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Interview : Quand Yvan Mainini évoquait la nouvelle formule de la Coupe du Monde

Il y a quatre ans, Yvan Mainini dont nous avons appris le décès ce matin, nous accordait pour Basket Hebdo une interview au siège de la Fédération Internationale dont il était le président. La voici dans son intégralité.

Il y a quatre ans, Yvan Mainini dont nous avons appris le décès ce matin, nous accordait pour Basket Hebdo une interview au siège de la Fédération Internationale dont il était le président.

La voici dans son intégralité.

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Combien de pays avez-vous visité depuis que vous êtes arbitre ?

Je n’en sais rien, ça doit tourner autour de 70-80, sur les 213 adhérents à la fédération internationale. Ce qui est dommage, c’est que lorsque j’étais arbitre, je n’ai eu l’occasion d’arbitrer que les pays phare, et pas trop ceux en voie de développement. Je pense que la personne ici qui va visiter le plus de pays, c’est Lubomir Kotleba, un ancien arbitre également, qui est le directeur des sports de la FIBA. Depuis que je suis président, j’ai visité des pays que je connaissais déjà car ils sont très actifs sur le plan du basket. Je reviens par exemple de Porto-Rico (quelques heures plus tard, Yvan Mainini s’envolait pour Moscou), et c’est un pays que je connais depuis longtemps. Un jeune journaliste m’a interviewé et sa première question était : « est-ce la première fois que vous venez à Porto-Rico ? » Je lui ai répondu : « non et je crois que la première fois, vous n’étiez pas né ! »

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous doter d’un nouveau siège ?

C’est une décision prise par la fédération internationale en 1968 lors de la réunion du congrès à Mexico. Une somme avait été fixée mais il a fallu attendre quarante-cinq ans pour construire ce siège. Auparavant, nous louions des bureaux. On voulait faire un musée qui soit à un endroit différent du siège mais nous ne sommes pas une fédération avec d’énormes moyens et on a décidé de tout mettre ensemble. On a consacré la totalité du rez-de-chaussée, 800 m2, au hall of fame, les archives, la bibliothèque. C’est une bonne image pour la fédération internationale.

En termes de spectateurs, d’exposition, la Coupe du Monde en Espagne marquera-t-elle un bond en avant pour le basket comme ce fut le cas en 1986 ?

J’y ai arbitré… On pense que ça va être un nouveau départ pour nous permettre de nous inscrire dans la dynamique que l’on veut mettre en place avec le nouveau système de qualification en 2017. La Coupe du Monde de 2019 sera avec 32 équipes et avec encore davantage de relief que celle-ci. J’ai confiance, les Espagnols sont de bons organisateurs, l’équipe d’Espagne est forte, on va attirer du monde. Je sais qu’à Bilbao, c’est impossible de trouver des billets car il y a les Américains, pareil à Grenade avec la présence des Espagnols. Tout le monde s’est étonné que l’on ait donné une wild card à la Finlande, mais il y a 5 000 Finlandais qui vont venir.  Il y a un engouement incroyable en Finlande pour la coupe du monde.

Comment la France parvient-elle à réunir ses meilleurs joueurs en équipe nationale, ce qui n’est pas le cas de tous les pays ?

Il existe un état d’esprit cocardier, donné par les joueurs eux-mêmes, notamment par Boris Diaw, qui m’a dit à plusieurs reprises qu’il espère battre le record de sélections de sa mère. Il va falloir qu’il joue encore pas mal d’années ! (rires). Sous des dehors un peu indolent, c’est un garçon qui fédère une équipe. Tony est très dynamique dans le système mais c’est plus dans le jeu que dans la capacité à réunir les gens. Globalement, ce qui a changé, c’est ce qui a été imprégné par la formation donnée aux joueurs. Ils se sentent indirectement un peu redevables au pays qui les a formés. C’est bien. Auparavant, on avait cinq joueurs pour former une équipe et on cherchait d’autres joueurs à mettre autour. Aujourd’hui, il y a le choix pour constituer une équipe de bonne qualité avec des joueurs formés soit dans les clubs, soit à l’Insep. Il n’y a pas de générations spontanées, ce sont des gens que l’on a indirectement aidés et qui, à leur tour, veulent aider le basket national.

