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Télévision, 3×3, concurrence: Les réponses du président de la FFBB, Jean-Pierre Siutat

Lors de l’Assemblée Générale de la FFBB, le week-end dernier à Vittel, le président Jean-Pierre Siutat a abordé plusieurs dossiers chauds. Voici l’essentiel.

Lors de l’Assemblée Générale de la FFBB, le week-end dernier à Vittel, le président Jean-Pierre Siutat a abordé plusieurs dossiers chauds. Voici l’essentiel.

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Le premier c’est sur le rapport entre l’équipe nationale et la télévision. L’ensemble de la Coupe du monde a été diffusé sur Canal+ Sport, une chaîne cryptée -au passage, on peut s’étonner que le groupe n’ait pas offert à l’équipe de France sa chaîne Premium pour une meilleure exposition-, seule la demi-finale face à l’Argentine a eu droit en sus à une chaîne en clair, M6.

Au petit jeu des comparaisons, rappelons que TF1 a versé 45M€ pour diffuser en principe l’intégralité des 48 matches de la Coupe du monde de rugby. Une différence de traitement loin de refléter ce que représente ces deux sports dans ce que l’on appelle « les territoires », le second n’étant pas ou peu implanté dans beaucoup de départements français.

Plus mal perçu encore, le fait que TF1 ait signé un accord avec BeIN Sports, détenteur des droits de diffusion des Mondiaux de hand masculin et féminin de 2019 à 2025. Celui-ci prévoit notamment la co-diffusion par le groupe TF1 de trois matches de l’équipe de France durant les phases de poules (tour préliminaire et tour principal) et de la demi-finale des Bleus en cas de qualification en plus de la finale déjà au programme d’un contrat précédent.

« Je souhaite vous expliquer en quelques mots comment fonctionne la couverture télévisuelle. C’est important car souvent sur les territoires, on est nous-même agressé à propos de cette couverture, » a reconnu Jean-Pierre Siutat. « La FIBA est détentrice des droits télévisés. Elle les vend aux diffuseurs du monde entier. En France, ça a été Canal qui a obtenu l’exclusivité, fenêtres et Mondial. Canal+ fait un excellent travail qui n’a jamais été remis en cause par la fédération. En 1997, le parlement européen a adopté la directive TSF, Télévision sans frontière, pour, je cite, « garantir que le téléspectateur puisse continuer à avoir accès aux évènements sportifs majeurs en direct sur les chaînes de télévision non codées ». Le problème consiste essentiellement à trouver le juste équilibre entre la considération de l’intérêt général et le souhait légitime des exploitants des chaînes payantes et des fédérations sportives de maximaliser leurs recettes. Pour le basket, la directive s’applique uniquement pour la grande finale chez les hommes et chez les filles. Nous avons pu négocier que la demi-finale soit jouée sur une chaîne publique. Comme par hasard, on la perd. » Jean-Pierre Siutat a ajouté : « Quand je parle de couverture médiatique, je pense avant tout à la couverture rédactionnelle des grands médias généralistes. Vraiment pas simple de suivre ce Mondial. Tout s’est considérablement accéléré après la victoire sur les Etats-Unis pour vite dégonfler juste après la défaite face à l’Argentine. »
Photo: FFBB

« On a eu des enveloppes un peu plus arrondies que d’habitude »

A la Coupe du monde en Chine, Jean-Pierre Siutat s’est senti abandonné des politiques en général et de la ministre des sports, Roxana Maracineau, en particulier, qui s’est fait remarquer par son absence. Il l’avait déjà publiquement fait remarquer. Il voulait en remettre une couche lors de l’AG de Vittel mais la ministre lui a coupé l’herbe sous le pied en faisant parvenir… une vidéo de félicitations :

