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Rétro Coupe du monde – 1986 et 2010 : Scénarios catastrophe

Aussi bien à Equeurdreville et Saragosse en 1986 qu’en Turquie en 2010, le ciel est tombé sur la tête des Gaulois.

Aussi bien à Equeurdreville et Saragosse en 1986 qu’en Turquie en 2010, le ciel est tombé sur la tête des Gaulois.

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Ce match contre la Grèce à Equeurdreville, banlieue de Cherbourg, le 21 novembre 1985, fut à la fois magnifique, virevoltant, insoutenable, sans fin et terriblement cruel.

Le sélectionneur Jean Galle avait battu le rappel des troupes, re-sélectionnant notamment Eric Beugnot, écarté par son prédécesseur Jean Luent à l’issue des Jeux de Los Angeles. « J’avais quitté l’équipe de France par la petite porte et pendant quinze mois je l’ai eu en travers de la tête. Je tiens à remettre les pendules à l’heure. » Et l’aîné des Beugnot d’ajouter : « il faut que je prouve que je peux récupérer le numéro 14 que j’ai lâché. »

Galle voulait un esprit commando. L’enjeu était de taille : la France avait besoin d’une victoire pour croire encore en ses chances d’aller au Mondial espagnol. Les organisateurs avaient installé des praticables pour accueillir 3 500 spectateurs et un record de soixante journalistes, et fait venir le parquet du POPB. Le choix de l’endroit avait attiré des sarcasmes et dans les médias, Hervé Dubuisson avait gentiment chambré, « Equeu… Equequer… »

Le match donc, une folie. Hervé Dubuisson est en transes, étourdissant. « Du-bui-sson ! » crie le public normand pas rancunier. Le match dure deux heures et trente minutes et donne lieu à trois prolongations. Dub défie les lois de la pesanteur et inscrit 51 points* avec 6 sur 11 à deux-points, 11 sur 21 à trois-points, et 6 sur 7 aux lancers-francs. Le record, qui tient toujours, d’un Français dans un match international.

Et alors ? Au bout de la nuit, la France perd 130 à 126. Et si Dub, sur les rotules dans les cinq dernières minutes, a fait exploser son compteur à points, Nick Galis en a empilé tout de même 45. « C’est impossible de marquer ce type-là », concède Eric Beugnot. « J’avais ma main sur son cœur, je l’entendais battre. J’arrivais à le neutraliser sur deux, trois attaques et à la quatrième il me filait entre les doigts. Galis est marquable tant qu’il n’a pas pris le ballon. Là aussi, j’ai bien essayé mais il y avait toujours un ou deux blocs pour lui. »

« Physiquement et moralement c’est terrible de quitter la salle avec un pareil sentiment de frustration »,soupire Jean Galle. « Les garçons se sont battus à mort et pourtant on a perdu. Il ne faut pas cependant en faire une affaire d’état. Le soleil continuera de se lever demain. »

Surtout que les Français furent finalement invités au Mondial en Espagne qui, pour la première fois, s’ouvrait à vingt-quatre équipes. Pour vivre une nouvelle tragédie à Saragosse.

Photo: George Vestris, FRance-Brésil’86 (Maxi-Basket)

La trahison des Espagnols

Les voici face à l’Espagne. « La France sera un rival facile », frime la presse espagnole. Bien en jambes en préparation, les Français confirment face au vice-champion olympique et ne cèdent que de quatre points (80-84). Le sélectionneur Antonio Diaz-Miguel décerne des bons points : « je n’ai pas reconnu l’équipe de France », dit-il. « C’est une équipe mature qui a fait preuve d’une bonne sélection dans les shoots, d’une bonne tenue de balle, qui a acquis un véritable sérieux. De plus, les Français ont très bien contrôlé les contre-attaques espagnoles, ce qui nous a énormément gênés. »

Seulement, une défaite est une défaite. Et en voici une seconde, toujours face aux Grecs. 87-84. Rageant. Est-ce fichu ? Non, car les Bleus avec un Joby Vestris (2,13m) en super forme rentre dans le lard des Brésiliens. Richard Dacoury parvient même à dérégler la machine infernale Oscar Schmidt qui gaspille ses shoots : 8/23. Score final : France, 93. Brésil, 85.

Dans une poule à six, c’est toujours un peu compliqué de faire des calculs, mais tout le monde -les joueurs, le coach, les journalistes- est persuadé que c’est tout bon, la France va hériter de la troisième place derrière l’Espagne et la Grèce. Direction Barcelone et le deuxième tour. Il suffit que l’Espagne, à la casa, et qui vient de passer cinquante-cinq points à Panama, batte le Brésil. Une formalité. Sauf que les Espagnols ont la tête ailleurs et les Brésiliens la rage du condamné. Au terme d’un nouveau scénario catastrophe, la victoire des sud-Américains est sans appel, 86-72.

