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Coupe de France : Boulazac, son Palio, son public, sa ruralité… et son désir de jouer les trouble-fête

Boulazac, c’est un peu le Orthez des années 2000. Une bourgade de 10 000 habitants située dans la banlieue de Périgueux. Le David de la Jeep Elite qui va défier samedi en finale de la Coupe de France Strasbourg, capitale de l’Europe, un Goliath. Ancien joueur du club devenu Directeur Commercial, Pie

Boulazac, c’est un peu le Orthez des années 2000. Une bourgade de 10 000 habitants située dans la banlieue de Périgueux. Le David de la Jeep Elite qui va défier samedi en finale de la Coupe de France Strasbourg, capitale de l’Europe, un Goliath.

Ancien joueur du club devenu Directeur Commercial, Pierre Bonneau connaît son BBD sur le bout des doigts.

Entretien.

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On peut s’attendre à combien de supporters de Boulazac à la finale de la Coupe de France ?

Il y aura 500 personnes qui se déplaceront majoritairement en bus. Notre situation sportive au niveau du championnat est délicate, mais pas définitive. On a un club dans le viseur (NDLR : l’interview a eu lieu avant la victoire de Cholet à Antibes et la défaite prévisible de Boulazac à Limoges) et on espère leur passer devant pour se maintenir. Mais on fait la part des choses entre cette situation délicate en championnat et le fait de pouvoir jouer cette finale de Coupe de France. Déjà parce que c’est la première fois. On est allé à l’AccorHôtels Arena il y a cinq ans pour la montée contre Limoges. On y retourne, c’est quelque chose de très positif. L’année dernière, on a fait la finale des playoffs de Pro B, il y a deux ans, on a fait la finale de la Leaders Cup de Pro B à Disneyland, on s’inscrit dans une notion de compétitivité, d’essayer de gagner quelque chose. C’est toujours très flatteur pour le club, la ville, le département, que Boulazac aille jouer contre Strasbourg, le premier budget du championnat (NDLR : le deuxième après Villeurbanne), en finale de Coupe de France.

Si l’on compare avec la finale des playoffs de Pro B, qu’est-ce que cela représente ?

Le contexte est différent. Il y a cinq ans, le premier du championnat montait et jouait les playoffs. En jouant contre Limoges en finale des playoffs, on était déjà sûr de monter en Pro A comme eux. C’était vraiment une belle fête du basket. Il y avait une vingtaine de bus, il y avait davantage de monde. La Coupe de France, ça serait un beau cadeau de la gagner mais les gens savent que ça ne changerait rien quant au maintien en Pro A.

Cette qualification est-elle un évènement pour la Dordogne ? Des équipes sportives ont-elles déjà atteint un tel niveau ?

Jamais, jamais. On est dans un département où le sport de haut niveau est quelque chose de rare. Il y a eu du rugby il y a vingt-cinq, trente ans mais qui était en deuxième division. C’est quelque chose de nouveau pour toute la Dordogne et je pense que les gens vont être très fiers d’avoir leur équipe à l’Accorhôtels Arena devant 16 000 personnes et de passer en direct à la télé.

Le match sera-t-il retransmis à Boulazac ?

Chez nos partenaires restaurateurs… On va communiquer auprès de tous les gens qui ne montent pas à Paris pour qu’ils se retrouvent dans les différents bars et restaurants pour suivre le match.

Au niveau des médias locaux, des journaux, des radios, c’est un événement ?

France Bleu Périgord, qui est notre partenaire, est l’une des dernières radios en Pro A et Pro B confondus avec Bourg-en-Bresse et Limoges, je crois, à faire tous les matches à domicile et à l’extérieur en envoyant un journaliste. Ça donne une idée du budget alloué. C’est un département rural et il y a beaucoup de gens qui écoutent France Bleu Périgord en championnat, même si on a la 4e ou 5e affluence de Pro A puisqu’on est entre 4 500/4 700 spectateurs de moyenne cette saison en étant avant-dernier. Je vous laisse imaginer l’engouement qu’il y a ici. Bien évidemment, France Bleu Périgord sera à Bercy. Ils ont acheté un bus et fait gagner des places à leurs auditeurs pour venir à Bercy.

Pierre Bonneau
« On a des supporters pour tous les déplacements de Pro A. Ca va d’une quinzaine jusqu’à un ou deux bus »

D’où viennent principalement les spectateurs, de Périgueux, de tout le département, plus loin ?

