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Strasbourg montre qui c’est Raoul !

Louis Labeyrie. Il y a moins d’un mois, la cause paraissait entendue. Strasbourg venait de se faire fesser au Rhénus par Monaco (71-90). La Roca Team de granit s’apprêtait à jouer le final four de la Champions League dont elle était la favorite. Coach Zvezdan Mitrovic était reconnu comme un stratège

Louis Labeyrie.

Il y a moins d’un mois, la cause paraissait entendue. Strasbourg venait de se faire fesser au Rhénus par Monaco (71-90). La Roca Team de granit s’apprêtait à jouer le final four de la Champions League dont elle était la favorite. Coach Zvezdan Mitrovic était reconnu comme un stratège sans nul autre pareil. Cette fois, c’était sûr, elle n’allait pas se contenter des préliminaires, la saison régulière de laquelle elle terminait pour la troisième fois de suite première et d’un triplé à la Leaders Cup, elle allait conclure, parachever son chef d’oeuvre en playoffs. Personne en France ne pouvait lui résister !

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Qui peut avoir de telles certitudes en ce lundi ? Le ciel d’Athènes est tombé depuis sur la tête des Monégasques qui sont toujours groggy. Surpris par Pau sur le Rocher, ils ont pris samedi dans la foulée un gadin monumental à l’Astroballe, qui pourrait laisser croire à ceux qui n’ont pas vu le match à une fake news : -28. C’est ce qui s’appelle avoir le mental dans les chaussettes. Coach Z a été une fois de plus expulsé, et ce manque de self contrôle n’est pas un bon indicateur de la sérénité de l’équipe de la principauté une fois venu le temps du money time. Gerald Robinson, MVP des quarts de finale de la Basketball Champions League et candidat au trophée de meilleur joueur de la saison de Pro A, s’est blessé au genou et son coach a déclaré être très inquiet à son sujet.

Et puis, à l’inverse, samedi, lors d’un tour de chauffe avant les playoffs à vitesse réelle à l’intérieur du circuit du Mans avec une deuxième place de saison régulière à la clé, la SIG Strasbourg a fait forte impression aux 5 950 spectateurs d’Antarès, à l’équipe du MSB et à son coach Eric Bartecheky.

« Forcément, à chaud, il y a la déception de perdre la deuxième place, ce qui est un peu atténué du fait que nous on n’a pas mis les ingrédients nécessaires et de plus Strasbourg a fait une démonstration de force, c’est incontestable, ils ont été très bons, supérieurs à nous », a concédé celui-ci. « On a Monaco et Strasbourg devant qui sont deux grosses armadas de la Pro A. C’est plutôt positif d’être troisième. Des équipes avec des moyens supérieurs auraient bien aimé être à notre place. Maintenant il faut que l’on s’inspire de ce que Strasbourg propose. On ne pourra pas sur tous les points être identique. On n’a pas les mêmes joueurs, on n’a pas les mêmes schémas mais ça doit nous inspirer à tendre vers le haut. »

Dee Bost.

Quand la SIG fait rendre à Youssoupha Fall un bilan négatif

Qu’elle paraissait loin la victoire du Mans au Rhénus (78-76). C’était le 7 octobre soit deux semaines après que le MSB se soit déjà imposé à Monaco. Chris Otule et Michael Dixon étaient encore alsaciens, Dee Bost, Miro Bilan, Levi Randolph, Damien Inglis et Florent Pietrus n’avaient pas encore pris leurs quartiers dans le Bas-Rhin. Depuis, la SIG s’est ainsi métamorphosée, musclée se mettant en configuration pour gagner LE titre de champion de France après cinq finales foirées. A l’inverse, le MSB a perdu entre-temps sur blessure Terry Tarpey -on ne le verra pas en quart-de-finale, pas sûr que ce soit le cas ensuite-, alors que Pape-Philippe Amagou et Will Yeguete viennent tout juste de faire leur retour.

