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Emilie Gomis : « Marine Johannès a une insolence de jeu extraordinaire, que les Américains adorent »

Alors qu’elle suit une formation de métier de dirigeants à la Toulouse Business School, Emilie Gomis a été l’une des invitées de prestige de la deuxième édition des Rencontres du Leadership, mardi dernier à Bourg-en-Bresse pour partager son expérience sur le thème suivant : leadership et culture du

Alors qu’elle suit une formation de métier de dirigeants à la Toulouse Business School, Emilie Gomis a été l’une des invitées de prestige de la deuxième édition des Rencontres du Leadership, mardi dernier à Bourg-en-Bresse pour partager son expérience sur le thème suivant : leadership et culture du risque. Aux côtés de deux autres anciens sportifs professionnels, le nageur champion olympique Alain Bernard et « le roi », Antoine Rigaudeau, l’ex internationale française (194 sélections), qui joue toujours en N2, au Stade Français, a livré de nombreuses anecdotes sur le sujet.

A l’issue des trois tables rondes qui ont réunis des intervenants de tout bord, BasketEurope a souhaité prolonger le plaisir le temps d’un entretien particulier dans lequel « MissGo » aborde notamment les questions de l’aspect mental dans la réussite d’un sportif de haut-niveeau et de la succession de Céline Dumerc et Tony Parker, leaders de leur génération, en équipe de France.

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Emilie Gomis, quelle serait votre définition d’un leader ?

Pour moi, c’est quelqu’un qui sait fédérer un groupe, qui montre l’exemple qui ose prendre des risques… Quelqu’un qui n’a pas peur de l’échec tout simplement. Si je devais le résumer en un seul mot, je dirais quelqu’un qui inspire aussi. Pour moi c’est ça être un leader, donner envie aux autres d’aller plus loin, d’oser.

Vous avez expliqué aux Rencontres du Leadership avoir appris à devenir leader en étant plus jeune. Vous rappelez-vous de ce moment ?

C’est venu assez rapidement, lorsque j’ai commencé le basket à l’âge de 8 ans. Déjà, j’ai commencé avec les garçons. J’avais ce goût du challenge, l’envie de me surpasser face à des garçons, à des « tu n’y arriveras pas » ou à la difficulté. C’est toujours quelque chose qui m’anime énormément et que je recherchais presque, peut-être pour savoir jusqu’où je pouvais aller. C’est quelque chose qui me motivait énormément et dans lequel je me sentais à l’aise. Et c’est comme ça que je suis arrivée à monter crescendo et à jouer en professionnel. Je ne savais pas si je pouvais être une joueuse professionnelle, même si je savais que la compétition m’intéressait et m’animait. Il fallait quand même s’habituer à la ligue et à tout ce que ça engendre. Mais j’ai su que j’étais une leader dans l’engagement, dans l’action, dans la façon de jouer.

Une leader technique ?

Oui, je ne suis pas quelqu’un qui parle énormément sur le terrain.

De l’extérieur, c’est plus ce qui ressort…

C’est vrai, je ne parle pas sur le terrain, mais je parle en dehors. Je ne suis pas quelqu’un qui va s’exprimer devant tout le monde comme une Céline Dumerc peut le faire, aussi parce qu’elle joue au poste de meneur. Moi, je suis plus quelqu’un qui va prendre une joueuse à part, parler à une coéquipière discrètement. Je ne suis pas dans la démonstration orale, mais je suis dans l’action et l’engagement. C’est comme ça que les filles me connaissent. On peut me trouver parfois introvertie dans l’attitude, mais je sais que je fais l’unanimité dans l’action et on sait qu’on peut compter sur moi dans les moments difficiles. Que ce soit en défense ou autre. C’est comme ça aussi que le coach (Pierre Vincent) a perçu ma façon d’être. Il savait qu’il ne pouvait pas me « capter » au niveau de la tchatche, mais il s’est dit : « Emilie, je sais comment elle peut s’imposer et s’affirmer » . Et chacune, on a notre manière d’être leader. Il n’y a pas qu’une seule façon d’être leader.

C’est la personnalité qui fait le leader ?