On n’a jamais fait de questionnaire pour savoir d’où viennent les gens mais on est bien au-delà de Périgueux. Les gens viennent de très loin puisqu’on est le seul club de première division dans le département. Il n’y a aucune concurrence. C’est une chance inouïe vis-à-vis des autres clubs de Pro A/Pro B où il y a souvent un club de foot ou de rugby dans la ville. Nous, à 100km à la ronde, il n’y a pas un club de haut niveau. Les clubs de haut niveau les plus proches, c’est le CAB (Brive, en rugby), le CSP à Limoges et les Girondins de Bordeaux. Pour faire de telles affluences avec des résultats aussi délicats, il faut que le terrain soit favorable. Sur nos huit victoires, on n’a gagné que trois matches à domicile depuis le début de saison, et malgré tout la salle est archi pleine. On s’arrache les cheveux au niveau commercial pour trouver des places à vendre. Le basket, ça fait vraiment partie de la culture du département de la Dordogne et les gens sont très fiers de suivre le club.

Ce sont des spectateurs très bon enfant ?

C’est ça. Cela fait onze ans que nous sommes dans le secteur professionnel, aussi le basket c’est vraiment nouveau. Au Palio, les gens peuvent être de mauvaise foi comme tous les spectateurs, mais malgré tout il n’y a jamais de problèmes, de débordements. Le Palio est devenu l’église des temps modernes. On s’y retrouve pour voir des gens, pour discuter, pour boire un coup. On a beaucoup de femmes, d’enfants et aussi de personnes âgées, qui sont devenus fans du club. Certains prennent leur camping-car pour faire les déplacements. On a des supporters pour tous les déplacements de Pro A. Ca va d’une quinzaine jusqu’à un ou deux bus. Ca fait partie des choses nouvelles et c’est super appréciable dans notre travail au quotidien.

Ca fait combien de temps que vous êtes au club ?

Dix-huit puisque je suis arrivé en 2000. J’ai été joueur jusqu’en 2004. Je suis commercial depuis 2002. Je suis toujours passionné par mon boulot et je pense que l’on peut continuer à nous développer avec comme finalité de pérenniser le club en Pro A. Et si ce n’est pas cette année, ce n’est pas un problème. On a un socle assez solide pour redescendre en Pro B, y rejouer les trouble-fête, et remonter en étant plus costaud pour rester en Pro A.

Claude Bergeaud nous a dit que le club pouvait sérieusement monter son budget s’il se maintenait en Jeep ELITE…

(Il coupe) Il ne faut pas qu’il s’enflamme non plus. Aujourd’hui, on est à 3,6M€ et notre objectif est de nous approcher des 4M€.

Et la deuxième chose, plus étonnante, c’est que vous envisagez la construction d’une deuxième salle ?

On a un président (NDLR : Jacques Auzou) qui a malheureusement eu un gros problème de santé il y a un an et demi, un AVC, qui est revenu mais en étant un peu diminué. C’était son nouveau projet. Le Palio est une salle de spectacle et c’est parfois compliqué pour nous. Les spectacles apportent beaucoup plus d’argent qu’un match de basket et ce week-end, on n’a pas joué. On a été obligé de modifier un grand nombre de matchs cette année et il se demandait si on ne pouvait pas faire une seconde salle, de 3 500, 4 000 places, qui soit une salle de spectacle afin de laisser davantage de place au basket au niveau du Palio. C’est encore dans les cartons, ça fait partie des idées qui sommeillent.

Vous qui avez joué au Racing Club de France et au Racing Paris Basket, quel est votre sentiment sur le fait que Paris a un mal fou à avoir une salle alors que Boulazac, qui fait 7 000 habitants, a le Palio qui peut contenir 5 200 places pour le basket ?

On a des politiques qui sont très impliqués dans la vie de la ville et du club. Pour faire une salle, il faut beaucoup de bonne volonté, il faut aller chercher des subventions. L’Europe et la France donnent des subventions pour des projets qui sont bien ficelés. C’est vraiment une histoire de personnes et d’environnement. A Paris, il y a beaucoup de projets et le sport n’en fait peut-être pas vraiment partie. Nous, on a des points négatifs qui sont notre ruralité, économiquement, c’est peut-être moins facile que sur les grandes villes mais on a des gens qui sont super dévoués pour que le projet avance. Le Palio a vu le jour il y a dix ans et si on parle aujourd’hui de faire une autre salle, c’est que économiquement c’est extrêmement viable. Faire une salle multifonctions sport et spectacle, c’est l’avenir. D’ailleurs un grand nombre de villes en France viennent à Boulazac pour voir le modèle économique du Palio afin de s’en inspirer.

« Je vous le promets, on va vraiment à Bercy pour la gagner ! »

La salle de Trelazé, l’Arena Loire, c’est le même architecte ?