Dans cette avant-première de match de playoffs, les Strasbourgeois ont transformé leur défense en carapace et réglé chaque action aux millimètres. Ce fut visible dès les premiers échanges. Leur force était collective avec sept joueurs qui avaient déjà marqué au moins un point après dix minutes contre seulement quatre au Mans qui devait beaucoup à Mychal Riley (8 points) de surnager. La SIG avait réalisé un magnifique 10/15 aux shoots et fait preuve d’une razzia au rebond, 11 à 3.

Youssoupha Fall concéda une deuxième faute après seulement huit minutes. Le Franco-Sénégalais et ses 2,21m sont un point d’ancrage tout à fait exceptionnel en Jeep Elite et font du MSB une équipe atypique. Samedi, face à un Miro Bilan roublard, il a fait preuve de beaucoup de naïveté et démontré que si son potentiel est immense, une deuxième saison à ce niveau ne serait pas superflue avant de lorgner vers un championnat à dimension supérieure.

Le géant n’est-il pas tout simplement encore en manque de vécu basket ?

« Ce sont les aspects offensifs, je n’en parlerai pas, il vaut mieux demander à Eric (Bartecheky) qui le connait mieux que moi », a commenté Vincent Collet, le coach de la SIG. « Par contre, je pense que nous, on l’a bien utilisé en attaque. Au match aller, il nous avait considérablement gêné car on était allé dans l’entonnoir, en ligne droite. Là où il est terriblement gênant, il fait 2,20m, il a de grands bras, il protège très bien son panier. Là, on l’a obligé à défendre la latéralité et c’est beaucoup plus difficile pour lui pour l’instant. »

Alors que le MSB est lourdement handicapé avec l’absence du couteau-suisse Terry Tarpey, même si l’abattage défensif de Antoine Eito dont les responsabilités se sont accrues de par le principe des vases communicants, le secteur intérieur s’est meublé avec la venue de Yanis Morin et le come-back de Will Yeguete. Eric Bartecheky doit gérer cette nouvelle abondance de biens.

« Yous a pris deux fautes rapidement. Il est sorti, il n’a pas joué pendant un moment. On a une configuration d’équipe qui est nouvelle depuis cette semaine. On a retrouvé dix joueurs et on a voulu faire participer Pape (Amagou) même s’il n’a pas joué beaucoup et Will qui revient après un mois d’absence. On a quatre intérieurs avec Yous et Yanis (Morin) positionnés sur le poste 5. Will qui peut toujours dépanner sur ce poste-là. Romeo et Will en poste 4 et à part à la fin, DJ est resté en poste 3. Et pour lui face à une telle organisation, une telle agressivité, ça été compliqué de tirer son épingle du jeu. C’est tout ça qu’il va falloir que l’on appréhende pour s’ajuster au mieux et au plus vite par rapport à une nouvelle situation d’équilibre d’équipe. »

A l’aller, Yous Fall avait assuré 16 points (7/9 aux tirs), 6 rebonds et 2 contres pour la meilleure évaluation du match, 21. Cette fois, il est revenu quasi bredouille : 4 points, pas de rebond (ça ne lui était jamais arrivé), 5 fautes et -2 d’éval (là aussi, une grande première). Et en plus, la SIG a converti 19 de ses 22 shoots à l’intérieur !

« Au match aller, ils nous avaient mis en difficulté », se souvient Vincent Collet. « Là on a un nombre de tirs inférieur à ce que l’on a l’habitude de prendre mais avec un fort pourcentage. Il y a eu aussi les balles volées qui nous ont octroyé des paniers faciles. On a eu plusieurs ballons interceptés en particulier dans le troisième quart-temps. Globalement, on a fait preuve d’une patience en attaque, ce qui n’est pas toujours le cas chez nous. Il faut que l’on garde ça. »

De fait, si d’un côté, il y a eu plusieurs défaillances individuelles, Youssoupha Fall donc et aussi DJ Stephens (1/8 aux shoots) et Chris Lofton, qui souffre athlétiquement lorsque les défenses sont rudes, la SIG a pu compter sur plusieurs individualités de premier ordre. La paire d’intérieurs Miro Bilan-Louis Labeyrie est la meilleure de France quand elle est à pleine puissance. Labeyrie a enfilé avec aisance quatre paniers à trois-points sur cinq tentatives. David Logan a profité de chaque espace pour frapper (3/5 à trois-points) et il s’est aussi lancé dans quelques contre-attaques assassines. Et le maître du jeu, ce fut Zack Wright, pas si loin d’un triple double (9 points, 8 points, 7 passes) et comme toujours avec une défense acharnée dont Justin Cobbs fit parfois les frais .

