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(REDIFF) Endy Miyem: Nos plus belles années

Onze ans que Endy Miyem (1,88m, 31 ans) est en équipe de France. Vice-championne olympique, championne d’Europe, trois médailles d’argent, une de bronze. Son palmarès correspond aux plus belles années du basket féminin français.

Onze ans que Endy Miyem (1,88m, 31 ans) est en équipe de France. Vice-championne olympique, championne d’Europe, trois médailles d’argent, une de bronze. Son palmarès correspond aux plus belles années du basket féminin français.

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C’était il y a sept ans dans une brasserie qui donne sur la gare de Bourges. A la question, « votre corps fatigue-t-il ? », Endy répondait « non, non, je ne le ressens pas. Je suis encore jeune ! ». En ce qui concerne ses envies de jouer à l’étranger, elle disait, « j’y pense car je veux me dire que dans ma carrière j’aurai testé autre chose. Où ? Je ne sais pas. Qui me voudra. Où je voudrai aller aussi. » Et quant à une éventuelle participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres pour lesquels l’équipe de France n’était pas encore qualifiée, elle parlait de « rêve ».

Rennes, juin 2019. Endy Miyem a pris part à deux JO et gagné une médaille d’argent à Londres, joué une saison en Russie au Dynamo Koursk, deux en Italie à Famila Schio et passé un été en WNBA aux Minnesota Lynx, et à 31 ans, au sein de l’équipe de France seule Sandrine Gruda est d’un an son aînée. Hier à Rouen, elle a fêté sa 200e sélection en bleu face à la Chine.

« C’est vrai que ça fait bizarre. On ne voit pas le temps passer, on se voit jeune, jeune, jeune, et tout d’un coup, tac !, on bascule dans les plus vieilles, quasiment la plus vieille. En même temps, il faut s’habituer rapidement parce qu’il y a un staff, la coach qui comptent sur moi pour me servir de toutes ces années où j’étais parmi les plus jeunes et durant lesquelles j’ai engrangé un peu d’expérience, pour m’en servir aujourd’hui, essayer de guider un peu, avoir le rôle de celles qui m’ont guidée avant. »
Photo: FFBB

Les Belges ne seront pas pris à la légère

La retraite de Céline Dumerc a marqué un vrai bouleversement car au-delà d’être une meneuse de jeu d’exception, la Landaise était une meneuse de femmes, la Reine des abeilles, et chez les Bleues personne n’a réellement enfilé ses baskets sachant que chaque groupe humain a besoin d’un chef. Endy a récupéré le capitanat mais cette trentenaire joyeuse -qui «n’aime pas trop se dévoiler » disait-elle lors de l’entretien à Bourges- a dû se faire un peu violence pour assumer cette promotion.

« Je partage un peu cette tâche avec Sandrine (Gruda) et Diandra (Tchatchouang) quand elle était là, elles m’épaulent un peu dans ce rôle mais quand on me donne des responsabilités, j’aime bien être à la hauteur de ces responsabilités, de la confiance que l’on me donne. Etre capitaine, c’est montrer l’exemple que ce soit sur et en dehors du terrain. C’est toujours faire passer l’équipe avant soi, faire preuve d’abnégation, essayer de s’écouter le moins possible, de parler, de transmettre aux autres.  Ce n’est pas juste parler, rigoler mais quand ça ne va pas savoir le dire, repérer les moments où l’on a besoin d’un petit coup de boost, mettre tout le monde sur le droit chemin, et ce n’est certainement pas la partie la plus simple au vu de mon caractère », reconnait-elle dans un rire communicatif qui fait voir la vie en bleu.

C’était visible : il y a un an, en quart-de-finale de la Coupe du Monde en Espagne, face à la Belgique, les Bleues ont manqué de caractère, ne se sont pas rebellées à temps, et le ciel leur est tombé sur la tête, 65-86. Endy répond avec franchise :

« C’est sûr que l’on a manqué de caractère, moi la première. Je me suis remise en question après cette compétition en me disant que j’ai peut-être loupé un moment où j’aurais dû hausser le ton. Pas contre les filles mais essayez de créer quelque chose, un déclic, pour espérer renverser la tendance. C’est mon rôle mais c’est aussi le rôle de chacune. Parfois le déclic, il faut aller le chercher soi-même. Mais c’est sûr que ça fait partie de mon rôle et j’espère avoir retenu la leçon et être prête si jamais on se retrouve dans une situation pareille, ce que je n’espère pas. »

Longtemps la France a dominé la Belgique. L’historique laissait apparaître 16 victoires sur les 17 derniers matches face aux Belgian Cats. Les joueuses du plat pays faisaient un petit complexe d’infériorité face à un pays beaucoup plus riche en moyens humains et financiers. Seulement, la Belgique a mis en place les structures adéquates pour son élite et peut compter sur une génération exceptionnelle autour de Emma Meesseman, une all-star WNBA. Les Bleues se sont-elles assez méfiées de cette nation émergente ? N’était-ce pas tentant de considérer pour le clan français que tomber sur les Belges à ce stade de la compétition était une aubaine ?

