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Basket à Blois, leadership, entrepreneuriat, tourisme : rencontre avec Tyren Johnson l’hyperactif

Si l’Abeille des Aydes de Blois occupe actuellement la deuxième place du championnat, l’intérieur américain Tyren Johnson (29 ans, 2,03m) n’y est sans doute pas pour rien. Aux côtés des historiques, Florian Thibedore (au club depuis 2013), Benjamin Monclar (depuis 2014) et au sein d’un groupe remarq

Si l’Abeille des Aydes de Blois occupe actuellement la deuxième place du championnat, l’intérieur américain Tyren Johnson (29 ans, 2,03m) n’y est sans doute pas pour rien. Aux côtés des historiques, Florian Thibedore (au club depuis 2013), Benjamin Monclar (depuis 2014) et au sein d’un groupe remarquablement bâti, le poste 4 a permis aux Blésois de franchir un nouveau cap, constituant avec le Bahaméen Jonathan Augustin-Fairell une des raquettes les plus dissuasives de Pro B. Avec 15,7 points, 5 rebonds, 3 passes décisives et 1,5 interceptions par match (pour 16,5 d’évaluation en moyenne), le natif d’Edgard (Louisiane) n’est clairement pas venu faire de la figuration pour son retour en France quatre ans après ses premières expériences en Pro B, à Châlons-Reims (15,5 pts, 6,3 rbds de moyenne en 2012-2013, une finale d’accession perdue contre Antibes) puis au HTV l’année suivante (16pts, 6,2rbds).

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Le parcours de Blois reste exceptionnel malgré la défaite concédé vendredi à la maison contre Roanne, BasketEurope est donc allé à la rencontre de cet hyper-actif qui multiplie les centres d’intérêt. Pour parler de basket bien sûr, mais aussi de tourisme et de tout ce qui touche au « leadership » puisque Tyren Johnson délivre, entre autres, des cours de mentorat. « Make Em Pay », pour « fais leur payer » est le slogan qu’il s’est attribué et qui résume le mieux son parcours de basketteur, parti du bout du banc pour devenir professionnel à l’étranger. Toutes ses activités sont à retrouver sur le site internet créé par ses soins: Tyrenjohnson.com, un nom et une marque qu’il espère bien développer à l’issue de sa carrière professionnelle.

Première partie : la saison avec Blois : « Mon but est très clair »

Neuvième la saison passée pour sa première année en Pro B et doté d’une nouvelle salle de 2 500 places depuis cet été, l’ADA Blois souhaitait poursuivre sa progression en accrochant au pire un maintien sans trembler et au mieux une place en Playoffs lors de cet exercice 2017-2018. Un état des lieux lucide mais difficile à entendre pour Tyren Johnson, toujours motivé à l’idée de tutoyer les sommets.

« Je ne sais pas trop quel était l’objectif du club en début de la saison. J’étais juste excité de revenir en France et de prouver que les gens avaient tort. Peut-être que les attentes n’étaient pas trop élevées. Certains coéquipiers ne pensaient pas qu’il serait possible de jouer la première place. Ça m’a rendu fou et ambitieux, pour leur prouver le contraire. Mon état d’esprit « makempay » n’a pas de limites et donc je m’attendais à jouer la première place. Pour l’instant, on a perdu contre Orléans à l’aller contre qui j’ai joué blessé et à Lille ensuite alors que je revenais de blessure. Après, on a juste perdu contre Roanne (80-63), qui nous a juste marché dessus (+ une défaite à Saint-chamond, non mentionnée, NDLR). A mes yeux, nous n’avons perdu que ce match. De manière générale, quand je joue pour une équipe, je veux toujours être en pole position et si vous regardez ma carrière, j’ai toujours joué pour les premières places sauf à Toulon qui était un peu plus bas au classement lorsque j’ai rejoint l’équipe. Mais on a fini par faire les Playoffs (élimination au premier tour contre Bourg-en-Bresse, futur vainqueur) ».

Les actions de son meilleur match de la saison, au Havre (27pts, 8rbds, 5pds, 33 d’évaluation et la victoire en prolongation)

Pour Tyren Johnson, les trois derniers succès acquis face à trois grosses écuries de la ligue (Orléans, Lille et Nantes) ne constituent pas un tournant dans la saison des Blésois. C’est plutôt le regard des autres qui a changé lorsque Blois s’est rapproché des premières places.