Jusqu’en 1992, la France n’avait gagné que deux médailles en jeunes, l’une chez les garçons, l’autre chez les filles, aujourd’hui, on ne les compte plus…

Il y a plusieurs raisons. La première, qui est arithmétique, c’est que les compétitions se sont multipliées. Deuxièmement, notre formation a été reconnue, même s’il faudra, je pense, changer les projets à l’avenir. Sans l’Insep, il n’y aurait même pas de ligue féminine aujourd’hui. Toutes les joueuses ou presque sont issues de ce creuset. Ce sont des joueuses qui peuvent rivaliser au niveau mondial, contrairement à la Russie où le système est totalement désorganisé aujourd’hui. La formation en France est assurée, comme en Espagne, en Australie, et bien sûr aux Etats-Unis, qui restent les maîtres et où cette formation est intégrée à l’école, à l’université. Pour moi, les Américaines sont plus fortes que les Américains comparativement aux autres nations. Je vois ça dans les championnats du monde de jeunes, les Américaines sont toujours exceptionnelles avec un jeu très préparé, léché. Comme il y a moins de qualités physiques que chez les hommes, il y a moins de pick and roll, de un-contre-un, et davantage de recherches collectives, une grande qualité de passes.

Quelles vont être les modifications structurelles lors de cette Coupe du Monde en Espagne ?

Auparavant, on fonctionnait à partir d’un cahier des charges que l’on donnait à remplir aux organisateurs, alors que là avec les Espagnols on a fait un « joint venture », on travaille ensemble, on partage les plus valus ou les moins valus. Deuxièmement, pour cette coupe du monde, il y a deux championnats de douze pays parallèles, l’un avec les Espagnols et l’autre avec les Américains. Ce afin d’avoir des assurances de remplissage et pour voir les meilleures équipes émerger. Ça ne se reproduira plus. Avec trente-deux équipes, on reviendra à des systèmes plus traditionnels.

La Coupe du Monde suivante se tiendra donc en 2019 et réunira 32 équipes au lieu de 24 dont 12 européennes, mais avec des qualifications en novembre, février, juin et septembre, afin de faire jouer les équipes nationales devant leur public, ce qui fera pour certains pays comme la France qui ont beaucoup de joueurs NBA, une équipe nationale à deux vitesses. Il n’y avait pas moyen de trouver des fenêtres de compétition qui puissent satisfaire tout le monde ?

Depuis la deuxième guerre mondiale, seulement trente-huit pays ont obtenu des médailles aux Jeux Olympiques, championnats du monde et continentaux. Cela veut dire qu’il n’y a pas suffisamment de fédérations compétitives. Là, on voit l’émergence des Philippines en Asie et du Mexique en Amérique, c’est très bien pour l’universalité de notre sport. On veut qu’un maximum de pays puisse participer à la qualification pour la coupe du monde. Le corollaire, c’est de pouvoir jouer devant son public en compétition, ce qui n’est pas possible aujourd’hui sauf à en être l’organisateur. De l’avis de tout le monde, la médiatisation du basket n’est pas suffisante. Durant les dix-huit mois de qualification, cela devrait créer un buzz énorme sur l’ensemble de la planète puisqu’on va jouer 1600 matches dont on espère qu’ils seront tous télévisés. Il va y avoir ainsi de l’engouement automatique qui va se faire derrière les équipes nationales

Mais donc ceci se fera sans les joueurs NBA…

C’est le constat pour aujourd’hui.  Il y a un élément à ajouter, personne ne sera qualifié automatiquement à part l’organisateur. Le champion du monde et le champion olympique devront jouer pour se qualifier. Y compris les Américains. Ce qui veut dire qu’à terme, peut-être dans dix ans, ils devront peut-être faire une pause afin de pouvoir envoyer les meilleurs.