« Bravo pour cette magnifique épopée en Chine », y déclare t-elle. « Ce succès face aux Etats-Unis a marqué les Français. Nous avons tous hâte de soutenir l’équipe de France à Tokyo. Mais il n’y a pas que l’équipe de France masculine. Je retiens les belles performances des féminines et de vos jeunes. Ces résultats, je le sais bien, ne doivent rien au hasard. Ils sont le fruit d’une véritable stratégie de performance. Une stratégie qui reflète le dynamisme de votre filière de formation et celle de vos clubs (…) Je n’ai malheureusement pas pu me joindre à vous en Chine mais le soutien des Français et du gouvernement, vous l’avez eu sur les réseaux sociaux et sachez que notre soutien, celui du Ministère des Sports, est lui aussi sans équivoque. (…) Sachez que lorsque la fédération nous a sollicité pour soutenir le TQO féminin en 2020, l’Euro féminin et l’Eurobasket 3×3 en 2021, nous avons accepté car il est essentiel que nos athlètes s’habituent à concourir à la maison. Et nous sommes là pour vous aider à remplir vos salles et soutenir vos équipes. »

Jean-Pierre Siutat a fait remarquer dans un sourire que sa remarque n’avait pas été un coup d’épée dans l’eau :

« Ce coup de gueule a eu le mérite d’avoir quelques effets positifs en particulier sur l’organisation des compétitions. On a eu des enveloppes un peu plus arrondies que d’habitude. »
Photo: NBA JR League, FFBB

« L’offre n’a jamais été aussi fournie. Et puis la société évolue, beaucoup et de plus en plus vite »

Jean-Pierre Siutat a également abordé la concurrence multiforme que subit ses clubs et notamment ceux de la Ligue Nationale de Basket :

« Aujourd’hui, l’Euroleague joue en semaine, le vendredi maintenant et bientôt le week-end. Elle menace fortement la survie des ligues nationales. Notre ligue nationale, dont le budget est passée de 5 à 19M€ alors que le budget des clubs tous jugés sains par la DNCG progresse fortement, la barre des 10M€ étant dépassée cette saison. L’Euroleague sollicite fortement les partenaires du basket français, de la Ligue Nationale, pour encore détruite notre travail. L’Euroleague va développer une compétition de jeunes, des juniors, qui tourneront peut-être, certainement, le dos aux clubs traditionnels, à nos équipes de jeunes. A moins qu’il ou elle ne soit attiré par l’université américaine plus proche du Graal de la grande ligue américaine poussée par plus d’intermédiaires.

La NBA, c’est un atout pour notre sport, sans équivalent même si elle renvoie nos compétitions de clubs au deuxième rang de ce qui se fait de mieux au monde. La NBA débarque à Paris -je fais une parenthèse : je n’ai pas de place parce que je suis sollicité par tout le monde pour avoir des invitations ! C’est un signe de la prospérité de notre sport et nous devons en être satisfait car c’est encore un éclairage pour notre basket. La NBA avec qui depuis des années nous organisons un challenge benjamins et benjamines qui est une vraie réussite grâce à nous tous, une expérience unique pour nos jeunes, un rêve pour les gagnants qui côtoient les champions le temps d’une rencontre aux Etats-Unis. La NBA qui développe sur tous les continents le Basketball Without Border pour les meilleurs prospects. La NBA Junior League pour les lycéens et les lycéennes et très bientôt une nouvelle offre pour les collégiens. Nos jeunes sont également sollicités par les promoteurs privés dans les secteurs de la formation, de l’animation voire de la compétition. Là où autrefois nous parlions de USEP, UNSS, UGSEL, FFSU, nos partenaires de toujours avec qui nous venons de conventionner pour mieux travailler ensemble, aujourd’hui les jeunes fréquentent les nombreux camps, les plateformes commerciales ou les autres académies. Un premier constat : beaucoup plus d’offres pour nos jeunes. En tirerons-nous un profit pour nos clubs, pour le basket traditionnel ? En tous les cas, il y a dix ans, ces sollicitations étaient très marginales. En parlant de sollicitations, elles proviennent d’autres sports traditionnels ou nouveaux, urbains, ou les sports de nature. Et puis aussi de l’e-sport. L’offre n’a jamais été aussi fournie. Et puis la société évolue, beaucoup et de plus en plus vite. Les familles organisent le temps de leurs enfants sans se soucier réellement de l’appartenance à un club, d’une pratique compétitive avec ses contraintes. Les familles sont recomposées, monoparentales, parfois en difficultés professionnelles (…)

« La première Roumaine est 43e mondiale et il y a seulement deux joueuses russes parmi les 30 premières mondiales quand nous en avons une dizaine »

Un autre volet a été abordée, celui du 3×3, nouvelle discipline olympique à Tokyo’2020 et qui est amené à devenir un vecteur important de développement pour la balle orange.