Le ciel est tombé sur la tête des Gaulois. Les Français sont les seuls éliminés du premier tour avec plus de victoires que de défaites (3-2). Jean Galle est groggy. « C’est un coup de massue, il faut l’avouer. Ce soir, tout le monde est malheureux. »

Boris Diaw, France-Turquie’10 (FIBA)

« Tout le monde n’a pas mouillé le maillot »

Coupe du Monde de 2010 en Turquie. France vs. Nouvelle-Zélande. Il y a des jours où tout rentre. C’est ce qu’a dû se dire le meneur Michael Fitchett lorsque son tir à trois-points désarticulé s’est fracassé sur le plexis avant de retomber, presque par erreur, dans le cercle. Des paniers à trois-points, ce 2 septembre 2010, les Néo-Zélandais en transforment QUATORZE sur TRENTE-DEUX tentatives face à des Bleus amorphes. Pero Cameron, qui a davantage un profil de deuxième ligne de rugby que d’intérieur de basket, provoque Alain Koffi, s’enfonce à deux à l’heure dans la peinture française et décoche un tir en crochet rétro qui fait mouche. Kirk Penney, guard de 1,96m et 96kg, passe vingt-cinq points à la France, Mika Vukona, natif des Fidji, quinze.

Horreur, en deuxième mi-temps, la bande à Vincent Collet n’a inscrit que cinq points et s’est fait définitivement distancer par ces gens venus de l’autre côté du globe et dont quatre joueurs sont semi-professionnels. « Tout le monde n’a pas mouillé le maillot », accuse Michael Gelabale. Il semblerait que les Français aient été traumatisés juste avant par les Grecs, spécialistes du calcul et des combines, et qui se sont fait battre sciemment par les Russes, 69-73.

Vingt-quatre heures plutôt, les Français avaient la première place en main, mais les Lituaniens les ont envoyés promener (55-69). Les Néo-Zélandais ne sont plus rattrapables mais les Bleus peuvent encore sauver la troisième place du groupe en perdant de onze points maximum. 74-66 pour la Nouvelle-Zélande, 46 secondes au chrono. Panier à trois-points de Penney et faute de Nicolas Batum en prime. + 11. Yannick Bokolo marque deux lancers. + 9. Les Bleus, et leur fameux manque d’expérience de l’Euroleague, oublient de faire faute. Thomas Abercrombie, vu ensuite à l’Asvel mais qui ne laissera pas de trace en Pro A, shoote, et marque. A trois points, évidemment. + 12. Batum fait une dernière tentative de survie. Gamelle.

Yannick Bokolo avoue « une grosse erreur, on s’est mis dans de beaux draps. » Vincent Collet parle de « désillusion totale ». L’équipe de France termine quatrième de son groupe, et fait face en quarts-de-finale à la Turquie imprenable chez elle. Défaite 95-77. Bye, bye.

Les deux championnats d’Europe suivants et la Coupe du monde de 2014 balaieront cette désagréable sensation que la France ne sait pas gagner les matches qui comptent.

*Certains medias font état de 54 points, mais c’est le chiffre retenu par la FFBB.

Photo d’ouverture: Florent Pietrus, France-Turquie’10 (FIBA)

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Ce match contre la Grèce à Equeurdreville, banlieue de Cherbourg, le 21 novembre 1985, fut à la fois magnifique, virevoltant, insoutenable, sans fin et terriblement cruel.

Le sélectionneur Jean Galle avait battu le rappel des troupes, re-sélectionnant notamment Eric Beugnot, écarté par son prédécesseur Jean Luent à l’issue des Jeux de Los Angeles. « J’avais quitté l’équipe de France par la petite porte et pendant quinze mois je l’ai eu en travers de la tête. Je tiens à remettre les pendules à l’heure. » Et l’aîné des Beugnot d’ajouter : « il faut que je prouve que je peux récupérer le numéro 14 que j’ai lâché. »

Galle voulait un esprit commando. L’enjeu était de taille : la France avait besoin d’une victoire pour croire encore en ses chances d’aller au Mondial espagnol. Les organisateurs avaient installé des praticables pour accueillir 3 500 spectateurs et un record de soixante journalistes, et fait venir le parquet du POPB. Le choix de l’endroit avait attiré des sarcasmes et dans les médias, Hervé Dubuisson avait gentiment chambré, « Equeu… Equequer… »

Le match donc, une folie. Hervé Dubuisson est en transes, étourdissant. « Du-bui-sson ! » crie le public normand pas rancunier. Le match dure deux heures et trente minutes et donne lieu à trois prolongations. Dub défie les lois de la pesanteur et inscrit 51 points* avec 6 sur 11 à deux-points, 11 sur 21 à trois-points, et 6 sur 7 aux lancers-francs. Le record, qui tient toujours, d’un Français dans un match international.

Et alors ? Au bout de la nuit, la France perd 130 à 126. Et si Dub, sur les rotules dans les cinq dernières minutes, a fait exploser son compteur à points, Nick Galis en a empilé tout de même 45. « C’est impossible de marquer ce type-là », concède Eric Beugnot. « J’avais ma main sur son cœur, je l’entendais battre. J’arrivais à le neutraliser sur deux, trois attaques et à la quatrième il me filait entre les doigts. Galis est marquable tant qu’il n’a pas pris le ballon. Là aussi, j’ai bien essayé mais il y avait toujours un ou deux blocs pour lui. »

« Physiquement et moralement c’est terrible de quitter la salle avec un pareil sentiment de frustration », soupire Jean Galle.

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