Pour l’organisation d’un tel calendrier, y a-t-il des discussions avec la NBA ?

Bien sûr, avec David Stern et Adam Silver, depuis longtemps. Ils sont complètement sur la même ligne que nous.

Il leur faut faire aussi en fonction de leurs propres franchises ?

Oui, ce n’est pas le même système que nous. Au bout du compte, ce sont les propriétaires qui décident. Et pour eux, aujourd’hui, le basket international, dans leur tête,  c’est rien. Ce qui compte, c’est leur calendrier et puisque ce sont nos joueurs, ils se disent qu’ils n’ont qu’à organiser eux-mêmes un truc durant l’été, etc.

C’est l’idée de Mark Cuban…

Ce n’est pas le pire… Dans leur logique, ce qu’il dit n’est pas complètement faux, même si ça ne nous va pas forcément. C’est un travail de longue haleine. On a prévu notamment de faire venir un maximum de propriétaires à la Coupe du monde en Espagne pour qu’ils voient ce que c’est… Je pense qu’ils ne savent pas qu’il y a de l’intérêt à y participer.

Jordi Bertomeu, le directeur de l’Euroleague, a eu des commentaires dans le même sens, menaçant de boycotter ces éliminatoires si elles se déroulaient à des dates qui se superposent à ses compétitions…

J’aime bien Jordi, c’est un gentil garçon, mais il peut dire ce qu’il veut, le jour où les joueurs ne viendront pas et qu’il faudra qu’il en rende compte devant l’opinion publique en Espagne ou ailleurs, il sera vraiment dans la difficulté. Il se trompe de débat. Si, comme on l’envisage, ces éliminatoires donnent du volume au basket, les premiers à en cueillir les fruits, ce seront les clubs. D’ailleurs, on l’a vu six ou sept fois à ce sujet et la deuxième fois où on l’a rencontré à Barcelone, il a déclaré à un journaliste qui était là, « je suis d’accord à 95% avec le système de la Fiba, c’est très bien comme projet. » On ne lui avait rien demandé ! Quoiqu’il arrive, les fenêtres ne sont pas fixées de manière définitive en termes de date. Si c’est mieux de jouer début décembre que le 15 novembre, on jouera début décembre… Il faudra juste que ces fenêtres soient identiques sur l’ensemble de la planète, ce par exemple afin de permettre aux joueurs africains d’Euroleague de pouvoir jouer dans leur pays comme les autres.

Une fenêtre en juin ou début septembre permettrait aux joueurs NBA d’y participer ?

Ça sera probablement fin juillet, début juillet, et en septembre. Bien sûr que les joueurs NBA pourront y participer. Ce qui changera, c’est la mentalité d’une équipe. Pour l’instant, c’est douze joueurs mais là on fera un club de vingt-quatre joueurs et on ne jouera pas forcément toujours avec les mêmes.

Avec douze places pour l’Europe, les meilleurs pays dont la France, même sans forcément leurs joueurs majeurs, ne devraient pas être trop en péril pour se qualifier ?

Je suis persuadé qu’un pays comme la France, même sans ses joueurs NBA, doit pouvoir passer le cap. Je me rappelle des qualifications pour le championnat d’Europe 97 en Espagne, où nous avions  gagné les dix matchs. Demain, c’est encore jouable surtout que l’on travaille bien sur la formation. Et on doit pouvoir la privilégier au niveau de notre ligue nationale, même si dans cette période de mondialisation aigue, l’Europe avec ses couteaux est toujours derrière prête à dire que ce n’est pas assez ouvert. Il faut que nos jeunes trouvent des débouchés et ça serait bien que ça soit dans la ligue française.

On a l’impression que la FIBA veut reprendre  le leadership à sa propre créature, la FIBA Europe ?

