Aller au contenu

Adrien Moerman – L’équipe de France lui a déroulé le tapis rouge

Longtemps barré par la paire Boris Diaw-Florent Piétrus et miné par les blessures, Adrien Moerman est arrivé cette fois en équipe de France par la grande porte. Il est devenu au fur à mesure un joueur typique d’Euroleague et en France, des « 4 » de son envergure, il n’y en a pas de rechange. Son ent

Longtemps barré par la paire Boris Diaw-Florent Piétrus et miné par les blessures, Adrien Moerman est arrivé cette fois en équipe de France par la grande porte. Il est devenu au fur à mesure un joueur typique d’Euroleague et en France, des « 4 » de son envergure, il n’y en a pas de rechange. Son entrée en matière lundi face à la Turquie (12 points à 3/4 à trois-points en 13’) est très prometteuse.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

C’était à la fin de l’année 2007, il avait 19 ans, dans un vestiaire du palais des sports Maurice-Thorez à Nanterre. Adrien Moerman nous racontait s’être retrouvé les yeux dans les yeux avec Nick Bradford, un ailier américain de Reims. Ça commençait à chauffer. Il n’a pas baissé son regard.

« Ce n’est pas parce qu’il a 35 ans, qu’il a plus d’expérience que nous, qu’il est meilleur que nous. Moi, ma force c’est de me dire : Il faut que je le bouffe ce soir et que je me donne à fond. »

Adrien Moerman venait de la Chorale de Roanne où il jouait peu pour apprendre le métier en Pro B par où la JSF Nanterre transitait. Son coach Pascal Donnadieu confiait que le jeune homme « ne doute jamais » et qu’il lui avait donner la permission de shooter à trois-points ce qui lui avait été quasiment interdit à Roanne et en équipe de France jeune. Le shoot en périphérie, une nécessité pour un 4 moderne bien bâti, hargneux. Un Viking ce jeune Adrien Moerman qui n’avait donc peur de rien. Cette saison-là, il tourna à 14,7 points et 7,7 rebonds pour 15,5 d’évaluation. Pour ainsi dire du jamais vu à ce niveau pour un intérieur aussi jeune.

Photo: FIBA

Concurrence et pépins physiques

Précoce, ce fils de basketteurs de Nationale 2 qui prenait modèle sur Vincent Masingue et Cyril Julian, deux autres batailleurs ? Oui et non car ce n’est qu’à 16 ans qu’il a explosé subitement en étant le meilleur marqueur (14,1 points) et le deuxième rebondeur (9,8 rebonds) de l’équipe de France qui fut championne d’Europe de la catégorie avec Nicolas Batum et Alexis Ajinça comme autres figures de proue. Il sera aussi champion d’Europe juniors avec 14,8 points et 8,7 rebonds. Et encore médaille de bronze au championnat du monde U19. Quelle rampe de lancement ! Et pourtant…

A 31 ans -il va les avoir le 7 août-, Adrien Moerman ne comptait avant cette campagne 2019 que 9 malheureuses sélections en équipe de France. Pas de Coupe du monde 2014 et de championnat d’Europe 2015 alors qu’il excellait avec Limoges. En 2016, il était de l’expédition aux Philippines pour gagner un billet pour les Jeux Olympiques mais il s’y montra peu à l’aise et ne fut pas retenu pour Rio. C’est terrible d’être coupé ainsi mais le natif de Fontenay-aux-Roses ne laisse percevoir aucune amertume.

« Dur oui et non car je m’y attendais quand je suis parti. Il manquait Rudy (Gobert), il était en train de signer son contrat. Qu’est-ce que tu veux ? C’est la loi. C’est très dur d’être coach, de sélectionner. Mais, non, non… Après ça, je suis reparti plus fort, à Barcelone, j’ai joué avec Thomas (Heurtel), il y avait peut-être une partie de frustration en moi mais je m’y attendais quand même. Ça me rend toujours plus fort ! »

Cet adepte de la pensée de Nietzche est mal tombé, né un peu trop tôt ou un peu trop tard. Devant lui, il y avait le meilleur intérieur français de tous les temps, Boris Diaw, qui fut d’une fidélité sans faille à la sélection nationale. Et en backup, Florent Piétrus, le Ministre de la Défense, parfait comme role player/destructeur. Et puis Moerman n’a pas été épargné par les pépins physiques de toutes sortes. Alors qu’il était attendu à l’Euro 2017, c’est son dos et un genou qui l’ont confiné au stand.

