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L’ambition de Pierre Fosset qui quitte la présidence de Bourges: « Regagner un titre de champion de France et organiser un Final Four »

Président du Tango Bourges Basket depuis 1993, Pierre Fosset tire sa révérence à l’occasion de la finale de la Coupe de France demain contre Charleville. Le Berruyer est l’homme le plus titré des sports collectifs en France. On le fait regarder dans le rétro mais aussi en avant à l’heure où son club

Président du Tango Bourges Basket depuis 1993, Pierre Fosset tire sa révérence à l’occasion de la finale de la Coupe de France demain contre Charleville. Le Berruyer est l’homme le plus titré des sports collectifs en France. On le fait regarder dans le rétro mais aussi en avant à l’heure où son club est absent de la finale du championnat pour seulement la troisième fois en vingt-cinq ans mais qu’il a obtenu une fois de plus sa qualification en Euroleague pour la saison prochaine grâce à sa victoire samedi en finale de la Coupe de France.

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Votre plus grande émotion :

C’est compliqué. Il y a quand on gagne la Ronchetti (en 1995) et que l’on rentre à trois heures du matin, c’était fort. Il y a eu l’Euroleague que l’on organise en 98 où toute la ville est aux couleurs noires et oranges. On fait une manifestation digne des Jeux Olympiques en faisant défiler tous les clubs sportifs et culturels de la ville de Bourges pour une présentation au palais des sports. Et évidemment la cerise ce fut d’être champion d’Europe. Il y a aussi le Final Four à Larissa (en 1997) avec une équipe que je n’ai jamais vu aussi forte mentalement. Vadim (NDLR : Kapranov, le coach) avait perdu sa fille et il n’y avait pas participé. Les filles étaient tellement refermées sur elles-mêmes qu’elles n’avaient besoin de personne ; elles voulaient gagner pour lui. Il y a aussi les titres de champion de France. J’ai plein de titres alors c’est compliqué. Gagner des coupes de France à Bercy c’est aussi exceptionnel. Et l’an dernier, quand on gagne un 14e titre c’est quand même fort. Mais le plus beau c’est le premier. Quand tu en gagnes un quatorzième, c’est un record, c’est la devanture.

Votre équipe de référence :

Celle qui a gagné la Ronchetti et celle de 98. L’époque d’aujourd’hui est beaucoup plus compliqué. Je trouve que maintenant il y a moins de références au maillot. Avant les joueuses venaient pour le maillot. Il y avait un peu moins d’argent, moins de turnovers aussi les joueuses étaient plus attachées à leur club, les mentalités étaient différentes.

Votre joueuse de référence :

C’est compliqué aussi ! Je peux en donner une par poste ? A la mène, Yannick Souvré. Sur les ailes, Odile Santaniello et Cathy Melain. A l’intérieur Anna Kotokova et Elena Kudashova. Et on a eu aussi Cap’s (Céline Dumerc) sur dix ans. Des joueuses qui étaient de passage ont amené beaucoup au club comme Belinda Snell mais les références ce sont celles qui se sont imprégnées du club et du maillot.

Votre coach de référence :

Kapranov (NDLR : ancien joueur du CSKA Moscou, colonel de l’armée russe, qui avait auparavant coaché à Challes). C’est lui qui au départ nous a fait complètement changé de statut. Pierre Vincent aussi c’est quelqu’un mais Kapranov a amené la culture de la gagne. Il ne souriait pas beaucoup, il avait des relations lointaines avec les joueuses mais proches avec Yann (Souvré). C’est elle qui était la maîtresse sur le terrain et il savait s’en servir. Il ne disait même pas bonjour aux journalistes mais il avait une psychologie intéressante par rapport à l’équipe. Il était dur vis-à-vis des gens extérieurs à son équipe mais il savait très bien manager l’humain. Même les dirigeants, à part moi, il en n’avait rien à faire. Sa fille n’est pas morte d’un accident de la route mais d’un coup de révolver. Elle a été assassinée. Etait-ce une balle perdue ? Je n’en sais rien. Vadim se méfiait de la culture russe et pour lui elle a été descendue. J’ai revu Vadim depuis bien sûr. On l’avait invité l’an dernier mais il n’a pas pu venir. A une époque il avait un appartement vers Annecy et on avait été le voir. Je me suis toujours inquiété de savoir ce qu’il devenait et j’en ai encore des nouvelles par Elena Koudashova, qui est mariée avec Jean-Claude Clanet (NDLR : ancien président de Challes), qui vit à Annecy et qui va le voir régulièrement.

