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Coupe du Monde: L’équipe de France est sur orbite

Le coach Vincent Collet a longuement commenté ses choix pour la Coupe du Monde qu’il a dévoilé mercredi.

Le coach Vincent Collet a longuement commenté ses choix pour la Coupe du Monde qu’il a dévoilé mercredi.

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C’est au China, un restaurant du 12e arrondissement parisien, clin d’œil évidemment au pays organisateur de cette 18e Coupe du Monde, qu’a été dévoilée mercredi en fin de matinée, la liste des pré-sélectionnés en équipe de France. Le lieu était privatisé et reconverti en studio de télévision afin de permettre aux équipes de RMC Sport News de retransmettre l’annonce en direct alors que les autres représentants des médias étaient confortablement assis dans des banquettes en cuir.

La plupart des joueurs étaient au courant de la décision du coach depuis plusieurs jours car Vincent Collet avait effectué ses arbitrages bien en amont de l’annonce :

« Toute l’année avec mes assistants on a eu des rencontres et des échanges téléphoniques. Le 8 mai, on a fait une très longue réunion à la fédération au cours de laquelle on a affiné cette sélection avec bien sûr, les joueurs jouant encore, de potentiels soucis. Il en existe encore aujourd’hui puisqu’il y a des joueurs qui jouent encore qui sont dans cette sélection. On va encore craindre une éventuelle blessure. Mais donc depuis un mois cette liste est faite, » a-t-il révélé. « On n’a pas appelé les joueurs qui sont sélectionnés mais bien sûr certains le savent et d’autres vont avoir la bonne surprise aujourd’hui. Par contre, on a appelé un nombre assez important de ceux qui sont assez proches et qui ne sont pas sélectionnés. On a essayé là aussi de progresser même si ce n’est pas encore parfait. On en est conscient. Mais cette communication est importante mais moins que celle que l’on va essayer de mettre en place en début de préparation. C’est assez spécifique au basket, tous les sports ne le font pas. Pour bien connaître Claude Onesta, dans le handball, je sais qu’ils n’ont pas mis en pratique ce genre d’exercice. »

Stephen Brun, David Cozette et Vincent Collet

Deux sparring-partners de Jeep Elite

La pré-sélection comporte 15 noms. Neuf joueurs évoluent en Europe, cinq en NBA et un seul en Jeep Elite. Sept joueurs ont été placés sur une liste de remplaçants. Et deux autres vont servir de partenaires d’entraînement, le meneur villeurbannais Théo Maledon et l’intérieur dijonnais Alexandre Chassang sans espoir d’être de l’expédition chinoise.

« En préparation, il y a souvent des petits problèmes de blessures passagères. Ça permettra d’avoir moins de joueurs qu’à l’accoutumé et d’avoir un processus de sélection qui soit plus rapide et surtout plus simple et malgré tout de fonctionner durant cette courte période de préparation qui va être très intense. Théo Maledon et Alexandre Chassang étaient déjà avec nous en février et ont fait de très belles choses et présentaient le profil adéquat pour remplir cette mission d’être partenaires d’entraînement. Ils sont amenés dans un futur proche probablement à faire partie de cette équipe de France », explique Vincent Collet, qui précise : « Ce sont aussi de jeunes joueurs qui ont donné satisfaction dans l’investissement quand on les a appelés. On souhait des gens à la fois de qualité et qui sont proches de ce groupe France, qui offrent des perspectives d’avenir et aussi de qualité dans le travail. Ce sont deux joueurs très sérieux, très investis. Ce sont aussi deux joueurs issus de la Jeep Elite. Et ça a son importance vis-à-vis des fenêtres. On peut penser que ce seront des fers de lance de l’équipe qui fera la qualification pour l’Euro. »

Car dès novembre, on va remettre en place ces fameuses fenêtres même si le conflit FIBA/Euroleague n’est toujours pas résolu, que les NBAers sont bien sûr indisponibles, et que ce système de qualification avec ces sélections tronquées est totalement injuste.

