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André Buffière et Robert Monclar, deux MVP sortis de l’oubli

L’élection des meilleurs joueurs de Jeep Elite et de Pro B et des meilleures joueuses de la Ligue Féminine a donné lieu cette année à une remise des trophées commune salle Gaveau à Paris avec l’apparat nécessaire à un tel événement. Il y a peu, nous vous racontions que si nous disposons d’un palmarè

L’élection des meilleurs joueurs de Jeep Elite et de Pro B et des meilleures joueuses de la Ligue Féminine a donné lieu cette année à une remise des trophées commune salle Gaveau à Paris avec l’apparat nécessaire à un tel événement. Il y a peu, nous vous racontions que si nous disposons d’un palmarès complet depuis la prise en main par le mensuel Maxi-Basket en 1983 d’un référendum qui honorait les MVP français et étranger, chez les hommes comme chez les femmes, il n’y a plus que des traces parcellaires des années précédentes et malgré nos recherches, il est impossible de dresser une liste complète des lauréats. Impossible également de savoir quand ont pris source ces référendums.

Membre de la commission patrimoine de la FFBB et habitué à prendre son casque de spéléologue, Vincent Janssen a fouillé dans les archives de Miroir-Sprint pour retrouver quelques trésors disparus.

Miroir-Sprint était un hebdomadaire proche du Parti Communiste, né juste après-guerre et disparu en 1971, et qui se faisait fort d’être au cœur de l’actualité sportive. Au début des années cinquante, le tirage a atteint des pics qui laissent rêveur : plus de 400 000 exemplaires !

En 1952, fort de sa renommée, Miroir-Sprint pris la décision d’honorer les champions français de dix disciplines différentes : l’athlétisme, la boxe, la gymnastique, le football, la natation, l’aviron, le cyclisme, le rugby à XV, le rugby à XIII et le basket. Au passage, on remarque que ni le hand ni le volley n’ont eu droit à de tels honneurs. Les trophées furent nommés « Les Victoires du sport français ».

10 champions de 10 disciplines

Un jury fut constitué pour procéder à ces élections et les archives font remonter à la surface des champions d’antan qui arrivèrent ainsi numéro 1 dans leurs disciplines respectives. Ce furent Alain Mimoun (athlétisme), Raymond Famechon (boxe), Michel Mathiot (gymnastique), Robert Jonquet (football), Jean Boiteux (natation), Raymond Salles (aviron), Loison Bobet (cyclisme), Jean Prat (rugby à XV) et Puy-Aubert (Rugby XIII).

Pour le basket, le jury était composé de 12 personnes. Trois de la fédération dont le président Charles Boizard, un représentant de la FSGT, un arbitre, un ex-international, des entraîneurs et des journalistes. Du sérieux, quoi.

Le résultat ? Robert Monclar du Racing Club de France triompha avec 51 points devant Jacky Desseme (Bellegarde, 36), André Buffière (Villeurbanne, 24), Roger Haudegand (Marly, 23) et Jean Pernicini (Racing Paris, 18).

Robert Monclar était le père de Jacques devenu à son tour international et aujourd’hui consultant sur BeIN SPORTS et le grand-père de Julien, manager général de l’ADA Blois et de Benjamin, l’un des joueurs du club. Tout comme Jean-Paul Beugnot, Robert Monclar a la particularité d’avoir participé à trois Jeux Olympiques (1952, 56 et 60). Au championnat du monde de 1954 avec toujours Beugnot, ils furent élus dans le troisième Cinq de la compétition.

« C’est un battant inlassable, hargneux, décidé et malgré tout clairvoyant, qui sait utiliser ses qualités athlétiques et son sens de la place, aussi bien pour défendre que pour attaquer… Est un camarade charmant et fidèle , » écrivit son entraîneur Robert Busnel dans le livre Le Basketball à propos de ce colosse de 1,96m.

Bien plus tard, l’intéressé nous dira :

« Je n’avais pas une grosse technique mais je levais bien la tête, j’anticipais. J’ai appris ça dans la rue, dans la cour d’école de Privat, Ardèche, avec un soupçon de topinambour ou d’épinard dans l’estomac. »

Un vote populaire

Miroir-Sprint persévéra les deux années suivantes et Robert Monclar dû céder son sceptre à André Buffière qui le devança de 11 points en 1953 et de 84 l’année suivante. En 1953, l’hebdo publia les votes des 12 membres du jury et c’est ainsi que l’on apprend que Buffière termina huit fois premier.

André Buffière est un monument du basket national. Comme joueur son nom est associé aux triomphes de l’ASVEL et à la médaille d’argent aux Jeux de Londres en 1948. Comme entraîneur, il fut celui des Bleus, de l’ASVEL deux fois dans le top-4 européen et de Limoges qui gagna les deux premières coupe d’Europe du basket français, la Korac.

Pour cette troisième édition, Miroir-Sprint décida de faire voter ses lecteurs. 3 201 bulletins arrivèrent ainsi à la rédaction. Un chiffre qui peut paraître faible mais qui d’après les écrits d’époque convenait très bien à l’hebdomadaire.

En tous les cas, jury et vote populaire, on se dit que l’on n’a rien inventé de mieux depuis les années cinquante. On est heureux aussi d’avoir sorti de l’oubli ces deux MVP d’une époque où la France était une nation dominante dans le basket en Europe… comme aujourd’hui après une longue traversée du désert.

Photos: Une BD avec Robert Monclar. André Buffière au centre lors d’une réunion. Et Robert Monclar qui salue de la main avec Jean-Paul Beugnot devant lui.

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