« Sur ces trois derniers matchs, on a défendu fort en étant très physique. Cette année, c’est celui qui jouera le plus dur qui terminera premier. Et nous avons joué plus dur que les autres ces derniers temps. Le moment décisif pour moi a été quand Orléans a perdu quelques matchs et qu’ils ont dû nous jouer ensuite. C’était selon moi le meilleur moment pour les attaquer. Maintenant, j’aborde chaque match comme un match de Playoffs, avec la volonté de finir à la première place. Peut-être que le club se contentera de finir à une autre place, mais en ce qui me concerne, je n’ai jamais remporté de championnat dans ma carrière alors que j’ai disputé cinq finales. Mon but est très clair ».

Intérieur fuyant, capable de tout faire, Tyren Johnson a également pour particularité une adresse extérieure digne d’un vrai shooteur. Avant de passer au travers lors des trois derniers matchs, il pointait même à un beau 44% d’adresse, le même pourcentage que l’un des meilleurs snipers de la division, Kyle McAlarney ! Aujourd’hui encore, il pointe non loin des spécialistes de l’exercice comme le Caennais Ludovic Chelle (41,5%) ou le Nancéien Philippe Braud (41,8%). Mais tout comme il refuse de se satisfaire de la forme actuelle de l’équipe (« j’ai l’impression qu’on peut faire encore tellement mieux »), l’intéressé ne s’arrêtera pas sur ce « petit » point de satisfaction.

« Je suis content, mais je ne suis pas choqué. En vérité, je shoote bien mieux que les statistiques le montrent. La plupart de mes équipes me donnent la balle à la fin de l’horloge et beaucoup de mes tirs sont forcés, ce qui fait chuter mon pourcentage. J’ai toujours été un bon tireur. Personnellement, les statistiques ne changent rien pour moi même si je veux être le meilleur scoreur à la fin de la saison. Quand je commencerais à finir davantage près du cercle, alors je serai satisfait. En ce moment la plupart de mes paniers viennent de l’extérieur. Je suis trop athlétique pour ne pas être capable de marquer dans la peinture et je suis trop bon tireur pour ne pas tirer de lancer-francs ».

Auteur d’un 3 points au buzzer à Roanne en Leader’s Cup en début de saison, Tyren Johnson a récidivé en championnat avec ce tir pour la victoire à Vichy-Clermont

Deuxième partie : « Makempay », « TRÜF », Tyren Jonhson et le leadership

En plus du basket, Tyren Johnson s’attelle à délivrer des discours de motivations à l’attention d’autres joueurs. De son parcours qui n’a pas forcément été tout tracé, comme pour bon nombre de sportifs professionnels, est ressorti ce mantra : « fais leur payer », et l’envie de transmettre son expérience aux autres pour les aider à avancer.

« Tout a commencé à Châlons-Reims »

« Makempay représente ce pour quoi je suis devenu connu. Simplement, c’est l’art d’utiliser le scepticisme de vos détracteurs comme carburant pour avancer. On a douté de moi toute ma vie et j’ai passé le plus clair de mon temps à essayer de prouver aux gens qu’ils avaient tort », confie-t-il. « Tout a commencé à Chalon-Reims. J’étais clairement le plus talentueux de l’équipe, mais avant la saison et en début de saison, j’étais sur le banc. Avec mon coach, Nikola Antic, on n’a pas eu de bonnes relations. Il ne m’a pas compris au début et je ne l’ai pas compris. Il a alors décidé de me faire sortir du banc et de limiter mon temps de jeu. Et j’ai passé tout le reste de la saison à lui prouver qu’il avait eu tort de le faire. J’étais tellement frustré que ça m’a vraiment aidé sur le terrain. À la fin de la saison, ma relation avec Nikola s’est grandement améliorée. Je l’ai vu il y a quelques mois et j’étais tellement heureux de le retrouver. Il a changé ma carrière et il ne le sait même pas ».

Depuis cet épisode au CCRB, Tyren Johnson a structuré son discours. Et bien plus qu’une source de motivation personnelle, c’est vraiment l’envie de transmettre, de partager son expérience et ses conseils avec le plus grand nombre qui motivent le maillon fort de l’ADA.

« Je veux enseigner cet état d’esprit à d’autres joueurs. Comment utiliser le doute pour alimenter votre succès. J’organise donc des camps de compétences qui les aident à se préparer. On établit une relation de manière à ce que je puisse les aider à atteindre leurs objectifs. Je forme des joueurs, de NBA à des joueurs de lycée. La plupart sont au lycée, mais j’ai aussi quelques joueurs qui jouent à l’étranger. Ça se passe bien. Je les aide à éviter les erreurs qui me sont arrivées dans ma carrière. En les aidant à se préparer à la vie après le basket-ball et à tirer le meilleur parti de leur carrière. Le premier conseil que je donnerais à un joueur qui veut faire une carrière dans le basket ? De s’en tenir aux bases, ne pas compliquer les choses. De maîtriser les fondamentaux et de garder l’idée de jouer un basket simple. Il en va de même pour la vie, soyez vous-même et concentrez-vous sur les choses pour lesquelles vous êtes bon ».

