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Art Kenney, l’un des pionniers du basket américain en France (1)

Grand (2,04m), des cheveux coupés courts tirant sur le roux, le visage encore glabre, newyorkais, avec un nom proche de celui du président assassiné à Dallas, Arthur Kenney, 22 ans, représentait à son arrivée en 1968 le rêve américain, du moins de l’image que l’on s’en faisait. Du basket des Etats-U

Grand (2,04m), des cheveux coupés courts tirant sur le roux, le visage encore glabre, newyorkais, avec un nom proche de celui du président assassiné à Dallas, Arthur Kenney, 22 ans, représentait à son arrivée en 1968 le rêve américain, du moins de l’image que l’on s’en faisait. Du basket des Etats-Unis, de la NBA, de la NCAA, des high schools, les Français ne savaient strictement rien.

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Art Kenney avait joué à la Power Memorial High School, en compagnie d’un grand échalas qui changea le cours du jeu et de patronyme en se convertissant à l’islam, passant de Lew Alcindor à Kareem Abdul-Jabbar. Il avait ensuite fréquenté l’université de Fairfield puis rejoint la troupe de l’agent Jim McGregor, tantôt sponsorisée par Gillette, Gulf, TWA, Levi’s, Coca-Cola et pour ne pas faire de jaloux Pespi, et qui répandait la bonne parole à travers le monde tout en essaimant ses joueurs dans les clubs. Ce fut le SC Moderne Le Mans pour le Newyorkais au beau milieu de cette vague venue d’Amérique qui, au fil des décennies, allait se transformer en raz-de-marée.

Lew Alcindor avec son mythique numéro 33 en 1964 à Power Memorial. Art Kenney avec le 41.
Les lycéens un jour de mariage. Les deux big men sont toujours au fond.
Les anciens de Power Memorial avec Lew Alcindor devenu Kareem Abdul-Jabbar.

Art Kenney a porté le maillot du SCM en deux fois, de 1968 à 1970 puis de 1973 à 1975. Lors de sa dernière saison, Le Mans se classa troisième du championnat et se qualifia pour la première fois pour une coupe d’Europe.

Lorsqu’il revint dans la Sarthe, Kenney avait les cheveux longs et la moustache ; la mode hippie et le Festival de musique de Woodstock étaient passés par là. Entre-temps, il était allé rejoindre Olimpia Milan, premier club à porter le nom d’un sponsor sur son maillot, champion d’Europe en 1966 avec la superstar de NCAA, Bill Bradley. Kenney y fut champion d’Italie (1972), a gagné deux fois la Coupe des Coupes (1971 et 72), la C2 de l’époque, et une Coupe d’Italie (1972), et fut élu meilleur étranger du championnat d’Italie (1972). C’était un formidable battant, un malin, qui a su conquérir le cœur des supporters. Il fut si influent qu’avant Dino Meneghin en ce mois de novembre, Art Kenney partageait avec le seul Mike D’Antoni le privilège d’avoir son maillot suspendu au plafond de la salle milanaise et son numéro, le 18, retiré.

Le Newyorkais a terminé sa carrière en Italie, à Naples en A2, lors de la saison 1975-76.

Art Kenney a appris le français et quarante ans plus tard, il le parle toujours très correctement quitte à glisser de temps en temps des mots d’italien qu’il maîtrise encore mieux. Fin septembre, il était présent au Mans à l’invitation de son ancien équipier et ami Christian Baltzer qui a été honoré par le MSB et dont la salle Antarès porte désormais le nom. Kenney se considère aux Etats-Unis comme l’ambassadeur du club manceau comme il l’est de celui de Milan.

Ce qui suit n’est pas réellement une interview bien structurée, davantage le fruit d’une conversation à bâtons rompus. Après des études d’anglais et de littérature à l’université de Fairfield, Art Kenney a obtenu après sa carrière de basketteur un Master de Management international et un autre de Finances internationales, et il a été promu Senior Vice Président à Lehman Brothers puis Directeur à Barclays Capital. C’est ce que l’on appelle réussir sa carrière professionnelle. Sa mémoire est très vive, il possède plein d’anecdotes en poche, ça fuse dans tous les sens et il n’a pas hésité à nous recontacter pour apporter quelques précisions.

