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Freddy Fauthoux (Levallois), Alexandre Ménard (Rouen) et Savo Vucevic (Bourg): Paroles d’experts (1)

Nous avons demandé à trois coaches de nous apporter leur expertise sur quelques sujets concernant leur activité ou l’actualité. Freddy Fauthoux, 46 ans, a eu une longue carrière de joueur à Pau-Orthez avant de prendre le coaching de Levallois en décembre 2015. Originaire du Monténégro, oncle de Niko

Nous avons demandé à trois coaches de nous apporter leur expertise sur quelques sujets concernant leur activité ou l’actualité.

Freddy Fauthoux, 46 ans, a eu une longue carrière de joueur à Pau-Orthez avant de prendre le coaching de Levallois en décembre 2015. Originaire du Monténégro, oncle de Nikola Vucevic (Orlando Magic), Savo Vucevic, 62 ans, est en France depuis bientôt trente ans et coache Bourg depuis 2016. Alexandre Ménard, 42 ans, est l’entraîneur de Rouen en Pro B après avoir été assistant plusieurs années au Mans et son coach principal à la fin de la saison 2016-17.

Ces interviewes sont en deux parties.

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A la fin des matches allers, dix équipes se tenaient en deux victoires, alors que ni le triple vainqueur, Monaco, ni les deux derniers champions, Chalon et Le Mans ne sont présents à la Leaders Cup. A quoi attribuer ce phénomène quasi unique en Europe ?

Freddy Fauthoux : Déjà par rapport à Monaco, il n’y a plus (Zvezdan) Mitrovic. Je ne sais pas s’il y a une relation de cause à effet mais Monaco a beaucoup changé son effectif et son staff. Pour ce qui est du global, je pense que le championnat s’est très densifié vers le haut. Ça se voit par les très bons résultats des clubs français dans les coupes d’Europe. Quand on est compétitifs en coupes d’Europe c’est que l’on a un certain niveau basket. Il y a dix, douze équipes qui ont de gros effectifs, qui jouent bien au basket, et je pense que le championnat de France a tout simplement augmenté de niveau.

Savo Vucevic : Ça tient au fait que d’une année à l’autre, on a un championnat qui est beaucoup plus fort, plus compact. J’ai l’occasion de regarder pas mal de matches des autres championnats, en Turquie, en Grèce, en Italie, en Espagne et franchement si le championnat de France n’est pas le meilleur, c’est le plus compact, le plus imprévisible. Chez nous, les salles sont pleines alors que, par exemple, dans le championnat turc c’est vide. On peut encore progresser mais on a un beau championnat et c’était déjà le cas d’une année à l’autre. On joue un basket un peu à part. C’est athlétique. C’est difficile de gagner des matches car il n’y a pas de favoris. C’est intéressant et ça attire les gens dans les salles.

Alexandre Ménard : Ça tient parfois à des dynamiques économiques. Chalon a peut-être mal géré l’après titre. Le Mans a peut-être aussi eu des difficultés dans ce domaine-là. Il y a aussi le fait qu’il n’y a pas de gros budgets qui se détachent vraiment un peu comme en Israël avec le Maccabi Tel-Aviv, en Espagne c’est toujours les mêmes qui sont dans le top 4 parfois dans le désordre. En France, à part l’ASVEL et Strasbourg qui sont en train de se détacher mais c’est encore en construction, il n’y en a pas. Monaco, je dirai que c’est encore en gestation et c’est dépendant d’investisseurs plus ou moins uniques. Pour Le Mans et Chalon, ce sont des modèles économiques qui sont bien pour la stabilité des clubs mais ils n’ont pas vocation à se développer dans des proportions aussi importantes que pourront faire Strasbourg avec l’agrandissement de sa salle et l’ASVEL avec une nouvelle salle et des investisseurs plus réguliers et qui vont les amener dans des dimensions que les autres clubs bientôt ne pourront plus toucher.

Pour vous, le plus important ça serait de gagner la Leaders Cup ou la Coupe de France ?