« Il faut respecter cette époque. J’ai aussi eu des blessures qui m’ont empêché de venir. Ça me motive encore plus à venir plus fort ici, à progresser encore plus dans les clubs où je joue. Et maintenant que j’ai la chance d’être là, je vais tout donner, apporter le maximum à cette équipe de France pour aller le plus loin possible. Si j’étais frustré, je ne serais pas là actuellement. Je suis heureux d’être là, je retrouve de bons potes. »

Ses potes de la génération 88 et tous les autres car Adrien est de l’avis de tous « easy going » comme disent les Américains, facile à vivre.

« On a un groupe jeune avec de nouvelles figures. On s’entend vraiment bien, on est tous blagueurs, on joue les uns contre les autres en Euroleague, certains ont joué ensemble. Je m’entends bien avec tout le monde même si j’ai plus d’affinités avec Thomas (Heurtel) et Nico (Batum) qui sont de ma génération. C’est important dans un groupe de ne pas toujours avoir des rapports avec les mêmes. Il faut partager son expérience avec tout le monde. La clé de notre succès sera d’avoir une bonne cohésion entre nous. Les anciens sont partis, la jeunesse arrive. Je pense que ça nous donne une bonne dynamique. On est une équipe qui a envie de tout donner pour cette équipe de France. On a beaucoup de talents. On veut aller le plus loin possible. Une médaille, je ne sais pas, on verra comment on se sent durant la préparation, elle nous donnera le tempo pour la Coupe du monde. On sait que ça va être une compétition très relevée, à nous de rien lâcher même dans les moments les plus difficiles. »

Maintenant que Boris Diaw et Florent Pietrus sont à la retraite, Vincent Collet n’a pas fait mystère qu’Adrien Moerman était devenu indispensable aux Bleus. De par son profil, de par son abattage, sa générosité, de par son vécu accumulé en 130 matches d’Euroleague. Oui, 130, car il a participé à la compétition reine d’Europe avec Darüşşafaka, Barcelone et Anadolu Efes Istanbul et aussi Orléans, Nancy et Limoges. Un record d’équipes pour un Français. Vincent Collet lui a déroulé le tapis rouge. Pourtant, il s’en est fallu de peu une fois de plus que Moerman déclare forfait car il a dû faire face à une autre menace physique, un pépin au tendon d’Achille gauche. Il est suivi par Xavier Dumélié, le kiné du Limoges CSP et il a pu heureusement éviter l’opération.

« J’étais arrivé avec une petite douleur et depuis que je suis là, ça commence à aller beaucoup mieux. La douleur au tendon d’Achille c’est plus récurrent alors que celle au dos ça peut passer au bout d’une ou deux semaines. C’est mon os qui est un peu plus haut et ça frotte mon tendon à chaque fois. C’est comme une tendinite. Pour le moment tout va bien. Je suis venu aussi ici à l’INSEP pour avoir beaucoup de soins pendant ces trois jours. Je me sens bien mais maintenant il faut voir pendant les entraînements et les matches comment ça va se passer. Comme je l’ai dit, si je viens en équipe de France c’est pour être à 100%. A moi de mettre tout en œuvre pour jouer tous les matches et tout donner. »
Photo: FFBB

Sa meilleure saison en Euroleague

Adrien Moerman arrive lancé. Il sort de sa meilleure saison en club. Il a affiché des statistiques resplendissantes en Euroleague (12,0 points, 40,1% à trois-points, 6,0 rebonds) dans une équipe d’Anadolu Efes qui a atteint le Final Four où seul le CSKA Moscou a réussi à la mater en finale. L’alchimie s’est faite entre des joueurs de sept nationalités différentes. Adrien a aussi apprécié que le coach Ergin Ataman lui laisse davantage de liberté que Svetislav Pesic à Barcelone où tout était plus cadré. A Anadolu Efes, il avait des systèmes pour lui et la totale confiance de ses équipiers.

