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Enquête: Gabby Williams, la nouvelle Franco-Américaine de Montpellier

Une grand-mère parisienne qui lui permet de jouer comme française, un cursus universitaire à Connecticut, la WNBA, l’histoire de Gabrielle « Gabby » Williams, qui va porter le maillot de Lattes-Montpellier à la rentrée, ressemble singulièrement à celle de la néo-internationale Bria Hartley. On a fai

Une grand-mère parisienne qui lui permet de jouer comme française, un cursus universitaire à Connecticut, la WNBA, l’histoire de Gabrielle « Gabby » Williams, qui va porter le maillot de Lattes-Montpellier à la rentrée, ressemble singulièrement à celle de la néo-internationale Bria Hartley. On a fait témoigner sa mère, Thérèse.

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Premier élément à prendre en considération : Gabby Williams était un prodige. Du saut en hauteur. Son record personnel était de 1,88m.

Lors des épreuves de sélection pour gagner sa place dans l’équipe américaine pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012, elle se classa cinquième. A l’époque, elle n’avait que 15 ans et était lycéenne à Sparks dans le Nevada !

« Elle avait une élasticité juvénile », a déclaré Amy Acuff, qui a participé quatre fois aux Jeux Olympiques. « On pouvait voir un rebond et un ressort dans ses mouvements. Elle était si fraîche et brillante. Il peut être difficile d’obtenir sa meilleure performance dans une grande compétition comme celle-là, mais elle a vraiment été à la hauteur. »

La carrière de sauteuse en hauteur d’exception de Gabby a pris fin prématurément suite à une grave blessure au genou survenue quelques mois plus tard alors qu’elle jouait un match de basket. Elle s’est de nouveau blessée, toujours au genou, lorsqu’elle était en dernière année au lycée. Quand elle fut autorisée à reprendre ses activités sportives, Gabby a déclaré :

« J’avais en quelque sorte réalisé que je voulais faire du basket-ball plus que je ne voulais faire de la piste. »

Deux fois championne NCAA

Car la fille de Matthew, lui-même basketteur de renom dans le Nevada, et Therese Williams était aussi un phénomène du basket même si ses débuts dans ce qui est la meilleure université américaine version féminine, Connecticut, furent laborieux. Lorsque les Huskies furent vaincus par Stanford, le 17 novembre 2014, après 47 victoires consécutives, elle n’était pas entrée en jeu.

UConn, c’est une usine à champions. Onze titres NCAA entre 1995 et 2016 avec coach Geno Auriemma aux manettes. UConn, c’est Rebecca Lobo, Sue Bird, Diana Taurasi, Tina Charles, Maya Moore, Breanna Stewart et aussi Bria Hartley, 12e scoreuse, 6epasseuse et 15e intercepteuse de l’histoire de la fac, qu’elle a quitté juste au moment où Gabby y faisait son entrée.

Le coach Geno Auriemma ne faisait pas encore confiance à Gabby. Ses coéquipières ne lui faisaient pas encore confiance. Elle ne se faisait pas confiance. Le doute, dira-t-elle, l’avait consumée. Après le match de Stanford, Gabby prit une résolution :

« Je n’ai plus jamais voulu ressentir cela. Je me suis dit que je devais trouver un rôle dans cette équipe, que je devais trouver un moyen d’aider. » Et elle est devenue une star de UConn.

Intérieure de petite taille (1,80m), Gabby Williams profite à fond de ses exceptionnelles qualités athlétiques pour être une sorte de super Florian Pietrus. Elle fut la cinquième joueuse de UConn à réaliser un triple double (16 points, 16 rebonds et 10 passes contre East Carolina) et surtout elle s’est fait la spécialité d’être une superwoman de la défense. Elle fut ainsi reconnue comme le meilleur défenseur de l’année en 2017 de toute la NCAA et figure au palmarès avec Sylvia Fowles et Brittney Griner.

Gabby Williams a remporté 148 de ses 151 matches et deux couronnes nationales en 2015 et 2016 avec Connecticut.

« Ses compétences en matière de maniement du ballon et de jump shoot doivent être affinées, mais il y a une assurance calme et flottante concernant Williams. La manière élégante dont elle s’impose dans un jeu avec sa vision, son positionnement et son anticipation. Sa capacité non seulement à sauter haut, mais aussi à sauter rapidement une deuxième fois, une troisième fois. Son glissement gracieux, bondissant, toujours sur la plante des pieds, comme s’il y avait une barre de saut en hauteur invisible à surmonter », a écrit le prestigieux New York Times.