Ce n’est pas tout à fait ça. Contrairement à ce que pensent les gens, la fédération internationale a un vrai plan stratégique. Sur ces quatre dernières années, le budget a pratiquement doublé et on arrivera, je pense, à le doubler encore dans les années à venir. Nous avons quatre piliers importants : 1- La construction du siège. 2- On travaille très dur sur le développement du 3×3, et c’est une carte extraordinaire car ça permet à davantage de pays, et même les petits, d’être présent sur l’échiquier international (le Qatar a obtenu son premier titre international dans un sport collectif en remportant l’or au Mondial de Moscou). 3- On a modifié le calendrier de fond en comble, en supprimant notamment un championnat d’Europe tous les quatre ans. Non pas pour tuer l’Europe mais parce qu’il est impossible de caler un deuxième championnat d’Europe dans le nouveau calendrier, comme c’est le cas au football. 4- La modification de la gouvernance adoptée à l’unanimité moins une abstention, avec 198 pays présents sur les 213, ce qui est exceptionnel, lors du Congrès d’Istanbul qui a eu lieu en mars dernier. Dans la nouvelle organisation, tout le monde va désormais être obligé de suivre le même plan stratégique qui sera déterminé par le bureau central de la Fiba, et décliné dans les continents. Et non plus chacun dans son coin… Cela portera ses fruits dans les 5, 7 ans à venir. Je ne dirai pas que c’est une reprise en mains, mais si l’on regarde ce qui se fait dans les autres grandes fédérations internationales, ce n’était pas normal que ce ne soit pas la Fiba qui fixe les grandes orientations du calendrier. Il est désormais préétabli pour dix ans.

On avait l’impression que c’était une lutte d’influence entre la Fiba, la Fiba Europe, l’Euroleague, sans parler de la NBA ?

C’est fini… Pour la NBA, il faut appeler un chat un chat. C’est un business qui pèse cinq milliards et demi de dollars et il ne faut pas être une grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Notre but ultime est d’avoir des fédérations mieux organisées qui produisent plus de joueurs de qualité, de développer la pratique sur l’ensemble de la planète. Notre but n’est pas de faire du business pour du business. Quel intérêt d’avoir plusieurs millions d’euros en banque ? Ce n’est pas notre objet.

La FIBA souhaitait que le tournoi olympique masculin passe de 12 à 16 équipes et que le 3×3 soit introduit aux Jeux de Rio ? Le CIO a refusé. Vous referez candidature dans quatre ans ?

Pour le 3×3, on s’y est peut-être pris un peu tard et en plus, à Rio, il y a tellement de difficultés que c’est impossible d’ajouter quelque chose. Ce n’est pas un nouveau sport, c’est une discipline et il y a de bonnes chances que ce soit intégré à Tokyo (en 2020). J’ai bon espoir aussi que Planète 3×3 que nous avons mis en place devienne le facebook du basket où les gens se rencontrent, se fixent rendez-vous pour jouer ensemble, etc. Par ailleurs, notre demande de passer à seize équipes est toujours inscrite. Le problème, c’est que les Jeux Olympiques sont devenus gigantesques. J’ai discuté avec un membre du CIO qui m’a dit : « il ne faut pas se tromper. Certains disent que le basket sans la NBA serait une catastrophe. Moi je dis : « les Jeux Olympiques sans les joueurs de la NBA, c’est une catastrophe. »

En France, le handball se positionne en adversaire directe au basket. Qu’en est-il au niveau mondial ?

Le handball reste un sport presque uniquement européen et du Maghreb.  En Amérique, de manière globale, le hand, c’est rien. En Asie, il y en a un peu en Corée, c’est tout… Le basket, lui, n’arrive pas trop à percer en Angleterre, mais à mon sens, je ne suis pas leur porte-parole, la NBA a derrière la tête d’installer une première franchise en Europe à Londres. Ce n’est pas une chimère. On passe dans une phase un peu plus active. Le problème de la NBA en Europe, c’est celui de la France, l’absence de salles de qualité. Je pense d’ailleurs que la catastrophe de Limoges dans le passé est venue de l’incapacité d’augmenter les recettes faute d’avoir une salle d’une capacité suffisante.

