d’autres projets sont en germe à Paris et sa banlieue, le coach rétorque :

« Oui. A partir du moment où l’on réussit ce genre de journée qui ne doit pas être juste un one shot. Il faut maintenant réussir à confirmer. Je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas. On est un club parisien, qui peut représenter Paris. On fera tout pour postuler. Ça peut être l’Euroleague à moyen terme, l’Eurocup demain. On ne doit pas se sous-estimer par rapport à certains clubs et certaines équipes. »

En quittant l’U Arena, on se disait que l’on n’avait qu’une envie, y revenir le plus vite possible. Et un rêve, qu’un jour un club parisien soit résident là ou dans une autre arène de ce type comme le club de rugby du Racing. Il y a à Paris un formidable potentiel et Nanterre 92 a réussi à mettre ce dimanche soir cette théorie en pratique.

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A quoi reconnait-on un grand évènement ? Quand deux centaines de spectateurs font déjà le pied de grue près de trois heures avant l’heure H comme pour un concert de rock.

En pénétrant dans la U Arena, il nous revient les sensations qui nous avaient fait frissonner au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d’Ascq lors de l’EuroBasket 2015. C’est un cadre grandiose avec deux niveaux de spectateurs séparés par des loges. Un rideau a été dressé pour séparer le terrain de rugby en deux et quatre écrans géants installés pour fournir informations sur le match et publicités et faire dérouler le déjà volumineux palmarès du club à la présentation des équipes. La qualité de la sono est juste extraordinaire. C’est ce qu’on dut se dire Patrick Baumann, le secrétaire-général de la FIBA, et les représentants de l’Euroleague présents dans les tribunes.

Avant le match, le public a réagi comme au All-Star Game à différentes attractions, à commencer par le mapping –la projection de lumière sur le parquet- qui constitue un spectacle visuel haut de gamme à lui seul. Le nom des joueurs est apparu sur les LED comme si on était à Los Angeles, San Antonio ou Golden State. Dunky, la mascotte du club –en fait, à l’intérieur il s’agissait de la personne qui anime habituellement Benny The Bull des Chicago Bulls-, a fait une arrivée royale en descendant du plafond par une corde avant d’agiter frénétiquement le drapeau du club apporté par deux hôtesses. On l’a juste trouvé un peu trop discret par la suite.

Seulement, ce public n’a pas été bon enfant comme celui d’un All-Star Game. Il a vraiment mordu à l’enjeu du match ne se faisant pas prier pour agiter des drapeaux verts ou crier « Nanterre ! » lorsque le speaker de Maurice-Thorez, Jamil, lui demandait « ici, c’est ? » On la entendu hurler « défense ! défense ! », envoyer des grêles de cris quand Heiko Schaffartzik et Hugo Invernizzi perforaient la défense villeurbannaise d’une bombe à trois-points et beugler sur Nicolas Lang quand il a tenté d’égaliser sur deux lancers-francs au buzzer. Ça nous a rappelé Beaublanc et il est difficile de faire plus beau compliment.

A la question de savoir ce qu’il pensait de l’attitude de ce public joyeux mais bien décidé à marquer son territoire, Pascal Donnadieu, le coach nanterrien, a répondu :

« Ça été ma grande surprise. J’avais un peu peur que les gens qui nous soutiennent au palais des sports soient un peu isolés, que ce soit un peu feutré. Bien au contraire.

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