« Que les journalistes où l’entourage les sous-estiment, ça ne devrait pas être tant notre souci. Nous, on doit se dire que peu importe ce qu’elles ont fait avant, ça ne nous regarde pas vraiment. Il y a la réalité du jour, de ce match. Lorsque l’on a joué contre elle, on n’était pas à la hauteur. Peut-être que l’on a pensé à ce qui s’est passé avant, que l’on a imaginé des choses alors que quelque soit l’adversaire, il faudra dans tous les cas que l’on arrive à imposer notre jeu sans réfléchir réellement à qui on a en face. »

Aucun doute, si les Françaises sont confrontées une nouvelle fois à Ann Wauters and Co, elles ne prendront pas l’opposition à la légère. Annoncée en amont de la compétition comme les favorites pour le titre européen notamment par le site de la FIBA, les filles de Valérie Garnier ont pu constater au tournoi de Rennes qu’en plus de l’Espagne et de la Belgique, la Russie, la Serbie, la Turquie possèdent du répondant et que la bataille sera rude et incertaine.

« Oui, ça ne sera pas évident et ça pourrait remettre les idées en place à ceux qui pourraient croire que c’était gagné, que parce qu’on nous classait favorites, ça allait dérouler tout seul. Je n’y crois pas, je ne pense pas que ce sera le cas. A plusieurs compétitions on nous mettait sur le podium, on nous mettait belles, que l’on était çi ou ça et ça ne nous a pas empêchées d’échouer à chaque fois. Avec les forfaits d’Helena (Ciak), de Diandra (Tchatchouang) et de Sarah (Michel) ce n’est pas tout à fait la même équipe que l’on pensait avoir au départ. Les cartes sont un peu rabattues et il faudra que l’on prouve, nous, sur le terrain que l’on est à la hauteur de ce ranking qu’on nous a collées. »

A ce propos, les forfaits imprévus de dernière minute de deux de ses équipières à Lattes-Montpellier, Diandra Tchatchouang et Helena Ciak n’ont-ils pas affecté le moral d’Endy ?

« Quand même ! », répond-elle « On attendait avec impatience cet été après une saison qui n’a pas forcément été simple à Montpellier. C’est toujours un plaisir de venir en équipe de France avec à chaque fois de nouveaux objectifs et cette fois celui de la fédé d’aller chercher cette médaille d’or. Alors forcément quand il y en a deux qui sortent du projet, voire trois avec Romane (Berniès) qui a été écartée aussi, ce n’est pas simple mais on n’y peut rien. En partant, elles nous ont encouragées, elles prennent de nos nouvelles et elles essayent de nous donner de la force de loin. »

Au moins jusqu’à l’Euro 2021

Avant le Mondial espagnol, Endy Miyem est donc parti vivre sa première expérience en WNBA dans une franchise, le Minnesota Lynx, quatre fois champion au cours de la décennie. Elle a eu droit de rentrer vingt fois en jeu mais elle qui est depuis longtemps titulaire partout où elle passe a dû se contenter de cinq minutes de temps de jeu moyen, autant dire des miettes qui ne peuvent rassasier. Avec le recul, est-elle satisfaite de cette expérience dans la version féminine de la NBA ?

« Oui dans le sens que j’ai été vraiment ébahie par tout ce que j’ai pu voir. C’est quand même un autre monde. Oui parce que c’est un peu un rêve de jeunesse que je réalisais. Non parce que j’aurais aimé jouer un peu plus, peut-être pas une réelle chance, mais pouvoir m’exprimer un petit peu plus, voir réellement si j’ai le niveau ou pas de jouer dans cette ligue. Mais j’essaye de voir le positif dans chaque situation et j’ai vraiment apprécié le temps que j’ai passé là-bas. Je me suis entraînée avec de superbes joueuses, une coach vraiment très particulière dont je me souviendrai toujours (NDLR : Cheryl Reeve, qui est en poste depuis 2010). J’ai aussi gagné ce côté shoot à trois-points que j’avais un peu oublié dans mon jeu et que j’ai remis. »

Après l’Euro, ce sera au tour de Marine Johannès de s’aventurer en WNBA, au New York Liberty, en compagnie de Bria Hartley, qui y est titulaire, et de son ancienne équipière à Bourges, la Canadienne Nayo Raincock, qui y cire le banc. Quels conseils peut donner la capitaine à une joueuse au talent reconnu mais à la timidité presque maladive ?

« C’est vrai que là-bas la concurrence est rude, rude, rude. On en a déjà parlé. Le peu qu’on va lui donner, il va falloir qu’elle le prenne, qu’elle joue son jeu, qu’elle n’ait pas peur, qu’elle fonce, même si ça peut être un peu intimidant. Là-bas, ça fonctionne vraiment à ce que tu donnes sur l’instant. Si durant les trois minutes qu’ils te donnent, tu arrives à prendre deux rebonds, et que tu marques quatre points, ils vont commencer à se dire que tu es peut-être capable et ils vont te donner encore du temps de jeu. Parfois ! Pas tout le temps ! Il faut qu’elle profite de tout ce qui va lui arriver là-bas, de tout ce qu’elle va avoir la chance de recevoir. »

On peut aussi se mettre à la place de Bria Hartley, qui a découvert d’un coup la France, son équipe nationale, ses joueuses, son style de jeu, elle, la Newyorkaise, habituée l’été à la WNBA où les joueuses sont plus costaudes, vont plus vite, et où le jeu en première intention est une institution.