Des réservistes prêt à venir à la rescousse

Les réservistes sont ainsi clairement identifiés, ce qui n’a pas toujours été le cas. Et comme le groupe de pré-sélectionnés est un peu réduit, par le jeu des vases communicants, ils sont un peu plus nombreux qu’à l’habitude.

« Malheureusement, on est toujours sous la menace de problèmes. L’expérience me fait dire que ça a été souvent le cas par le passé. Ces joueurs-là sont à même d’arriver très vite. Si par exemple l’un des joueurs intérieurs était blessé, Moustapha Fall serait le premier arrivé et pas Alexandre Chassang. Même chose pour les autres qui sont susceptibles de rejoindre très vite le groupe en cas de problème durant la préparation. Pour le tournoi en Chine, probablement que l’on emmènera un joueur supplémentaire. On a un dernier tournoi de préparation à Shenyang au nord de la Chine et malheureusement, durant ce tournoi il peut se passer encore des choses. »

Le directeur de l’équipe de France, Patrick Beesley met l’accent sur le fait que chaque international potentiel doit être prêt à intégrer le groupe en cas de force majeur.

« Quand on a créé le team France, on avait demandé du respect dans les deux sens. Donc j’ai tenu à ce que les joueurs qui ont participé à la qualification et qui ne sont pas sur la liste, soient prévenus. J’ai été surpris des messages que j’ai reçu car ils sont vraiment dans l’esprit des qualifications. Ils ont dit qu’ils sont derrière nous et prêts à revenir et ce n’est pas innocent puisqu’en novembre il y aura de nouveau des matches. »

Mais si jamais l’un d’entre-eux se faisait porter pâle uniquement sur un mouvement d’humeur, il pourrait être fait usage du bâton.

«Tous les joueurs ont signé une charte. Cela sous-entend un engagement pour ce type de situation. Si quelqu’un ne venait pas, on en tirerait les conséquences. »

Vincent Collet donne l’exemple de Moustapha Fall qui est en tête de liste des pivots remplaçants en cas de défaillance.

« Je l’ai rencontré il y a trois semaines en lui disant qu’il ne serait pas sur la liste mais qu’il est remplaçant et que si on a malheureusement un pépin concernait soit Vincent ou soit Rudy, il serait le premier sollicité. Ce n’est pas Alexandre Chassang qui partirait en Chine. La position des réservistes est un peu différente de ce qu’elle était sur d’autres campagnes où on partait avec un groupe plus élargi. On a même eu une réflexion où l’on serait parti avec douze joueurs mais au vu de ce qui s’est toujours passé lors des campagnes précédentes, ça nous est apparu suicidaire. On a essayé de le faire en 2011 et on avait été obligé de rappeler des joueurs car très vite on avait eu des problèmes de blessures en préparation. On a voulu couper la poire en deux. On a réduit notre groupe de préparation mais ça donne plus d’importance à nos réservistes qui doivent rester en vigilance. »
Frank Ntilikina

Pas de Fabien Causeur mais Frank Ntilikina sera là

Si l’on étudie les pré-sélectionnés par poste, on constate prioritairement l’absence de Fabien Causeur qui s’est révélé avec le Real Madrid comme l’arrière parfait en sortant du banc. En fait, le Breton, qui était revenu discrètement en bleu en juillet, est le seul joueur avec Joffrey Lauvergne, à avoir refusé de candidater.

« Je me suis entretenu avec Fabien il y a un certain temps avant le Final Four de l’Euroleague. Il ne souhaitait pas faire cette campagne. Il était un peu cramé à l’issue de deux grosses saisons européennes. J’ai été clair aussi en lui disant que sa sélection n’était pas garantie à 100% un peu à l’image de ce qui s’est passé dans le passé. L’entretien a été franc et très positif. On connait Fabien pour qui les valeurs n’ont jamais été démenties. Il a toujours été au service de cette équipe. Malheureusement, dans l’ensemble, il a souvent eu des problèmes de blessures ce qui fait qu’il n’a jamais pu véritablement disputer ses chances. Il aurait pu faire partie de cette sélection dans les postes à pourvoir au même titre que Lacombe et Luwawu-Cabarrot. »

Charles Kahudi, qui fut un temps un ailier presque incontournable dans un rôle de spécialiste défensif physique, n’est pas non plus parmi les élus.