Petite leçon de leadership de Tyren Johnson sur l’importance de la patience dans sa réussite

Des inspirations ?

« Je n’ai pas de mentor physiquement en ce moment, mais j’en cherche un. J’ai des mentors en ligne. Grâce à Internet, des gars comme Gary Vaynerchuck, Lewis Howes, Grant Cardone, et Dre Baldwin me guident sans le savoir. Ils m’inspirent tous parce que je suis devenu plus qu’un simple joueur de basket-ball. Je suis une marque et je veux être ma propre marque pour le reste de ma vie, alors je me prépare maintenant parce que je ne sais pas combien de temps je pourrais encore jouer en Europe. C’est amusant mais cela n’a jamais été mon rêve. La NBA était mon rêve, et de jouer en Europe, c’est très difficile pour moi. Pas de famille, pas d’amis, les règles du basket européen me limitent un peu et le changement de style de vie est extrême ».

Le fait de ne pas avoir pu évoluer en NBA aurait également pu constituer une source de motivation, mais le n°12 de l’ADA Blois s’en défend.

« Ça n’a jamais été un problème pour moi de ne pas avoir pu y aller. Beaucoup de gars qui sont dans la NBA vous diraient que j’ai le niveau NBA. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour n’avoir aucun regret. J’utilise toujours cet état d’esprit de Makempay aujourd’hui parce que je suis revenu en France mais je joue toujours en Pro B. C’est le seul pays où j’ai joué en deuxième division. Ça me frustre tous les jours, même aujourd’hui. Donc tout le monde doit payer. J’espère qu’après la saison je pourrais dire « I made em pay » (« je leur ai fait payer »). »

De cette expérience à travers l’Europe (en Belgique aux côtés de l’ancien joueur NBA Chris Copeland mais aussi en Grèce), la D-League et le Japon, est né une autre leçon de vie et un autre slogan que Tyren Johnson cultive à fond jusqu’à en faire une marque qu’il imprime en gros sur tee-shirts et autres vêtements qu’il porte fièrement dès la fin de l’entraînement et sur ses vidéos : TRÜF, pour « Take Respect Until Freedom », jeu de mot en rapport avec la vérité (« Thruth » en anglais) et non avec la truffe du Perigord, ce champignon rare traquée dans nos belles contrées.

« Makempay traite du sport et TRÜF de la vie. Le respect est l’une des choses les plus importantes que vous pouvez avoir dans la vie. La liberté représente ce que je pense de la vie. C’est tout ce que je cherchais et j’ai trouvé la liberté quand je me suis trouvé. Je suis un gars simple j’aime les sports, voyager, et créer… »

Une journée ordinaire dans la journée de Tyren Johnson, ici en déplacement pour un match à Ciudad Juarez (Mexique)

Au stade de sa carrière, Tyren Johnson a franchi une nouvelle étape à Blois puisqu’il a dû passer de la théorie à la pratique en apprenant à devenir non pas un mentor ou un « motivateur » personnel mais un leader d’équipe.

« C’est la première fois qu’un club me demande vraiment d’être un leader. C’est bizarre d’être l’un des plus vieux gars de l’équipe. Ça change la façon dont j’aborde le jeu. J’essaie de montrer l’exemple et de parler davantage. C’est difficile d’être un nouveau joueur et en même temps un leader dans une équipe. Surtout en France, les joueurs français ne comprennent pas vraiment la façon dont les Américains regardent le jeu, donc je suis souvent mal compris. On ne devient pas une équipe d’un claquement de doigts, mais la nôtre est sur le bon chemin ».

Comme bon nombre de ses coéquipiers, Tyren Johnson a été malmené par la défense de fer de Roanne vendredi soir, la meilleure de Pro B (9pts dont un 0/6 à 3pts, 4rbds, 3pds). Plus globalement en difficulté depuis trois matchs, sa réaction sera à suivre de près lors des prochaines sorties de l’ADA, et il y a fort à parier pour que le n°12 blésois face le maximum pour faire payer cet écart à ses prochains adversaires.

Troisième partie : le tourisme

On aurait pu aborder tellement d’autres sujets. De sa passion pour la musique, au sport en général, de l’histoire ou de la vie. Mais c’est le Tyren Johnson passionné de voyages qui s’est imposé de lui même. L’enfant de Louisiane aime occuper son temps libre pour découvrir de nouvelles choses, de nouveaux endroits. Des voyages qu’il fait partager à travers des Vlogs sur sa chaîne Youtube.