Art Kenney nous a également ouvert son album photos témoignage de son passé au plus haut niveau et de quelques morceaux du championnat de France et du basket européen et américain. En voici un bel échantillon qui nous oblige à scinder cet entretien en deux parties. Voici la première.

Bon voyage dans les seventies !

Art Kenney devant la cathédrale du Mans.

Art Kenney est à l’initiative pour faire entrer Jim McGregor au Hall of Fame de la FIBA. Cet Américain décédé en 2013 à l’âge de 92 ans, a connu une carrière en tous points extraordinaire et a joué un rôle majeur dans les relations entre les Etats-Unis et le reste du monde. Il a été coach aux USA, en Italie, Grèce, Turquie, Suède, Autriche, Argentine, Pérou, Maroc, Centre-Afrique et Colombie. Il a entraîné HUIT équipes nationales sur trois continents. Il parlait anglais, espagnol, allemand, français et italien. Il fut aussi un agent très influent -l’autre intermédiaire de cette époque fut Rich Kaner- qui organisa des matches pour son équipe d’Américains contre des clubs européens qui pouvaient ainsi choisir le bon joueur, à une époque où n’existait aucun scouting. Entre 1967 et 1977, McGregor a emmené plus de 600 jeunes basketteurs américains en Europe, en Amérique centrale et du Sud, en Australie et en Asie. McGregor pouvait programmer jusqu’à 75 matches en Europe en un seul été. En 1971 et 1972, l’équipe a voyagé dans une fourgonnette Fiat pour 12 passagers, que les joueurs ont peint avec des motifs psychédéliques et baptisé Magic Bus, d’après la chanson du groupe The Who. Au cours d’une soirée chez Maxim’s, à Paris, des convives ont demandé à l’équipe des autographes.

« Peut-être parce que certains d’entre nous avaient des guitares, ils pensaient que nous étions un groupe de rock au lieu d’une équipe de basket », expliqua à Sports Illustrated Ron Sanford qui joua pour le Caen BC.

En l’absence du patron, c’est Kenny Grant qui servait de gérant. Les joueurs n’étaient payés que 5 dollars par jour et certains eurent très vite le mal du pays. Mais les équipes de McGregor ont servi à propager The American Dream comme les Harlem Globbe Trotters avant elles.

« Je pense que Jim et ses équipes en tournée ont fait faire un grand pas en avant aux meilleures ligues nationales en Europe, que ce soit en Italie, en France ou en Espagne », a déclaré récemment Maurizio Gherardini, ancien exécutif des Toronto Raptors, qui dirige maintenant le club turc Fenerbahçe.

« J’ai fait un dossier de 240 pages et je l’ai envoyé à USA Basketball et eux l’ont envoyé à la FIBA. Il est nominé comme contributeur car il était plus qu’un entraîneur. C’était le premier agent et il a commencé à envoyer des joueurs ici. Il faisait tout. Il a travaillé pour le Département d’Etat et c’était une référence car à cette époque-là, les gouvernements utilisaient le sport comme propagande, surtout l’URSS, pour leur idéologie, et le Département d’Etat l’a fait aussi. J’ai un ami en Italie et on a échangé nos clés USB, mes archives et les siennes. Il y a beaucoup de photos dont celle-ci (NDLR : il l’a montre), qui est la première équipe Gulf en 1966 avec Tal Brody (NDLR : Tal Brody disputa le championnat du monde de 1970 avec les Etats-Unis avant de jouer comme Israélien avec le Maccabi Tel-Aviv). Nous avons fait une réunion à New York, 40 joueurs qui sommes passés par Jim McGregor, et je les ai fait signer une recommandation. Il y avait Carmine Calzonetti, Bill Sweek, Dennis Grey, Kenny Gardner, Dan Sadlier, Dan Rodriguez, Jim Signorile, qui est mon meilleur ami (NDLR : auteur de 101 points en Nationale 2, l’équivalent de la Pro B, lors d’un match contre Agen, le 5 février 1972). On jouait ensemble à New York et c’était le premier commissioner de mon petit groupe, la Wednesday Night League. Il joue toujours ! Il y avait aussi Tom Chestnut. Regardez bien sur la photo de l’affiche du Festival de Woodstock. Il y a un grand gars sans chemise, c’est lui. On lui disait, « tu as perçu des royalties et tu n’as jamais travaillé ensuite ! » (NDLR : le Festival de Woodstock a accueilli 500 000 personnes en août 1969 et Tom Chestnut apparait tant sur l’affiche du film que sur l’édition européenne de la pochette de l’album). Il a gagné des championnats de basket pour les plus de 65 ans et maintenant pour les plus de 70 ans. Il joue toujours. »