« Pour Charles, de ma part c’est clairement un choix sportif. Cette année il est malgré tout moins performant que les années précédentes. Il est clair qu’il a aussi été très gêné par ses problèmes personnels qu’il faut respecter (NDLR : L’une de ses petites filles est malade). On a eu le bonheur d’avoir remporté ensemble plusieurs médailles et c’est clairement un absent de marque. On a la chance d’avoir aujourd’hui un réservoir très important d’autant plus, et contrairement à d’autres années, que l’on a très peu de forfaits. On a pu réellement choisir et il y a quelques joueurs de grande qualité qui n’ont font pas partie. »

Pour revenir aux meneurs, la présence de Frank Ntilikina est une demi-surprise sachant que le meilleur junior européen de sa génération n’a eu cette saison qu’un rôle accessoire aux New York Knicks (43 matches à 21’ de moyenne pour 5,7 points et 2,8 passes) et qu’il l’a terminée blessé à l’aine.

« La logique c’est d’avoir trois meneurs car c’est une compétition qui est longue. En ce qui concerne Frank Ntilikina nous observerons le début de préparation pour deux raisons majeures. La raison basket. Il a peu joué cette année. C’est un joueur que je connais très bien puisque je l’ai eu sous ma direction plusieurs années à Strasbourg. Je connais ses qualités intrinsèques qui peuvent servir cette équipe de France, mais du fait qu’il a peu joué cette année, il y a le besoin de vérifier ce qu’il peut faire à ce niveau de compétition. Ce qui est un vrai souci c’est qu’il a été blessé en fin de saison. Je suis sa rééducation. Il est en net progrès. Mais on saura véritablement lorsque la préparation commencera à quel niveau il en est, s’il est totalement guéri ou pas. Ça déterminera en partie les choses. C’est aussi pour ça que l’on a convoqué d’autres joueurs qui pourraient pallier sa défection. »

Vincent Collet précise sa pensée :

« On avait plusieurs choses qui nous taraudaient quand on a constitué la liste. La première d’entre elles c’est l’aspect défensif. On s’est beaucoup servi de l’Euro 2017 et ce qui nous semblait très important c’est d’avoir dans chaque ligne, à chaque poste, un véritable stoppeur. On a souffert dans cet aspect-là à l’Euro 2017 notamment en huitième de finale où on a été incapable d’arrêter (Dennis) Schröder en deuxième mi-temps. On sait que dans ce genre de compétition internationale toutes les équipes pratiquement sans exception et dès le premier tour -on n’est pas à l’abri contre la République Dominicaine, voire la Jordanie-, ont des joueurs qui prennent feu. On veut avoir dans toutes les lignes quelqu’un capable de ralentir, de stopper ces joueurs-là. On sait que Frank est d’abord un spécialiste défensif. Je me suis entretenu avec lui et il sait très bien que c’est à ce titre qu’il peut être retenu dans la sélection. On a retenu d’autres joueurs un peu avec la même idée. Axel Toupane est également là pour couvrir éventuellement le fait que l’on ne retienne pas Frank. Frank n’a pas sa place garantie contrairement à d’autres qui l’ont quasiment. »
Adrien Moerman (Euroleague)

Les incontournables, les inconnus

Au niveau des ailiers, la présence de Timothé Luwawu-Cabarrot est également intrigante car le Cannois de naissance n’a joué que quelques bouts de matches avec Oklahoma et un peu plus avec Chicago et comme Frank Ntilikina, il est vierge de toute sélection. Il représente une sorte de mystère.