« Tout est spontané. Je déteste les plans qui tuent l’excitation du voyage. La plupart du temps je tape dans Google les choses à voir près de moi. Je vais sur Skyscanner et tape les dates auxquelles je peux voyager. Je ne mets pas de destination particulière, et je vois ce qui se passe. En général, je ne prends conseil auprès de personne. Une fois que je découvre où je vais, je fais de la recherche intense pour en apprendre le plus possible sur l’endroit. A l’université, je me suis spécialisé en histoire et en géographie, donc je suis à fond dans l’histoire des lieux. Pour mes prochains voyages, je prévois d’aller en Afrique du Sud, peut-être à Johannesburg ou au Ghana, au Brésil et à New York. Je suis souvent allé à New York mais pour les affaires, je n’ai jamais vraiment vu la ville ».

Cette saison, Tyren Johnson a profité de son temps libre et de son retour en France pour retourner visiter les grands monuments de Paris, mais s’est aussi envolé pour Barcelone le temps d’un week-end prolongé, « le meilleur endroit où je suis allé jusqu’ici », glisse-t-il. « Le temps, les gens, la nourriture, tout était super ». Amateur d’histoire et basé à Blois, c’est à Chambord, à 20 minutes de chez lui, que le poste 4 de l’ADA a fait sa dernière sortie, en compagnie de Torey Thomas notamment. « Le château de Chambord est magnifique, l’architecture est incroyable. Pour ceux qui n’y sont jamais allés, je vous conseillerais de réviser votre histoire avant, sinon vous risquez de vous ennuyer. Vous ferez de belles photos que vous pourrez partager sur les réseaux sociaux, mais ce sera à peu près tout, c’est assez calme là-bas. Et n’y allez pas quand il fait froid dehors, car il fait encore plus froid à l’intérieur. »

Après être passé par Reims et la région champenoise également riche en histoire, Toulon, son soleil et sa rade, la Belgique, la Grèce mais aussi le Japon, difficile pour l’intéressé de choisir un endroit favori pour concilier tourisme et pratique du basket. Sa meilleure expérience basket loin de sa Louisiane natale, c’est en fait au Mexique que Tyren Johnson l’a vécue en fin de saison dernière. Un choix davantage guidé par l’aspect humain de cette aventure.

« Les matchs étaient vraiment authentiques et intenses. L’amour qu’il peut y avoir là-bas est différent. Ils s’en fichent de gagner ou perdre, c’est la fierté qui prend le dessus. C’est assez proche de l’état d’esprit de là où je viens. Les Mexicains ont mieux compris ma personnalité que les Européens. Ici, j’ai un peu du mal, je dois plus ou moins mettre un masque pendant 10 mois. Au Mexique, ils m’ont permis d’être moi-même. En plus, on était la meilleure équipe de la ligue, même si on a encore perdu le championnat. Je parle toujours à mes coéquipiers et mes coachs, nous avons vraiment eu une belle relation ».

Voici pour la présentation sommaire d’un joueur à la fois atypique et en même temps au parcours sans doute similaire à ce que de nombreux joueurs américains expatriés en Europe doivent vivre au quotidien.

Pour en savoir plus sur Tyren Johnson :

http://tyrenjohnson.com/

https://www.youtube.com/user/Letsgo34/videos

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Le parcours de Blois reste exceptionnel malgré la défaite concédé vendredi à la maison contre Roanne, BasketEurope est donc allé à la rencontre de cet hyper-actif qui multiplie les centres d’intérêt. Pour parler de basket bien sûr, mais aussi de tourisme et de tout ce qui touche au « leadership » puisque Tyren Johnson délivre, entre autres, des cours de mentorat. « Make Em Pay », pour « fais leur payer » est le slogan qu’il s’est attribué et qui résume le mieux son parcours de basketteur, parti du bout du banc pour devenir professionnel à l’étranger. Toutes ses activités sont à retrouver sur le site internet créé par ses soins: Tyrenjohnson.com, un nom et une marque qu’il espère bien développer à l’issue de sa carrière professionnelle.

Première partie : la saison avec Blois : « Mon but est très clair »

9e la saison passée pour sa première année en Pro B et doté d’une nouvelle salle de 2500 places depuis cet été, l’ADA Blois souhaitait poursuivre sa progression en accrochant au pire un maintien sans trembler et au mieux une place en Playoffs lors de cet exercice 2017-2018. Un état des lieux lucide mais difficile à entendre pour Tyren Johnson, toujours motivé à l’idée de tutoyer les sommets.

« Je ne sais pas trop quel était l’objectif du club en début de la saison. J’étais juste excité de revenir en France et de prouver que les gens avaient tort.

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