Art Kenney et son dossier sur Jim McGregor.
Carmine Calzonetti (Nantes, Mulhouse), Dan Rodriguez (Antibes), Bill Moore (Bagnolet), Kenny Gardner (Berck, Nice), Bill Sweek (Stade Français puis coach de différents clubs français) et Kenny Grant (coach au Mans et à Pau), des anciens de chez McGregor, lors de leurs retrouvailles cet été à New York.
En haut: Tom Chestnut au Festival de Woodstock. En bas: 50 ans plus tard à gauche avec Kenny Gardner.

« En 1968 avec l’équipe de Jim McGregor, nous avons joué contre cinq équipes nationales. Les Etats-Unis qui allaient aux Jeux de Mexico mais sans Spencer Haywood, qui les a rejoints plus tard. Il était très jeune et très bon (NDLR: Haywood fut le meilleur marqueur aux JO de Mexico et enclencha sur une grande carrière en ABA et NBA). Et aussi contre le Brésil, Panama, l’Italie deux fois sans public et l’Espagne. »

Art Kenney avec l’équipe Gulf de Jim McGregor.
Jim McGregor, entraîneur de l’équipe du Pérou
Une équipe de Jim McGregor qui pouvait facilement être confondue avec un band.

« Avant de venir au Mans, j’ai joué avec l’équipe de McGregor contre l’équipe d’Espagne qui allait aux Jeux Olympiques de Mexico City. On avait droit à un bonus de cinq dollars pour chaque rebond que l’on mettait dedans. Et si tu faisais un dribble, ça ne comptait pas. Tous les ballons piqués c’était aussi cinq dollars. Au début du match, nous étions en tête de dix points. Un joueur tire mais le rebond ne va pas là où je l’attendais. Pour avoir les cinq dollars, j’ai été obligé de prendre le ballon avec la main droite et le cercle avec la main gauche. J’ai tiré sur mes deux bras pour faire le smash. J’ai forcé un peu trop car je voulais ces dollars. A l’époque le plexiglass était fragile alors je l’ai cassé et la structure de derrière aussi. Je suis tombé au sol et j’avais une demi-lune de plexiglass qui était dans la main. Il a peut-être fallu vingt minutes pour remplacer le panneau. On a refroidi et on a perdu le match. Bilan : j’ai cassé le panneau et j’ai perdu les bonus car il ne payait pas si tu perdais le match. C’était un désastre. »

« J’ai été le meilleur marqueur lors d’un tournoi à Belgrade en 1971, un 1er mai -grand festival pour les communistes (sic). Il y a eu deux matches. Il y avait la Yougoslavie, l’Italie, l’URSS et Tivou Yougoslavie. C’est-à-dire John Fultz et moi renforçant les ex ou non encore internationaux yougoslaves qui voulaient gagner absolument contre l’équipe nationale de Yougoslavie puisqu’ils n’avaient pas été choisis. J’ai joué contre Alekandar Belov (NDLR : le joueur qui a mis le panier de la victoire pour l’URSS contre les Etats-Unis lors de la finale des JO de Munich en 1972), j’ai toujours bien joué contre lui. »

L’équipe du SCM Le Mans en 1969 à la Gare Montparnasse à Paris.

Deux hommes ont joué un rôle fondamental dans le développement du basket manceau. Bernard Gasnal, fondateur en 1938 du SC Moderne (devenu MSB en 1993) et qui en fut le président de 1944 à 1977. Et Christian Baltzer, qui a occupé toutes les fonctions dans le club (joueur, coach, directeur sportif, président) et qui est devenu ami avec Art Kenney. C’est pour lui que l’Américain est revenu en Sarthe il y a vingt ans pour une cérémonie et de nouveau fin septembre.