Un commentaire analogue à celui de Joanna Bernabei-McNamee, la coach d’Albany :

« Certains de ses rebonds qu’elle saisit sont phénoménaux. Ses jambes sont comme des ressorts. «

Une très bonne saison de rookie en WNBA

Draftée en 4e position par le Chicago Sky en 2018, Gabby Williams a réalisé une saison de rookie de très bon niveau entrant 30 fois en 34 matches dans le cinq de départ pour 7,3 points, 4,3 rebonds, 1,6 interception, sachant que sa défense si spéciale ne peut être matérialisée en chiffres. D’autant plus remarquable que née en septembre 1996, Gabby avait 21 ans.

Ce n’est pas encore l’heure du bilan mais on notera toutefois que ses statistiques sont cet été en recul puisqu’après treize matches, elles sont tombées à 6,5 points, 1,7 rebond et 0,8 interception. Une raison purement mathématique : son temps de jeu a fondu de 23 à 16 minutes et elle sort désormais du banc. La venue d’une intérieure de grande taille et expérimentée de Los Angeles Jantel Lavender (1,93m, 29 ans) est peut-être l’explication.

Le coach du Sky ? James Wade, un autre Franco-Américain, qui n’est autre que le mari d’Edwige Lawson, elle-même directrice sportive de Lattes-Montpellier, la future destination de Gabby.

Etant donné son jeune âge, Gabby Williams est toujours en phase d’apprentissage. Le Chicago Sun rapporte ce rituel qui atteste que la jeune femme n’a pas encore la solidité mentale adéquate pour le sport de très haut niveau. Après chaque entraînement, ses équipières autour d’elles, Gaby doit inscrire deux lancers-francs de suite. Si elle remplit sa mission, chacun retourne chez soi. Sinon, tout le monde -ou parfois seulement un groupe de joueuses sélectionnées- doit faire un « suicide ». Gabby n’est pas une mauvaise shooteuse de lancers (77% de réussite en carrière en WNBA) mais c’est un exercice mental que le coach a voulu mettre en place afin que sa joueuse ne pense pas à « autre chose » quand elle est sur la ligne.

« Vous n’avez pas besoin de trouver un adversaire dans votre tête; cela met le doute dans votre tête », a déclaré Jame Wade, qui pense que les hésitations de Williams peuvent l’empêcher d’atteindre son plein potentiel.  » Lorsque vous vous concentrez sur le négatif, vous ne pouvez pas vous concentrer pour en sortir. Donc, essayer de trouver des solutions, et vous devez trouver des solutions en vous-même.  »
Photo: FIBA

Comme Française en Italie et en Espagne

Le site de la Fédération internationale en atteste, c’est avec le passeport français que Gaby s’est engagée l’été dernier avec le club italien de Naples. La Franco-Américaine y a fait belle figure (16,3 points, 8,6 rebonds, 1,6 interception) mais le club a mis la clé sous la porte au bout de 14 matches.

C’est pourquoi, Gabby a ensuite trouvé refuge à Girone, en Espagne, dans une équipe beaucoup plus forte -celle de Laia Palau- qui a été couronnée championne national et qui a atteint les demi-finales de l’Eurocup. Après avoir éliminé Lyon, elle s’est fait sortir par Montpellier. Une bonne façon de faire connaissance.

Si l’on prend comme référence ses 4 matches en Eurocup, Gabby a prouvé sa valeur offensivement (14,0 points mais avec une faiblesse à trois-points, 3/15) et au rebond (5,3) avec cette capacité à multiplier les steals (3,3). Comme joueuse française, ça se pose là et on peut déjà affirmer que le BLMA a fait une excellente affaire en enrôlant cette jeune femme, qui à l’époque universitaire, assistait aux réunions du Centre culturel afro-américain qui était inquiet de l’élection de Donald Trump comme président des Etats-Unis pour le traitement réservé aux femmes, aux minorités et aux immigrés.

Rien n’empêche Gabby Williams de jouer un jour en équipe de France sinon une règle de la Fédération internationale qui la considère comme « naturalisée » puisqu’elle n’a pas opté pour la nationalité basket française avant ses 16 ans. Ça sera donc Bria Hartley ou elle mais jamais les deux à la fois.

Sa mère, Thérèse Williams

« Gabby est vraiment heureuse de jouer en France. Elle cherchait à le faire »

Nous avons demandé à sa mère, Thérèse Williams, quels sont les liens entre Gabby et sa famille française.

Vous avez des origines françaises de par votre mère qui est de Paris. Pouvez-vous nous dire pourquoi elle est venue s’installer aux Etats-Unis ?

Ma mère a rencontré mon père américain à Berlin en 1967. Elle était militaire. Elle a déménagé de Paris en France jusque dans une petite ville du Nevada appelée Winnemucca, ce qui signifie « un mocassin » en Paiute. C’est là où je suis née et où j’ai grandi.

Avez-vous des contacts avec votre famille qui est en France ?