C’est ça. C’est la petite sœur du Palio. Je ne sais pas s’il y a des spectacles à Trélazé mais nous, il y en a 20-25 par an au Palio et c’est une structure qui fonctionne très bien. L’appel d’offres pour l’exploitation va être relancée cet été et je ne doute pas que ça puisse être pérennisé. Toutes les stars françaises sont venus à Boulazac : Yannick Noah, Johnny Hallyday, Florent Pagny, Michel Sardou, Christophe Mahé… Là, on ne peut pas entrer dans le Palio pendant trois jours car il y a Holiday on Ice. Notre zone de chalandise est très large -même si Bordeaux vient de construire son aréna de 11 000 places- et les gens viennent de très loin pour voir des spectacles. Au niveau sportif, on a eu l’équipe de France de hand, de volley, de basket. Il nous manque la Coupe Davis ou la Fed Cup, ça serait bien qu’on arrive à les faire venir ici. C’est une salle qui s’adapte très bien aux événements sportifs et aux concerts.

Que devient l’ancienne salle, l’Agora ?

C’est notre lieu d’entraînement. Les pros s’entraînent beaucoup là-bas. Cette année, on a réalisé là-bas un espace de vie, une salle de musculation pour les joueurs. Cet été, on refait tous les vestiaires avec bains chauds, bains froids, sauna. Des vestiaires d’une vraie équipe professionnelle. Ca devient vraiment notre salle annexe, d’entraînement. Et puis les 250 licenciés de l’association jouent dedans. Autant avant on avait des coaches qui se battaient pour s’entraîner au Palio disant qu’on n’y était pas bon car on ne s’y entraînait pas, avec l’arrivée de Claude Bergeaud, les gens ont compris que c’était très rare dans les clubs de le faire. En NBA, ça n’existe pas. Tout le monde a pigé que quand on avait vraiment un lieu de vie et une salle d’entraînement performants, c’était aussi bien que de s’entraîner au Palio. Et puis on ne peut pas faire les entraînements au Palio à cause des contraintes économiques et des spectacles.

Avez-vous prévu quelque chose si vous gagnez la Coupe de France ?

(Rires) Nous, staff, on va évidemment prévoir quelques bouteilles et quelques T.shirts cachés au cas où… Le problème, c’est que l’on joue Nanterre chez nous mardi soir. On est toujours en phase de pouvoir se maintenir si on gagne les matches qu’il nous reste à gagner. Le coach veut que l’on revienne le plus vite possible sur Boulazac, on n’ira pas parader sur les Champs-Elysées. Mais je vous le promets, on va vraiment à Bercy pour la gagner ! Même si on a bien conscience que l’on n’est pas favori. On sait que Strasbourg et les finales…

Ils en ont gagné quand même…

Oui, une ou deux, mais sur les cinq dernières années… On va venir en trouble-fête, sans pression.

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On peut s’attendre à combien de supporters de Boulazac à la finale de la Coupe de France ?

Il y aura 500 personnes qui se déplaceront majoritairement en bus. Notre situation sportive au niveau du championnat est délicate, mais pas définitive. On a un club dans le viseur (NDLR : l’interview a eu lieu avant la victoire de Cholet à Antibes et la défaite prévisible de Boulazac à Limoges) et on espère leur passer devant pour se maintenir. Mais on fait la part des choses entre cette situation délicate en championnat et le fait de pouvoir jouer cette finale de Coupe de France. Déjà parce que c’est la première fois. On est allé à l’AccorHôtels Arena il y a cinq ans pour la montée contre Limoges. On y retourne, c’est quelque chose de très positif. L’année dernière, on a fait la finale des playoffs de Pro B, il y a deux ans, on a fait la finale de la Leaders Cup de Pro B à Disneyland, on s’inscrit dans une notion de compétitivité, d’essayer de gagner quelque chose. C’est toujours très flatteur pour le club, la ville, le département, que Boulazac aille jouer contre Strasbourg, le premier budget du championnat (NDLR : le deuxième après Villeurbanne), en finale de Coupe de France.

Si l’on compare avec la finale des playoffs de Pro B, qu’est-ce que cela représente ?

Le contexte est différent. Il y a cinq ans, le premier du championnat montait et jouait les playoffs. En jouant contre Limoges en finale des playoffs, on était déjà sûr de monter en Pro A comme eux. C’était vraiment une belle fête du basket. Il y avait une vingtaine de bus, il y avait davantage de monde. La Coupe de France, ça serait un beau cadeau de la gagner mais les gens savent que ça ne changerait rien quant au maintien en Pro A.

Cette qualification est-elle un évènement pour la Dordogne ? Des équipes sportives ont-elles déjà atteint un tel niveau ?

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Photos:

Pierre-Etienne Drouault et Boulazac: Hervé Bellenger/FFBB. Pierre Bonneau: PB86

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