« On sait que deux leaders notamment offensifs de cette équipe de France sont Nando De Colo et Evan Fournier. Ce sont plus des postes 2 et même 2-1 pour Nando. C’est important d’avoir d’autres ailiers d’autant plus que Nicolas Batum, même s’il sera préférentiellement poste 3, sera également utilisé en poste 4. Je le (Timothé Luwawu-Cabarot) suivais déjà les années précédentes. Il avait été blessé lorsqu’on l’avait convoqué sur un rassemblement précédent. Il a un profil qui nous manque un peu car derrière Nicolas Batum, on n’a pas beaucoup d’ailiers très athlétiques assez polyvalents. C’est ça qui nous intéressait de mesurer. Il est dans la pré-sélection et pas encore à coup sûr partant pour la Chine. »

Un autre poste est en balance, celui de power forward sachant que Adrien Moerman fait un retour en grandes pompes. La retraite de Boris Diaw l’a quasiment rendu indispensable car ce n’est pas un poste où la France est spécialement riche.

« Ce que j’ai dit avant qu’il veuille bien venir, je le répète : c’est le poste 4 titulaire de cette équipe. Avant avec Boris Diaw et son parfait complément Flo Piétrus, le poste était très fourni. Aujourd’hui la situation est totalement différente et sur ce qu’il a montré ces dernières années, Adrien Moerman est le joueur qui s’impose à mes yeux sur cette position-là. »

En revanche, celui qui sera son backup n’est pas encore connu. Louis Labeyrie et Amath Mbaye sont en balance.

« Tout à fait, » confirme Vincent Collet. « Thomas Heurtel est notre meneur titulaire. Andrew Albicy notre deuxième meneur. Il y aura probablement trois meneurs. J’ai parlé du cas Ntilikina. Sur le poste arrière, Nando, Evan et Nicolas sont incontournables. Pareil à l’intérieur pour Rudy Gobert, Vincent Poirier et Adrien Moerman et je pense aussi Mathias Lessort. Le processus de sélection concernera aussi les autres joueurs. On sera très vigilants sur les équilibres. C’est aussi quelque chose qui nous a pénalisé durant la campagne de 2017. On n’avait pas la même complémentarité, la même cohésion que lors des campagnes précédentes. Les rôles n’étaient pas aussi bien assimilés et surtout assumés par l’ensemble des joueurs. Ça me parait très important que les remplaçants soient vraiment à leur place. La chance que l’on a c’est d’avoir les titulaires dans leur grande majorité mais ce n’est pas suffisant pour avoir une forte équipe. Il faut aussi que les remplaçants soient à leur place. »

Donc, en ce qui concerne les pivots, la hiérarchie est déjà bien établie :

« Il y a deux pivots qui sont titulaires indiscutables. Rudy Gobert et Vincent Poirier. Le troisième qui est très proche, c’est Mathias Lessort, qui a un profil différent. L’idée est d’avoir deux pivots de grande taille. C’est une Coupe du Monde et on sait que toutes les grandes nations ont a minima deux pivots de grande taille. Mais ensuite d’avoir un pivot d’une taille moindre mais très explosif qui puisse quasiment jouer sur les deux positions, en tous les cas défendre sur les deux positions. Sans oublier que l’une des caractéristiques de cette équipe de France depuis une quinzaine d’années c’est cette capacité à pouvoir beaucoup changer. C’est aussi un élément d’explication de la présence de Frank Ntilikina en position 1. On imagine déjà des systèmes défensifs alternatifs en plus de l’homme à homme et il faut avoir les joueurs qui puissent le permettre de la façon la plus efficace possible. »

Vincent Collet fait un éclairage spécial sur Rudy Gobert qui n’est plus le rookie d’il y a quatre ans à la Coupe du Monde en Espagne, mais un ténor planétaire.