« Quand je suis arrivé à Orly en 1968. Monsieur Gasnal et Christian Baltzer sont venus me prendre pour aller à Mulhouse. C’était un tournoi de deux soirs. Nous avons gagné, Clarence Denzer (NDLR : le deuxième Américain du club) a très bien joué le deuxième match… C’est le seul match où il a bien joué ! Et nous avons mangé une choucroute chez le père Baltzer. J’ai bu du Coca-Cola… Euhhhh… Scandale. Je ne peux plus retourner à Mulhouse, je suis le mec qui a bu du Coca-Cola avec de la choucroute ! (…) Les 24 heures du Mans cette année-là ont eu lieu en septembre (NDLR : la course avait été décalée en raison des évènements de mai 68). J’avais un vêtement léger car il faisait chaud mais le soir la température est tombée, je n’étais pas assez couvert, et j’ai eu de la fièvre tout de suite. (…) On a joué contre Denain avec (Jean-Pierre) Staelens et (Jean) Degros, qui était méchant contre Christian. Quand j’ai entendu ça, je lui donnais à tous les matches un coup de coude en disant « bonjour de la part de Christian Baltzer !  » (…) Un de mes équipiers a pleuré après un match, je ne donnerai pas le nom, et je lui ai donné une claque. « Pas d’émotion ! Et la prochaine fois que l’on joue, tu joues plus dur ! Il ne faut pas pleurer ! » On a raconté qu’un jour j’avais donné un coup de poing à Denzer. Je ne faisais pas de discrimination, Américain ou Français. Même moi, je me claquais parfois (rires) »

Avec l’autre Américain du SCM Le Mans, Clarence Denzer, lors des 24 Heures du Mans, en septembre 1968.
Art Kenney et Loyd King en 1974 dans une Bentley au Musée automobile du Mans.
Jean-Pierre Goisbault, Loyd King, Christian Baltzer, Michel Audureau et Art Kenney en septembre dernier.

« Je n’étais pas fou. Dino (Meneghin) était extrême. Je dirais que j’étais passionné, une passion contrôlée. Christian (Baltzer) voulait comme moi gagner tous les matches, mais il était toujours sportif, correct, et moi un peu moins. Comme je savais que Degros n’était pas gentil avec Christian, alors voilà… »

Contre le Paris US lors de sa première saison au Mans, en 1968-69.
Sous le maillot du Mans après son séjour à Milan.

« Je n’ai pas joué pour l’argent. Je gagnais… rien. J’avais une chambre, même pas un appartement. On nous donnait une voiture pour les deux Américains. Une 4cv. On avait seulement deux entraînements par semaine, mardi et jeudi. J’ai dit à Christian (Baltzer) : « ce n’est pas assez ! » Alors, on a cherché 5 Francs pour avoir une autre clé et comme ça j’ai pu m’entraîner tous les jours salle Gouloumès. Avant le match du samedi, on mangeait une quiche lorraine, le rosbeef chez Madame Gasnal et de temps en temps, elle faisait des îles flottantes au dessert. »

Le SCM Le Mans à la salle Gouloumès lors de la saison 1968-69.
Art et sa femme à Paris.

« M. Gasnal et sa femme étaient formidables. Ils m’ont fait devenir avec Clarence Denzer profs de basket au collège Saint-Michel-des-Perrais. Maintenant, c’est fermé et j’en suis désolé. Les professeurs étaient très contents que l’on vienne en avance pour manger et parler avec eux. J’ai fait connaissance avec un vieux prof d’anglais formidable. Il savait que j’avais un diplôme en littérature anglaise et américaine. J’ai ainsi donné aussi des cours pour expliquer quels étaient les romans classiques importants. Au Mans, au début je n’avais pas un appartement, j’avais juste une chambre dans un boarding house (pension de famille). Je suis encore en contact avec la fille de la dame qui était propriétaire à l’époque. Elle était très gentille. J’étais toujours en famille ici, c’était extraordinaire. J’ai reconnu la ville… Quand j’étais avec Lloyd King, il était un peu perdu en voiture et c’est moi qui était le guide, à gauche, à droite alors qu’il a passé plus de temps et c’est plus récent que moi ! Ça a beaucoup changé avec le tram et tout ça. Si on n’avait pas discuté ensemble, j’aurais fait les deux lignes de tram pour revoir la ville. Hier, je suis allé chez Titou (Audureau) et sa femme et j’ai passé une après-midi formidable. Il n’y a pas de prix pour ça. Cet après-midi, on va sur la tombe de Monsieur et Madame Gasnal. »