Mais Londres à une salle ?

Oui, la NBA y a déjà organisé pas mal de choses, des matchs de saison régulière, etc. A terme, on peut imaginer cinq ou six franchises NBA en Europe. Ça tirerait le basket vers le haut.

Ça coute quand même très cher une franchise NBA… Les Européens auraient-ils les moyens d’un tel investissement ?

Oui, c’est cher, la franchise des Clippers vaut deux milliards. Je ne sais pas si ce sont les Européens qui les monteraient. Peut-être y aurait-il des investisseurs Américains, Chinois… Il y a aussi un projet qui traîne depuis pas mal d’années, c’est de faire une ligue Pacifique avec des Chinois, des Australiens, etc. La Chine a beaucoup de très belles salles de basket. A Pékin, à Shanghai, à Canton, il y a une salle extraordinaire de 18-19 000 places, à Wuhan. Chaque province veut avoir sa salle, il y a une lutte entre elles. Je suis allé l’été dernier au championnat d’Asie, à Manille, aux Philippines, où il y a une salle de 17 000 places aux standards NBA. Quarts, demis et finale, c’était surbooké. Ils avaient supprimé les loges et mis les gens debout et il y avait quasiment 20 000 spectateurs.

On est habitué en Europe à être le centre du monde, cela est-il en train de changer ?

C’est ça qui a posé problème. Je suis pour une compétition de clubs de haut niveau en Europe, mais de là à faire la guerre sans raisons… On se prend vraiment pour le centre du monde qu’on n’est plus. En Asie, au niveau du basket masculin, c’est un peu compliqué, mais du côté féminin, les Japonaises ont une équipe avec un programme intéressant, et elle est à mon avis dans les cinq ou six meilleures mondiales. Quand on regarde l’Afrique, sa potentialité est extraordinaire. Au Nigeria, par exemple, il y a aussi Serge Ibaka qui est sorti du Congo. Je ne dis pas qu’il y en a à tous les coins de rues, mais il y en a beaucoup.

Il y a Astou Ndour, promise à dominer le basket européen… avec l’Espagne ?

Oui, c’est une Sénégalaise, mais les Sénégalais ont menti en disant qu’elle n’a jamais été répertoriée  chez eux. Leur système est tellement flou et c’est pour ça qu’ils ont été suspendus.  Leurs joueurs n’étaient pas enregistrés, ils pouvaient aller où ils veulent, et ils sont en train de se mettre en conformité. Serge Ibaka et Astou Ndour, ce sont des catastrophes pour les pays en question. Ibaka avec un meneur pas trop mauvais et un shooteur permettrait au Congo d’avoir une équipe tout à fait acceptable et de jouer un rôle intéressant en Afrique. Qu’ils aillent jouer dans des clubs étrangers, pas de soucis, mais qu’ils prennent la nationalité d’un autre pays, c’est une catastrophe.

Il y a aussi le cas des joueurs qui ont porté le maillot de l’équipe de France et qui ensuite change d’équipe nationale, comme Pape-Philippe Amagou qui joue pour la Côte d’Ivoire ?

La France est un cas particulier, c’est le produit de la colonisation. Il y a forcément des flux de population entre ces pays-là et la métropole. Ça commence à s’estomper car les accords avec les pays qui ont obtenu leur indépendance au début des années soixante sont en train de s’éteindre. Dans le temps, si ton père avait été français, tu te faisais réintégrer. On a laissé jouer Amagou avec la Côte d’Ivoire afin de permettre la promotion du basket en Afrique. Le premier cas, ça été (Hakeem) Olajuwon qui a joué avec les Américains après avoir déjà joué en Afrique (Nigeria). C’est aussi l’intérêt de la FIBA de voir le basket se développer en Afrique. Bien sûr que c’est sous contrôle ! Le bureau de Benjamin Cohen qui est à trois encablures de là ne fait quasiment que ça. Il y a évidemment des arnaques à la nationalité, au passeport, à l’âge, ce n’est pas nouveau…