« Il a été élu meilleur défenseur de la NBA. En 2017 en préparation, on marquait plus de 90 points de moyenne. Lorsque la compétition est arrivée notre attaque est un peu descendue mais elle restait à un niveau tout à fait cohérent et susceptible de nous permettre de performer mais notre défense n’a jamais été à la hauteur d’un évènement comme un championnat d’Europe. C’est la même chose et à plus forte raison pour la Coupe du Monde. Rudy Gobert est un ancrage défensif pour n’importe quelle équipe. Il l’est pour les Jazz et ça le sera aussi pour l’équipe de France. C’est forcément une très bonne nouvelle. »

Si la pré-sélection ne comprend qu’un seul sociétaire de la Jeep Elite, on recense quatre joueurs qui étaient présents lors des fenêtres hivernales de qualification.

« En ce qui concerne Andrew Albicy et Paul Lacombe c’était presque une évidence à la vue de ce qu’il avait fait en terme de qualité basket mais aussi de leadership et d’investissement. Les valeurs qu’ils ont montré durant toute cette campagne. Mathias Lessort sur ces derniers mois a fait un peu la même chose et surtout il a un profil qui me semble très complémentaire. C’est important dans une compétition comme la Coupe du Monde où l’on va jouer des adversaires très différents. Avant de se projeter sur le deuxième tour, il faut penser au premier tour avec des équipes un peu atypiques. Ce profil d’un petit pivot très dynamique et explosif c’est aussi très intéressant. Quant à Amath Mbaye, ça a été l’une des surprises de ces qualifications. Il n’est pas encore dans l’équipe finale mais il nous a semblé présenter un profil intéressant. »

Il reste un élément à intégrer, le facteur blessures. Parfois les pépins physiques surgissent au dernier moment, y compris en tout début de préparation. Celles de Héléna Ciak et Diandra Tchachouang viennent ainsi de toucher de plein fouet l’équipe de France féminine. Vincent Collet est un coach suffisamment aguerri pour savoir que le pire est toujours possible. On se souvient de Tony Parker exclu au tout dernier moment du championnat du monde au Japon en 2006 en raison d’un doigt qui avait vrillé dans le maillot d’un joueur brésilien.

« Il y a effectivement des joueurs qui ont eu des problèmes comme Frank Ntilikina, Adrien Moerman au tendon d’Achille. On est conscient de tout ça. A la fin des compétitions, il est prévu qu’il y ait des liens avec notre staff médical pour voir ce qui peut être fait en amont de cette préparation pour optimiser la forme physique des uns et des autres pour le début de cette préparation. »
Evan Fournier (FIBA)

Communication !

L’équipe de France reste sur un échec majeur : une sortie de route en huitièmes de finale de l’EuroBasket 2017. La faute aux Allemands et tout autant à une alchimie défectueuse, à une défense pas aussi robuste que les années précédentes et aussi à une hiérarchie non établie entre Thomas Heurtel, Nando De Colo et Evan Fournier.

Une évidence : les retours de Nicolas Batum et Rudy Gobert vont apporter un plus considérable. Vincent Collet a également pris soin en convoquant quelques spécialistes des tâches ingrates mais qui transforment une All-Star Team en équipe de guerriers.

L’autre mot qui revient en boucle, c’est COMMUNICATION.