Lors de sa première saison au Mans, 1968-69.
A la Une de L’Equipe Basket Magazine en janvier 1974.

« Je suis le premier Américain du club (NDLR : on lui fait remarquer qu’il était le second après Frank Jackson, en 1964-65). Ok. Lui était déjà en France ? (NDLR : Frank Jackson avait commencé sa carrière en France par Strasbourg). Alors, je suis le premier Américain qui est arrivé directement des Etats-Unis (rires). Je suis venu exprès au Mans alors que Jackson a fait plusieurs clubs. Il jouait avec LeRon Johnson de l’université d’Illinois. Et son fils Sidney a été entraîneur à Fairfield University. Il a joué en Espagne et en Italie, à Olimpia Milano. (On lui fait remarquer qu’il est le premier joueur à avoir dunké au Mans). Dunker ? Smasher ! Dunker, ça veut dire tremper ton Donuts dans le café ! (Rires) Si Charles De Gaulle avait entendu parler les Français comme ça ! Quand j’entends les Français dire « win-win ». Oh ! C’est de l’anglais ça ! (Rires) Il faut garder votre culture, c’est très important. »

A suivre demain : Art Kenney et le Simmenthal Milan.

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Art Kenney avait joué à la Power Memorial High School, en compagnie d’un grand échalas qui changea le cours du jeu et de patronyme en se convertissant à l’islam, passant de Lew Alcindor à Kareem Abdul Jabbar. Il avait ensuite fréquenté l’université de Fairfield puis rejoint la troupe de l’agent Jim McGregor, tantôt sponsorisée par Gillette, Gulf, TWA, Levi’s, Coca-Cola et pour ne pas faire de jaloux Pespi, et qui répandait la bonne parole à travers le monde tout en essaimant ses joueurs dans les clubs. Ce fut le SC Moderne Le Mans pour le Newyorkais au beau milieu de cette vague venue d’Amérique qui, au fil des décennies, allait se transformer en raz-de-marée.

Lew Alcindor avec son mythique numéro 33 en 1964 à Power Memorial. Art Kenney avec le 41.
Les lycéens un jour de mariage. Les deux big men sont toujours au fond.
Les anciens de Power Memorial avec Lew Alcindor devenu Kareem Abdul-Jabbar.

Art Kenney a porté le maillot du SCM en deux fois, de 1968 à 1970 puis de 1973 à 1975. Lors de sa dernière saison, Le Mans se classa troisième du championnat et se qualifia pour la première fois pour une coupe d’Europe.

Lorsqu’il revint dans la Sarthe, Kenney avait les cheveux longs et la moustache ; la mode hippie et le Festival de musique de Woodstock étaient passés par là. Entre-temps, il était allé rejoindre Olimpia Milan, premier club à porter le nom d’un sponsor sur son maillot, champion d’Europe en 1966 avec la superstar de NCAA, Bill Bradley. Kenney y fut champion d’Italie (1972), a gagné deux fois la Coupe des Coupes (1971 et 72), la C2 de l’époque, et une Coupe d’Italie (1972), et fut élu meilleur étranger du championnat d’Italie (1972). C’était un formidable battant, un malin, qui a su conquérir le cœur des supporters. Il fut si influent qu’avant Dino Meneghin en ce mois de novembre, Art Kenney partageait avec le seul Mike D’Antoni le privilège d’avoir son maillot suspendu au plafond de la salle milanaise et son numéro, le 18, retiré.

Le Newyorkais a terminé sa carrière en Italie, à Naples en A2, lors de la saison 1975-76.