« Nous travaillons à la création d’un circuit professionnel qui doit voir le jour en octobre 2020. Il y a 13 candidatures pour 8 places. Ce circuit 3×3 va aussi s’engager avec d’autres pays, l’Espagne, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande, Andorre certainement, et peut-être demain le Portugal et Monaco. C’est un dossier sur lequel la France tient le leadership. Le 3×3 décolle. Nous espérons la qualification directe des filles pour les Jeux de Tokyo. Ça se jouera entre la Roumanie et nous le 1er novembre. Les garçons pourraient passer par le TQO. Nous avons organisé beaucoup de tournois cette saison. Certains départements se sont lancés dans un championnat. Nous les en remercions. Je rappelle qu’il n’y a rien d’obligatoire pour les clubs mais nous devons occuper le terrain avec une discipline qui doit exploser rapidement. Les licenciés que nous perdons aujourd’hui dans le basket traditionnel nous les gagnerons demain grâce à un travail pour développer le 3×3.

Seulement, la Fédération Internationale a imaginé pour les qualifications aux JO de Tokyo des règlements disons baroques. Comment expliquer d’un côté la suprématie individuelle des Françaises alors que l’équipe nationale est classée derrière la Russie, la Chine et la Roumanie ? Le Directeur Technique National Alain Contensoux a percé le mystère :

« Notre équipe féminine a gagné le premier circuit professionnel international, le 3×3 Women’s Series. Migna Toure a été nommée MVP du circuit. Nous avons cinq joueuses dans les dix premières mondiales. Et pourtant nous ne sommes pas encore assurés d’être qualifié directement aux Jeux Olympiques de Tokyo. Pourquoi ? Parce que des nations, la Russie et la Roumanie notamment, pourtant assez éloignées de la haute performance en 3×3 sont actuellement devant nous au classement mondial grâce aux très nombreux tournois organisés sur leur territoire et qui permettent d’attribuer de nombreux points à des joueuses au niveau très relatif. D’ailleurs, la première Roumaine est 43e mondiale et il y a seulement deux joueuses russes parmi les 30 premières mondiales quand nous en avons une dizaine. »

La FIBA s’est souvent distinguée en établissant des formules de compétition illisibles. Là, elle s’est surpassée.

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Le premier c’est sur le rapport entre l’équipe nationale et la télévision. L’ensemble de la Coupe du monde a été diffusé sur Canal+ Sport, une chaîne cryptée -au passage, on peut s’étonner que le groupe n’ait pas offert à l’équipe de France sa chaîne Premium pour une meilleure exposition-, seule la demi-finale face à l’Argentine a eu droit en sus à une chaîne en clair, M6.

Au petit jeu des comparaisons, rappelons que TF1 a versé 45M€ pour diffuser en principe l’intégralité des 48 matches de la Coupe du monde de rugby. Une différence de traitement loin de refléter ce que représente ces deux sports dans ce que l’on appelle « les territoires », le second n’étant pas ou peu implanté dans beaucoup de départements français.

Plus mal perçu encore, le fait que TF1 ait signé un accord avec BeIN Sports, détenteur des droits de diffusion des Mondiaux de hand masculin et féminin de 2019 à 2025. Celui-ci prévoit notamment la co-diffusion par le groupe TF1 de trois matches de l’équipe de France durant les phases de poules (tour préliminaire et tour principal) et de la demi-finale des Bleus en cas de qualification en plus de la finale déjà au programme d’un contrat précédent.

« Je souhaite vous expliquer en quelques mots comment fonctionne la couverture télévisuelle. C’est important car souvent sur les territoires, on est nous-même agressé à propos de cette couverture, » a reconnu Jean-Pierre Siutat. « La FIBA est détentrice des droits télévisés. Elle les vend aux diffuseurs du monde entier. En France, ça a été Canal qui a obtenu l’exclusivité, fenêtres et Mondial.

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Photo d’ouverture: Andrew Albicy (FIBA)

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