« Il y a eu plus d’entretiens téléphoniques individuels. Patrick (Beesley) et Boris (Diaw) sont allés les voir. C’est quelque chose que Patrick faisait déjà par le passé. Ils ont fait ça en commun et moi je les ai eu par téléphone. On a évoqué les axes de travail, le fait que l’on devait progresser par rapport à 2017 pour performer. J’entends et je lis aussi ce qu’ils peuvent dire. J’essaye de baliser, de donner du sens à tout ça. C’est important d’avoir ce lien. Ce qui me semble vraiment très important c’est la communication que l’on va mettre en place en début de préparation. Il va falloir aussi que l’on évolue lorsqu’on va être rassemblé. On a besoin de mieux travailler ensemble que lors de la dernière campagne. C’est un nouveau groupe qui n’a pas encore totalement trouvé son équilibre contrairement au précédent. La communication va être un élément central de cette réussite. Il faut que dès le premier jour on puisse se parler et mettre les choses en place. Dans les choses que je leur ai communiqué pendant la saison il y a le fait de vouloir beaucoup les impliquer jusqu’au projet de jeu, qu’ils aient leur mot à dire dans la façon que l’on va jouer. On a une préparation qui est courte, qui ne nous permettra pas de faire tout ce que l’on veut faire. On est très contraint aujourd’hui, en particulier par la NBA. C’est vraiment au jour près. Le jour où on commence c’est celui où on peut le faire, on n’avait pas le droit avant. On a respecté à la lettre ces contraintes-là mais ça nous limite dans le temps de préparation. Il faut qu’ils s’approprient le jeu et le projet. On sait que l’on a la chance aujourd’hui de disposer de joueurs de très haut niveau mais c’est aussi le cas de nos principaux adversaires », reprend le coach. « Comme l’a dit Jean-Pierre Siutat (NDLR : le président de la FFBB), le chemin qui mène aux quarts-de-finale est déjà très relevé. On va jouer contre des équipes qui ont les mêmes qualités que nous. Au-delà des qualités individuelles, ce sont les qualités collectives qui vont faire la différence. Il faudra que cette préparation serve non seulement à installer les éléments basket mais aussi de créer une cohésion qui soit beaucoup plus forte que celle que l’on a pu afficher en 2017. Ce qui est fondamental c’est la capacité des uns et des autres à comprendre que parfois ils seront sur le devant de la scène et qu’à d’autres moments, ils devront s’effacer. Je crois que l’on n’était pas assez conscient de la qualité des copains, on n’a pas toujours travaillé pour les mettre en valeur. On doit progresser sur ces aspects-là. J’ai senti durant les discussions une avancée par rapport à ça. Il faut maintenant que ça se concrétise en acte. On a des joueurs qui montrent sur certaines séquences des flashes de très haut niveau mais c’est valable pour toutes les équipes et il faut que l’on soit capable d’utiliser ces forces-là mais en ayant aussi un sens du partage qui soit beaucoup plus développé qu’en 2017 où ce qui nous a manqué principalement c’est l’investissement défensif et le partage. On avait senti en attaque que lorsque l’adversaire nous pose problème, on a moins su partager. On savait le faire en préparation car tout était facile mais c’était plus compliqué dès que les difficultés sont arrivées. »
Nando De Colo (FIBA)

Nando De Colo 6e homme ?

L’implication de chacun se fera y compris dans la désignation du capitaine. Celui qui doit reprendre les habits XXL -et pas seulement au sens propre- de Boris Diaw. Nicolas Batum, 30 ans, pourrait être celui-là.

« C’est une possibilité mais ce n’est pas acté. Quand je parlais du fait que les joueurs s’approprient l’aventure, ça en fait partie. Je ne vais pas décider tout seul sur cet aspect-là. Mais c’est une possibilité car il s’en est plutôt bien acquitté lors du rassemblement de l’été dernier. Ce que j’attends de lui c’est ce qu’il a montré lors du tournoi de Paris où il avait eu un rôle de facilitateur comme on le sait capable mais qu’il n’a pas toujours montré. Il avait montré son côté altruiste mais il était aussi dans la prise de risques, dans les responsabilités, ce qui parfois lui manque. J’attends qu’il fasse ça. Je pense qu’il aura un rôle essentiel pour permettre aux autres d’exprimer toutes leurs qualités. J’attends aussi qu’il soit en grande forme comme il l’était l’an passé au rassemblement de septembre. »

Un autre ajustement pourrait être la désignation de Nando De Colo comme sixième homme de luxe :