« Ma plus grande fierté ? L’agrandissement du palais des sports »

Votre plus grande fierté :

L’agrandissement du palais des sports. Avoir convaincu le maire de l’agrandir à 5 000 places pour du sport féminin, c’est une sacrée fierté. C’était le quatrième agrandissement. On a d’abord fait la tribune des partenaires, après la tribune sur un pignon, ensuite l’autre pignon qui a été terminé en 98 pour l’organisation du Final Four, et donc là. Ça a suivi notre progression surtout les premières années.

Votre plus grand regret :

De ne pas avoir organisé le Final Four cette année. Je pense qu’on l’aurait eu si on s’était qualifié. On a fait un match de merde contre Schio et j’ai dit que c’est là-dessus que l’on perd le Final Four. A cette époque-là je savais déjà que j’allais raccrocher mes baskets et j’aurais bien aimé organiser une troisième fois le Final Four. Qu’est-ce que je peux avoir comme regret au niveau du sportif ? On a gagné le championnat, la Coupe de France, le Tournoi de la Fédération, trois Euroleague, la Ronchetti, l’Eurocup. Il n’y a pas un titre que l’on n’a pas eu donc je ne peux pas avoir de regrets. Mais le fait de ne pas organiser le Final Four cette année, oui, ça m’a chagriné un peu. J’espère avoir réussi à faire avancer le Schmilblick du basket féminin le plus possible et si je peux je vais continuer de le faire avancer car je pense que c’est dommage que l’on ne donne pas plus de moyens au sport féminin.

Votre commentaire sur l’évolution du basket féminin en 25 ans :

Ça avance mais je pense que les politiques ne prennent pas les choses comme il faut. Ce qu’ils font c’est de l’électoralisme. J’ai fait partie de la Commission Braillard (NDLR : du nom de l’ancien secrétaire d’Etat chargé des sports, Thierry Braillard). Au départ c’était une bonne idée mais il en n’est rien sorti. Pour moi c’est de la politique de bas étage. Les politiques ne sont pas sensibles au sport féminin. Ce sont des masculins et ils veulent garder leur pouvoir et les choses ne sont pas faites comme il faut pour faire avancer les dossiers. Chez nous, les joueuses ont toujours été pros. Quand on a fait l’agrandissement du Prado en 1998, il y avait déjà un jacuzzi, on avait des structures d’avant-garde. Quand on a joué contre Tarbes, Fred Fauthoux est venu pour voir sa fille Marine, la kiné lui a fait visiter les installations et il n’en revenait pas. Il a dit que les clubs masculins allaient nous jalouser. Et en plus, c’est Fred Fauthoux, qui a eu le meilleur palais des sports à Pau pendant des années. On aurait peut-être faire plus mais on a fait avancer le sport féminin.

Votre héritière à la présidence, Agnès Saint Ges :

C’est la présidente du club des partenaires depuis huit ans. Comme je fais partie des vieilles branches du club et que je connaissais beaucoup de choses, je pouvais faire les deux mais je pense que ce n’est plus possible. Alors j’ai pris un DG. La première fois ça n’a pas fonctionné avec Patrice Dumont et la deuxième fois j’ai pris Valentin Cavalier qui est du cru, qui connaît le basket (NDLR : ancien DG de Villeneuve d’Ascq) et je cherchais une femme comme présidente. Ça fait partie des projets, des combats que j’ai mené pendant des années. Je sais qu’elle a fait du bon boulot au niveau du club des partenaires et je lui ai demandé de prendre ma place. Elle ne sera pas trop dans le basket car elle le connait mais beaucoup moins que le DG. Par contre, elle connaît la gestion car elle est chef d’entreprise. Je n’ai pas de souci là-dessus : on est un club sain qui restera sain. C’est aussi quelqu’un qui a des réseaux au niveau du département et de la région. Il me semblait bien que je réunisse ces deux personnes pour que le club avance dans de bonnes conditions. Et puis au début je serai là pour aider Valentin Cavelier s’il en a besoin.