« Les mentalités sont pas mal différentes et même le sens du jeu. Là-bas, ils sont très portés vers le cercle, vers l’attaque. Ici parfois ça doit lui paraître… (elle cherche le bon mot)… On ne va pas dire planplan (rires). Un peu bizarre. Une joueuse professionnelle doit s’adapter aux différentes cultures, aux différents types de jeu. »

A ce propos, Endy qui avait porté neuf saisons le maillot tango de Bourges jouant ainsi la carte de la stabilité va connaître à la rentrée son quatrième club en cinq ans, les Flammes de Charleville-Mézières. Le facteur géographique a-t-il joué dans son choix, sachant que Endy est originaire de Reims -son père et ses oncles y sont entraîneurs et elle a porté les maillots du Reims Université Club et de Saint-Jacques avant d’en partir à l’âge de 13 ans- et que les deux villes sont distantes de moins de cent kilomètres ?

« Un peu car ce n’est pas très loin de chez moi. Quand Charleville m’a contactée et proposée ce très bon contrat je me suis dit que certes je perds le soleil mais je récupère la famille et les amis qui ne sont pas très loin. C’est un nouveau challenge, ils ont montré beaucoup d’intérêt pour la joueuse que je suis. J’ai été séduite par cette proposition. »

Allez, une dernière question avant que Endy ne regagne le bus des Bleus en partance pour l’hôtel. S’est-elle fixée une limite dans le temps avec l’équipe de France ?

« Les Jeux de Tokyo, c’est clairement dans mes objectifs. Si j’arrivais à faire l’Euro en France, ça serait vraiment top (NDLR : la France est candidate en coopération avec l’Espagne pour l’édition de 2021). Après, plus loin… ah !, Paris 2024, je ne sais pas… »

Endy part dans une bouffée de rire. Probablement qu’elle ne s’imagine pas avoir un jour trente-six ans.

  • Championne de France 2008, 2011, 2012, 2013 et 2015
  • Finaliste du Championnat de France : 2007, 2019
  • Vainqueur de la Coupe de France : 2010, 2014
  • Finaliste de la Coupe de France: 2007
  • Vainqueur du tournoi de la Fédération 2007, 2008
  • Vainqueur du Match des champions : 2014
  • Finaliste de l’Eurocup: 2019
  • Troisième de l’Euroleague: 2012-2013
  • Championne d’Italie : 2018
  • Vainqueur de la Coupe d’Italie : 2017, 2018
  • Médaillée d’argent aux Jeux olympiques 2012 de Londres
  • Médaillée d’or au championnat d’Europe 2009 en Lettonie
  • Médaillée d’argent au championnat d’Europe 2013 en France
  • Médaillée d’argent au championnat d’Europe 2015 en Hongrie et Roumanie
  • Médaillée de bronze au championnat d’Europe 2011 en Pologne
  • Médaillée d’argent au championnat d’Europe 2017 en République tchèque
  • Médaillée de bronze au Championnat du monde des 21 ans et moins 2007 en Russie
  • Médaillée de bronze au Championnat d’Europe des moins de 20 ans 2007 en Bulgarie
  • Médaillée de bronze au Championnat d’Europe des moins de 18 ans 2005 en Bosnie

[armelse]

C’était il y a sept ans dans une brasserie qui donne sur la gare de Bourges. A la question, « votre corps fatigue-t-il ? », Endy répondait « non, non, je ne le ressens pas. Je suis encore jeune ! ». En ce qui concerne ses envies de jouer à l’étranger, elle disait, « j’y pense car je veux me dire que dans ma carrière j’aurai testé autre chose. Où ? Je ne sais pas. Qui me voudra. Où je voudrai aller aussi. » Et quant à une éventuelle participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres pour lesquels l’équipe de France n’était pas encore qualifiée, elle parlait de « rêve ».

Rennes, juin 2019. Endy Miyem a pris part à deux JO et gagné une médaille d’argent à Londres, joué une saison en Russie au Dynamo Koursk, deux en Italie à Famila Schio et passé un été en WNBA aux Minnesota Lynx, et à 31 ans, au sein de l’équipe de France seule Sandrine Gruda est d’un an son aînée. Hier à Rouen, elle a fêté sa 200e sélection en bleu face à la Chine.

« C’est vrai que ça fait bizarre. On ne voit pas le temps passer, on se voit jeune, jeune, jeune, et tout d’un coup, tac !, on bascule dans les plus vieilles, quasiment la plus vieille. En même temps, il faut s’habituer rapidement parce qu’il y a un staff, la coach qui comptent sur moi pour me servir de toutes ces années où j’étais parmi les plus jeunes et durant lesquelles


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