FF : (Il réfléchit) Il faut vraiment être catégorique ? Je dirai peu importe, l’important c’est de gagner des trophées. On va les mettre à égalité sachant que le plus beau évidemment c’est le titre de champion. On ne peut pas avoir une coupe d’Europe en gagnant la Leaders Cup et la Coupe de France et il n’y a pas de prime pour l’un ou l’autre. Ce ne sont que des titres honorifiques et c’est pour ça que je n’en ressors pas un vis-à-vis de l’autre. Pour moi, c’est pareil que les trophées que j’ai gagné comme joueur, Tournoi des As, Coupe de France. C’est de l’événementiel et c’est bien pour la promotion du basket. Je regrette que ces trophées n’amènent pas une récompense suprême, une coupe d’Europe, car ça c’est la vraie récompense du travail d’un groupe.

SV : Je ne sais pas, je ne peux pas vous répondre. C’est bien les deux. On est éliminé en Coupe de France… La Leaders Cup, ce sont les huit meilleures équipes du moment mais d’un autre côté le vainqueur ne gagne rien. On ne peut pas jouer en Europe grâce à ça. La Coupe de France, la coupe d’un pays, c’est quelque chose de vraiment important. Je dirai 50-50. C’est vrai que ce qui est un avantage c’est que les supporters viennent en grand nombre à Bercy pour la finale de la Coupe de France. Ils peuvent préparer ça pendant quinze jours alors que pour la Leaders Cup, on ne sait pas si on va être éliminé au premier tour ou si on va aller en finale. Il y a des avantages et des inconvénients.

AM : (Il a gagné deux fois les deux avec le MSB comme assistant). Pour moi c’est la Leaders Cup car ça veut dire que l’on est dans le top 8 à la mi-saison. Ce qui n’est pas le cas de la Coupe de France. Et la gagner à mi-saison ça démontre un certain niveau. En 2009 quand on gagne la Semaine des As au Havre puis la Coupe de France, on est sur une dynamique telle qu’on envisage très fortement de faire le triplé. Quand il y a deux ans, je reprends l’équipe du Mans et que l’on joue la finale de la Coupe de France, c’est l’année où on n’a pas fait la Leaders Cup ni les playoffs. La Leaders Cup, c’est trois matches de très haut niveau alors que pour aller en finale de Coupe de France, ce n’est pas toujours des matches de très haut niveau. Pour un club de Pro B, c’est bien pour la notoriété de faire la finale de la Leaders Cup et en cas de victoire il y a un ticket pour les playoffs et ça peut rapporter des sous, ce qui n’est pas le cas pour la Coupe de France qui coûte des sous plus que ça en rapporte. Par contre la Coupe de France permet d’avoir des underdogs, d’avoir le sentiment de prouver à tout le monde que sur un match on peut rivaliser avec une équipe de Pro A, ce que l’on a fait contre Cholet. Ça décuple les ambitions des joueurs qui veulent prouver à tout le monde qu’ils peuvent jouer à un niveau supérieur. Le fait de disputer la finale de la Leaders Cup provoque une émulation au niveau des supporters. C’est déjà la première fois que Rouen passe le premier tour et joue les quart-de-finale et donc la demi-finale et la finale. C’est la première finale du club. Quand ils sont montés, c’est Poitiers qui a gagné la finale d’accession ; Rouen était déjà qualifié en finissant premier. Et la deuxième fois c’est à la faveur du wild card. Je sais qu’il y a déjà deux cars de prévu pour venir et ils sont en train de remplir le troisième. Ça amène une dynamique. Les dirigeants sont contents que l’on parle de Rouen sur le site de la LNB, ce qui n’a pas été forcément beaucoup le cas par le passé.

Que préférez-vous jouer, l’Eurocup ou la Champions League ?

SV : Pour un club comme Bourg, si on peut être qualifié, on préfère jouer la Champions League. Il y a beaucoup de matches alors que dans deux ans, il y aura 16 clubs dans le championnat de France et donc moins de matches, moins de matches à domicile. Déjà, la Champions League c’est une compétition de grande qualité mais pour un club comme Bourg c’est plus facile à aborder car elle a un niveau inférieur à l’Eurocup. Pour une équipe d’un pays qui n’a pas un bon rating européen, c’est facile de monter une bonne équipe en BCL. Il y a quinze ans, j’ai joué avec Charleroi contre Lukoil (NDLR : Levski, Bulgarie) en 8e de finale. Un match que l’on a gagné mais ce fut difficile. En BCL, il y a des groupes de huit équipes, on sait que l’on va jouer 14 matches dont 7 à la maison, il y a plus de stabilité. Pour l’instant, pour mon club, la Champions League c’est top.