« Il a 33 ans. Je le trouve très différent du joueur qui a joué ici il y a huit ans, qui avait quand même porté les Manceaux en finale du championnat, il ne faut pas l’oublier avec la blessure d’Antoine Diot. C’est un joueur qui a progressé. C’est quelqu’un d’intelligent qui est à la base handicapé par un tir extérieur très moyen. Par contre, c’est quelqu’un qui comprend de mieux en mieux le jeu et qui utilise à merveille ses capacités et ses forces. Et au-delà de ce qu’il produit sur le terrain, c’est notre leader de vestiaires incontesté et incontestable », a précisé Vincent Collet.

Zack Wright

La SIG, un exemple

Par vagues, les Manceaux sont sortis des tranchées poussés par la foule qui grondait suite à des décisions arbitrales qu’elle estimait injustes. Justin Cobbs a alors prouvé qu’il n’est pas considéré comme le meilleur meneur de jeu de Jeep Elite pour rien.

« Quelque part en première mi-temps, on a été perturbé par l’équipe small ball du Mans. C’est là où ils sont montés en agressivité. Offensivement, on s’est arrêté. Nos cinq dernières minutes de la première mi-temps sont très mauvaises en attaque. On marque deux points en cinq minutes. On remet Le Mans dans le match alors qu’on s’était octroyé un pécule. Mais par contre on est bien reparti et notre troisième quart-temps est meilleur et en particulier sur les aspects défensifs, » analysait le coach de la SIG.

Donc la SIG est reparti et a compté jusqu’à 17 points d’avance (52-69, 35e). Mychal Riley s’était tu. Perturbé par la défense des Sigmen, le MSB s’est contenté dans le troisième quart-temps d’un pauvre 5/14 aux shoots tout en concédant cinq pertes de balle. Les Manceaux ont redonné ensuite un coup de collier pour éviter une déroute qui aurait fait tâche mais ont tout de même concédé une défaite de dix points (70-80).

« On a eu une attitude, un état d’esprit qui ressemblent à ce que ça doit être en playoffs », a commenté Vincent Collet. « On a défendu fort avec beaucoup de séquences défensives vraiment intéressantes. On a partagé la balle. Le seul point négatif, ce sont les pertes de balle. Même si bien sûr certaines sont dues à l’agressivité défensive des Manceaux qui s’est considérablement élevée après le premier quart-temps. Mais ça n’explique tout de même pas les dix-sept, il y en a quand même trois ou quatre de trop. Jusqu’à treize on peut comprendre, au-delà ce n’est pas possible. Il faut que l’on soit encore plus attentif, plus sérieux pour diminuer ça encore. Et garder le reste. On a shooté avec un bon pourcentage, beaucoup de passes, c’est très bien. »

Evidemment, par expérience, le coach de la SIG sait qu’en Jeep Elite, la vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain.

« On n’a pas de signal à envoyer. On a juste à se préparer pour les playoffs. Si les autres veulent voir un signal, ils le verront. Mais nous ce que l’on veut, c’est se préparer pour le premier tour. C’est cette montée en puissance qu’il faut poursuivre et il nous reste une bonne dizaine de jours avant le premier match des playoffs. Tous les entraînements et le dernier match contre Dijon doivent nous servir à continuer dans le même état d’esprit. Ce n’est pas que du basket, c’est aussi du comportement qu’on doit régler. Ce n’est pas facile. On a une équipe qui est complète. C’était le premier match de Pape (Sy) et à un moment donné il aura la capacité à jouer plus. On a beaucoup de joueurs qui peuvent faire des choses. Donc c’est aussi l’acceptation des uns et des autres de voir leur rôle parfois un peu moindre par rapport à ce qu’ils espèrent mais c’est l’équipe qui doit primer. On travaille beaucoup là-dessus. C’est facile à dire, pas à faire. On sait qu’ils ont tous envie de jouer. C’est en comprenant ça que l’équipe va devenir plus forte. »

Son collègue du MSB n’a pas été avare en compliments. Il est vrai qu’il ne faisait qu’être le rapporteur du sentiment général.