Quand je prends notre 5 majeur aux Jeux Olympiques de Londres, on est cinq profils complètement différents. Il y a Céline Dumerc, la meneuse, qui fait le relais entre le coach et le terrain, qui annonce les systèmes. Ce n’est pas qu’elle gueule plus que les autres, c’est le poste qui veut ça, c’est le chef d’orchestre de l’équipe. Après, il y avait une Edwige Lawson-Wade qui était moins communicante, mais elle en imposait par son style de jeu, à l’Américaine, une fille très marrante… Elle te donne envie de te surpasser. Il y a une Sandrine Gruda, qui est plus fermée mais qui est tellement dure envers elle-même. On sait qu’elle ne se laissera rien passer. Et Isabelle Yacoubou, un gros nounours qui a toujours le smile, apporte sa bonne humeur dans un groupe au quotidien et qui dégomme tout sur son passage. On a chacune notre façon de s’exprimer, et c’est ce qui a fait notre force, parce que si on avait toutes la même façon de communiquer, personne n’aurait pu parler. S’il y avait eu cinq communicantes, je ne vous raconte pas le bordel dans les vestiaires ! C’est en fonction de notre personnalité, on ne peut pas s’inventer. J’ai gardé ma vraie nature, qui était de jouer à l’instinct. On a su me rendre leader à ma manière, et je pense qu’on a su voir aussi que j’aimais prendre des risques, des responsabilités et que je les assumais derrière. Ce n’est pas juste prendre des risques, et se cacher. C’est assumer de les avoir pris, les accepter et faire mieux la prochaine fois.

Les meilleures actions de France-Russie, demi-finale des JO de Londres (15pts pour Emilie Gomis, deuxième meilleure scoreuse derrière Edwige Lawson-Wade, 18pts dont 4/4 à 3pts).

Quels sont les différents types de leadership ?

C’est assez différent en fonction des nations. Les Américaines vont être très arrogantes, les plus expressives. On peut leur donner tous les termes du monde, mais ce sont des égo surdimensionnés, elles sont programmées pour ça. J’ai eu la chance de jouer à New York et la mentalité, l’approche n’est pas du tout la même au niveau du leadership. Ils te disent « tu es numéro 1 », et ils veulent que tu aies cet égo là et que veuilles être numéro 1. En France, on ne te dira jamais ça. On va plutôt te calmer, te dire : « On veut que tu sois numéro 1 mais calme toi, ne prends pas la grosse tête. » L’approche n’est pas du tout la même. En Russie, les joueuses sont froides et tout ce que vous voulez, mais c’est une nation qui bosse durement. Les coaches, les systèmes font qu’elles sont aussi programmées pour être les meilleures. Les Espagnoles, on l’a vu dans nos nombreuses confrontations, c’est beaucoup de freestyle, ça joue beaucoup, ça parle beaucoup. C’est une nation qui est très expressive, pas du tout comme nous qui sommes assez modérées. C’est comme ça qu’on voit la France, on est un peu snob.

Comme le disait Antoine Rigaudeau, il y a aussi une part d’inné, de naturel  ?

Ça part de l’humain, de la personnalité qu’on a et ça on ne le changera pas. Il y a notre instinct, notre talent, qui n’est pas naturel pour tout le monde il y a beaucoup de travail derrière, mais tout part de notre personnalité. On essaie de la travailler pour répondre aux exigences du haut-niveau. Parce que c’est le mental, la psychologie que tu as, qui fait qu’on arrive à te placer dans un groupe pour que tu fédères les autres et que tu arrives à être meilleur. C’est ce qu’il y a de plus difficile pour un coach. Parce qu’avoir les meilleurs joueurs, c’est bien mais ça ne suffit pas. Regarde le PSG, ils ont les meilleurs joueurs. Mais le Real Madrid, pourquoi ils sont meilleurs ? Le talent est là au PSG, mais il n’y a pas cette cohésion, ces leaders qui arrivent à être meilleurs ensemble et à tirer le reste de l’équipe vers le haut. C’est ce qui prend le plus de temps dans un groupe. Et nous, on est arrivé au summum aux Jeux en fait. Ça faisait déjà 10 ans qu’on était ensemble, qu’on galérait avec le même groupe, même s’il y a eu quelques petits changements. Mais pour en arriver là, à placer des égos et à les faire cohabiter, c’est un travail à long terme.

« C’est sûr qu’on a mis le basket féminin à un haut niveau avec notre médaille aux Jeux Olympiques, qui était une première pour la fédé. Ce sera difficile de faire mieux dans le sens où les Américaines sont là depuis des siècles. Mais il y aura d’autres finales »

Les deux équipes de France accusent les départs de deux leaders qui ont marqué leur génération, Céline Dumerc et Tony Parker. Comment vont-elles s’en relever ?

Il y aura une nouvelle génération. On nous la fait tout le temps, à chaque décennie. « Comment on va faire pour remplacer une Yannick Souvré ? Une Audrey Sauret ? » Et bah, on ne va pas les remplacer, c’est une nouvelle génération qui va arriver. De nouveaux joueurs avec un autre talent, une autre personnalité, de l’innovation aussi, de l’évolution… Il n’y a pas de comparaisons. On peut essayer de comparer parce que ça fait parler, et c’est toujours bien. Mais chaque joueuse est unique. Quand on prend une Marine Johannes, elle ne ressemble à personne ! A personne !