On se souvient des équipes de jeunes turques…

Oui, Turgay Demirel, le nouveau président de la FIBA Europe, président sortant de la fédération turque, qui avait disputé un championnat d’Europe cadets au Touquet, m’avait dit très honnêtement qu’il était alors le seul de l’âge normal. Il y en a qui avait cinq ans de plus ! (rires). Les Turcs ont été champions d’Europe cadets, il y a sept ou huit ans, avec un Serbe dans leur équipe ! Turkoglu, il n’est pas Turc, pareil pour Ylyasova, etc. Dans le système de gouvernance, toutes ces chose- là ont été rapatriés pour être gérés par le système central. De façon à ce que le secrétaire en Asie, qui est copain avec machin ne fasse pas un passe-droit… Ça ne sera plus possible.

On voit que le nombre de licenciés en France est en forte croissance. Ça nous situe à quel niveau dans le monde ?

C’est difficile à dire car tout le monde ne compte pas les pratiquants de la même manière. La France est un pays très organisé à ce niveau. Je pense que la France est la première nation au monde au nombre de licenciés. Plus que la Russie… En Chine, il y a des millions de pratiquants, mais la plupart des joueurs ne sont pas enregistrés, et il y a cinq ou six ans, ils avaient quasiment le même nombre de licenciés que nous. Aux Etats-Unis, les joueurs ne sont pas répertoriés comme chez nous. Après l’université, il n’y a pas de clubs, t’arrêtes ! Notre nombre important de clubs permet d’avoir une assise large dans un pays encore en partie rural.

La France s’est portée candidate à l’organisation du championnat du monde féminin de 2018 et a envoyé une lettre d’intérêt pour la coupe du monde masculine de 2019. Au bout du compte, si la France n’avait pas été retenue en 2010, c’était dû à l’absence totale d’arénas ?

Exact. On avait été obligé dans le dossier de fabriquer une salle provisoire de 12 000 places à Lyon dans le grand hall de la foire. Ça coûtait à l’époque deux millions d’euros pour l’installer. J’espère que les nouvelles salles vont changer la donne. Après, il faut réunir les budgets dans une période qui n’est pas simple. Mais j’espère que la France organisera quelque chose comme ça.

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Combien de pays avez-vous visité depuis que vous êtes arbitre ?

Je n’en sais rien, ça doit tourner autour de 70-80, sur les 213 adhérents à la fédération internationale. Ce qui est dommage, c’est que lorsque j’étais arbitre, je n’ai eu l’occasion d’arbitrer que les pays phare, et pas trop ceux en voie de développement. Je pense que la personne ici qui va visiter le plus de pays, c’est Lubomir Kotleba, un ancien arbitre également, qui est le directeur des sports de la FIBA. Depuis que je suis président, j’ai visité des pays que je connaissais déjà car ils sont très actifs sur le plan du basket. Je reviens par exemple de Porto-Rico (quelques heures plus tard, Yvan Mainini s’envolait pour Moscou), et c’est un pays que je connais depuis longtemps. Un jeune journaliste m’a interviewé et sa première question était : « est-ce la première fois que vous venez à Porto-Rico ? » Je lui ai répondu : « non et je crois que la première fois, vous n’étiez pas né ! »

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous doter d’un nouveau siège ?

C’est une décision prise par la fédération internationale en 1968 lors de la réunion du congrès à Mexico. Une somme avait été fixée mais il a fallu attendre quarante-cinq ans pour construire ce siège. Auparavant, nous louions des bureaux. On voulait faire un musée qui soit à un endroit différent du siège mais nous ne sommes pas une fédération avec d’énormes moyens et on a décidé de tout mettre ensemble. On a consacré la totalité du rez-de-chaussée, 800 m2, au hall of fame, les archives, la bibliothèque. C’est une bonne image pour la fédération internationale.

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