AM : Je préfère jouer l’Eurocup. Le niveau est plus fort que la BCL avec beaucoup d’équipes qui ont fait l’Euroleague. Ce n’est pas forcément le cas pour la BCL. J’en veux pour preuve la poule de Limoges où on a Valence et Malaga, de très grosses équipes. Et ce sont malheureusement des choses dont on est encore très loin en terme de structuration et de budget. En Eurocup, il y a des salaires à 500 000€ net dans la plupart des clubs. En France c’est encore pour l’instant très difficile à avoir. Economiquement parlant c’est largement au-dessus de la BCL. Il y a quand même de très belles équipes sur la BCL. Je pense que dans l’ordre il y a l’Eurocup, au-dessus la VTB League et encore au-dessus l’Euroleague.

« Les fenêtres internationales, c’est perturbant dans l’organisation de la semaine mais d’un autre côté j’aime bien car ça permet de travailler des choses que l’on a peu le temps de travailler depuis la pré-saison ». Alexandre Ménard

En tant que coach, que pensez-vous des fenêtres internationales ?

FF : Je ne trouve pas ça super. Ça ne donne pas toujours une bonne image de nos équipes nationales puisqu’on n’a pas les meilleurs joueurs dedans même si c’est super intéressant pour ceux qui y vont de découvrir le basket international. Ça casse le championnat. On joue huit matches, on s’arrête quinze jours, il y a aussi la trêve de Noël. Il y a toujours des breaks et c’est très compliqué de réinstaller les joueurs physiquement et mentalement sur les objectifs que l’on s’est fixé. Ça ne donne pas une super visibilité pour nos équipes nationales parce que comme je le disais, il n’y a pas les meilleurs. Moi, j’aurais pu avoir (Roko) Ukic puisqu’il était sélectionné (NDLR : par la Croatie) mais il n’a pas voulu y aller et j’ai (Ekene) Ibekue qui va partir avec le Nigéria. Ce n’est pas un problème puisqu’il continuera à s’entraîner mais, oui, puisque ça ne sera pas avec le groupe. Mais d’une façon générale, tu t’entraînes pendant ces fenêtres mais sans avoir d’objectifs à court et moyen terme pour préparer un match. Donc dans le quotidien, c’est un peu complexe.

SV : Comme coach, ça me gène énormément. Durant la préparation de la saison, j’ai eu un joueur, Youssoupha Ndoye, qui a été pris par le Sénégal. Pareil l’année dernière. Il arrive pas prêt. Mettre en forme un joueur c’est extrêmement difficile surtout au niveau de la cohésion avec le groupe. Et après, on règle la forme, on fait de bons matches et il y a coupure et il y a des joueurs qui partent. Pour nous les coaches, c’est extrêmement difficile à gérer. C’est le basket qui est perdant dans cette situation. Et pour les clubs qui ne jouent pas la Leaders Cup, c’est trois semaines sans jouer. Vous croyez que c’est facile pour eux de gérer cette période ? Les joueurs veulent jouer. C’est pour ça qu’avec la Champions League, on sait que jusqu’au mois de février, on va jouer et après il y a le championnat et les playoffs. C’est bien. Quand il y a des coupures, on doit recommencer un mini-stage, une mini-préparation physique et c’est ça qui gène le plus les joueurs. Psychologiquement, mentalement et physiquement.

AM : Ça permet d’avoir un break et des semaines où l’on travaille des choses plus spécifiques avec notre équipe. Ça permet aussi à certains joueurs de vivre des choses un peu différentes, de sortir du train-train de leur équipe. Ça peut perturber des équipes de Pro B qui ont parfois des internationaux Cotonou ou Bosman. J’en n’ai pas cette année mais j’avais Obi Emegano (NDLR : arrière du Nigeria de 2,00m, 25 ans, aujourd’hui à Dijon), Rémi Dibo (NDLR : ailier de 2,01m et 27 ans) et Manu Monceau (arrière de 1,95m et 23 ans) qui étaient avec l’équipe de France de 3×3 qui faisait des rassemblements en même temps. Cette année, j’ai la chance ou la malchance de ne pas avoir de joueurs internationaux. Les fenêtres internationales, c’est perturbant dans l’organisation de la semaine mais d’un autre côté j’aime bien car ça permet de travailler des choses que l’on a peu le temps de travailler depuis la pré-saison.