C’est elle qui est pressentie pour reprendre le flambeau. Sensiblement dans un autre style que Céline Dumerc…

Complètement, c’est quelqu’un de super timide. Mais c’est celle qu’on voit le plus sur le terrain. Il ne faut surtout pas la changer ! Qu’elle garde sa nature, c’est ce qui fait sa force. On ne pourra pas la mettre leader vocal, surtout pas. Elle risque de perdre son instinct. Il faut la laisser avec son insolence. Elle a une insolence de jeu qui est juste extraordinaire, que les Américains adorent. Il faut cultiver ça, et ne pas braquer les gens. Quand on recrute un talent, souvent ce que les coachs ou les clubs font, c’est qu’ils veulent modifier le joueur alors qu’il a été bon dans son club précédent coaché d’une certaine manière. Et souvent, on ne comprend pas pourquoi il est nul ensuite. Il perd juste de sa valeur initiale. Pour en revernir à l’équipe de France, il y a aura peut-être une phase d’adaptation qui prendra un certain temps, que l’équipe se forme etc etc. Mais il y a des talents qui sont très prometteurs. On verra ce qu’ils feront. C’est sûr qu’on a mis le basket féminin à un haut niveau avec notre médaille aux Jeux Olympiques, qui était une première pour la fédé. Ce sera difficile de faire mieux dans le sens où les Américaines sont là depuis des siècles. Mais il y aura d’autres finales.

L’exemple qui illustre peut-être le mieux le leadership de Céline Dumerc chez les Bleues, c’est peut-être ce France-Suède en quarts de finale de l’Euro 2013 ?

Ça me rappelle une chose, je ne sais plus qui disait ça… Mais en gros, si tu ne prends pas de risque… Tu as perdu ! Tu as déjà perdu en fait. Le risque, c’est de gagner. Normalement on dit qu’on apprend de ses erreurs. Mais là on avait pas d’autre issue. Si on avait perdu là, ça aurait été un terrible échec pour nous. On sort des Jeux, on est en France, chez nous, à Orchies, le match est très compliqué, Céline a des problèmes de fautes… Soit on tente, soit on rentre chez nous. Et puis c’est une confiance qui se met en place ensuite, un mécanisme. Comme quand tu es en danger, et tu n’as qu’une seule issue, tu n’as pas le choix, pas le temps de réfléchir. C’est de l’instinct de survie. On est au money-time, tu n’as pas le temps de poser le truc, c’est ce qui vient à l’instant T. C’est une confiance que tu as développée à l’entraînement, que tu avais déjà reproduit à certains matchs et c’est ce qu’elle avait fait. Elle s’est remémorée tout ça, et c’est revenu tout d’un coup. Il a suffi d’un panier de marqué, et là, c’était fini. Tu as une confiance qui t’anime, et plus personne ne peut t’arrêter, tu deviens presque invincible. Et derrière, tu as la vague de l’équipe qui reprend confiance, du coach, tu public… Céline expliquait aussi comment elle se mettait dans ce mécanisme là. C’est propre à la joueuse, on ne pourrait pas demander la même chose à une autre. Elle a juste reproduit ce qu’elle avait déjà réussi, mais à une plus grande échelle. C’est du vécu aussi, de l’expérience. Elle n’aurait jamais pu faire ça cinq ans plus tôt, impossible. Céline a la tête sur les épaules et elle a assumé la défaite contre l’Espagne en finale derrière (69-70). Ça n’a pas marché à ce moment là. Comme quoi ça peut marcher des fois et d’autres non.

France-Suède : le leadership, by Céline Dumerc

« Il faut avoir un égo surdimensionné pour être un athlète de haut niveau. Bien placé, mais il faut croire en soi, son talent, de ce qu’on est capable de donner et au fond de soi, se dire qu’on est la meilleure »

De même chez les garçons, pensez-vous que c’est une erreur d’avoir voulu faire de Nando De Colo attitré le successeur de Tony Parker ?

Ce sont des choix de coach. On n’est pas à l’intérieur du groupe pour décider pourquoi lui et pas un autre. Nando aurait pu être un leader, ou un co-leader je ne sais pas trop comment le définir, bien avant. Il n’a pas eu besoin de ça pour être élu deux fois meilleur joueur européen… Je veux dire, il est assis quoi. C’est juste qu’à chaque génération, il faut quelqu’un. Le sport de haut-niveau maintenant c’est ça. Il y a une tête d’affiche et on mise dessus. Ça n’enlève rien au talent des autres. Ce sont juste des choix de coachs, ou de fédés pour véhiculer une image. Tony a été le joueur autour duquel il fallait fédérer et Nando a pris les rênes ensuite, tardivement. C’est comme si Céline Dumerc était tombée dans la même génération que Yannick Souvré. Elle n’aurait peut-être pas eu la même carrière, il y aurait eu des choix stratégiques à faire. Je ne peux l’expliquer que comme ça. Et pourquoi lui et pas un autre pour prendre les rênes derrière, parce que je pense qu’au niveau de la hiérarchie et de la vie du groupe, c’était le meilleur choix. Mais il faut vivre avec le groupe pour comprendre ce choix. Peut-être qu’il est prêt, tout simplement. Et puis il nous l’a démontré. Il ferme des bouches à tout le monde, et en silence. C’est le tueur silencieux !