« C’est possible sans que ce soit quelque chose de péjoratif, de négatif. L’une des choses qui m’y fait penser est que Nando l’a beaucoup fait en équipe de France et avec un grand succès. Lorsqu’on a eu des médailles, il avait ce rôle. Je n’oublie pas qu’en 2011 on était en difficulté contre la Grèce et en sortant du banc il a fait plus que nous tirer l’épine du pied pour nous qualifier. Il était à chaque fois un formidable joker dans le sens positif du terme pour faire basculer pas mal de situation. Je pense que c’est le joueur que j’ai le plus vu de la saison puisque j’ai beaucoup regardé le CSKA en Euroleague et très souvent Cory Higgins commençait les matchs et Nando arrivait derrière et ça ne l’a jamais empêché d’être performant. A 32 ans, il est arrivé à un niveau de maturité, d’excellence qui lui permettent d’être performant quelque soit la situation. Je sais que vous êtes friand de ce genre de débat et c’est légitime mais il faudra l’aplanir. Il faut que les uns et les autres comprennent que le fait d’être ou de ne pas être dans le cinq majeur n’est pas nécessairement la chose la plus importante. La plus importante c’est que l’équipe de France gagne. »

Eviter les Américains !

On reviendra plus tard plus longuement sur la qualité de l’adversité que les Bleus vont rencontrer en Chine. Beaucoup d’équipes sont en train de mobiliser de sacrés bataillons avec des généraux trois étoiles.

En résumé, la France aura l’Allemagne comme principal contradicteur au premier tour et -en cas de qualification- croisera avec l’Australie, le Canada ou la Lituanie. Sachant qu’il n’y aura ensuite que deux qualifiés et que le second se tapera très probablement les Etats-Unis en quart. L’horreur absolue.

« Tous les matches vont être capitaux jusqu’à l’éventuel quart-de-finale. Il faut bien sûr se qualifier pour le second tour mais il faut y entrer avec une victoire contre l’équipe qui sera avec nous. L’Allemagne est favorite pour ça mais attention aux deux autres. La République Dominicaine en particulier est une forte équipe. Il faut être prêt et en l’occurrence on sera tout de suite dans le vif du sujet. La bande à Schroeder sera très dangereuse. Autour de lui il y a des joueurs qui ont également beaucoup progressé. L’équipe allemande en 2017 était jeune. On n’aura pas de temps de latence. Heureusement la préparation doit nous y préparer. On a la chance d’y rencontrer des pointures. Le croisement se fera ensuite avec des équipes qui sont des candidates au podium. Je ne suis pas sûr que la Lituanie y soit. Pour moi, sur le papier, l’Australie c’est la deuxième équipe au monde derrière les Etats-Unis. Et vous le savez comme moi, il faut non seulement se qualifier mais essayer d’être premier car si on est deuxième, on jouera les Américains en quart-de-finale et je ne sais pas si on peut faire le coup de l’Espagne en 2014.

Les temps ont bien changé depuis les Jeux d’Athènes et le championnat du monde de Tokyo. C’était il y a 15 et 13 ans. Depuis les Américains se sont instruits de leurs erreurs. Alors, oui, ils sont quasiment insubmersibles et il faut éviter d’y être confronté trop tôt dans la compétition.

« Répondre autre chose serait insensé. Si d’aventure on les jouait bien sûr que l’on ferait le maximum, on voudra les battre, mais malgré tout l’objectif c’est de les jouer le plus tard possible. Je rêve de les jouer mais pas en quart-de-finale. »

La préparation sera classique : des matches en France puis un tournoi sur place juste avant de monter au feu.

« Je voulais sept, huit matches avec une forte partie en France. C’est toujours important de montrer l’équipe de France dans cette configuration-là. Le public a besoin de voir nos joueurs NBA. C’est le seul moment où on peut le faire. On ne savait pas que l’on serait aussi loin puisqu’à Shenyang on est loin de Shenzhen. On a des équipes qui viennent de différents continents aussi le fait de jouer le Brésil et l’Argentine ce n’est pas innocent. C’est souvent d’autres basket et au moins la moitié de ces équipes sont très référencées sur l’échiquier mondial. Je suis très content de terminer avec la Serbie quatre jours avant de jouer l’Allemagne. Ça nous permettra plus aisément de rentrer dans le vif du sujet. »

L’objectif ? Rudy Gobert parle de médaille d’or. C’est évidemment très ambitieux. Une médaille serait déjà un sacré exploit. Ce qui serait très bien aussi c’est de se qualifier directement pour les Jeux de 2020 de Tokyo.