Oui, toute ma famille maternelle y vit toujours. J’ai visité la France cinq fois à chaque fois durant l’été entier et j’ai maintenu des contacts avec eux à travers ma mère.

Gabby et vous venez-vous en France de temps en temps ?

Je ne suis pas revenue en France pendant vingt-cinq ans mais en avril dernier et alors que Gabby jouait pour Girone, en Espagne, elle a pris quelques jours pour venir à Paris pour rendre visite à mon oncle et mon cousin et toute sa famille.

Parlez-vous français ?

Un peu. Ma mère nous l’a appris un peu lorsque nous avons grandi et j’ai pris des cours au lycée mais il n’y a pas beaucoup d’opportunités de le pratiquer ici.

Gabby parle t-elle français ?

Gabby peut le parler et le comprendre beaucoup mais elle est toujours en phase d’apprentissage. Elle s’entraîne avec ma mère. Elle l’apprend vite et bien. Je pense qu’elle le parlera presque couramment lorsqu’elle quittera la France. Elle s’imprègne facilement des langues étrangères et adore les apprendre. Elle a fait l’effort d’apprendre l’italien pendant qu’elle était en Italie et l’espagnol lorsqu’elle était en Espagne.

Aimez-vous la culture française ?

Oui, beaucoup ! Je ne connais que ce que j’ai observé avec ma famille, mais j’ai adoré passer la semaine dans une ville animée puis rejoindre les maisons de campagne le week-end. J’aime les repas, toujours avec un assortiment de délicieux fromages et du pain. J’aime les marchés spécialisés par opposition aux grandes épiceries américaines. Lorsque j’étais chez ma grand-mère l’été à Paris, elle me donnait une liste de courses et m’envoyait aux marchés avec son petit chariot d’épicerie. J’ai aimé ça et cela m’a beaucoup aidé à apprendre.

Votre famille française connaît-elle la carrière de basketteuse de Gaby ?

Oui, ils ont commencé à avoir de l’intérêt pour ses qualités athlétiques lorsqu’elle avait 15 ans. Elle fut la plus jeune participante aux épreuves de sélection (trials) pour les Jeux Olympiques de 2012 en athlétisme. Au saut au longueur, parmi 24 sauteurs d’universités ou professionnels, elle a pris la cinquième place, s’appropriant le record du monde pour une jeune fille de quinze ans. Ils ont même suivi sa carrière à UConn. Je ne pense pas qu’ils aient regardé beaucoup de basket avant ça, mais ils le font maintenant !

Depuis quand Gabby a-t-elle le passeport français ?

En fait, nous avons tout juste reçu notre passeport français lors de sa dernière année à Uconn. Ce fut assez facile. J’ai téléphoné au consulat de France à San Francisco pour connaître les mesures à prendre. Mon acte de naissance français était déjà archivé. Le reste était assez simple : quelques formalités administratives et quelques voyages à San Francisco.

Gabby avait-elle l’envie de jouer en France ou est-ce un hasard qu’elle se retrouve à Montpellier ?

Elle est vraiment heureuse de jouer en France. Elle cherchait à le faire.

Aimerait-elle jouer un jour pour l’équipe de France ?

Oui, elle aimerait jouer pour l’équipe de France. Nous aimerions tous la voir faire ça.

Savez-vous que Bria Hartley, qui a joué aussi à Uconn est actuellement membre de l’équipe de France ? La connaissez-vous ?

Je n’ai jamais rencontré Bria, mais j’ai rencontré sa mère une fois à un match. Gabby m’a dit qu’elles sont dans une situation comparable et elle parle souvent à Bria.

Viendrez-vous en France pour voir jouer Gabby ?

Oui, je le ferai ! Je suis allée la voir pendant qu’elle jouait en Italie, mais j’attends encore plus la France !

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Premier élément à prendre en considération : Gabby Williams était un prodige. Du saut en hauteur. Son record personnel était de 1,88m.

Lors des épreuves de sélection pour gagner sa place dans l’équipe américaine pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012, elle se classa cinquième. A l’époque, elle n’avait que 15 ans et était lycéenne à Sparks dans le Nevada !

« Elle avait une élasticité juvénile », a déclaré Amy Acuff, qui a participé quatre fois aux Jeux Olympiques. « On pouvait voir un rebond et un ressort dans ses mouvements. Elle était si fraîche et brillante. Il peut être difficile d’obtenir sa meilleure performance dans une grande compétition comme celle-là, mais elle a vraiment été à la hauteur. »

La carrière de sauteuse en hauteur d’exception de Gabby a pris fin prématurément suite à une grave blessure au genou survenue quelques mois plus tard alors qu’elle jouait un match de basket. Elle s’est de nouveau blessée, toujours au genou, alors qu’elle était en dernière année au lycée. Lorsqu’elle a été autorisée à reprendre ses activités sportives, Gabby a déclaré :

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