« Strasbourg a été très bon. Beaucoup plus fort que nous. Même si Strasbourg a été très fort, ce que l’on peut se reprocher, on n’était pas du tout en terme d’intensité au niveau d’un match à enjeu comme ça pour la deuxième place et surtout dans la projection des playoffs. On doit s’inspirer de ce que Strasbourg propose en terme d’intensité, de rigueur pour nous élever notre niveau de jeu parce que ce n’est pas acceptable. On est dominé sur des un-contre-un trop facilement. Oui les joueurs sont forts en face, les situations sont difficiles à défendre mais c’est quand même trop léger de notre part dans la concentration, l’engagement, la rigueur. On aura peu de temps, je ne sais pas si on arrivera à monter, à se rapprocher d’un niveau de jeu comme ça. Le point positif, c’est que ce match-là va nous servir pour tenter de faire prendre conscience à l’équipe qu’il faut beaucoup plus. »

* « Qui c’est Raoul ». Célèbre réplique de Bernard Blier dans Les Tontons Flingueurs, qui veut dire « montrer qui est le patron » ou « ce dont on est capable. »

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Qui peut avoir de telles certitudes en ce lundi de Pentecôte ? Le ciel d’Athènes est tombé depuis sur la tête des Monégasques qui sont toujours groggy. Surpris par Pau sur le Rocher, ils ont pris samedi dans la foulée un gadin monumental à l’Astroballe, qui pourrait laisser croire à ceux qui n’ont pas vu le match à une fake news : -28. C’est ce qui s’appelle avoir le mental dans les chaussettes. Coach Z a été une fois de plus expulsé, et ce manque de self contrôle n’est pas un bon indicateur de la sérénité de l’équipe de la principauté une fois venu le temps du money time. Gerald Robinson, MVP des quarts de finale de la Basketball Champions League et candidat au trophée de meilleur joueur de la saison de Pro A, s’est blessé au genou et son coach a déclaré être très inquiet à son sujet.

Et puis, à l’inverse, samedi, lors d’un tour de chauffe à vitesse réelle à l’intérieur du circuit du Mans avec une deuxième place de saison régulière à la clé, la SIG Strasbourg a fait forte impression aux 5 950 spectateurs d’Antarès, aux téléspectateurs de SFR Sport 2, à l’équipe du MSB et à son coach Eric Bartecheky.

« Forcément, à chaud, il y a la déception de perdre la deuxième place, ce qui est un peu atténué du fait que nous on n’a pas mis les ingrédients nécessaires et de plus Strasbourg a fait une démonstration de force, c’est incontestable, ils ont été très bons, supérieurs à nous », a concédé celui-ci. « On a Monaco et Strasbourg devant qui sont deux grosses armadas de la Pro A. C’est plutôt positif d’être troisième. Des équipes avec des moyens supérieurs auraient bien aimé être à notre place. Maintenant il faut que l’on s’inspire de ce que Strasbourg propose. On ne pourra pas sur tous les points être identique. On n’a pas les mêmes joueurs, on n’a pas les mêmes schémas mais ça doit nous inspirer à tendre vers le haut. »

Dee Bost.

Quand la SIG fait rendre à Youssoupha Fall un bilan négatif

Qu’elle paraissait loin la victoire du Mans au Rhénus (78-76). C’était le 7 octobre soit deux semaines après que le MSB se soit déjà imposé à Monaco. Chris Otule et Michael Dixon étaient encore alsaciens, Dee Bost, Miro Bilan, Levi Randolph, Damien Inglis et Florent Pietrus n’avaient pas encore pris leurs quartiers dans le Bas-Rhin. Depuis, la SIG s’est ainsi métamorphosée, musclée se mettant en configuration pour gagner LE titre de champion de France après cinq finales foirées.

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Photos: FIBA

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