«Les gens en France n’aiment pas le changement et certains ont dit qu’à Bourges c’est foutu. J’ai dit à ma présidente que l’on va prouver que ce n’est pas foutu et que tant qu’elle a besoin d’un coup de main je serai là pour l’aider »

Votre fonction dans le club à la rentrée :

Je suis toujours élu au conseil d’administration et je me tiens à leur disposition s’ils ont besoin d’un coup de main dans tous les domaines. La raison de mon départ c’est l’âge. A un moment donné, c’est bon. Si je ne fais pas la démarche à 80 balais je suis encore le président du club et ce n’est pas une bonne solution. Je critique les politiques qui ne veulent jamais lâcher alors je n’allais pas faire comme ça. Depuis un peu plus d’un an je travaille avec ma présidente sur les dossiers pour lui montrer comment ça se passe. J’ai donné les rênes sur le fonctionnement du club à Valentin au mois de décembre même si je suis là tous les matins et que l’on discute. En ce moment, on est en train de faire le renouvellement des partenariats et je les lui présente pour qu’il soit dans les meilleures conditions pour faire avancer le club. Cette année, il s’est occupé du recrutement avec le coach et moi. Je pense qu’à l’avenir j’aiderai un peu mais je ne donnerai pas mon aval car ça ne sera pas à moi de le faire.

Votre ambition pour le club à l’avenir :

C’est de regagner un titre de champion de France et aussi d’organiser un Final Four à Bourges. La concurrence aujourd’hui est plus forte qu’à l’époque de Valenciennes. A cette époque-là, il y avait Valenciennes et pas grand monde derrière elle. Là, il y a Lyon, Charleville, Montpellier et Bourges. Lyon est à 2,5M€ cette année et l’an prochain ils ne seront pas loin de 4. Ils vont nous dépasser en deux ans de temps. On est à 3,5 pour arrondir.  Tony (Parker) a les moyens de ses ambitions et pour lui je pense que le basket féminin ce n’est pas cher et ça lui permet d’avoir une vitrine. Le nouveau président a l’air de trouver des fonds pour faire avancer Montpellier. Quant à Charleville, ils sont là depuis trois-quatre ans, ils n’ont rien gagné mais à un moment ils vont gagner. J’espère que ça ne sera pas en finale de la Coupe de France ! Ça me paraît pas mal que Landerneau pointe le bout de son nez, ils ont des installations intéressantes. La Bretagne peut avancer. Il y a aussi La Roche Vendée. Je pense que l’on sera toujours performant. On a encore de l’avance. Ça dépendra des dirigeants des autres clubs. Qu’est-ce qu’ils veulent faire de leur basket féminin ? Est-ce c’est pour faire un coup ou deux et sortir ou travailler pour la continuité ? Je ne peux pas répondre à leur place. J’ai été surpris de lire que le président de Montpellier ne sera en place que deux ou trois ans (…) Les gens en France n’aiment pas le changement et certains ont dit qu’à Bourges c’est foutu. J’ai dit à ma présidente que l’on va prouver que ce n’est pas foutu et que tant qu’elle a besoin d’un coup de main je serai là pour l’aider pour que l’on reste au haut niveau mais je ne veux plus être sur le devant de la scène, gérer le quotidien, je veux partir en vacances quand j’en ai envie, voir mes petits-enfants quand ils ont besoin de moi. Mon agenda va être beaucoup plus vide que maintenant.

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Votre plus grande émotion :

C’est compliqué. Il y a quand on gagne la Ronchetti (en 1995) et que l’on rentre à trois heures du matin, c’était fort. Il y a eu l’Euroleague que l’on organise en 98 où toute la ville est aux couleurs noires et oranges. On fait une manifestation digne des Jeux Olympiques en faisant défiler tous les clubs sportifs et culturels de la ville de Bourges pour une présentation au palais des sports. Et évidemment la cerise ce fut d’être champion d’Europe. Il y a aussi le Final Four à Larissa (en 1997) avec une équipe que je n’ai jamais vu aussi forte mentalement. Vadim (NDLR : Kapranov, le coach) avait perdu sa fille et il n’y avait pas participé. Les filles étaient tellement refermées sur elles-mêmes qu’elles n’avaient besoin de personne ; elles voulaient gagner pour lui. Il y a aussi les titres de champion de France. J’ai plein de titres alors c’est compliqué. Gagner des coupes de France à Bercy c’est aussi exceptionnel. Et l’an dernier, quand on gagne un 14e titre c’est quand même fort. Mais le plus beau c’est le premier. Quand tu en gagnes un quatorzième, c’est un record, c’est la devanture.

Votre équipe de référence :

Celle qui a gagné la Ronchetti et celle de 98. L’époque d’aujourd’hui est beaucoup plus compliqué. Je trouve que maintenant il y a moins de références au maillot.

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Photos: Iliana Rupert et Cristina Ouvina (FIBA). Pierre Fosset (Bourges Basket)

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