Quelle est la part de mental dans la réussite d’un sportif pro ?

C’est le plus important. Il faut un mental. Quand tu veux atteindre le plus haut-niveau et faire partie d’une élite, c’est parce que tu es déjà mentalement programmée pour ne pas douter de toi. Les sportifs, je ne dis pas qu’ils ne doutent pas, on a tous une part de doute. Mais c’est parce que tu as une grosse confiance en toi et un gros mental qui fait que personne ne peut te déstabiliser. Même les réflexions des coachs, les remises en question des coéquipières ou des faits de jeu sont en fait là pour t’apprendre. Ça ne fait que te nourrir. A la différence de certaines personnes qui n’arrivent pas à évoluer après un échec, nous on est toujours dans l’apprentissage et la prise de risque fait partie de notre évolution, notre carrière. On recherche ça, c’est ce qui nous fait vivre. Moi je sais que de jouer des matchs faciles, sincèrement, c’est ce qui m’emmerdait le plus. Et de gagner en plus. Tu n’as même pas de fierté après le match ! Mais de jouer les Américaines, c’est l’objectif. Parce que c’est les meilleures. On veut se confronter aux meilleures, aller au plus haut, connaître nos limites. Et on n’a pas de limites en fait, les athlètes, on est capable de faire des concessions folles. Je suis partie avec une blessure aux Jeux Olympiques… Personne ne le savait, je l’ai cachée, et ça ne s’est pas vu  parce que c’est le mental qui a pris le dessus. Mais à la fin des jeux, mon corps a lâché prise, parce que je n’avais plus d’objectifs.

Il faut savoir développer cette exigence ?

Il faut avoir un égo surdimensionné pour être un athlète de haut niveau. Bien placé, mais il faut croire en soi, son talent, de ce qu’on est capable de donner et au fond de soi, se dire qu’on est la meilleure. Je n’ai pas honte de le dire oui, sur mon poste de jeu, j’ai été la meilleure de ma génération. Mais on est obligé de se tenir ce discours, parce que c’est ce que les gens recherchent indirectement, et c’est pour ça que le coach te sélectionne. Quand il te prend, c’est parce que tu es la meilleure à ce moment là à ton poste. Demain tu peux ne plus l’être, donc il faut se battre pour garder ce statut là. C’est tout. C’est comme dans la vie active. Et demain tu peux ne pas être le meilleur, et il faut que tu l’acceptes. Mais tu sais aussi pourquoi. C’est ça qui est bien dans le sport, en général, tu sais vite pourquoi ! Le terrain parle de lui même. C’est lui qui met tout le monde d’accord.

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Emilie Gomis, quelle serait votre définition d’un leader ?

Pour moi, c’est quelqu’un qui sait fédérer un groupe, qui montre l’exemple qui ose prendre des risques… Quelqu’un qui n’a pas peur de l’échec tout simplement. Si je devais le résumer en un seul mot, je dirais quelqu’un qui inspire aussi. Pour moi c’est ça être un leader, donner envie aux autres d’aller plus loin, d’oser.

Vous avez expliqué aux Rencontres du Leadership avoir appris à devenir leader en étant plus jeune. Vous rappelez-vous de ce moment ?

C’est venu assez rapidement, lorsque j’ai commencé le basket à l’âge de 8 ans. Déjà, j’ai commencé avec les garçons. J’avais ce goût du challenge, l’envie de me surpasser face à des garçons, à des « tu n’y arriveras pas » ou à la difficulté. C’est toujours quelque chose qui m’anime énormément et que je recherchais presque, peut-être pour savoir jusqu’où je pouvais aller. C’est quelque chose qui me motivait énormément et dans lequel je me sentais à l’aise. Et c’est comme ça que je suis arrivée à monter crescendo et à jouer en professionnel. Je ne savais pas si je pouvais être une joueuse professionnelle, même si je savais que la compétition m’intéressait et m’animait. Il fallait quand même s’habituer à la ligue et à tout ce que ça engendre. Mais j’ai su que j’étais une leader dans l’engagement, dans l’action, dans la façon de jouer.

Une leader technique ?

Oui, je ne suis pas quelqu’un qui parle énormément sur le terrain.

De l’extérieur, c’est plus ce qui ressort…

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