Si vous en aviez la possibilité, quel joueur actuel de la Jeep Elite recruteriez-vous ?

FF : Je n’ai pas réfléchi à la question car je suis trop content de mes joueurs (rires). J’aime beaucoup Paul Lacombe. Son énergie, son talent, son apport dès qu’il rentre sur le terrain. C’est l’esprit qu’il véhicule qui est très positif au-delà de son niveau basket.

FF : (Sans hésiter) Paul Lacombe ! Dans mon équipe, il manque un joueur comme ça. D’abord c’est un Français et il a le niveau de n’importe quel étranger. Il est très complet, il peut jouer plusieurs postes, il peut défendre et attaquer de différentes manières. Il a du caractère, un mental. Il a des défauts bien sûr comme tout le monde mais beaucoup de qualités. Il irait parfaitement dans mon équipe et ma façon de jouer au basket.

AM : Le joueur que je prendrais de suite est Youssoupha Fall, à cause de mon histoire avec lui et parce que toutes les équipes par lesquelles il passe gagnent.

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A la fin des matches allers, dix équipes se tenaient en deux victoires, alors que ni le triple vainqueur, Monaco, ni les deux derniers champions, Chalon et Le Mans ne sont présents à la Leaders Cup. A quoi attribuer ce phénomène quasi unique en Europe ?

Freddy Fauthoux : Déjà par rapport à Monaco, il n’y a plus (Zvezdan) Mitrovic. Je ne sais pas s’il y a une relation de cause à effet mais Monaco a beaucoup changé son effectif et son staff. Pour ce qui est du global, je pense que le championnat s’est très densifié vers le haut. Ça se voit par les très bons résultats des clubs français dans les coupes d’Europe. Quand on est compétitifs en coupes d’Europe c’est que l’on a un certain niveau basket. Il y a dix, douze équipes qui ont de gros effectifs, qui jouent bien au basket, et je pense que le championnat de France a tout simplement augmenté de niveau.

Savo Vucevic : Ça tient au fait que d’une année à l’autre, on a un championnat qui est beaucoup plus fort, plus compact. J’ai l’occasion de regarder pas mal de matches des autres championnats, en Turquie, en Grèce, en Italie, en Espagne et franchement si le championnat de France n’est pas le meilleur, c’est le plus compact, le plus imprévisible. Chez nous, les salles sont pleines alors que, par exemple, dans le championnat turc c’est vide. On peut encore progresser mais on a un beau championnat et c’était déjà le cas d’une année à l’autre. On joue un basket un peu à part. C’est athlétique. C’est difficile de gagner des matches car il n’y a pas de favoris. C’est intéressant et ça attire les gens dans les salles.

Alexandre Ménard : Ça tient parfois à des dynamiques économiques. Chalon a peut-être mal géré l’après titre. Le Mans a peut-être aussi eu des difficultés dans ce domaine-là. Il y a aussi le fait qu’il n’y a pas de gros budgets qui se détachent vraiment un peu comme en Israël avec le Maccabi Tel-Aviv, en Espagne c’est toujours les mêmes qui sont dans le top 4 parfois dans le désordre. En France, à part l’ASVEL et Strasbourg qui sont en train de se détacher mais c’est encore en construction, il n’y en a pas. Monaco, je dirai que c’est encore en gestation et c’est dépendant d’investisseurs plus ou moins uniques. Pour Le Mans et Chalon, ce sont des modèles économiques qui sont bien pour la stabilité des clubs mais ils n’ont pas vocation à se développer dans des proportions aussi importantes que pourront faire Strasbourg avec l’agrandissement de sa salle et l’ASVEL avec une nouvelle salle et des investisseurs plus réguliers et qui vont les amener dans des dimensions que les autres clubs bientôt ne pourront plus toucher.

Pour vous, le plus important ça serait de gagner la Leaders Cup ou la Coupe de France ?

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Photos: Freddy Fauthoux (Karen Mandeau, Levallois Metropolitans) et Alexandre Ménard (Rouen Metropole Basket)

A suivre demain.

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