Art Kenney a appris le français et quarante ans plus tard, il le parle toujours très correctement quitte à glisser de temps en temps des mots d’italien qu’il maîtrise encore mieux. Fin septembre, il était présent au Mans à l’invitation de son ancien équipier et ami Christian Baltzer qui a été honoré par le MSB et dont la salle Antarès porte désormais le nom. Kenney se considère aux Etats-Unis comme l’ambassadeur du club manceau comme il l’est de celui de Milan.

Ce qui suit n’est pas réellement une interview bien structurée, davantage le fruit d’une conversation à bâtons rompus. Après des études d’anglais et de littérature à l’université de Fairfield, Art Kenney a obtenu après sa carrière de basketteur un Master de Management international et un autre de Finances internationales, et il a été promu Senior Vice Président à Lehman Brothers puis Directeur à Barclays Capital. C’est ce que l’on appelle réussir sa carrière professionnelle. Sa mémoire est très vive, il possède plein d’anecdotes en poche, ça fuse dans tous les sens et il n’a pas hésité à nous recontacter pour apporter quelques précisions.

Art Kenney nous a également ouvert son album photos témoignage de son passé au plus haut niveau et de quelques morceaux du championnat de France et du basket européen et américain. En voici un bel échantillon qui nous oblige à scinder cet entretien en deux parties. Voici la première.

Bon voyage dans les seventies !

Art Kenney devant la cathédrale du Mans en 1969.

Art Kenney est à l’initiative pour faire entrer Jim McGregor au Hall of Fame de la FIBA. Cet Américain décédé en 2013 à l’âge de 92 ans, a connu une carrière en tous points extraordinaire et a joué un rôle majeur dans les relations entre les Etats-Unis et le reste du monde. Il a été coach aux USA, en Italie, Grèce, Turquie, Suède, Autriche, Argentine, Pérou, Maroc, Centre-Afrique et Colombie. Il a entraîné HUIT équipes nationales sur trois continents. Il parlait anglais, espagnol, allemand, français et italien. Il fut aussi un agent très influent -l’autre intermédiaire de cette époque fut Rich Kaner- qui organisa des matches pour son équipe d’Américains contre des clubs européens qui pouvaient ainsi choisir le bon joueur, à une époque où n’existait aucun scouting. Entre 1967 et 1977, McGregor a emmené plus de 600 jeunes basketteurs américains en Europe, en Amérique centrale et du Sud, en Australie et en Asie. McGregor pouvait programmer jusqu’à 75 matches en Europe en un seul été. En 1971 et 1972, les joueurs ont voyagé dans une fourgonnette Fiat pour 12 passagers, qu’ils ont peint avec des motifs psychédéliques et baptisé Magic Bus, d’après la chanson du groupe The Who. Au cours d’une soirée chez Maxim’s, à Paris, des convives ont demandé à l’équipe des autographes.

« Peut-être parce que certains d’entre nous avaient des guitares, ils pensaient que nous étions un groupe de rock au lieu d’une équipe de basket », expliqua à Sports Illustrated Ron Sanford qui joua pour le Caen BC.

En l’absence du patron, c’est Kenny Grant qui servait de gérant. Les joueurs n’étaient payés que 5 dollars par jour et certains eurent très vite le mal du pays. Mais les équipes de McGregor ont servi à propager The American Dream comme les Harlem Globbe Trotters avant elles.

« Je pense que Jim et ses équipes en tournée ont fait faire un grand pas en avant aux meilleures ligues nationales en Europe, que ce soit en Italie, en France ou en Espagne », a déclaré récemment Maurizio Gherardini, ancien exécutif des Toronto Raptors, qui dirige maintenant le club turc Fenerbahçe.

« J’ai fait un dossier de 240 pages et je l’ai envoyé à USA Basketball et eux l’ont envoyé à la FIBA. Il est nominé comme contributeur car il était plus qu’un entraîneur

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Photo d’ouverture: Le SCM Le Mans en 1968-69. En haut: Bernard Gasnal (président), Arthur Kenney, Pierre Cordevant, Clarence Denzer, Claude Gasnal, Claude Peter, Pierre Rosselo (manager). Accroupis: Gilbert Monnet, Jean-Pierre Goisbault, Christian Baltzer, Michel Audureau, Francis Schneider.

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