« Il faut être dans les deux premiers européens. C’est forcément un objectif. Même si cette Coupe du Monde se suffit à elle-même l’objectif olympique est toujours derrière. En 2016, on sait très bien que le fait de devoir passer par Manille nous a beaucoup pénalisé, on a laissé beaucoup de gomme dans ce tournoi de qualification. Le meilleur chemin c’est la qualification directe. »

[armelse]

C’est au China, un restaurant du 12e arrondissement parisien, clin d’œil évidemment au pays organisateur de cette 18e Coupe du Monde, qu’a été dévoilé mercredi en fin de matinée, la liste des pré-sélectionnés en équipe de France. Le lieu était privatisé et reconverti en studio de télévision afin de permettre aux équipes de RMC Sport News de retransmettre l’annonce en direct alors que les autres représentants des médias étaient confortablement assis dans des banquettes en cuir.

La plupart des joueurs étaient au courant de la décision du coach depuis plusieurs jours car Vincent Collet avait effectué ses arbitrages bien en amont de l’annonce :

« Toute l’année avec mes assistants on a eu des rencontres et des échanges téléphoniques. Le 8 mai, on a fait une très longue réunion à la fédération au cours de laquelle on a affiné cette sélection avec bien sûr, les joueurs jouant encore, de potentiels soucis. Il en existe encore aujourd’hui puisqu’il y a des joueurs qui jouent encore qui sont dans cette sélection. On va encore craindre une éventuelle blessure. Mais donc depuis un mois cette liste est faite, » a-t-il révélé. « On n’a pas appelé les joueurs qui sont sélectionnés mais bien sûr certains le savent et d’autres vont avoir la bonne surprise aujourd’hui. Par contre, on a appelé un nombre assez important de ceux qui sont assez proches et qui ne sont pas sélectionnés. On a essayé là aussi de progresser même si ce n’est pas encore parfait. On en est conscient. Mais cette communication est importante mais moins que celle que l’on va essayer de mettre en place en début de préparation. C’est assez spécifique au basket, tous les sports ne le font pas. Pour bien connaître Claude Onesta, dans le handball, je sais qu’ils n’ont pas mis en pratique ce genre d’exercice. »

Stephen Brun, David Cozette et Vincent Collet

Deux sparring-partners de Jeep Elite

La pré-sélection comporte 15 noms. Neuf joueurs évoluent en Europe, cinq en NBA et un seul en Jeep Elite. Sept joueurs ont été placés sur une liste de remplaçants. Et deux autres vont servir de partenaires d’entraînement, le meneur villeurbannais Théo Maledon et l’intérieur dijonnais Alexandre Chassang sans espoir d’être de l’expédition chinoise.

« En préparation, il y a souvent des petits problèmes de blessures passagères. Ça permettra d’avoir moins de joueurs qu’à l’accoutumé et d’avoir un processus de sélection qui soit plus rapide et surtout plus simple et malgré tout de fonctionner durant cette courte période de préparation qui va être très intense. Théo Maledon et Alexandre Chassang étaient déjà avec nous en février et ont fait de très belles choses et présentaient le profil adéquat pour remplir cette mission d’être partenaires d’entraînement. Ils sont amenés dans un futur proche probablement à faire partie de cette équipe de France », explique Vincent Collet, qui précise : « Ce sont aussi de jeunes joueurs qui ont donné satisfaction dans l’investissement quand on les a appelés. On souhait des gens à la fois de qualité et qui sont proches de ce groupe France, qui offrent des perspectives d’avenir et aussi de qualité dans le travail. Ce sont deux joueurs très sérieux, très investis. Ce sont aussi deux joueurs issus de la Jeep Elite.

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