« Istanbul, c’est une belle ville et j’ai toujours bien joué dans les équipes turques », déclare t-il. « Je suis avec un coach qui me donne beaucoup de confiance et qui me laisse m’épanouir sur le terrain. Ça s’est vu cette saison, c’est ma meilleure saison en Euroleague. Je me suis vraiment amusé. Je reste dans des clubs qui me plaisent, l’organisation, le coach avec des joueurs qui me correspondent. On avait un bon groupe et ils ont gardé à peu près les mêmes joueurs. Je resterai à Istanbul le temps que ça me plaît. »

On observe que dans la liste des 15 Bleus, un tiers opère en NBA et un autre tiers en Euroleague. La vampirisation américaine de l’équipe de France imaginée il y a une dizaine d’années ne s’est pas produite tant les joueurs français ont accompagné le développement sportif de l’Euroleague.

« La NBA et l’Europe ce sont deux mondes complètement différents. Ce ne sont pas les mêmes règles et c’est vrai que d’avoir plus de joueurs d’Euroleague ça amène plus d’expérience. C’est bien d’avoir ce mélange, d’avoir cette compétition à l’entraînement. L’Euroleague se développe de plus en plus, beaucoup de joueurs NBA arrivent cette année, » apprécie-t-il.

Adrien Moerman va d’ailleurs se retrouver principalement aux côtés d’un pivot de NBA, et pas n’importe lequel, le double meilleur défenseur de l’année, Rudy Gobert, et un autre, Vincent Poirier, si bon avec Vitoria que les Boston Celtics lui ont offert un contrat de deux ans. On imagine Gobzilla Gobert nettoyer les balles qui hésiteront au-dessus du cercle après rebond, ce qu’il n’a pas le droit de faire en NBA.

« Ça change tout dans une raquette quand tu as Rudy, Vincent, et Mathias (Lessort). Rudy a une envergue énorme, il saute super haut. Il va changer toutes les trajectoires comme il le fait en NBA. C’est notre clé défensive d’avoir des joueurs comme ça. » Il ajoute : « je pense que l’on a un groupe qui peut jouer beaucoup en transition, courir, pour faire du mal aux équipes adverses. »

Adrian Moerman s’en lèche déjà les babines. Nous aussi.

Photo d’ouverture : FFBB

[armelse]

C’était à la fin de l’année 2007, il avait 19 ans, dans un vestiaire du palais des sports Maurice-Thorez à Nanterre. Adrien Moerman nous racontait s’être retrouvé les yeux dans les yeux avec Nick Bradford, un ailier américain de Reims. Ça commençait à chauffer. Il n’a pas baissé son regard.

« Ce n’est pas parce qu’il a 35 ans, qu’il a plus d’expérience que nous, qu’il est meilleur que nous. Moi, ma force c’est de me dire : Il faut que je le bouffe ce soir et que je me donne à fond. »

Adrien Moerman venait de la Chorale de Roanne où il jouait peu pour apprendre le métier en Pro B par où la JSF Nanterre transitait. Son coach Pascal Donnadieu confiait que le jeune homme « ne doute jamais » et qu’il lui avait donner la permission de shooter à trois-points ce qui lui avait été quasiment interdit à Roanne et en équipe de France jeune. Le shoot en périphérie, une nécessité pour un 4 moderne bien bâti, hargneux. Un Viking ce jeune Adrien Moerman qui n’avait donc peur de rien. Cette saison-là, il tourna à 14,7 points et 7,7 rebonds pour 15,5 d’évaluation. Pour ainsi dire du jamais vu à ce niveau pour un intérieur aussi jeune.

Photo: FIBA

Concurrence et pépins physiques

Précoce, ce fils de basketteurs de Nationale 2 qui prenait modèle sur Vincent Masingue et Cyril Julian, deux autres batailleurs ? Oui et non car ce n’est qu’à 16 ans qu’il a explosé subitement en étant le meilleur marqueur (14,1 points) et le deuxième rebondeur (9,8 rebonds) de l’équipe de France qui fut championne d’Europe de la catégorie avec Nicolas Batum et Alexis Ajinça comme autres figures de proue. Il sera aussi champion d’Europe juniors avec 14,8 points et 8,7 rebonds. Et encore médaille de bronze au championnat du monde U19. Quelle rampe de lancement ! Et pourtant…

[/arm_restrict_content]

[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Commentaires

Fil d'actualité